31 juillet, 2006

LE CAS « CLARIN »

UNE DU QUOTIDIEN« CLARIN »


Le Chili contre la liberté de presse


Dans la matinée du 11 septembre 1973, « El Clarin», le journal le plus diffusé et le plus populaire de l’histoire du Chili, fut pris d’assaut par les troupes putchistes, les journalistes présents maltraités et emprisonnés, les locaux et matériels mis sous séquestre et confisqués.

UNE DU QUOTIDIEN« CLARIN »
Depuis 1995, Victor Pey Casado (républicain espagnol arrivé au Chili à bord du Winnipeg et ami personnel d’Allende), propriétaire légitime du journal, a multiplié les efforts en vue de récupérer ses biens illégalement soustraits. Les gouvernements successifs de la Concertation ont toujours refusé l’indemnisation et ils ont tergiversé quant à la légitimité de la propriété. D’après Joan Garcés (le plus proche conseiller politique d’Allende), les manoeuvres pour empêcher la restitution des biens du journal aux propriétaires légitimes, comprennent des « opérations délictueuses, avec corruption et avec la complicité des plus hautes sphères du gouvernement chilien ». Ces opérations sont allées jusqu’à la fraude avec l’argent public. Et ceci bien que les tribunaux chiliens, en octobre 1995, aient établi que le seul et unique propriétaire du journal «El Clarin » était Mr. Pey.

En 1990, V. Pey et J. Garcés avaient créé à Madrid la Fondation Président Allende (FPA). Cette même année V. Pey a fait don à la FPA de 90% des actions du journal « El Clarin ». La Fondation s’est engagée à rééditer le journal avec des équipes journalistiques de premier ordre et de la technologie de pointe.

PHOTOMONTAGE DE PROPAGANDE
 DU QUOTIDIEN « EL MERCURIO  »
En octobre 1997, compte tenu de l’impossibilité
d’obtenir réparation par la justice chilienne, V. Pey et la FPA ont intenté un procès à la République du Chili devant le Tribunal International d’Arbitrage du Centre International d’Arrangement des Différences relatives aux Investissements (CIADI), dont le siège se trouve auprès de la Banque Mondiale à Washington, afin de récupérer la propriété du journal.

Ce Tribunal est composé de trois juges. Le Président du Tribunal est nommé par la Banque Mondiale et les deux autres par chacune des parties.

En août 2005, le Tribunal a informé les parties qu’il existait un projet de résolution d’arbitrage qui se trouvait en cours de traduction.

Etrangement, l’État chilien qui avait jusqu’alors admis toutes les procédures d’arbitrage, déclare ne pas être en condition de payer les sommes correspondantes aux coûts de la phase finale de la procédure. Ensuite il a récusé la totalité des membres du Tribunal, y compris celui nommé par ses soins.

LE CAS « CLARIN »
Afin de débloquer la situation, V. Pey se déclare disposé à apporter la somme due par l’État chilien afin d’assurer le fonctionnement du Tribunal. L’attitude de l’État chilien face à ce Tribunal peut paraître pour le moins surprenante, mais ce n’était pas là son premier coup d’éclat.

Déjà le premier arbitre désigné par l’État chilien, Mr.Witker, s’était vu obligé de démissionner car il avait occulté dans sa biographie son lieu de naissance au Chili. Or, aucun arbitre ne peut être avoir la nationalité d’une des parties.

Son remplaçant, l’Equatorien Mr. Leoro, a fait encore plus fort, car il a dévoilé, en contravention grave aux règles d’arbitrage, le contenu du projet de sentence du Tribunal International. Cette faute lourde a forcé le CIADI à sanctionner le Chili en le privant de la faculté de nommer un remplaçant à Mr. Leoro et en octroyant ce droit au Président de la Banque Mondiale, Mr. Wolfowitz.

La professeur Mme. Stern fut désignée comme remplaçante de Mr. Leoro, mais l’État chilien a récusé cette nomination sous prétexte que Mme. Stern avait publié des interprétations de droit pénal international en relation avec l’affaire Pinochet lorsque celui-ci fut capturé et retenu à Londres.

Le Président de la Banque a alors désigné le Français Mr. Gaillard, professeur à l’Université de Paris. Le Chili après avoir, sans succès, refusé cette nouvelle nomination, a franchi un pas supplémentaire dans le non-respect des procédures, en envoyant, le 13 juillet 2006, une lettre directement au professeur Gaillard pour le convaincre de rejeter l’offre de ce poste d’arbitre. D’après les règles d’arbitrage du CIADI, toute communication écrite entre les parties doit s’effectuer par le biais du Secrétariat Général du Tribunal.

Face à la légèreté et au manque de sérieux avec lequel l’administration chilienne a traité ce dossier, y compris devant les plus hautes instances internationales, on ne peut que s’interroger sur son sens des responsabilités et sa lucidité à diriger les destinées du pays.

Par ailleurs, cette constatation a déjà été faite par l’un des acteurs de l’affaire. Mr. Mayorga, qui a été jusqu’en 2003 l’un des avocats de la partie chilienne devant le CIADI, a déclaré en mai 2006 que l’attitude des autorités chiliennes représentait une grave menace pour les intérêts de l’État. Par ailleurs, le Président de l’Institut Liberté, R. Ossandon, affirme que « l’affaire peut signifier pour le pays une perte économique de dimensions incommensurables ».

Il ne faut pas oublier que les autorités chiliennes ont déboursé des sommes considérables (argent du contribuable chilien), non seulement pour empêcher la restitution de biens à leur propriétaire, mais aussi, et surtout, pour défendre le monopole de la presse écrite de droite instauré par Pinochet et consciencieusement protégé par la Concertation depuis.

Bien entendu le journal El Mercurio, porte-parole de la droite chilienne, en voyant menacé son monopole de l’information, s’est rangé du côté du gouvernement chilien et a monté une campagne, comme d’habitude, mensongère, afin de discréditer aussi bien les parties adverses que le Tribunal International.

La question qui mérite inévitablement d’être posée est pourquoi les gouvernements chiliens successifs sont-ils disposés à aller jusqu’à entamer le prestige du pays (pour peu qu’un jour il ait existé) devant des instances internationales afin d’empêcher, par la non-indemnisation, dont le montant s’élève à 500 millions de dollars –dommages et intérêts inclus-, l’apparition d’une concurrence à la presse quotidienne servile et complice de la dictature de Pinochet, seule existante aujourd’hui. Les quatre gouvernements de la Concertation et la droite putchiste se sont ainsi retrouvés dans la défense farouche des institutions pinochetistes qui ne peuvent souffrir une seule fissure dans l’armature anti-démocratique.

Les autorités chiliennes, sachant qu’elles n’ont jamais eu raison dans cette affaire, ni du point de vue juridique, ni encore moins au plan moral, essaient par tous les moyens, d’une part de passer sous silence la procédure en cours et, d’autre part, de la faire traîner en longueur, par les subterfuges déjà mentionnés.

Bien que, malgré les manœuvres des responsables chiliens (sic), le dénouement se rapproche avec la confirmation des membres du Tribunal International et la publication officielle de sa sentence –que l’on sait être favorable aux victimes du dépouillement-, tant d’ignominie et d’arrogance risquent de ne pas rester impunies. En effet, devant tant d’incurie J. Garcés serait en train d’étudier une nouvelle plainte contre le Chili et ses avocats pour violation des normes qui exigent le secret et la réserve sur les délibérations du Tribunal.

Le déroulement de cette affaire est une illustration supplémentaire de l’institutionnalisation de l’impunité, héritage de la dictature de Pinochet, comme le sont par ailleurs la politique économique, la criminalisation de l’action sociale revendiquée par le nouveau ministre de l’intérieur, etc.

De plus, la FPA a demandé le 14 juillet 2005 sa reconnaissance en tant qu’association à l’État chilien pour commencer à distribuer les indemnisations aux 22.055 victimes du régime de Pinochet. La banque Riggs, qui a été l’une des banques gérantes de l’argent occulté par Pinochet, a remis 9 millions de dollars à la Fondation, afin d’éviter un procès pour complicité de crimes contre l’humanité.

La mesquinerie n’étant pas la dernière des qualités des autorités socio-démocrates néo-libérales du Chili, le Conseil de Défense de l’État a refusé d’octroyer la personnalité juridique à la Fondation Président Allende en exigeant des précisions sur « les valeurs et idéaux portés par Salvador Allende et sur les écrits dans lesquels sont établis les dits valeurs et idéaux », empêchant, par la même occasion, l’indemnisation des survivants. Par cet affront les autorités chiliennes et la droite putchiste marchent encore une fois main dans la main. Cette insulte à la mémoire du Président martyr, à sa famille, et à tous ceux qui se sont battus pour la liberté, rappelle, s’il en était besoin, que les administrateurs chiliens occupent leurs postes pour défendre les intérêts des minorités privilégiées mais aussi leurs propres intérêts. Les difficultés du peuple chilien, et en premier lieu, de ceux qui ont donné jusqu’à leur vie pour rétablir la démocratie, ne constituent que le dernier de leurs soucis.

C’est seulement le 20 juillet 2006 –une année après le dépôt de la demande- que Mme. Bachelet a gracieusement autorisé la reconnaissance de la FPA, en retardant, au passage, de quatre mois le règlement des indemnisation aux bénéficiaires.


J.C. Cartagena et N. Briatte



Pour plus d’information voir le dossier arbitrage du Clarin digital : http://www.elclarin.cl/fpa/arbitraje.html

EN PLUS, PINOCHET PILLAIT LE PATRIMOINE NATIONAL


Réplique de l’épée de Bernardo O’Higgins musée de Chillán Chili
Pour assouvir sa passion de collectionneur, l’ancien dictateur se serait approprié des pièces de grande valeur lors du coup d’Etat de 1973.
La passion d’Augusto Pinochet pour les objets et documents historiques est l’un des traits les moins connus de la personnalité de l’ancien dictateur. Or le dernier scandale le concernant est justement lié au fait qu’il se serait emparé d’objets de grande valeur, comme l’épée de Bernardo O’Higgins, le héros de l’indépendance chilienne, ou la piocha, étoile à cinq branches sertie d’or que reçoivent les présidents lors de leur investiture. 

On soupçonne que ces deux trésors sont entre les mains d’un collectionneur privé depuis le milieu des années 1990. Un membre de l’illustre famille Labarca avait porté plainte après avoir visité l’exposition d’armes anciennes organisée par le Musée historique national. Pour lui, le sabre qui était exposé comme “ayant appartenu au père de la patrie” n’était pas le même que celui que ses ancêtres avaient reçu de la main d’O’Higgins, puis légué au musée. 

L’expert qui a examiné l’épée, à la demande des conservateurs, a donné raison à Labarca. “La poignée est du XIXe siècle [de l’époque d’O’Higgins], mais la lame est nettement postérieure. Quant aux rivets, il est évident qu’ils ont été usinés avec un tour moderne.” La substitution du sabre serait sans doute passée inaperçue sans l’enquête menée par une équipe d’Informe Semanal, une émission de la chaîne TVN.

Interviewée dans le cadre de ce programme, Sofía Correa, la directrice du Musée historique national, affirme que Pinochet se serait approprié la pièce originale le jour du coup d’Etat contre Salvador Allende [le 11 septembre 1973]. Le témoignage de R.Q., un sous-officier à la retraite qui a participé à l’assaut du palais présidentiel, est encore plus accablant. Ce militaire se souvient d’avoir entendu l’un de ses supérieurs dire peu avant la fin de l’opération : “On dirait que mon général [Pinochet] veut se déguiser en directeur suprême [le titre qu’arborait O’Higgins].

Quelques semaines plus tôt, le quotidien Diario 7 signalait que l’étoile à cinq branches, autre objet datant des premières années de la République chilienne, avait elle aussi disparu pendant la dictature. “Patricio Aylwin [premier président élu après la dictature, en décembre 1989] a reçu une fausse étoile [des mains de Pinochet]”, affirme le journal, ajoutant que plusieurs tableaux de valeur accrochés à la Moneda [le palais présidentiel] – dont un célèbre portrait de l’homme d’Etat Diego Portales – ont disparu après le putsch. 

Le général Pinochet se vantait dès les premiers jours de son régime que pas une seule feuille ne bougeait au Chili sans son accord. Il y a donc tout lieu de penser que l’ancien dictateur sait où se trouvent ces fleurons du patrimoine national. Comme pour confirmer les soupçons qui circulent dans les couloirs des musées, Pinochet a restitué à l’Etat, fin 2005, un exemplaire du Journal militaire de José Miguel Carrera, autre grande figure de l’indépendance. Il en avait fait son livre de chevet depuis trente ans.

Ramy Wurgaft El Mundo

L'EX-DICTATEUR PINOCHET ACCUSÉ DE TRAFIC DE DROGUE








LA NACIÓN • L'ex-dictateur Pinochet accusé de trafic de drogue

Dimanche 9 juillet 2006, la présidente chilienne Michelle Bachelet et son chef d'état-major, le général Oscar Izurieta, ont déclaré que les accusations d'enrichissement par la drogue portées contre l'ex-dictateur Augusto Pinochet devaient être confirmées par la justice. Le quotidien avait le matin même publié les révélations d'un autre ex-dirigeant de la dictature, le général Manuel Contreras, qui a déclaré que Pinochet et sa famille s'étaient enrichis grâce au narcotrafic



LE CHILI REÇOIT SON DEUXIÈME SCORPÈNE : LE CARRERA


La ministre Chilienne de la défense, Vivianne Blanlot, a assisté ce matin à Cartagène en Espagne, à la cérémonie de transfert du second sous-marin de la classe "Scorpène" fabriqué pour le Chili par Navantia (Espagne) et DCN (France).

La cérémonie de transfert, au cours de laquelle le drapeau chilien a été hissé pour la première fois, a été présidée par la ministre de la défense Chilienne. Le commandant en chef de la Marine Chilienne, l’Amiral Rodolfo Codina Díaz, l’ambassadeur du Chili en Espagne, Osvaldo Puccio, et d’autres autorités civiles et militaires, chiliennes comme espagnoles, ont assisté à la cérémonie.

A cette occasion, l’Amiral Codina a félicité l’équipage du sous-marin Carrera pour son niveau d’entraînement et a souligné l’appui de leurs familles aux membres de l’équipage du nouveau sous-marin. Il a aussi remercié les arsenaux espagnols et la Marine Espagnole pour leur soutien.
Jusqu’à l’arrivée du navire au Chili, un équipage mixte constitué par du personnel spécialisé de la Marine Espagnole va collaborer avec les marins chiliens pour la manoeuvre et l’élaboration de la documentation.

Le transfert de ce sous-marin s’effectue dans le cadre du projet Neptune, qui comporte la rénovation des forces sous-marines chiliennes avec l’acquisition des 2 Scorpène qui vont remplacer les sous-marins Obéron "Hyatt" et "O’Brien", qui sont bien près d’atteindre les 30 ans de service.

Les sous-marins conventionnels Scorpène sont équipés de 6 tubes lance-torpilles et de 18 torpilles. Ils sont conçus pour effectuer des missions océaniques, anti-sous-marines et de lutte anti-surface. Ils mesurent 63,5 mètres de long, 6,2 m de large, ont un tirant d’eau de 5,2 m. Ils déplacent en surface 1 430 tonnes et 1 570 en plongée. En plongée, ils peuvent atteindre une vitesse de 21 noeuds et descendre à plus de 300 mètres. Ils peuvent rester en plongée plus de 50 jours. Son équipage est de 31 marins.

Une des avantages de ces unités, les plus modernes dans la technologie sous-marine française, est la rapidité avec laquelle peuvent se prendre les décisions tactiques, vu que se concentre en un seul lieu toutes les informations nécessaires pour celui qui conduit les opérations.



Article original : Chile.com

LES PALESTINENS DU CHILI

LES PALESTINENS
DU CHILI

Revue d’Etudes Palestiniennes n° 95 (Printemps 2005) – Revue Trimestrielle publiée par l’Institut des Etudes Palestiniennes.
Par Cecilia Baeza

«Le déclenchement de la Seconde Intifada en septembre 2000 a en effet suscité au Chili l’émergence d’un mouvement social que l’on pourrait ranger dans la catégorie de «politique diasporique» : un réseau d’associations communautaires composées de citoyens chiliens d’ascendance palestinienne au travers d’une double stratégie de ralliement de la collectivité et de la pénétration de l’agenda social et politique chilien.»

«Plus de 50 ans après la création de l’État d’Israël, 10 ans après la mise en lace du processus d’Oslo, les Palestiniens restent aujourd’hui dans leur grande majorité hors des territoires occupés sur une population d’environ 10 millions, seuls près de 4 millions vivent dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie.»

«….depuis leur exode massif provoqué par la création de l’État d’Israël en 1948, l’histoire des Palestiniens s’est déployée dans un espace incluant presque tous les États avoisinants et l’avenir de la question palestinienne semble devoir impliquer de façon inextricable l’ensemble des acteurs régionaux. Pourtant, l’importance sociale, politique et stratégique des populations palestiniennes du Moyen-Orient n’implique pas en soi que les trajectoires des Palestiniens d’Amérique latine soient négligeables.»

«Qu’est-ce qu’être Palestinien au Chili ?…….Les migrants arabes et leurs descendants sont nombreux en Amérique latine mais le Chili a ceci de spécifique que plus de 90% des Arabes installés sur son territoire sont d’origine palestinienne alors que dans d’autres pays du sous-continent on rencontre plus fréquemment Syriens et Libanais.»

«L’immigration palestinienne au Chili a débuté à la fin du 19ème siècle…..Le Mouvement s’est poursuivi jusque dans l’entre-deux guerres : 81% des Palestiniens sont arrivés entre 1900 et 1930…..Au moins 60% d’entre eux ont entre 10 et 30 ans à leur arrivée. Issus de zones de forte concentration chrétienne, la plupart sont de confession grecque orthodoxe»

«Les estimations divergent mais oscillent alors entre 5 000 et 8 000 arrivants sur la période 1900-1948. La seconde vague remonte à la création de l’État d’Israël (1948) et n’a cessé depuis, même si de manière plus sporadique. Les évènements affectant la Cisjordanie continuent de jalonner l’histoire migratoire – la guerre des 6 jours (1967), la Première Intifada (1987) puis la Seconde (2000).»

«Les associations affirment aujourd’hui que le Chili est, en dehors des États arabes, le pays où la communauté palestinienne est la plus importante au monde : entre 350 000 et 400 000 Palestiniens et descendants de Palestiniens y seraient résidents.»

«Le partage d’expérience commune passée est-il suffisant pour faire de la somme des Palestiniens et leurs descendants une «communauté» ?»

«Comment s’auto-désignaient les premiers arrivants : arabes, chrétiens, palestiniens ? L’appellation même de «Palestinien» est, on le sait, lourde de sens : les migrants se sont-ils sentis dès les premiers temps concernés et engagés par ce qui se passait dans la Palestine mandataire, puis par le conflit opposant le nouvel État d’Israël aux Palestiniens et aux autres Arabes ?»

«A cette époque, les Amériques sont perçues comme un nouvel Eldorado autant par les Arabes que par les Européens qui viennent massivement s’y installer. Partis de Haïfa ou Beyrouth puis passés par Gènes et Marseille, les plus chanceux et les mieux dotés arrivent aux États-Unis…..Les autres, souvent refoulés au poste migratoire d’Ellis Island, se contentent de l’Amérique latine, en particulier l’Amérique centrale, le Brésil, le Chili et l’Argentine.»

«Qu’en est-il de l’identité chilienne ? L’idée d’une «nation» chilienne est à la fois une condition et un processus en cours de définition depuis l’indépendance (1810). L’élite alors à la tête de l’État est issue de la «nation colonisatrice» et cherche à fonder l’identité chilienne à partir d’un métissage entre Européens et indigènes censé permettre de «blanchir» la population autochtone.»

«Bien que décrié par les pères fondateurs du nationalisme chilien Se réclamer d’une colonia (colonie) assure une fonction de différenciation sociale en permettant de marquer la distance à «l’indigène». Comment peut-on être dès lors «palestinien-chilien ?»

«L’existence d’une vie communautaire européenne a son effet miroir : c’est d’abord elle qui va légitimer dès le début des années 1930 la création de structures arabo-palestiniennes empêchant l’assimilation totale des descendants.»

«On assiste dans les années 1950 à un deuxième essor institutionnel : en 1955 la société palestinienne de rentes et investissements achète un terrain dans le quartier côté de Las Condes (Santiago) et y installe l’Estadio Palestino. La même année, on construit la polyclinique arabe Solomon-Sumar, du nom d’un grand industriel du textile. L’autre espace communautaire est le quartier Patronato à Santiago-Patronato est le quartier historique de la communauté palestinienne du Chili : c’est là que les premières familles installent les boutiques de textile.»

«Ce changement de statut social sera plus tard le moteur de l’intégration ; en 1970, près de 70% des mariages se font avec des non-palestiniens…..Effectivement, la collectivité connaît une ascension sociale vertigineuse. Dans les années 1940, les palestiniens-chiliens accèdent à de hautes fonctions politiques…..La réussite est telle qu’en 1959, un auteur chilien, Enrique Bunster, publie un roman «Un angel para Chili» où il prédit une forte domination des Arabes au Chili.»

«On trouve alors des chiliens d’ascendance arabe dans l’ensemble du paysage politique chilien. De fait, en 1950, on ne compte pas moins de 22 Arabes ou descendants d’Arabes élus locaux, qu’ils soient maires ou conseillers municipaux…..Etre Palestinien devient désirable et c’est bien le statut social qui permettra de compenser l’acculturation en cours.»

«Jusqu’au début des années 1970 les structures communautaires, de leur côté, sont très peu politisées et ne s’investissent nullement en tant qu’institutions…..Vis-à-vis du pays d’origine, les palestiniens-chiliens éprouvent tout au plus une sympathie entretenue par les pratiques communautaires, mais celle-ci ne saurait se transformer en une action militante.»

«Les principaux protagonistes de la «cause arabe» - premier avatar de ce qui sera plus tard la «cause palestinienne» - sont, d’une part, la presse communautaire et, d’autre part, les élites.»

«On doit en effet constater dès les années 1940 que ceux qui accèdent au statut d’élites, en particulier dans le champs politique, activent une loyauté que l’on pourrait qualifier de latente parmi le reste du groupe…..L’observation vaut spécialement pour les personnalités qui ont accédé à des responsabilités politiques de portée internationale.»

«L’expérience des palestiniens-chiliens ayant occupé des fonctions gouvernementales et/ou diplomatiques, dès l’après-guerre et jusqu’au début des années 1960, est à ce titre très frappante….Sur les 51 États membres signataires de la Charte de San Francisco de 1945, 20 sont en effet des pays latino-américains, soir une proportion (40%) tout à fait considérable. En 1956, le sous-continent représente encore un quart de l’Assemblée. Avant que la grande vague de décolonisation n’inaugure la phase de prolifération étatique, la voix des pays d’Amérique latine est par conséquent très prisée.»

«Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale adopte la Résolution 181 par 33 voix pour, 13 voix contre et 10 abstentions ; le décompte pour l’Amérique latine fait état de 13 votes favorables, une opposition (Cuba) et 6 abstentions (Argentine, Chili, Colombie, Salvador, Honduras et Mexique). Edward Glick s’est intéressé aux conditions du vote sud-américain et a fourni d’intéressants résultats : selon lui, la position de ces États ne saurait être imputé à la campagne menée par les agences sionistes appuyées par l’administration américaine dans la région pour gagner des soutiens……Dans le cas des votes défavorables à la création d’Israël, l’auteur se réfère en particulier aux liens directs ou indirects des diplomates avec la communauté arabe…..La loyauté des élites palestiniennes du Chili a donc très rapidement été mise à l’épreuve, et ce à un moment crucial pour le destin des Palestiniens. La position chilienne en 1947 est historique et fait figure de référence pour la collectivité.»

«L’investissement des palestiniens-chiliens dans la politique étrangère émeut jusqu’à la France, alors concernée par les velléités indépendantistes des pays du Maghreb et préoccupée par l’accession au pouvoir de Nasser en Egypte (1953).»

«La thèse dominante affirme qu’une identité palestinienne autonome ne se serait construite et affirmée qu’après 1948 et surtout depuis les années 60 avec la création du mouvement de libération nationale. Avant 1948, aurait primée une «identité-terroir».

«Comment se définissaient les gens de la génération arrivée au début du siècle ? S’identifiaient-ils à une appartenance nationale (palestinienne), religieuse (chrétienne), locale (région de Bethléem) ou encore ethnique ‘arabe) ?»

«La relation observée au Chili entre «palestinité» et «arabité» est plus complexe. A première vue, les collectivités s’organisent aussi bien au sein d’entités «arabes» que «palestiniennes»…….De fait, il est assez surprenant de constater que les Syriens ont souvent été à l’origine de création d’entités panarabes….Il reste que les entités panarabes n’empêchent pas la coexistence, dès les années 30, de deux clubs séparés, le Club Palestino et le Club Sirio. Force est de constater que la communautarisation des Palestiniens a été très tôt jalouse de son indépendance.»
«A l’hypothèse selon laquelle les migrants arrivés au Chili s’identifieraient à la Palestine dès leur arrivée, il faudrait peut-être ajouter que certains canaux de diffusion semblent avoir permis aux collectivités palestiniennes d’Amérique latine d’être au fait de l’éveil politique nationaliste des années 1920-1930.»
«De plus, les contacts sont à cette époque encore étroits avec les familles d’origine et certains leaders du mouvement nationaliste tentent de sensibiliser à le lutte nationale ceux qui ont émigré.»

«Le trait et tout aussi singulier si on compare la situation des Palestiniens du Chili à celle des Palestiniens des États-Unis : il est surprenant de constater que jusqu’à présent le concept qui prédomine là-bas et celui de Arab-Americain. La dénomination de Palestinian-American est très rare et en tout cas postérieure à 1967. L’un des facteurs décisifs est sans doute la bien plus grande diversité de la population arabe des États-Unis : Yéménites, Irakiens, Palestiniens, Libanais, Syriens et d’autres encore composant ensemble la collectivité…..Il faut également noter sue l’éveil politique des communautés arabo-palestiniennes des États-Unis semble exclusivement consécutif à 1967…..»

GUILLERMO TEILLIER INTERVIEWÉ PAR LE QUOTIDIEN «LA NACIÓN»

GUILLERMO TEILLIER 

LE PRESIDENT DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN PARLE DE LA CONVOCATION AU 23ème CONGRES ET DE LA SITUATION POLITIQUE

Teillier : « Il faut être prédisposé à utiliser toutes les formes de lutte adaptées au temps et au lieu »

Dans le volumineux document d’appel à la réunion la plus importante, le PC fait une révision de ses dernières décennies ; en particulier, il valorise et revendique ce qu’a été le FPMR (Front Patriotique Manuel Rodriguez) et propose que tout parti doit avoir une politique militaire et d’autodéfense.

RODRIGO DURÁN La Nación


Le Parti communiste est réuni en congrès. La direction a convoqué à la 23ème rencontre de ce type. Dans le document de base, le PC propose d’être à la tête de la mobilisation sociale, critique le « néolibéralisme » de la Concertation et revendique la perspective de la voie armée que l’organisation, à travers le FPMR, a développée pendant la dictature et insiste sur une politique militaire pour aujourd’hui. Le président du PC, Guillermo Teillier, revisite ici la position communiste et le sens de l’appel aux diverses formes de lutte.

- Dans la convocation au congrès du PC, l’un des paragraphes signale que les Forces Armées (FFAA) « ne sont pas imperméables aux idées de changement social », qu’il faut être disposés à « utiliser toutes les formes de lutte » et qu’on n’exclut pas de posséder des forces « d’autodéfense ».
Pourriez-vous expliquer ces idées ?

- Dans le développement de la lutte politique la force, qui n’est pas la même chose que la violence, joue un rôle fondamental. Pour cela, tout parti doit avoir une politique militaire. Je ne dis pas que nous allons dévoiler des secrets de la Défense, que nous allons altérer le problème du commandement ou désarticuler les FFAA. Mais il y a des problèmes de doctrine, de comment nous [le Chili NDT] avons une politique internationale et comment nos FFAA y correspondent. Est-ce que subsiste la Doctrine de Sécurité Nationale ? Lorsque j’ai voulu savoir quelle était la doctrine de l’armée aujourd’hui, le général Juan Emilio Cheyre m’a dit qu’elle était en construction. Si elle est changée par la doctrine de la guerre contre le terrorisme imposée par les Etats-Unis (EU), je veux le savoir. Cheyre a dit qu’il pensait qu’il devait y avoir une doctrine d’intégration latino-américaine. Et comment devons-nous comprendre ça ? Ce sont des choses dont nous devons discuter.

- Et la démocratisation ?

- Quelques uns ont interprété, lorsque nous disons qu’il faut démocratiser les FFAA, qu’il faut élire les officiers. Nous ne proposons pas cela, mais que les écoles militaires aient leurs portes ouvertes à tout le monde, indépendamment de la couleur politique ou du niveau social.

- Mais “l’autodéfense” a un rapport avec « appareil militaire » …

- Mais il ne s’agit pas de cela. Ce que nous disons c’est qu’il faut avoir une prédisposition à employer toutes les formes de lutte adaptées au temps et au lieu . Le PC a appliqué la politique de rébellion populaire pendant la dictature et l’a abandonnée lorsque celle-ci a pris fin. Mais nous savons que de nombreuses fois la violence est provoquée de l’extérieur et alors, il faut défendre le fait que les masses s’expriment. Nous n’avons pas l’envergure pour avoir un appareil militaire, et ceci ne signifie pas non plus que nous allons nous bagarrer à coups de poing ou de bâton dans la rue, mais, par exemple, avoir des avocats et prévoir des provocations avec une vigilance accrue.

- Je vais lire textuellement : « Ces formes de lutte et d’autodéfense doivent générer les meilleures conditions pour que les mouvements et les protestations de rue s’expriment massivement »

- C’est exactement cela. La déstabilisation, nous, nous la faisions avec la dictature, pas à cette étape. Etre préparé pour toutes les formes de lutte est quelque chose d’idéologique, y être disposé. Nous ne pouvons pas façonner une armée ! Ceci est absurde. Mais nous devons savoir, dans nos têtes, que si demain les contradictions se font plus aigues et si les choses tournent au vinaigre, nous devons être préparés pour ce moment. La préparation est plus mentale, elle ne consisterait pas à effectuer des exercices de tir ou quelque chose de similaire.

Le PC signale qu’en ce moment particulier de demandes sociales il veut « s’approprier » les mobilisations. Est-ce qu’il a la force pour cela ?

- Nous sommes assez proches des travailleurs, mais autre chose est l’état actuel du mouvement social et syndical. Cependant, avec les étudiants du secondaire a surgi une force qui peut ouvrir un chemin pour d’autres secteurs sociaux. La conscience du fait que « j’ai été dans la merde, je me suis sacrifié, j’ai eu des craintes et c’est le moment où ils doivent arranger ma situation » est vive. Et ceci personne ne peut l’ignorer.

REFORME ELECTORALE

- Le PC est-il satisfait du projet de réforme du système électoral présenté par la Commission Boeninger ?

- Au début nous avons été invités en tête à tête et à exposer nos positions. Néanmoins, par la suite –sans une explication claire-, ceci s’est converti en une commission technique du gouvernement. Je ne veux pas dire qu’on ne nous ait pas considéré, mais en fin de compte nous sommes sortis assez perdants. Dans un système proportionnel nous pourrions avoir neuf parlementaires, mais avec leur proposition, on nous en donne deux [le type de modification retenue par les parlementaires serait la solution d) voir article sur modes de scrutin NDT]. Par ailleurs, la droite dit « non, cette proposition est mauvaise pour les pauvres communistes ». Nous avons réitéré la question sur leurs propositions pour remédier à cette injustice mais il n’y a pas de proposition de la droite.

- Vous êtes d’accord pour dire que ce débat s’est un peu refroidi ?
- Il s’est refroidi par manque d’initiative de l’Exécutif et en ceci les partis de la Concertation sont d’accord. Mais, par ailleurs, on a avancé pour former une convergence large, qui va de la DC jusqu’à nous, plus la CUT et la Conférence Episcopale, qui est d’accord pour modifier le système électoral.

- Mais malgré tout la droite possède la clé …

- C’est vrai. Il y a des signes, car des parlementaires Rénovation nationale (RN), dans des conversations privées, nous ont affirmé être disposés à chercher des formules de modification. J’espère que ceci aboutisse. Si la droite ferme la porte, nous espérons que la Présidente appellera à un référendum ou un plébiscite, pour que le peuple se prononce, bien que ça n’ait qu’une valeur consultative. Ceci est insupportable. Il n’est pas possible qu’il n’y ait pas un représentant des travailleurs au Parlement.

JUNTOS PODEMOS

- Dans quelle situation se trouve le pacte de la gauche après la crise provoquée par le deuxième tour de l’élection présidentielle ?
- Lentement nous sortons de la crise, nous mûrissons. Actuellement, commencent à nouveau à se faire entendre les opinions publiques comme Juntos Podemos, chose que nous avions laissée car nous étions - et nous sommes encore - dans une discussion sur comment nous positionner mieux dans ce moment politique. Il y a encore des différences, des nuances, que nous allons régler en nous engageant dans la lutte sociale et en émettant des opinions sur la politique nationale.

- Il y a alors un futur pour Juntos Podemos ?


- Oui, car la majorité des 50 et quelques organisations est toujours pleinement en vigueur. Nous voyons Juntos Podemos comme un moteur de la lutte sociale, mais nous croyons qu’en plus il devrait se transformer en un noyau d’une alliance large, en vue de créer les conditions pour un gouvernement d’un autre type, une conception différente de celle que se disputent la Concertation et la droite.

- Vous voyez cette possibilité d’installer un référent transversal avec des forces de la concertation, comme le PS ou les indépendants?

- Nous aimerions bien. Allende, de quel parti venait-il ? Du PS où il côtoyait Ibañez, et il est venu de là-bas pour former l’Unité Populaire. Nous croyons que nous pouvons créer quelque chose de nouveau, soutenu par les organisations sociales, dans l’unité du peuple et avec les indépendants qui sont inféodés à la Concertation et à ses conceptions néo-libérales, car je ne vois pas la Concertation disposée à faire volte-face et quitter le schéma néolibéral si orthodoxe.

MEFIANCE VIS A VIS DU REMANIEMENT MINISTERIEL

Que pensez-vous du remaniement ministériel ?
- J’ai plusieurs opinions. L’une est qu’à l’intérieur de la Concertation il y a beaucoup de contradictions sur comment mener le gouvernement. Ces contradictions existent car le dynamisme pour développer la politique promise a disparu. Aussi a-t-il mal envisagé la situation sociale, surtout les mobilisations des étudiants, car il affronte une nouvelle conscience de la société chilienne, qui n’accepte plus d’être représentée par les mêmes qui ont fait des promesses qui ne se traduisent pas par une résolution rapide des problèmes de fond. Bachelet a réveillé de grandes attentes qui sont en train de s’effondrer car les gens voient leurs problèmes persister, bien qu’aujourd’hui existent plus de moyens économiques pour les résoudre.

Qu’est-ce que vous pensez de Belisario Velasco en tant que nouvel homme fort à La Moneda ?

- Il a eu la charge de l’installation de « La Oficina » [service de renseignement des gouvernements de la Concertation NDT], ce qui le poursuit comme une ombre … La déclaration qu’il a faite sur le fait d’avoir des informateurs ou de l’information, ne fut pas très claire pour moi, car pour s’informer on doit ausculter directement les acteurs sociaux qui veulent participer à la prise de décisions qui concernent leur futur. Mais je crois que Velasco ne va pas changer la politique du gouvernement, je ne crois pas qu’il soit capable de rompre avec cette sorte d’inertie qui s’est produite dans la relation du gouvernement avec la base sociale. Si l’Exécutif, en même temps qu’il change les membres des ministères, ne produit pas un changement d’orientation de sa politique, il peut continuer à changer de ministres et la situation ne va pas évoluer.

LES PARAGRAPHES POLEMIQUES DE LA CONVOCATION AU CONGRES

« Les communistes, à cause de la tragique expérience vécue par le peuple chilien, nous avons appris que nous devons être disposés à utiliser toutes les formes de luttes, mais il doit aussi être très clair qu’il y a un moment pour chacune d’entre elles. Les provocations et les actions violentes sans sens ni raison politique, sans rapport avec le mouvement réel des masses, freinent et empêchent la « massivité » des luttes qui est aujourd’hui essentielle. Ceci n’écarte pas l’autodéfense, si on persiste à soumettre le peuple à l’agression ou aux provocations, et aux attaques des groupes fascistes néonazis qui ont surgi dans ces derniers temps. Ces formes de lutte et d’autodéfense doivent générer les meilleures conditions pour que les mouvements et les protestations de rue s’expriment de manière massive».

« En avril de cette année ont été célébrés les 30 ans du Début de « La Tarea » (la Tache) [il s’agit de la tache militaire, ou développement de la politique militaire du PC NDT] et, en août et septembre cela fera 20 ans qu’ont eu lieu l’importation illégale d’armes par Carrizal [port de pêche au nord du Chili] et l’attaque de la caravane armée du tyran. A ce propos nous nous sommes réunis avec plus d’une centaine d’ex officiers solidaires de notre cause formés à Cuba et dans d’autres pays, officiers internationalistes comme l’ont été à leur époque San Martin, O’Higgins, Bolivar, Manuel Rodriguez et d’autres héros de notre indépendance ( …) Le Parti Communiste reconnaît le rôle de chacun d’entre eux en un nom : Raul Pellegrin, premier chef du Front Patriotique Manuel Rodriguez, formé d’une grande majorité de militants du Parti communiste. Le rodriguisme a été un enrichissement de la politique du Parti communiste, qui se prolonge aujourd’hui et reste en chacun de nous ».

« Ces commémorations vont contribuer à la reconnaissance, de manière plus complète, du rôle joué par le Parti dans l’incorporation des formes d’autodéfense des masses et de lutte armée, à la richesse historique du mouvement populaire chilien et, de plus, vont mettre en relief la nécessité de développer avec plus de décision la politique militaire du Parti dans cette période. Car, en même temps que s’accompliront les objectifs politiques établis, la confrontation politique ira en s’intensifiant et se dégagera la forme de développement de la lutte révolutionnaire. Nous devons être préparés politiquement et idéologiquement pour entreprendre des formes de lutte diverses si les circonstances l’exigent ainsi.»


Traduction de l'espagnol: J.C. Cartagena et N. Briatte