03 septembre, 2006

Journée internationale des disparus

"Patio 29" du Cimetière Générale à Santiago du Chili Fotos:EFE




La présidente rend hommage aux disparus de la dictature

Contrairement à plusieurs pays latino-américains, le calendrier chilien ne comptait pas encore de journée officielle rendant hommage aux détenus disparus lors de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
Plus d'un millier de personnes sont toujours portées disparues au Chili. Et la présidente chilienne, Michelle Bachelet, a décidé que son pays devrait officiellement honorer leur mémoire chaque 30 août, à l'occasion de la Journée internationale des disparus.
Pour le quotidien La Nación, très proche du gouvernement de centre gauche, "il s'agit d'un hommage juste envers ceux qui, par leur sacrifice et leur engagement, ont été le témoignage du comportement inhumain ayant caractérisé la dictature de Pinochet. C'est une reconnaissance pour toutes les victimes de pratiques horribles grâce auxquelles le despote et ses agents ont cherché à imposer dans le pays une culture fondée sur la mort et la corruption." Le journal revient également sur la cérémonie organisée au palais présidentiel de la Moneda à l'occasion de la signature du décret instituant cette journée.
Parmi les personnalités invitées se trouvait notamment la ministre Paulina Veloso, secrétaire générale de la présidence, pour qui ce moment revêtait une importance toute particulière. "Veloso a essayé en vain de retenir ses larmes pendant le discours présidentiel. Chaque mot évoquait le sort de son premier mari, l'Helvético-Chilien Alexei Jaccard, qui avait été arrêté en 1977", rapporte La Nación.
Il reste depuis porté disparu, et la justice chilienne n'a jamais pu faire toute la lumière sur ce dossier. Le quotidien chilien insiste sur la portée de cette journée. "Il n'est pas raisonnable de penser que cette initiative répond à un esprit revanchard. Au contraire, la reconnaissance des souffrances vécues par des milliers de Chiliens atteste du fait que la concorde démocratique actuelle ne pourra jamais être remise en cause. Et l'inscription de ce souvenir dans la mémoire nationale constitue une sorte de preuve irréfutable, de manière que personne ne pense pouvoir imposer à l'avenir ses idées par la force."

Paru dans Courrier international 1er sept. 2006