21 octobre, 2006

QUAND SANTIAGO DU CHILI RESSEMBLE AU PARIS DE 1968










Un autre rendez-vous des carabiniers avec les pingouins chiliens termine mal

Plusieurs similitudes.


1- le mouvement a démarré en mai (de l’année dernière)


2- il y a un cycle manifestations-répression


3- ces derniers jours suite à l’occupation de lycées, plusieurs élèves en ont été exclus (comme à la Sorbonne en 68)...


Mais bon l’histoire ne se répète jamais de la même manière n’est-ce pas ? En plus nous avons au Chili une situation "éducative" beaucoup plus critique qu’en France à cette époque (certains ont d’ailleurs nommé ce moment historique comme "le commencement d’une époque"). Quelqu’un a sous la main un historique succint de mai 68, son déclenchement, les barricades quartier latin... pour le traduire et l’envoyer aux pingouins ?

Presque 370 étudiants ont été arrêtés après des affrontements avec les forces de l’ordre à Santiago, où la grève générale organisée par les élèves a été la plus suivie. Les scènes de camions à eau et de gaz lacrymogène se sont encore répétées.

Des marches, des affrontements et des centaines de détenus : hier on a vécu un nouveau round de la bataille que les étudiants et les carabiniers se livrent, avec quelques interruptions, depuis mai dernier. Mais la grève nationale convoquée par les lycéens n’a pas eu le suivi attendu. Bien que certains des lycées emblématiques du centre de Santiago ont senti l’absence de la majorité des élèves, ce ne fut pas le cas dans d’autres zones du pays.

La journée de mobilisation hier à Santiago et dans d’autres points du pays s’est soldée par presque 370 détenus. Le but de la grève était d’exiger l’application immédiate de mesures pour améliorer l’éducation et mettre en cause la dure répression cette semaine de la part des Carabiniers, qui ont délogé les étudiants des lycées occupés. "Nous justifions les mobilisations parce que si nos établissements ont été occupés, c’était pour agir de manière réellement pacifique", a affirmé la dirigeante étudiante Maria Huerta. "La grève est un ultimatum. C’est pratiquement une menace de ce qui peut arriver si le gouvernement ne s’occupe par du thème", a prévenu pour sa part Maximiliano Mellado, président du Centre d’Élèves du Lycée Manuel Barros Borgoño.

De son côté, le gouvernement a affirmé qu’il continuait à ne pas comprendre l’attitude des étudiants, qu’il a qualifié de "injustifiée". "Il n’y a pas de justification pour perdre les cours, il n’y a pas de justification pour que les étudiants qui veulent étudier s’en trouvent empêchés par des groupes minoritaires qui dans une action violente usurpent leurs lycées", a affirmé la ministre de l’Education, Yasna Provoste. "Ces attitudes ne se justifient pas dans ces moments. Nous avons totalement accompli les engagements que nous avions pris, qui sont de courte portée mais qui signifient une terrible amélioration des conditions de nos étudiants", a-t-elle ajouté.

Dans la capitale, les affrontements principaux entre Carabiniers et étudiants se sont produits à cause de la tentative des "pingouins" de marcher jusqu’aux bureaux du Secrétariat Régional Ministériel d’Education (Seremi). Les forces spéciales ont dispersé environ 500 élèves avec des camions à eau et des gaz lacrymogènes. Les étudiants ont répondu par des pierres et des bombes de peinture contre les véhicules policiers. Le dirigeant Maximiliano Mellado a mis en cause le dispositif déployé pour éviter l’arrivée jusqu’à la Seremi. "C’est dommage que le gouvernement fasse cela, qu’il ordonne aux forces policières de faire ce type de choses, si nous ne faisons rien d’autre que de lutter pour l’éducation. Il n’y a pas eu de destruction, ni de dommage, nous avons seulement marché. L’unique chose qu’ils obtiennent c’est que les étudiants agissent de manière plus radicale", a indiqué Mellado.

Les étudiants ont fait hier les sourds aux demandes du gouvernement. "Nous allons continuer jusqu’aux dernières conséquences", a affirmé la dirigeante étudiante et porte-parole de l’Assemblée de Coordination des Étudiants Secondaires (ACES), Maria Jesús Sanhueza. "Nous n’avons jamais été fermés au dialogue", a-t-elle ajouté sur un ton conciliateur. Avec le mécontentement en raison de la lenteur du travail du Conseil Assesseur et des "ses propositions vagues", Sanhueza a signalé que "un des grands problèmes que nous avons est l’expulsion de nos compagnons". Effectivement, les problèmes pour les "pingouins" se sont multipliés ces derniers jours, puisque maintenant ils risquent non seulement de perdre l’année scolaire ou de voir que les classes s’étendent jusqu’à janvier, mais aussi que plusieurs étudiants soient confrontés à l’annulation de leurs matricules et à l’expulsion de leurs établissements pour le fait de participer aux protestations. Le plus clair exemple de ceci a été celui du maire de Providencia, Cristian Labbé, qui a résolu d’expulser 44 élèves du Lycée Lastarria après qu’ils aient occupé l’établissement.

Le président du Conseil Assesseur pour l’Education, Eduardo García Huidobro, s’est joint aux critiques de la ministre Provoste, en qualifiant les manifestations pingouines de "inconvenantes et sans but clair". "Il y a des choses sur lesquelles on peut faire un ultimatum et d’autres non", a indiqué García Huidobro, en donnant comme exemple les améliorations en infrastructures. "Cela n’a pas de sens de donner un ultimatum de dix jours pour une commission qui a programmé la fin de son travail pour le 11 décembre", a ajouté le président du Conseil mis en place par la présidente Michelle Bachelet après les fortes protestations étudiantes de mai et de juin dernier. Ce Conseil Assesseur doit faire des propositions pour améliorer l’éducation, mais les étudiants, qui participent de l’instance, se plaignent de la lenteur du travail.

Virginia Scardamaglia, Pagina/12 (Argentine), 19 octobre 2006. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org