29 décembre, 2006

UNE COOPÉRATION ENTRE CIEL ET SOL


La recherche des exoplanètes est bien trop complexe pour pouvoir s'offrir une concurrence entre ses moyens terrestres et ses premiers engins spatiaux. Le lancement de Corot ne contraindra pas à la retraite les instruments déployés dans les observatoires, mais leur donnera une deuxième jeunesse.


La méthode des transits, utilisée par le satellite, a en effet besoin de confirmations et de prolongements. Corot fournira une estimation du diamètre de l'exoplanète repérée, les observatoires terrestres se chargeront d'en déterminer la masse, par la méthode des vitesses radiales. Cette collaboration devrait avant tout profiter à deux instruments européens de pointe déployés dans chacun des deux hémisphères. Au sud, le spectrographe Harps est installé sur l'un des télescopes de l'Observatoire austral européen (ESO), au Chili. Avec sa capacité à déceler des variations de vitesse des étoiles de l'ordre de 1 m/s, il est l'outil terrestre actuellement le plus efficace.

Au nord, il a reçu le renfort d'un nouvel instrument, dont les débuts coïncideront à peu près avec ceux de Corot. A l'Observatoire de Haute-Provence, le spectrographe Sophie vient en effet succéder à Elodie, première relique de la quête des exoplanètes. C'est Elodie qui a permis, en 1995, la découverte de la première planète lointaine. Sophie doit poursuivre sur cette lancée, en atteignant la précision des 1 m/s.

TRIER LES CANDIDATES

"Au cours de chaque période d'observation, Corot devrait trouver une centaine de candidates au statut d'exoplanètes, explique François Bouchy de l'Institut d'astrophysique de Paris (IAP). Un premier tri entre ces phénomènes sera opéré par un instrument situé au Very Large Telescope de l'ESO, au Chili, capable d'éliminer les sources d'erreurs possibles." Les astronomes redoutent particulièrement les confusions éventuelles entre des taches qui se créeraient à la surface de l'étoile, comme on en voit sur le Soleil, et le passage d'une planète. "Une fois cette sélection opérée, Harps ou Sophie examineront les candidats les plus sérieux, en déterminant leur masse, puis s'attacheront à mieux préciser les caractéristiques de l'étoile autour de laquelle un astre a été repéré." Ces données doivent fonder une vraie science des exoplanètes.

Le même type de collaboration se poursuivra en 2008, avec le lancement de Kepler, le premier engin spatial américain dédié à cette chasse. Celui-ci disposera d'avantages considérables sur Corot. Ce ne sera plus un satellite mais une sonde qui naviguera loin de la clarté terrestre, et pourra donc étudier sans interruption le même champ d'étoiles pendant quatre ans. Mais la précision qu'y gagneront ses observations ne lui permettra pas encore de se débrouiller toute seule. La concurrence entre instrument au sol et dans le ciel ne devrait se déclarer que dans plus de dix ans, lorsque les futurs télescopes géants et les sondes de la deuxième génération se disputeront l'honneur de la première photographie d'une planète en orbite autour d'un soleil lointain.
J.F. et C.G.