10 février, 2007

UN MOMENT DE DÉTENTE COMME CHARLES DARWIN AU CHILI

On dit que les propriétés médicinales des eaux de Cauquenes, à une centaine de kilomètres au sud-est de Santiago, sont reconnues depuis l'ère préhispanique. Au début du XIXe siècle, le naturaliste Charles Darwin et l'homme politique Bernardo O'Higgins - celui qui a donné au Chili son indépendance en 1818 - avaient l'habitude d'y venir pour «recharger leurs batteries». Deux siècles plus tard, on vient encore à l'hôtel Termas de Cauquenes pour ses bains, mais aussi pour sa fine cuisine et pour le temps qui s'arrête soudainement au creux des montagnes.

Vêtue d'un chaud et moelleux peignoir blanc, je traverse le jardin intérieur un peu dénudé en cette fin d'hiver - nous sommes en août -, mais quand même très joli avec ses pergolas, sa fontaine en son centre et ses bancs de bois. Au bas d'un escalier baigné d'une lumière colorée par le soleil à travers un vitrail, j'accède la salle des bains. Je suis accueillie par une préposée qui me conduit à mon bain, après m'avoir offert une grande serviette.

Pas de piscine commune ici - celle de l'extérieur est fermée pour la saison froide et une piscine intérieure sera construite d'ici cinq ans -, mais plutôt deux rangées de petites salles. Dans chacune, trône une baignoire à remous. «N'y restez pas plus de 20 minutes», me prévient la dame, avant de refermer la porte derrière moi. Le bain est chaud - un peu trop? - et je m'y glisse avec plaisir, d'autant plus que la journée est fraîche. Qu'elle soit thérapeutique ou non, l'eau projetée en de nombreux jets a un effet certain : la détente est immédiate. Au bout de 15 minutes, la tête commence néanmoins à tourner en raison de cette intense chaleur.

Au bout du couloir, je tire une immense porte et - quelle surprise! -, je découvre une terrasse qui donne sur une cascade. Je m'étends sur une chaise pendant un moment. J'y serais demeurée toute la journée, un livre à la main, si le froid n'avait pas commencé à piquer ma peau. Vais-je marcher dans les sentiers ou me faire masser? J'opte pour les sentiers et j'emprunte le chemin de terre battue qui longe la rivière. Je croise un jardinier et un couple de personnes âgées. Sinon, il n'y a que moi et le bruit de la rivière et des oiseaux. Une promenade propice à la réflexion, encore plus à la relaxation. Une promenade qui creuse l'appétit aussi.


Tant mieux, puisque pour le dîner, les propriétaires et réputés chefs suisses, René Acklin et sa fille Sabine, ont concocté des petits plats à s'en lécher les doigts. Au menu : jambon de perche des mers (serran), crème de morilles, steak d'espadon au beurre d'ail verte et pommes de terre mousseline, salade d'aubergine et fromage de chèvre, filet de boeuf dans une sauce au merlot accompagné de quinoa. Une crème brûlée au romarin et des truffes au chocolat sont servies en dessert. Un peu trop copieux tout ça, mais quel délice!


Je me retire, repue, dans mes quartiers. On a récemment rénové les 52 habitations au coût de 900 000 $. La chambre est petite et sans prétention, une bougie est déposée sur la commode de bois brun foncé. La salle de bains, recouverte de marbre, est des plus modernes. Le mobilier de la chambre, lui, est sobre. Le plancher grince, le lit est confortable, les couvertures sont épaisses et, après avoir ouvert la fenêtre à battants, le son de la rivière nous plonge doucement dans un sommeil réparateur. On rêve de ne jamais quitter cet endroit.


Pour une nuitée, un dîner (dégustation) et un bain, on débourse environ 120 $.


Le 28 août de 1834, après avoir croisé la "Cuesta Zapata", Charles Darwin est arrivé Santiago de Valparaiso, où il a été consacré à visiter les alentours. En septembre a effectué des excursions à Rancagua, les Thermes de Cauquenes, Tagua Tagua, San Fernando, Navidad, Casablanca.