31 mars, 2007

RICARDO LAGOS PARTICIPE AU FORUM DE L'OCDE



L'ancien Président Ricardo Lagos participe au forum de l'OCDE। Au rendez-vous assistent aussi des ministres, d'autres anciens chefs d'État, maires et experts de de tout le monde, pour discuter sur les défis des grandes villes. Dans l'image, le président du Club de Madrid prononce un discours pendant l'inauguration de la rencontre qui a lieu à Madrid.

JOURNÉE DU JEUNE COMBATTANT

JOURNÉE DU JEUNE COMBATTANT 

Selon le quotidien El Mercurio dans édition électronique, le dernier bilan officiel des protestations pour le Jour du Jeune Combattant indique 747 arrestations correspondent à la Région Métropolitaine.

Selon le rapport du sous-secrétaire de l'Intérieur, 38 carabiniers ont été blessés, deux d'eux sont en état grave, le premier après avoir recu une balle dans sa jambe gauche quand il essayait d'éviter le pillage d'un supermarché dans la communauté de La Granja et le deuxième après avoir recu une pierre à la tête quand il conduisait un véhicule de patrouille. Harboe a assuré que les Carabiniers n'ont pas été dépassés par les manifestants qui ont provoqué des troubles sérieux hier dans la capitale, mais ses effectifs ont dus se disperser pour agir dans les différents foyers de désordre.

"A un moment déterminé il y avait près de 45 points où il y avait des petits groupes d'étudiants qui commétaient des excès (sic), ce qui a signifié que les forces policières devaient se désagréger pour les contrôler les différents foyers", a-t-il expliqué.

Pagina/12 (Argentine), 30 mars 2007. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org,


Le "Journée du Jeune Combattant"; des Carabiniers arrosent de l'eau sur un étudiant pendant une protestation pour marquer "le Journée du Jeune Combattant" à Santiago.

Une date souvent marquée par la violence Journée en souvenir de deux jeunes frères morts par la policier dans une protestation en 1985, pendant la dictature de Gral. Pinochet Auguste. Photos : AP

475 personnes arrêtées à Santiago

















475 personnes arrêtées à Santiago. Protestations contre la modification des transports publics.

Au moins 475 personnes ont été arrêtées jeudi au Chili en marge d'une journée de manifestations initiée par des groupes de gauche. Certains ont profité de l'occasion pour afficher leur désaccord suite à la modification du système de transports en commun de la capitale. Les mécontents ont provoqué des incidents dans le centre puis la banlieue de Santiago. Ils s'étaient joints à une manifestation servant à commémorer des frères tués en 1985 sous A.Pinochet. Le plan "Transantiago", lancé en février, a modifié toutes les lignes de bus et réduit de 8000 à près de 5000 le nombre de ceux-ci dans la ville. (SWISS TXT)


Michelle Bachelet bousculée par les manifestants

De violents affrontements ont eu lieu jeudi dans la capitale, fragilisant la Présidente.
Avis de gros temps sur le gouvernement de la socialiste chilienne Michelle Bachelet, la seule femme à la tête d'un pays d'Amérique latine. «La capitaine du navire fait face et va devoir faire face à plusieurs mutineries», estime Patricio Nava, analyste politique à l'université Diego Portales de Santiago. Investie il y a à peine plus d'un an, Michelle Bachelet a encaissé plusieurs coups cette semaine : chute brutale de sa popularité, remaniement forcé de son gouvernement ; puis, dans la journée et la soirée de jeudi, des manifestations et des heurts violents avec la police qui se sont soldés, selon le dernier bilan (vendredi) du ministère de l'Intérieur, par plus de 800 interpellations et une trentaine de policiers blessés. Le ministère indiquait, par ailleurs, que «120 personnes» devaient être placées en garde à vue.

Les manifestations étaient prévues depuis longtemps ­ 4 000 policiers avaient été déployés dans la capitale ­, mais elles ont surpris par leur ampleur. Elles avaient été convoquées par des mouvements de gauche et d'extrême gauche pour commémorer le «Jour du jeune combattant», date anniversaire de la mort de deux jeunes militants du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire), le 29 mars 1985, dans la répression d'une manifestation anti-Pinochet alors que le dictateur était encore au pouvoir. Jeudi, les heurts avec la police ont commencé dans la matinée dans le centre-ville avant de se propager dans les banlieues. Une centaine de bus ont été endommagés par des jets de pierres, des commerces pillés, tandis que dans certaines banlieues des barricades de pneus enflammés bloquaient les rues. La police répliquait armée de gaz lacrymogènes et de canons à eau. «A un certain moment, il y a eu jusqu'à 45 foyers d'incidents» dans la capitale, a indiqué vendredi le sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Felipe Harboe.

Chaos grandissant. Cette année, le Jour du jeune combattant coïncidait avec de nouvelles manifestations convoquées pour protester contre le chaos grandissant dans les transports publics de la capitale. Depuis le 10 février, jour de la mise en place d'un nouveau système, le Transantiago, les habitants ne décolèrent pas. Le Transantiago, élaboré par l'Etat mais sous-traité à des opérateurs privés, était censé rationaliser les lignes de bus, décongestionner le centre-ville, diminuer la pollution et les nuisances sonores. Il n'a réussi qu'à démultiplier la pagaille. Pour beaucoup, notamment dans les banlieues pauvres, les itinéraires chamboulés ont été synonymes d'allongement du temps de transport. Depuis le 10 février, les manifestations contre le Transantiago n'ont pas cessé. Et la cote de popularité de la Présidente est descendue jusqu'à 42 %, la plus basse depuis son arrivée au pouvoir.

La crise des transports cache aussi un malaise social grandissant dans un pays où la croissance économique s'est tassée en 2006 ­ elle est à son plus bas niveau depuis trois ans (4 %) ­ et où les inégalités restent parmi les plus élevées du continent, même si le Chili est parvenu à diminuer fortement le taux de pauvreté. Michelle Bachelet, après avoir accusé «les entrepreneurs privés des transports» de ne pas «avoir tenu leurs promesses sur le Transantiago», a fini par reconnaître les erreurs de son gouvernement et se défaire de son ministre des Transports : «Les habitants de Santiago, les plus pauvres en particulier, méritent des excuses de notre part.»

Pressions. Dans un jeu de chaises musicales, son remaniement, mardi, a affecté trois autres portefeuilles, afin de respecter les équilibres entre les membres de la Concertación, cette coalition qui unit les socialistes avec ­ notamment ­ les démocrates chrétiens. Celle-ci est au pouvoir depuis le départ de Pinochet en 1989, mais beaucoup se demandent au Chili si elle survivra longtemps à la mort du dictateur, le 10 décembre dernier. En cédant aux pressions des appareils des partis lors de son remaniement, Michelle Bachelet a aussi dû reculer sur une de ses promesses les plus symboliques, la parité hommes-femmes au sein du gouvernement, qui n'aura donc duré qu'un an. Désormais, son gouvernement compte 13 hommes et 9 femmes. La présidente chilienne sait pourtant encore se défendre : «Ceux qui criaient au scandale parce qu'il y avait tant de femmes au gouvernement sont parfois les mêmes qui s'indignent aujourd'hui parce qu'il y a un peu plus d'hommes.»

L'ÉNIGMATIQUE PRAXITÈLE AU LOUVRE



À l'entrée de l'exposition du Louvre, sur un socle portant une dédicace à deux déesses, Déméter et Chorée, on peut lire (en caractères grecs) la formule traditionnelle : "Praxitèle a fait." Mais le socle est vide, l'oeuvre a disparu. Pourtant, l'inscription est l'une des très rares traces tangibles du sculpteur qui vécut à Athènes entre l'an 400 et l'an 330 avant J.-C.



Pourquoi une exposition Praxitèle? Et pourquoi le Louvre l'a choisi pour faire la première exposition de sculpture de son histoire? Parce que cet artiste, plus de deux mille ans après sa mort, reste une légende pour la critique. La preuve? La centaine d'oeuvres rassemblée dans le hall Napoléon traduit son rôle dans l'histoire de l'art. Fils et père de sculpteur, issu d'une famille riche - parmi les 300 les plus imposées d'Athènes -, Praxitèle a vécu à la fin de la période classique. Son oeuvre sera abondamment louée et commentée, par ses contemporains et par les voyageurs de l'Antiquité, de Pausanias à Lucien en passant par Pline l'Ancien.


ESSAIS D'IDENTIFICATION

Elle sera surtout recopiée à l'infini par ses admirateurs romains pendant quatre siècles (en gros du IIe siècle avant au IIe siècle après J.-C.). Et c'est comme ça que nous la connaissons, car tous les modèles originaux ont disparu. Aussi les historiens se battent-ils toujours pour savoir si telle copie appartient bien au "corpus praxitélien".

Pour Alain Pasquier, un des commissaires de l'exposition, "on est à peu près sûr de trois modèles : la Vénus de Cnide - on doit à Praxitèle les premiers nus féminins de l'histoire de la sculpture - l'Apollon Sauroctone (qui joue avec un lézard) et sans doute un jeune satyre au repos". On sait aussi, qu'à l'inverse des autres sculpteurs grecs Praxitèle travaillait plus le marbre que le bronze et que ses statues étaient mises en couleurs par un peintre célèbre, Nicias, dont l'oeuvre a elle aussi été anéantie.

S'appuyant sur les textes anciens et les copies antiques, l'Allemand Johan Winckelmann fut, au XVIIIe siècle, l'un des premiers à tenter une recension critique des statues de Praxitèle. Un siècle plus tard, son compatriote Adolf Furtwängler se lancera dans un essai d'identification des caractéristiques du sculpteur grec. Et il dressera un corpus d'une vingtaine de pièces à partir desquelles des modèles furent diffusés avec d'innombrables variantes. La critique contemporaine a resserré cet éventail au point que certains ne lui attribuent plus aujourd'hui, avec certitude, que la Vénus de Cnide.

L'exposition de Paris reprend l'enquête. Si le Louvre n'a pu exposer l'Apollon en bronze du Musée de Cleveland (Ohio) en raison de l'opposition de la Grèce qui voit dans cette oeuvre une pièce sortie clandestinement de son territoire, ainsi que l'Ephèbe de Marathon, autre bronze jugé trop fragile par les autorités grecques, il présente, venue d'Athènes, une nouvelle pièce qu'un critique grec, Georgios Despinis, assure être la seule pièce originale connue due au ciseau de Praxitèle. Il s'agit d'une tête monumentale d'Artémis, retrouvée non loin de l'Acropole, au XIXe siècle, puis enfouie dans les réserves d'un musée dont elle est sortie pour être examinée à la loupe.

Mais cette attribution laisse sceptique un grand nombre de spécialistes. En effet, l'esthétique de la sculpture contredit à peu près complètement le style que l'on prête habituellement à Praxitèle : une certaine délicatesse, voire une mollesse des formes, une langueur rêveuse, une mélancolie heureuse, dans certains cas une ambiguïté sexuelle. "On attendait la grâce et on a la majesté", résume Alain Pasquier.

UN MAÎTRE DE L'AMBIGUÏTÉ

Toute l'exposition joue donc de ces infinies variations sur une oeuvre évanouie mais dont on a tiré cent modèles que les collectionneurs, à commencer par l'empereur Néron, Richelieu et quelques papes - plus tard les musées - s'arrachent depuis toujours. Ce ne sont pas les seuls : les artistes ont longtemps été fascinés par ce maître de l'ambiguïté : la main de la Vénus de Cnide cache-t-elle son sexe (la pudeur) ou le désigne-t-elle (la volupté) ? Sans parler du public toujours friand des aventures du sculpteur et de son modèle (et amante), la courtisane Phryné, dont quelques épisodes croustillants ont fait le bonheur des peintres pompiers au XIXe siècle (certaines toiles figurent dans l'exposition).

Le visiteur du XXIe siècle passe et repasse devant ces statues blanches, parfaites en dépit de leurs mutilations. En faisant l'effort, pour tenter de les apprécier à leur juste valeur, d'oublier les mille nudités qui, depuis deux ou trois cents ans, ont fleuri sur les places des villes et les façades de nos monuments, sous prétexte de célébrer l'agriculture ou l'industrie, un fleuve, le commerce, la justice ou la tempérance. Toutes ces allégories sont nées du modèle grec, au premier rang desquels se trouve Praxitèle. Perfection idéale, d'autant plus idéalisée qu'il n'existe plus aucun original réel. Réduite à une beauté virtuelle, la légende de ce fantôme continue, de manière subliminale, à peser sur nous.

Praxitèle, Musée du Louvre, hall Napoléon, du mercredi au lundi, de 9 heures à 18 heures (nocturnes les mercredis et vendredis, jusqu'à 22 heures). Tél. : 01-40-20-53-17. De 6 € à 9,50 €. Du 23 mars au 18 juin.

Catalogue sous la direction d'Alain Pasquier et Jean-Luc Martinez, éd. Somogy/Musée du Louvre, 456 p., 39 €.

Album de l'exposition, éd. Somogy/Musée du Louvre, 48 p., 8 €.

"Praxitèle", de Jackie Pigeaud, éd. Dilecta, 60 p., 16 €.

Emmanuel de Roux

28 mars, 2007

COUR SUPRÊME LIMITE L'ACCÈS DES MÉDIAS AUX TRIBUNAUX


La Cour suprême limite l'accès des médias aux tribunaux : Reporters sans frontières dénonce.  
Reporters sans frontières est consternée par l’adoption, le 26 mars 2007, d’un arrêt de la Cour suprême prétendant réguler le travail des journalistes accrédités dans les tribunaux du pays. L’organisation considère, comme la presse chilienne, cette décision, non susceptible de recours, comme attentatoire à la liberté de la presse

Les décisions de justice sont publiques dans toute démocratie. L’arrêt de la Cour suprême est à la fois incongru et contraire à la réforme constitutionnelle de 2005. L’article 8 de la loi fondamentale établit, en effet, que “sont considérés comme publics les actes et résolutions des organes de l’Etat”. Nous espérons que le Tribunal constitutionnel, s’il est saisi, invalidera cet arrêt”, a déclaré Reporters sans frontières.

Promu par le magistrat Ricardo Gálvez et approuvé en réunion plénière à huis clos, le 26 mars, l’arrêt de la Cour suprême stipule que la presse doit “respecter la tranquillité des déplacements des magistrats, procureurs, greffiers, juges et secrétaires dans les bâtiments judiciaires et espaces de stationnements annexes”. Il dispose également que les journalistes doivent s’abstenir “d’aborder les fonctionnaires de justice sans leur consentement et de les déranger avec des flashes ou lumières d’appareils photographiques, ou des enregistrements vidéo”. L’arrêt a été adopté par seize voix contre deux, l’une desa deux voix contre étant celle du président de la Cour suprême, Enrique Tapia.

L’Association de la presse judiciaire et le Collège des journalistes du Chili ont fortement critiqué cette décision et dénoncé dans cet arrêt une “atteinte à la liberté d’informer”. Ils ont annoncé leur intention de déposer un recours. Or, seul le Tribunal constitutionnel, indépendant de la Cour suprême, serait susceptible d’invalider cette décision.

Malgré une évolution en faveur de la publicité des procès, surtout en matière pénale, l’accès de la presse chilienne aux tribunaux reste limité. Dans les juridictions supérieures - cours d’appel et Cour suprême -, il dépend du bon vouloir des magistrats.

UNE CRISE DES TRANSPORTS PRÉCIPITE UN REMANIEMENT MINISTÉRIEL


Ana Lya Uriarte

Marcelo Tokman


Pour la seconde fois en moins d'un an, la présidente socialiste chilienne Michelle Bachelet a procédé, lundi 26 mars, à un remaniement ministériel pour faire face à un profond mécontentement. Quatre ministres ont été limogés. Le lancement, le 10 février, d'un nouveau système de transports publics à Santiago, le "Transantiago", a entraîné la colère des citadins et une centaine de manifestations dans les banlieues les plus défavorisées.

Mme Bachelet, dont la popularité a baissé à cause du conflit, a hérité en fait d'un plan élaboré sous la précédente présidence de Ricardo Lagos, qui a modifié toutes les lignes de bus et réduit de 8 000 à 5 600 le nombre de véhicules en circulation. L'objectif était de diminuer la pollution et les nuisances sonores. Pour les six millions d'habitants de Santiago, cela signifie un véritable chaos : des autobus bondés dont les itinéraires ont été chamboulés, des temps d'attente supplémentaires et une ruée sur le métro, un des plus modernes d'Amérique latine.

La fréquentation du métro, qui était de 1,3 million de personnes par jour, a presque doublé. Dans les wagons surchargés se sont multipliés évanouissements, malaises cardiaques, atteintes aux moeurs et vols. Les plus riches se déplacent en voiture, provoquant d'énormes embouteillages. Près de 57 % des entreprises sont touchées, selon une enquête, avec des employés qui arrivent en retard à leur travail.

"Les habitants de Santiago, et les plus pauvres en particulier, méritent des excuses de notre part", a admis la présidente, qui a précisé qu'elle assumait "les responsabilités gouvernementales des déficiences dans la mise en marche du plan Transantiago et des problèmes liés à sa conception même".

Le ministre des transports, Sergio Espejo, a été remplacé par l'ex-ministre du travail démocrate-chrétien René Cortazar. Deux proches collaboratrices de Mme Bachelet quittent leur poste : la ministre de la défense, Vivianne Blanlot, cède sa place à José Goñi, actuel ambassadeur du Chili au Mexique ; et la secrétaire générale à la présidence, Paulina Veloso, à l'ex-sénateur socialiste José Antonio Viera Gallo. Au ministère de la justice, le sous-secrétaire du gouvernement, Carlos Maldonado, succède à Isidro Solis.

Mme Bachelet a par ailleurs annoncé la création de deux nouveaux ministères : la directrice de la Commission nationale de l'environnement, Ana Lya Uriarte, devient ministre de l'environnement, et Marcelo Tokman, principal conseiller du ministre de l'économie, prend la tête du ministère de l'énergie.

Ce remaniement maintient l'équilibre politique au sein de la coalition de centre gauche, mais il met un terme à la parité entre hommes et femmes.

La présidente avait affronté son premier conflit social en mai 2006 avec des manifestations d'étudiants du secondaire qui exigeaient une réforme du système éducatif, privatisé par la dictature militaire. Baptisée la "révolte des pingouins", cette fronde avait provoqué la chute des ministres de l'éducation, de l'intérieur, puis de l'économie. Plusieurs organisations, avec le soutien des collégiens, ont appelé à manifester à Santiago, jeudi 29 mars, contre le nouveau système de transports publics.

Christine Legrand

24 mars, 2007

LE CHILI, LE MARCHÉ LE PLUS DYNAMIQUE DE LA RÉGION

23.03.2007 L'Amérique latine a le vent en poupe. Après vingt ans de stagnation, la région a renoué avec la croissance en 2002. «Ce sont d'abord les pays libéralisés comme le Chili qui profitent de cette évolution», estime José Luis Machinea, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC)
José Luis Machinea, Secrétaire exécutif de la CEPALC.

L'Amérique latine a certes profité des quatre dernières années pour assainir ses finances. Mais elle se voit aujourd'hui confrontée à plusieurs défis, en particulier celui d'instaurer un calendrier de développement qui lui permette d'entretenir une croissance économique durable, susceptible de réduire la pauvreté et d'améliorer l'équité sociale. C'est ce qu'a souligné José Luis Machinea, Secrétaire exécutif de la CEPALC (Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes), à l'occasion d'un entretien accordé à l'issue de la réunion du Cercle de Montevideo, le 26 janvier dernier à San José au Costa Rica.

Monsieur Machinea, comment les pays latino-américains pourraient-ils devenir plus compétitifs?

La région a besoin d'exporter davantage de valeur, c'est-à-dire de savoir-faire, de diversifier la structure productive et d'innover. Pour y parvenir, il est indispensable que les Etats investissent davantage dans l'éducation et dans les transferts de technologie. Il faudrait donc que les gouvernements mettent en place une stratégie conjointe avec le secteur privé.


Cela signifie-t-il que les nations d'Amérique latine doivent signer des traités de libre-échange?


Les traités de libre-échange ne sont pas la panacée, mais il ne faut pas non plus les diaboliser. Aujourd'hui, nous vivons dans une économie mondialisée et il faut savoir s'intégrer dans ce système. Malheureusement, certains ont parfois tendance à croire que la mondialisation n'est qu'une idée, une idéologie. Or, c'est bel et bien une réalité technique, incontournable. Il convient d'en tirer parti en couvrant le plus grand nombre de marchés possibles et en favorisant une plus grande libéralisation. En Amérique latine, le pays qui a réussi à signer le plus de traités est le Chili. Or, avec plus de 50 traités commerciaux, c'est aujourd'hui l'économie la plus dynamique du continent. Naturellement, chaque pays devra adapter sa stratégie à ses besoins et à ses problèmes, mais c'est bien vers le libéralisme qu'il faut tendre.

D'après la CEPALC, que doivent faire les gouvernements dans le domaine des politiques économiques?

Les gouvernements doivent investir davantage pour réduire la pauvreté et les inégalités. Même si la croissance économique a été importante en Amérique latine au cours des dernières années, n'oublions pas que l'économie latino-américaine a stagné entre 1980 et 2002. Les chiffres le montrent: le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 2,5% seulement et le revenu par habitant de 0,6%. Au cours des quatre dernières années, la situation a changé, avec une hausse du PIB de 15%, ce qui est encourageant. Cependant, comme l'économie de notre région a toujours été très volatile, le défi auquel les gouvernements sont désormais confrontés est d'inscrire ce bilan positif sur le long terme.

De quelle façon pourrait-on renforcer durablement cette dynamique positive?

Nous le répétons depuis longtemps: pour rendre les économies moins volatiles, il faut mettre en œuvre des politiques macroéconomiques anticycliques. De 1960 à 2006, l'Amérique latine et les Caraïbes ont multiplié par deux la volatilité de l'économie mondiale. Cette situation a des conséquences négatives dans la mesure où elle génère une incertitude qui décourage les grands investissements en capitaux. Il y a également un impact sur la pauvreté, car les classes défavorisées ont moins d'actifs.

Quels points positifs avez-vous observés dans la région au cours des quatre dernières années?

Il s'est passé quelque chose d'inédit dans l'histoire de l'Amérique latine. La région est en train de croître avec une balance courante excédentaire, ce qui réduit sa vulnérabilité budgétaire vis-à-vis des autres pays. L'excédent cumulé de la balance courante continue de croître, mais à des degrés différents selon les pays. Ainsi, le Venezuela, le Brésil, l'Argentine et le Chili représentent 25% de l'excédent de la région. C'est très positif car cela réduit la vulnérabilité: les pays sont moins dépendants de l'épargne étrangère, ils ont donc moins besoin de s'endetter.

Pour quelle raison enregistre-t-on cet excédent en Amérique du Sud et pas en Amérique centrale?

Tout simplement parce que les nations d'Amérique du Sud exportent des matières premières. L'Amérique centrale, en revanche, exporte essentiellement des produits manufacturés.

A la CEPALC, vous insistez sur le fait que les gouvernements doivent donner la priorité à la cohésion sociale. Est-ce le cas en Amérique latine?

Ce doit être un objectif pour toute l'Amérique latine, mais ce n'est pas encore le cas. La cohésion sociale implique un «sentiment d'appartenance» à un projet commun offrant à la population des conditions propices à l'épanouissement humain. Il ne peut y avoir de cohésion sociale s'il y a de la pauvreté, des inégalités, de la méfiance à l'égard des institutions et des partis politiques, etc. En Amérique latine, les gens font davantage confiance à la télévision qu'aux partis politiques, aux parlements et aux systèmes judiciaires.

Quel est le rôle de la politique d'éducation?

Il est crucial. Tout échec sur le terrain de l'éducation se paie comptant au niveau économique. Sans vouloir faire de rhétorique, je dirais que c'est en améliorant l'éducation ainsi que la connaissance de l'environnement mondial que l'on parviendra à aider la population à s'en sortir dans une économie de plus en plus globalisée.

Quelles sont les prévisions économiques de la CEPALC pour l'Amérique latine?

Nous pensons que la région continuera de progresser sur le plan économique. La croissance a été de 5% en 2006 et devrait s'établir à 4,5% en 2007. Ces chiffres très encourageants contraignent les gouvernements à mettre en œuvre des stratégies de développement, c'est-à-dire un calendrier impliquant les institutions, le capital humain, les infrastructures et les instances du secteur de la connaissance. Le but est de doter les pays d'avantages concurrentiels pour qu'ils puissent se maintenir dans la chaîne productive. L'inscription de la croissance dans la durée reste un grand défi, c'est indéniable.


Pour en savoir plus:
-Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC)
- Biographie de José Luis Machinea (en anglais)

Chili : tassement de la croissance en 2006

Le taux de croissance du PIB au Chili s'est tassé à 4% en 2006, son plus faible niveau depuis trois ans, en raison notamment du ralentissement de la croissance du prix du cuivre, a annoncé vendredi la banque centrale chilienne.
La croissance économique a reculé de plus de deux points par rapport à 2005 où le pays avait connu le taux le plus élevé des huit dernières années à 6,3%, contre 5,9% en 2004।

Les chiffres de 2006 se situent en dessous des prévisions officielles qui tablaient sur un taux supérieur à 6%। Ce résultat s'explique par un modeste rendement du secteur industriel et une plus faible croissance du prix du cuivre, dont le Chili est le premier producteur mondial.

Toutefois, le prix élevé du métal rouge a permis au Chili d'obtenir un excédent commercial sans précédent de 11 milliards de dollars grâce à un niveau record des exportations à 58,9 milliards de dollars.

23 mars, 2007

MICHELLE BACHELET, LE MAÎTRE DE SANTIAGO


Au palais présidentiel de la Moneda, à Santiago, Michelle Bachelet fait visiter à Christine Ockrent le salon Bleu où elle tient ses réunions privées. Au mur, El Espejo de Cronos (Le miroir de Cronos), un tableau monumental du célèbre peintre surréaliste chilien Roberto Matta, peint en 1981, propriété de BancoEstado, la banque d’Etat chilienne. Photo : D.r.
Ancienne prisonniere de la dictature Pinochet, elle est presidente de la Republique chilienne depuis juste un an. elle a reçu Christine Ockrent Et parle des femmes en politique.

Affaissée dans son fauteuil de bois, la petite géante dort. Elle ronfle même, à la grande joie des enfants massés au pied des barrières métalliques qui, près du marché central de Santiago du Chili, contiennent la foule qui s’agglutine joyeusement sous le soleil de l’été austral. «Réveille-toi, réveille-toi !» crient des voix aiguës tandis que les acteurs et les machinistes de Royal de Luxe s’affairent pour donner vie à la gigantesque marionnette. Voilà deux jours que la troupe française de théâtre de rue, très populaire au Chili, parcourt la capitale avec une histoire de rhinocéros qui détruit tout sur son passage avant que la petite géante ne le capture. Qui va la réveiller ? La présidente de la République en personne. Sous les acclamations, sans protocole ni mesures de sécurité particulières, Michelle Bachelet, tailleur pantalon noir à manches courtes, tout sourire, attend que la marionnette ouvre l’œil. Les télés retransmettent l’événement en direct, les journaux l’annoncent à la une. Encouragée par les flonflons, la petite géante lentement se met debout et salue la première femme démocratiquement élue à la tête d’un Etat d’Amérique du Sud. Hilare, «la Michelle», comme l’appellent ses concitoyens, l’accompagne pendant quelques mètres et m’aperçoit à côté de ses collaborateurs et de l’ambassadeur de France : «Tu as vu ? Formidable, non ! me lance-t-elle en français. Tout va bien ?» Et elle me gratifie d’un baiser sonore sur la joue avant de retourner en son palais et de laisser la petite géante, poursuivie par la foule, partir à la recherche du rhinocéros. Elle est comme ça, «la Michelle». Elle aime les gens, elle est naturelle et surtout elle est gaie – le genre de créature qui vous donne l’impression de la connaître depuis toujours dès la première rencontre et à qui vous confieriez sans réticence ce que vous avez de plus cher. C’est ce qu’ont fait les Chiliens, massivement, il y a un an tout juste, en la chargeant de diriger le pays pour un mandat de quatre ans non renouvelable. A 55 ans, ce petit bout de femme un peu ronde, aux cheveux blonds et courts, pédiatre de formation, affiche une énergie, une capacité d’empathie et une franchise de ton bien éloignées du rituel politique ordinaire.

Michelle Bachelet a fait son apprentissage à la pire des écoles, celle de la dictature militaire. A 22 ans, elle étudie la médecine à l’université de Santiago quand le général Pinochet renverse Salvador Allende. Sa mère est archéologue, son père général de l’armée de l’air. Proche d’Allende, ce dernier est accusé de trahison. Arrêté et torturé par ses frères d’armes, il mourra d’une crise cardiaque en prison. Dénoncées, Michelle et sa mère sont arrêtées à leur tour, interrogées et torturées. Libérées quelque temps plus tard, elles partent en exil en Allemagne de l’Est où Michelle reprend ses études – elle aurait pu à l’époque croiser l’étudiante Angela Merkel : les deux femmes l’évoqueront lorsque la présidente du Chili, en visite officielle à Berlin à l’automne 2006, rencontrera la chancelière d’Allemagne.

Franchissant l’entrée du palais présidentiel de la Moneda gardé par des carabiniers débonnaires, je songeais à cette époque tragique et pas si lointaine, au milieu des années 70, quand la dictature militaire assassinait et torturait par milliers, bafouant les libertés publiques tout en jetant les bases d’une économie de marché qui allait favoriser l’entreprise privée, développer la classe moyenne et creuser des disparités sociales auxquelles le gouvernement doit faire face aujourd’hui. Au deuxième étage de l’immense bâtiment blanc, ce ne sont qu’enfilades de salons tapissés de velours cramoisi et alourdis de meubles de bois sombre. Au mur, quelques portraits figés d’époque incertaine. Dans les couloirs s’affairent des collaborateurs qui en paraissent plus jeunes encore. Tout à coup un rire fuse, un vrai rire, joyeux, sans retenue, inouï dans un tel lieu : Michelle Bachelet accourt et demande pardon pour son retard. Depuis qu’elle a pris ses fonctions, on a beau lui expliquer qu’un chef d’Etat n’a pas besoin de s’excuser, surtout en Amérique latine, rien n’y fait. La Michelle n’a pas changé, au pouvoir sa bonhomie n’est pas devenue rictus. Elle m’entraîne dans un immense salon bleu qui semble assorti à son tailleur pantalon turquoise relevé d’un rang de perles. Au mur, une gigantesque toile de Matta, le maître surréaliste chilien – propriété d’une banque, me précise-t-elle, pas question d’en payer l’assurance sur fonds publics. Derrière les fines lunettes qu’elle ne quitte jamais, le regard est direct et perspicace. Le visage est frais, à peine maquillé – on n’y voit pas trace de cette fatigue du pouvoir qui flétrit le teint, surtout celui des femmes. Les difficultés n’ont pourtant pas manqué depuis que Michelle Bachelet a pris ses fonctions : elle a dû faire face à une révolte de lycéens, remanier son gouvernement qu’elle a voulu paritaire, mettre en route une réforme des retraites, et la presse, aux mains de l’opposition conservatrice, accuse tous les jours de corruption une des formations de la coalition réunissant son propre Parti socialiste et la Démocratie chrétienne. Plus populaire encore qu’elle ne l’était au second tour de l’élection présidentielle, elle n’en paraît pas affectée. Dans une culture aussi macho que la chilienne, cette femme présidente trouble-t-elle le jeu politique au point de paralyser l’adversaire ? Ou serait-ce l’effet de cette démocratie participative qui lui servit d’argument de campagne avant que Ségolène Royal ne s’en empare en France ? «Le fait d’être une femme ne me protège en rien, au contraire. Vous le savez bien : si un homme échoue dans les mêmes circonstances, personne ne dira qu’il est nul. Si je m’enlise, on affirmera aussitôt qu’une femme est incapable d’être présidente ! C’est une sacrée responsabilité, non seulement à l’égard des femmes ici, au Chili, qui éprouvent maintenant un immense espoir, mais partout !» Elle rit, on sent que ce poids n’est pas pour lui déplaire. «Le secret, c’est de travailler dur, d’affronter la réalité sans la masquer et d’annoncer ce qu’on va faire. J’ai créé des commissions consultatives sur toutes sortes de problèmes qui jusque-là étaient tranchés d’en haut. Aussitôt, on s’est écrié : vous voyez, elle ne sait rien décider toute seule ! Moi, je suis convaincue qu’il existe une autre façon de faire de la politique, différente de celle des partis, sans pour autant les détruire comme le craignent leurs barons. Je crois à la démocratie par les citoyens et avec eux. Les gens savent bien que je ne peux pas faire de miracles et je ne leur en ai pas promis. Mais dans un système jusqu’ici entièrement dédié à l’économie de marché, je veux introduire de la protection sociale et faire du Chili une société plus solidaire.»

La campagne électorale avait été rude. Son adversaire conservateur faisait pleuvoir les quolibets sur «la gordita», «la petite grosse», qui n’aurait pas l’épaisseur pour diriger le pays. «Quand je lis dans vos journaux certaines critiques de Ségolène Royal, je retrouve les mêmes, au mot près !» sourit la présidente, qui a adressé, le 7 mars dernier, un message d’encouragement à la candidate socialiste lors d’un meeting à Dijon. Mais la Michelle a su jusqu’ici éviter les gaffes et les erreurs. Elle a géré avec habileté la disparition de Pinochet, refusant à la famille des funérailles nationales mais accordant à la dépouille les honneurs militaires, permettant ainsi à l’émotion de s’exprimer tant du côté des nostalgiques que de celui de leurs ennemis, qui brandissaient les mêmes drapeaux. Elle semble apporter à un pays qui a digéré son passé en se ruant vers la prospérité sans filets protecteurs une ambition sociale et une dimension affective nécessaires.

Une femme aurait-elle des qualités spécifiques pour exercer le pouvoir ? «Franchement, je suis très différente d’Angela Merkel, non ? Je dirais que les femmes, en général, s’intéressent aux résultats et aux façons de les obtenir plutôt qu’aux postures d’autorité. Et qu’elles ont plus souvent le sens de l’humour ! Enfin je l’espère ! Moi, j’ai appris à rire de moi-même...» Et la Michelle le prouve aussitôt dans le silence feutré de son grand palais blanc.
Christine Ockrent publie, ce mois-ci, «Madame la...», un ouvrage consacré aux femmes qui gouvernent (éd. Plon).
Auteur : Christine Ockrent

22 mars, 2007

« À CUBA, LA TRANSITION A COMMENCÉ IL Y A QUINZE ANS »

Contrairement aux autorités de La Havane, le directeur de la principale revue de sciences sociales publiée à Cuba n'estime pas que le mot "transition" soit tabou. "A Cuba, la transition a commencé il y a quinze ans, assure Rafael Hernandez, invité mi-mars à Paris par l'Institut des hautes études sur l'Amérique latine. Du point de vue économique et social, sur le plan politique et des mentalités, les Cubains ont connu des mutations plus profondes que les Chiliens avant et après le départ de Pinochet" M. Hernandez prépare un dossier sur les transitions politiques destiné à la revue trimestrielle qu'il dirige, Temas. "Je cherche des articles sur l'Espagne et le Chili", confie-t-il. Ces deux pays sont des références dans les débats sur la transition entre dictature et démocratie.
« À CUBA, LA TRANSITION A
COMMENCÉ IL Y A QUINZE ANS »
En 1992, la crise précipitée par l'implosion de l'Union soviétique a amené La Havane à adopter des réformes dont l'impact sur les relations sociales, les valeurs et les comportements a été considérable. "Le marché a entamé l'homogénéité sociale et le consensus politique", affirme M. Hernandez. La société cubaine est devenue moins uniforme, plus diversifiée. "Nous avons désormais des inégalités de revenus de 1 à 12, voire 1 à 15, poursuit-il. Alors que la pauvreté avait été éradiquée, nous avons maintenant 20 % de pauvres, qui ne mourront pas de faim, mais dont l'existence est précaire, sans parler des mal logés et des retraités."

CHANGEMENTS GRADUELS

À l'autre extrême, "un producteur privé de tabac gagne quinze fois le salaire d'un ouvrier. Un employé d'un hôtel peut se faire 1 500 dollars en pourboires", précise le directeur de Temas. Le montant maximum autorisé des "remesas", les fonds envoyés par les proches résidant à l'étranger, 100 dollars par mois, suffit à nourrir cinq personnes. Cette diversité des situations complique les actions du gouvernement.

"Entre Fidel Castro et les dissidents, il y a beaucoup d'opinions et d'acteurs, souligne M. Hernandez. Et les limites à l'expression des divergences ont été repoussées. Il y a une véritable société civile." Fidel Castro avait donné un coup de frein aux réformes des années 1990. Sa maladie plonge Cuba dans l'expectative. "La stabilité des huit derniers mois montre que les institutions ne dépendent pas d'un seul homme", souligne toutefois M. Hernandez. Selon lui, la disparition de Fidel Castro et l'organisation d'une vraie succession après la période d'intérim exercée par son frère Raul devraient "favoriser un fonctionnement plus collectif et relancer la transition".

Les dirigeants cubains s'intéressent aux expériences de la Chine et du Vietnam. "Mais avant d'importer des nouveautés, il faudrait reprendre les réformes stoppées il y a dix ans", plaide-t-il. La revue s'est fait l'écho du débat qui agite les milieux gouvernementaux : faut-il d'abord élargir le marché, moderniser la gestion des entreprises de l'Etat (le "perfectionnement entrepreneurial") ou bien privatiser d'autres secteurs de l'agriculture, de l'industrie et des services ? Et à quel rythme ?

"Cuba nécessite davantage de décentralisation, note M. Hernandez. Le socialisme ne doit pas forcément être centralisateur et vertical. Les Cubains attendent des changements graduels et non pas une transformation radicale et abrupte comme en Europe de l'Est. En tout cas, les changements viendront de l'intérieur du système politique, et non de ses marges ou de l'étranger. Une nouvelle génération est prête à prendre le relais."

À La Havane, la démocratie reste subordonnée à "la fin de l'hostilité des Etats-Unis, qui n'est pas une paranoïa du gouvernement cubain". Avant d'envisager le pluripartisme, le directeur de Temas prône le pluralisme à l'intérieur du Parti communiste cubain, dont il est adhérent. Problème : le parti unique ne s'est pas réuni en congrès depuis dix ans.
Paulo A. Paranagua, « le repenti »  

Fidel Castro, convalescent après une opération chirurgicale le 27 juillet 2006, pourrait reprendre son action au sommet de l'Etat, assure la ministre de l'industrie de base, Yadira Garcia. "Nous nous attendons à ce qu'il soit rapidement de nouveau avec nous d'une manière plus active, a-t-elle déclaré, mardi 20 mars. Notre commandant fait des progrès dans son processus de récupération et participe de plus en plus aux principales décisions pour le pays."

Le président bolivien, Evo Morales, avait annoncé, dimanche, une réapparition de Fidel Castro le 28 avril. Les chefs d'Etat du Venezuela, de Cuba, de Bolivie et du Nicaragua ont rendez-vous à La Havane pour une réunion de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques. - (AFP.)

Le Chili exhume les corps des victimes de la dictature

Le Chili exhume les corps des victimes de la dictature de Pinochet pour tenter de les identifier

SANTIAGO, Chili (AP) - Les autorités chiliennes ont commencé mercredi à exhumer les restes de dizaines de victimes de la répression sous la dictature du général Augusto Pinochet de 1973 à 1990, dans l'espoir de déterminer leur identité.

Les restes de 13 personnes ont été déterrés sous la direction de trois experts étrangers au premier jour de ces exhumations ordonnées par le juge Carlos Gajardo.

Certaines dépouilles sont ainsi exhumées pour la seconde fois après que la police a reconnu en 2006 que des erreurs d'identification avaient conduit à ce que certains corps soient remis aux mauvaises familles.

Les victimes ont été enterrées dans des fosses communes du célèbre Patio 29 du cimetière général de Santiago, dans les semaines qui ont suivi le coup d'Etat sanglant de Pinochet en 1973. Certains cercueils contenaient les restes de deux victimes.

Le juge Gajardo a prévu de procéder à de semblables exhumations dans d'autres cimetières de différentes villes. Il n'a pas précisé lesquels.

Les ratés des médecins légistes lors des premières exhumations ont replongé les familles dans le cauchemar et scandalisé le pays.

Selon la police, 48 corps sur les 126 exhumés du Patio 29 depuis 1991 ont été mal identifiés. Des doutes planent sur 37 autres cas et l'identité de 30 autres corps n'a tout simplement pas pu être déterminée.

Prenant acte de ces échecs, le juge a fait appel à trois experts étrangers : l'Espagnol Francisco Echevarria, l'Américaine Rhonda Roby et la Portugaise Maria Cristina de Mendonca, a précisé Maria Luisa Sepulveda, travailleuse sociale nommée par le gouvernement pour suivre le processus. Elle a précisé que les échantillons prélevés sur les dépouilles seraient peut-être envoyés à l'étranger pour y subir des tests.

Selon un rapport de la commission indépendante mise en place par le gouvernement civil qui a succédé à Pinochet en 1990, 3.190 personnes au total ont été assassinées pour motifs politiques pendant la dictature, et 1.197 ont été arrêtées et n'ont plus jamais été revues. Moins de 200 disparus ont été correctement identifiés jusque-là.

Pinochet est mort le 10 décembre à l'age de 91 ans.


Vue de la mine de cuivre de Los Pelambres


Vue de la mine de cuivre de Los Pelambres du Chili près de la ville de Los Caimanes, environ de 300 km (186 milles) au nord de Santiago du Chili. Un conflit sur de l'expansion d'une des plus grandes mines de cuivre du Chili a tout le drame d'un film de Hollywood, une grande compagnie d'exploitation contre les petits fermiers qui disent que leur eau sera empoisonnée. Fotos:Reuters

21 mars, 2007

LA FRANCOPHONIE AU CHILI



Du 19 au 26 mars, le Chili et pas seulement Santiago, va vivre au rythme de la Francophonie। Les dix Alliances Françaises réparties à travers le pays° organisent des spectacles, projections, expositions et conférences afin de promouvoir la langue de Molière tout en rappelant qu’elle est aussi celle de Senghor, Brel… ou Johnny Halliday !

Débutant officiellement aujourd’hui à vingt heures, la semaine de la Francophonie propose une large gamme d’antidotes à tous ceux qui auraient le mal du pays, et l’occasion de découvrir la culture francophone aux autres. Avec un peu d’avance, le festival national de la chanson francophone a débuté la semaine dernière. De la centaine d'élève participant, ils ne seront plus que six le 23 mars pour la finale, qui aura lieu au collège-lycée "la Girouette " de Santiago. Le vainqueur gagnera un voyage en France.


Le cinéma et le théâtre seront également à l’honneur, avec de nombreuses représentations pour tous les âges et tous les goûts (de Jean Genet à Valparaiso au théâtre expérimental à Santiago). La capitale propose une vaste sélection de courts et longs-métrages récents issus de tous les continents. L’occasion de voir ou revoir l’excellent C.R.A.Z.Y du canadien Jean-Marc Vallée (voir notre article ci-contre).

Photo, musique, peinture


De nombreuses expositions photographiques, de peinture ou de découverte d’un pays seront organisées par les Alliances françaises, ainsi que des conférences sur la francophonie, l’art ou encore l’intérêt d’aller étudier en France।
Le sport n’est pas non plus en reste. Des tournois de football, basket et volley sont prévus à Osorno, un mini marathon de dix kilomètres à Valparaiso et un tournoi de pétanque (organisé par lepetitjournal.com) à Santiago; clôture des inscriptions (santiago@lepetitjournal.com) aujourd'hui.


Toutes ces activités sportives et intellectuelles pourraient stimuler notre appétit। Heureusement, les organisateurs ont tout prévu : un peu partout, des repas et dégustations gastronomiques sont proposés. Par contre, il ne sera pas possible de s’asseoir à n’importe quelle table. Par exemple, la nuit gastronomique organisée dans le Parque Arauco à Santiago, par les ambassades francophones et, en présence des ambassadeurs (treize, en tout, de l'Algérie au Liban en passant par le Viet-Nam), n’est accessible qu'aux 300 invités.

Le programme complet sur www.francofonia.cl

Visite d'Etat au Mexique


La Présidente chilienne Michelle Bachelet entame, lundi, une visite d'Etat au Mexique, à l'invitation de son homologue mexicain Felipe Calderon, a-t-on annoncé de source officielle à Mexico.

Au cours de cette visite, les deux chefs d'Etat auront des entretiens sur les relations de coopération bilatérale et d'autres questions régionales et internationales d'intérêt commun, indique un communiqué du ministère mexicain des relations extérieures.

En outre, Mme Bachelet et M. Calderon présideront la cérémonie d'installation du Conseil de l'accord d'association stratégique entre le Mexique et le Chili, qui vise le renforcement des relations de coopération entre les deux pays dans les domaines politique, économique et commercial.

Le Chili est le deuxième partenaire commercial du Mexique en Amérique Latine.

Il s'agit de la première visite de la présidente chilienne au Mexique durant l'actuelle administration du président Calderon.

07 mars, 2007

Journée internationale de la femme 2007

[Cliquez sur l'image pour l'agrandir]

Ce 8 mars nous saluons toutes les femmes, nos mères, nos filles et nos compagnes. Nous leur réitérons notre engagement pour l'égalité intégrale entre les hommes et les femmes.

05 mars, 2007

Mort d’un tyran. Éditorial : REVUE VOLCANS

Augusto Pinochet, le symbole même de la politique de sécurité nationale dictée à l’Amérique latine par les États-Unis au cours des années 60 et 70, est mort. Avec lui disparaît l’un des exemples les plus dramatiques des crimes et méfaits que la guerre froide «à l’américaine» a commis dans cette vaste région du monde.

Il est mort dans son lit, tranquille et impuni, accompagné de sa famille et du cardinal archevêque de Santiago. Son impunité n’a pas été le fruit du hasard, mais le produit d’une politique délibérée et sciemment planifiée par les autorités politiques et judiciaires chiliennes. Des années durant, elles ont tergiversé, reporté et compliqué jusqu’à l’extrême les procédures légales qui mettaient en accusation l’ancien dictateur. En agissant de la sorte, elles ont laissé passer le temps et permis à la mort d’absoudre le tyran. Grâce à la pusillanimité officielle, qui n’a jamais osé imposer la justice, ce criminel est mort« légalement innocent ».

L’attitude des autorités chiliennes a constitué la négation la plus ouverte et flagrante de l’engagement juridique et moral qu’elles avaient contracté face aux autorités britanniques, alors qu’en 1999 elles cherchaient à rapatrier le tyran de Londres à Santiago. En effet, à l’époque, en arguant de la nature démocratique du Chili et de l’indépendance de son pouvoir judiciaire, l’ex-Président Eduardo Frei Ruiz-Tagle (actuel président du Sénat) et son ministre des Relations extérieures José Miguel Insulza (actuel secrétaire général de l’OEA) s’étaient engagés à faire juger et à condamner Pinochet dans son propre pays.

À l’époque, nombreux sont les Chiliens qui, avec nous, ont douté de ces promesses. L’histoire a fini par nous donner raison.

L’explication de fond de cette situation n’est compréhensible que lorsqu’on connaît la véritable nature de la « Concertation démocratique », coalition au pouvoir depuis 1990. Formée de socialistes liés, au moins par le nom, à celui qui fut le parti du Président Allende, et par la Démocratie Chrétienne, l’un des pires ennemis de l’Unité Populaire, cette alliance a eu dès le début pieds et poings liés pour faire éclater la vérité et imposer la justice. Le Chili et les victimes ont dû alors se contenter d’enquêtes tronquées et de jugements condamnant toujours des deuxièmes couteaux et épargnant certains hauts personnages. Ceci a été le cas du général Arrellano Stark, auteur matériel des crimes de la « caravane de la mort », du général Javier Palacios, soudard qui prit d’assaut le palais de la Moneda et, bien évidemment, de Pinochet lui-même.

Quant à ce dernier, certes, en ne faisant pas justice, la classe dirigeante chilienne a failli à sa tâche démocratique la plus élémentaire. Cela n’a pas empêché l’histoire et l’opinion publique du monde entier d’avoir condamné le tyran depuis déjà bien longtemps.

02 mars, 2007

Transantiago



La ville de Santiago. La capitale du Chili se situe dans la zone centrale du pays, dans une vallée entourée de chaînes montagneuses. Ella a une superficie de 1.400 km2 et compte quelque six millions d'habitants, soit 40 % environ de la population totale du pays. Le transport public urbain offre tout un éventail de services : un réseau de métro moderne en expansion, comprenant 4 lignes pour une longueur totale de 80 km, des flottes d'autobus urbains, des taxis et des taxis collectifs (ce service est semblable à celui d'un taxi classique mais, dans ce cas-ci, le véhicule est partagé par plusieurs personnes et n'emprunte que des parcours prédéfinis).
Santiago n'échappe toutefois pas à la problématique des grandes villes latino-américaines : on
«vit» dans la périphérie mais l'activité économique, estudiantine et récréative se développe dans le centre. L'augmentation de la population, l'expansion territoriale, le développement du transport et l'industrialisation entraînent une croissance de la ville sans précédent, créant de la sorte une discontinuité entre la nouvelle périphérie et la ville du XIXe siècle. Le transport public urbain par autobus est l'un des services les moins bien perçus par les citoyens, malgré la présence d'une flotte de plus de 8.000 véhicules, une couverture géographique étendue (il est en effet possible de traverser la ville à bord d'un même bus, seuls 18 % des trajets nécessitant des correspondances), un taux d'accessibilité élevé (plus de 98 % des habitants vivent à moins de 8 pâtés de maison d'un arrêt) et de hautes fréquences de service (le temps d'attente moyen est inférieur à 4 minutes), le tout pour un tarif forfaitaire équivalant à 0,65 dollars. Par ailleurs, la croissance économique facilite l'acquisition de voitures à usage privé (Santiago en compte près de 970.000), ce qui renforce la pollution, la congestion et la consommation d'énergie, et crée ainsi un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. Cela apparaît clairement dans l'évolution de la répartition modale des transports durant la période 1991-2001. Comment en est-on arrivé là ? Au début des années 1990, un système de marché libre a été instauré avec la mise en adjudication de certaines lignes, de sorte que la fréquence et le portefeuille de services se sont renforcés. Toutefois, ce modèle a entraîné une croissance effrénée du parc d'autobus, avec comme conséquence une augmentation de la congestion des voies de circulation, des indices de pollution élevés et des temps de trajet plus longs. En 2000, le réseau de transport collectif était exploité par plus de 3.000 micro-entreprises propriétaires d'autobus (avec une moyenne inférieure à 2 unités par entreprise), regroupées en 120 organisations. Celles-ci assuraient 323 services de transport, avec 7.000 autobus en circulation. Ces organisations, sans caractère officiel, se sont avérées inefficaces et agissent comme des «groupements associatifs». Ce sont les propriétaires des autobus qui se chargent du recrutement des chauffeurs, de l'entretien des véhicules et de la perception journalière des recettes voyageurs. Suite...