13 juillet, 2007

LA JUSTICE CHILIENNE REFUSE D'EXTRADER FUJIMORI AU PÉROU

LA JUSTICE CHILIENNE REFUSE
D'EXTRADER FUJIMORI AU PÉROU

(De Santiago) L'ancien Président péruvien peut sourire, la "saga Fujimori" continue. La Cour suprême du Chili, par le biais de son président, Orlando Alvarez, a rendu jeudi matin un avis défavorable à l'extradition vers le Pérou de "el Chino", poursuivi pour divers crimes. Cette décision peut surprendre, puisque la juge chargée de statuer sur une éventuelle extradition de l'ancien mandataire avait rendu un avis favorable début juin. Monica Maldonado avait alors estimé que les preuves étaient suffisantes et qu'Alberto Fujimori pouvait être envoyé au Pérou afin d'y être jugé.
Le président de la Cour suprême a ainsi pris le contre-pied total de sa collègue. Pour lui, "il n'y a que des témoignages accusant Fujimori et pas de preuves matérielles" dans les douze affaires l'impliquant (dix de corruption et deux de violation des droits de l'Homme). "Il faut respecter la présomption d'innocence, et, dans ces cas précis, la culpabilité de Fujimori n'est pas prouvée." Cette décision met bien en lumière les difficultés rencontrées quand il s'agit de juger les anciens dictateurs, ces derniers utilisant tous les moyens pour entraver le travail des juges.

Va-t-on en rester là? Visiblement pas, puisque le Pérou a d'ores et déjà annoncé sa volonté de faire appel de la décision. Du côté du gouvernement chilien, même si la déception est palpable, la Présidente, Michelle Bachelet, a décidé de jouer l'apaisement: "Nous ne sommes pas intervenus dans la décision judiciaire, nous avons appris la nouvelle par les médias. Il ne nous correspond pas de statuer sur les décisions de la justice, qui est indépendante." Cette décision ne devrait d'ailleurs pas "avoir d'incidence sur les relations diplomatiques avec le Pérou", a expliqué le ministre des Affaires étrangères, Alejandro Foxley.

"C'est un jour noir pour la justice chilienne!", a déclaré un groupe de parlementaires socialistes. Une position partagée par le sénateur PS Jaime Naranjo, président de la commission des droits de l'Homme du Sénat: "C'est une honte. Je demande pardon au peuple péruvien, et spécialement aux victimes de Fujimori, pour cette décision aberrante." Un autre député socialiste va encore plus loin, refusant de voir son pays se transformer en havre pour anciens dictateurs: "Le Chili ne peut pas être un paradis et un refuge pour ceux qui violent les droits de l'Homme!" Le jugement en appel devrait intervenir avant les prochaines élections sénatoriales japonaises de fin juillet, auxquelles Fujimori est candidat. Une victoire lors du scrutin lui permettrait de bénéficier de l'immunité des sénateurs nippons, et mettrait fin au processus judiciaire à son encontre.