18 septembre, 2013

POURQUOI ONT-ILS TUÉ SALVADOR ALLENDE?

L'HUMANITÉ DES DÉBATS. CHILI

RAPPEL DES FAITS. LE 11 SEPTEMBRE 1973 MARQUE LA DATE DU COUP D’ARRÊT DE L’EXPÉRIENCE DE TRANSFORMATION SOCIALE COMMENCÉE LE 4 SEPTEMBRE 1970 AVEC L’ÉLECTION DE SALVADOR ALLENDE À LA TÊTE DU POUVOIR EXÉCUTIF CHILIEN.C’EST AUSSI LE JOUR DE LA MORT DE CE DERNIER ET DE L’INSTALLATION SANGLANTE DU RÉGIME MILITAIRE D’AUGUSTO PINOCHET. QUARANTE ANNÉES APRÈS, LA CRUAUTÉ DES FAITS LIÉS À LA RÉPRESSION QUE CETTE DICTATURE A INSTAURÉE NE SAURAIT FAIRE OUBLIER CE QUE FUT LE MOUVEMENT D’UNITÉ POPULAIRE QUI, PENDANT TROIS ANS, AURA ENGAGÉ LE CHILI DANS LA VOIE DU SOCIALISME DÉMOCRATIQUE. ELLE NE SAURAIT NON PLUS OCCULTER LE FAIT QUE CETTE DATE EST AUSSI CELLE QUI MARQUE LE RETOUR SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE DE LA STRATÉGIE DU CAPITALISME « PUR », QUI AVAIT REFLUÉ APRÈS LA CRISE DES ANNÉES 1930 ET QUE L’ON DÉSIGNE DEPUIS SOUS LE NOM DE « NÉOLIBÉRALISME ». DANS LE HORS-SÉRIE CHILI, L’ESPOIR ASSASSINÉ, L’HUMANITÉ REVIENT, EN 84 PAGES, ET DANS LE DÉTAIL, SUR L’HISTOIRE ET LES LUTTES DU CHILI D’HIER ET D’AUJOURD’HUI. JS.

Quelles perspectives politiques et sociales portait le mouvement d’Unité populaire chilienne avant d’être stoppé par le coup d’État ?

Bernardo Toro, ÉCRIVAIN FRANCO-CHILIEN ET TRADUCTEUR. 
En 1970, le Chili, un petit pays du bout du monde,
BERNARDO TORO
porte l’espoir d’une nouvelle forme de socialisme qui va susciter l’intérêt du monde entier. À la tête d’une coalition de forces de gauche, Allende vient d’accéder au pouvoir pour réaliser un programme politique inédit : l’instauration progressive d’un modèle socialiste dans un cadre démocratique. C’est la fameuse « voie chilienne au socialisme ». Pas d’armes, pas de violence insurrectionnelle, pas de dictature du prolétariat. Le combat devait passer par les urnes et les réformes avec, pour seul appui, la conscience politique des citoyens. La gauche chilienne ayant su tirer les leçons du stalinisme et écarter la guérilla comme alternative politique, Allende se pose comme alternative au modèle cubain et à la tentation guevariste qui séduit alors la gauche révolutionnaire. Certains, d’ailleurs, ne l’ont pas suivi, d’autres, issus de son propre parti, se sont vite détournés de son programme. Si aujourd’hui tout le monde se réclame de son héritage, il faut bien reconnaître qu’au moment du coup d’État, un seul parti soutenait véritablement son action.