29 décembre, 2021

TOUT COMMENCE AU CHILI

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PHOTO CRISTÓBAL OLIVARES

Les photographies qui accompagnent cet article sont issues du projet « 874 » de Cristóbal Olivares.

Entre 2011 et 2013, des milliers de personnes descendent dans les rues du Chili pour manifester contre le gouvernement et un système éducatif largement privatisé. Enseignants, parents, étudiants exigent une refonte globale de l’institution ainsi qu’une nouvelle Constitution, pour remplacer celle héritée de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1989). Les manifestants subissent une sévère répression de la part de la police. L’usage par celle-ci de grenades lacrymogènes, de la force et des arrestations sommaires suscite la protestation d’organisations de défense des droits humains. Le 11 août 2011, lors de l’une des plus importantes marches organisées dans la capitale, Santiago, 874 étudiants sont arrêtés.

Une victoire écrasante de la gauche.  Tout commence au Chili./ Avec presque 56 % des voix, le candidat de gauche Gabriel Boric vient de remporter l’élection présidentielle contre M. José Antonio Kast, nostalgique de la junte d’Augusto Pinochet. Âgé aujourd’hui de 35 ans, M. Boric deviendra le plus jeune président de l’histoire de l’Amérique latine lorsqu’il prendra les rênes de l’État, le 11 mars 2022. Alors, tout restera à faire…

par Franck Gaudichaud

Un frisson de soulagement parcourt une grande partie du Chili, le 19 décembre au soir. Il fait vibrer les états-majors de la gauche, bien sûr, mais il circule également de maison en maison, sur les réseaux sociaux, reliant des centaines de milliers de citoyennes et de citoyens. Emmenée par M. José Antonio Kast, une extrême droite réactionnaire et néolibérale, nostalgique de la dictature (1973-1989), menaçait de s’emparer de l’exécutif lors du second tour de l’élection présidentielle. Elle vient d’être mise en échec par la coalition de gauche Apruebo Dignidad (« Je soutiens la dignité »), une alliance entre le Parti communiste (PC), le Front large (FA, selon l’acronyme espagnol) et des écologistes régionalistes conduite par M. Gabriel Boric. Une foule compacte exulte dans les rues de Santiago et de nombreuses villes du pays. La fête populaire, les chansons de lutte, les visages aux anges, les concerts de klaxons durent jusque tard dans la nuit. L’ancien laboratoire du néolibéralisme vient de virer à gauche.

La bataille ne semblait pas gagnée d’avance, et les indécis étaient légion. Au premier tour, 53 % du corps électoral ne s’était pas déplacé, confirmant une tendance de fond observée depuis la transition démocratique, en 1990, et tout particulièrement depuis la fin du vote obligatoire, en 2012 : celle d’une abstention massive et d’un désenchantement croissant face à une démocratisation marquée par la continuité néolibérale et de nombreux héritages autoritaires (1). Entre les deux tours, l’équipe de campagne de M. Boric a cherché à sortir des quartiers de classe moyenne de la capitale qui caractérisent sa base sociale, pour parcourir les lointains territoires, du nord au sud, ainsi que les espaces ruraux et les quartiers pauvres. Il s’agissait de mobiliser les abstentionnistes et de regagner du terrain là où M. Kast avait enregistré d’excellents résultats. Pari réussi : la participation a bondi à presque 56 % lors du second tour, tandis que le Chili franchit pour la première fois la barre des huit millions de votants. M. Boric l’emporte avec plus de dix points d’écart face à son adversaire.

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Dans le dispositif qui l’a porté au pouvoir, Mme Izkia Siches, âgée de 35 ans elle aussi, a pris une place déterminante : présidente du Collège des médecins (l’ordre des médecins) durant la pandémie, originaire du nord du pays (Arica) et reconnue pour son opposition au président en fonctions Sebastián Piñera sur les questions sanitaires, elle a réussi à redynamiser la campagne. Les premières données électorales montrent que les femmes, les secteurs populaires et la jeunesse ont été le moteur de la victoire, contribuant largement à la différence de presque un million de voix entre les deux candidats. Dans les communes de l’ouest de Santiago, pauvre, la gauche obtient des scores très élevés, dépassant parfois les 70 %. Les estimations montrent que 68 % des femmes de moins de 30 ans auraient voté pour M. Boric, tandis que M. Kast s’est imposé auprès des personnes âgées de plus de 70 ans (2).

Le souvenir de Salvador Allende

Lors du premier tour, l’avocat catholique ultraconservateur de 55 ans, père de neuf enfants, avait créé la surprise en arrivant en tête avec 28 % des voix, devant M. Boric (23 %). Certains rêvaient pourtant de voir ce dernier l’emporter facilement. Car, en dix ans, le président élu a connu une trajectoire exceptionnelle : issu de la gauche autonome des années 2000, puis dirigeant de la Fédération des étudiants de l’université du Chili (Fech) en 2011, durant les grandes mobilisations de la jeunesse pour une éducation « gratuite, publique et de qualité » (3), il est élu député en 2013 en tant qu’indépendant et sans le soutien d’un parti. Un tour de force dans le système électoral chilien, qui favorise les coalitions de partis centristes au détriment des indépendants. Il sera ensuite réélu aux côtés de figures des luttes étudiantes comme Mme Camila Vallejo (4) (membre du Parti communiste) ou M. Giorgio Jackson, son bras droit depuis. C’est avec celui-ci qu’il fonde le FA en 2017, positionné de manière critique entre la gauche communiste historique (et ses références castristes ou bolivariennes) et les partis traditionnels de la vieille Concertation (coalition entre le Parti socialiste et la démocratie chrétienne au pouvoir entre 1990 et 2010), bloc dirigeant jusque-là honni pour sa gestion fidèle du néolibéralisme.

PHOTO CRISTÓBAL OLIVARES

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Cette « nouvelle gauche » institutionnelle dite frenteamplista a pour ambition d’être réformatrice et post-néolibérale, bien loin de l’étiquette « gauche radicale » que lui attribue paresseusement la presse internationale ou des accusations de communisme que profèrent les médias dominants chiliens. En gagnant les primaires face au très populaire (et davantage marqué à gauche) maire communiste de Recoleta Daniel Jadue, M. Boric et le FA ont vu leur tactique porter ses fruits. Dans la besace de son programme présidentiel, on trouve une nouvelle politique fiscale visant, entre autres, à taxer les grandes fortunes et les grandes entreprises pour alimenter ses réformes sociales. Celles-ci concernent la santé publique, le financement de l’éducation, la reprise en main du système des retraites (privatisé par le général Augusto Pinochet) par une entité publique, la légalisation de l’avortement et une politique en faveur des droits des femmes et des minorités sexuelles. S’y ajoute la recherche d’un modèle économique plus vert, ou encore la négociation de nouveaux droits fondamentaux pour les communautés du peuple-nation mapuche.

La plate-forme a réussi à fédérer bien au-delà d’Apruebo Dignidad. Mais la hausse spectaculaire de la participation au second tour — notamment dans les centres urbains, ainsi que dans des régions plutôt hostiles à la gauche lors du premier tour (comme Antofagasta) — résulte surtout d’une réaction face au surgissement d’une extrême droite dont les rassemblements se faisaient bien souvent au son de chants à la gloire du général Pinochet. On a donc également voté contre M. Kast, pas uniquement pour M. Boric. En témoignent les multiples déclarations de collectifs et d’organisations sociales ou féministes, telle l’Assemblée populaire de La Granja, à Santiago, qui après délibération a décidé de se « lever contre le fascisme », sans donner de blanc-seing à M. Boric (5).

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Lors de son premier discours en tant que président élu, M. Boric a pris soin de souligner qu’il serait le président de « toutes les Chiliennes et [de] tous les Chiliens », tout en agrémentant son propos de quelques références à Salvador Allende, le président socialiste mort durant le coup d’État de 1973 (6). Il a souligné qu’il défendrait le processus constituant en cours, « un motif de fierté mondiale » : « C’est la première fois que nous écrivons une Constitution de manière démocratique. Défendons ce processus afin que cette Carta Magna soit le fruit de l’accord et non de l’imposition. » En effet, à la suite du référendum d’octobre 2020 et de l’élection d’une Convention constitutionnelle au suffrage universel, en mai dernier, le Chili est enfin en passe d’en finir vraiment avec la Constitution de 1980, héritée de Pinochet (7). Cette assemblée a vu les partis traditionnels de centre gauche et de centre droit mis en minorité, au profit des indépendants (en partie issus des mouvements sociaux, notamment féministes, et des organisations des peuples autochtones) et de la gauche (autour du PC et du FA). Au contraire, M. Kast a toujours affiché son souhait de faire capoter le projet.

M. Boric a annoncé des « changements structurels » : « Sans laisser personne derrière nous, nous devons croître économiquement, convertir ce qui est pour beaucoup des biens de consommation en droits sociaux, sans qu’importe la taille du portefeuille. » Mais il a aussi cherché à donner des gages à ses adversaires, en promettant de se montrer « sérieux ». L’entre-deux-tours a été marqué par une réorientation programmatique vers le centre, au grand dam du PC. M. Boric s’est ainsi rapproché des partis de l’ancienne Concertation, jusqu’à intégrer dans son équipe certains de leurs économistes les plus en vue — tels l’ancien directeur de la banque centrale Roberto Zahler ou encore le très libéral Ricardo Ffrench-Davis — dans l’optique de « rassurer les marchés ». Outre ses efforts pour obtenir le soutien des anciens présidents sociaux-libéraux Ricardo Lagos et Michelle Bachelet, M. Boris a rencontré le grand patronat. Après s’être engagé à respecter le budget d’austérité voté par le Congrès pour 2022, il vient de revoir à la baisse ses ambitions fiscales : son projet de nouveaux impôts est progressivement passé de l’équivalent de huit points de la richesse nationale (produit intérieur brut, PIB) sur deux mandats à un bien plus modeste objectif de cinq points sur quatre ou cinq ans, et ce en fonction du rythme de la croissance… Une révision présentée comme la démonstration de sa « responsabilité » fiscale et de sa détermination à contrôler l’inflation. Pourtant, la question des inégalités (1 % des plus riches concentrent environ un tiers des revenus du pays) tout comme celles de la précarité et de l’endettement sont au cœur de la crise qui traverse ce « paradis néolibéral » (8). Les thèmes de la délinquance et du narcotrafic ont également fait leur apparition dans le discours du candidat, comme une réponse au discours sécuritaire développé avec succès par M. Kast.

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Pour l’éditorialiste du New York Times Binyamin Appelbaum, « ce que défend Gabriel Boric s’appelle de la social-démocratie ». En aucune manière on ne pourrait qualifier son projet de « communiste », explique-t-il (9). En dépit de l’effroi — souvent surjoué — des partisans de M. Kast, M. Boric n’a jamais évoqué la possibilité de reprendre, même partiellement, le contrôle public des immenses biens communs naturels du pays, aux mains des multinationales et de la bourgeoisie exportatrice. On songe en particulier aux gigantesques gisements de lithium et de cuivre, au sujet desquels il évoque une hausse des redevances versées par les exploitants privés. Ce qu’Allende appelait « salaire du Chili » demeure absent du programme de cette « nouvelle gauche », tandis que son allié communiste estime que le moment n’est pas venu pour reparler de nationalisations.

En dépit de sa prudence, la coalition victorieuse reste suspecte aux yeux d’une partie de l’élite. La Bourse et la monnaie ont accueilli sa victoire en plongeant. Dès le lendemain de l’élection, M. Ignacio Walker, ancien ministre démocrate-chrétien et parangon du néolibéralisme « à la chilienne », s’inquiétait de savoir si l’orientation « sociale-démocratisante » et « réformiste » du nouvel élu — jugée bienvenue — ne constituerait pas une façade pour mieux revenir vers la stratégie « refondatrice qui a caractérisé le Parti communiste et les partis du Front large » (10). La participation des communistes au gouvernement préoccupe en haut lieu, laissant entrevoir à certains le spectre d’un retour de la « voie chilienne au socialisme » et de l’Unité populaire (1970-1973). Le PC a pourtant insisté sur le fait qu’il respecterait les engagements du candidat, tout comme il avait démontré sa propre capacité à la modération lors de sa participation à la « nouvelle majorité », inaugurée pour le second mandat de Mme Bachelet (2014-2018).

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M. Boric a été critiqué à gauche par une partie des mouvements sociaux, moins préoccupés que lui par la quête du consensus. De sorte que l’étiquette d’amarillo (« jaune ») lui colle à la peau. Le candidat a en effet entretenu le flou sur la question mapuche (en particulier le droit à l’autodétermination et la restitution des terres ancestrales) ou sur la problématique du droit du travail. Il n’a pas souhaité défendre l’idée d’une amnistie générale pour ceux que le mouvement social a nommés les « prisonniers politiques de la révolte », parfois emprisonnés, ou en « arrêt domiciliaire », depuis deux ans, sans jugement. Le jeune président élu est, à ce titre, souvent renvoyé à son rôle controversé durant la grande révolte d’octobre 2019, une explosion de rage face au modèle néolibéral qui a failli faire tomber le gouvernement Piñera et s’est trouvé en butte à une répression d’État sans précédent depuis 1990. M. Boric fait partie des députés qui, le 15 novembre 2019, ont accouché de l’accord « pour la paix sociale et la nouvelle Constitution », signé par la droite et le centre, mais sans le PC et une partie du FA, qui a dénoncé une « cuisine » entre quatre murs tournant le dos aux protestataires. Cet accord, qui a permis la mise en place de la Convention constitutionnelle, est aussi considéré par certains militants comme une bouée de sauvetage jetée à M. Piñera, et une tentative de canalisation institutionnelle des luttes, alors que le pays subissait l’état d’exception. Un mois plus tard, M. Boric a également voté en faveur de la « loi antibarricades et antisabotage », encore plus controversée, qui a offert une caution juridique à la répression institutionnelle, à un moment où les violations des droits humains commises par les forces de police étaient vivement critiquées (y compris au niveau international). Le député Boric et ses collègues du FA ont ensuite présenté leurs excuses pour ce vote au Parlement aux côtés de la droite… Enfin, dans une région où la gauche affiche volontiers son soutien inconditionnel à la révolution cubaine, le choix de M. Boric de soutenir les manifestations de juillet 2021 sur la grande île de la Caraïbe a été vécu par certains comme une trahison.

Car l’« esprit rebelle d’octobre » est encore bien présent dans la société chilienne. On a pu l’entendre à nouveau dans les slogans et les cris qui parcouraient la foule venue célébrer la victoire de la gauche dans les rues du pays et sur la « place de la Dignité » à Santiago, dimanche 19 décembre. Et, même si les assemblées territoriales ont perdu de leur vitalité après des mois de pandémie et de crise économique, les multiples demandes de justice sociale sont toujours bien là, tandis que le feu de la révolte continue à couver.

Impact régional

Ancien activiste et organisateur hors pair, le nouveau président en est bien conscient. Il promet un « Chili plus juste » et d’« étendre les droits sociaux », tout en reconnaissant que « les temps qui viennent ne vont pas être faciles »… Déjà, le pays connaît une fuite de capitaux considérable, qui réduira la marge de manœuvre du nouveau venu. Ce dernier devra composer avec un pouvoir législatif qui lui sera largement hostile, car si les « vieux » partis ont été expulsés du second tour de l’élection présidentielle et repoussés en troisième et quatrième positions, ils restent présents dans les mairies, les régions et au Congrès. À la suite des élections parlementaires de novembre, la droite a gagné la majorité du Sénat. La Chambre basse se trouve quant à elle scindée en deux, entre gauche - centre-gauche et droite - extrême droite. La gauche parlementaire se renforce — notamment les communistes avec douze députés, permettant à Apruebo Dignidad d’obtenir trente-sept sièges au total (dans une institution qui en compte cent cinquante-cinq) —, en même temps qu’elle consolide son ancrage municipal dans des communes-clés comme le centre de Santiago, Valparaíso, Viña del Mar ou encore Valdivia (dans le Sud). Mais l’exécutif progressiste devra négocier âprement toute réforme d’envergure avec le centre et les partis de l’ex-Concertation, dont M. Boric a longtemps été un contempteur et qui ont montré leur hostilité envers tout changement important.

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Enfin, si M. Kast vient de perdre une bataille, il est très loin d’être vaincu. Il commence probablement à peine son ascension. C’est en tout cas l’idée qu’il a défendue devant ses partisans le soir de la défaite. Le « Bolsonaro chilien » entend bien continuer à gagner du terrain : frère d’un ancien ministre de l’économie de la dictature et fils d’un nazi allemand, il pourrait sembler incarner le vieux monde autoritaire des années 1980. Formuler une telle analyse reviendrait toutefois à sous-estimer le phénomène à l’œuvre dans toute l’Amérique latine : l’émergence de droites radicales qui s’appuient sur un discours moral, sur les Églises évangéliques et les courants catholiques rigoristes, sur l’agitation xénophobe hostile aux migrants et la peur des conquêtes féministes et du mouvement LGBTQ (lesbiennes, bisexuels, gays, trans et queer). M. Kast s’est félicité d’être entré en force au Parlement avec quinze députés et un sénateur, alors que la droite traditionnelle maintient son hégémonie sur le champ conservateur, même si elle recule en passant de soixante-douze à cinquante-trois députés.

Assurément, le peuple chilien vient d’arracher une importante victoire qui explique l’impact régional et mondial de cette élection. À présent, tout commence.

Franck Gaudichaud

Professeur à l’université Toulouse Jean-Jaurès. A codirigé (avec Thomas Posado) Gouvernements progressistes en Amérique latine (1998-2018), Presses universitaires de Rennes, 2021.

Notes :

(1) Lire « Au Chili, les vieilles lunes de la nouvelle droite », Le Monde diplomatique, mai 2011.

(2) La Tercera, Santiago, 20 décembre 2021.

(3) Lire Victor de la Fuente, « En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet », La valise diplomatique, 24 août 2011

(4) Lire Camila Vallejo, « Quand le mythe néolibéral chilien vacille », La valise diplomatique, 2 novembre 2011.

(5) Marco Teruggi, « De la abstención al voto anti-Kast : las razones de protagonistas del estallido », Sputnik Mundo, 17 décembre 2021.

(6) Lire Renaud Lambert, « Quand les militaires fauchent l’espoir d’une nouvelle voie vers le socialisme », La valise diplomatique, 11 septembre 2013.

(7) Lire « Au Chili, le pari de la Constitution », Le Monde diplomatique, avril 2021.

(8) Lire Luis Sepúlveda, « Chili, l’oasis asséchée », Le Monde diplomatique, décembre 2019.

(9) Diario financiero, Santiago, 8 décembre 2021.

(10) El Mostrador, Santiago, 20 décembre 2021.

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« VAINCRE L'ANTICOMMUNISME ...
JOYEUX 2022, CONSTRUIRE LA DIGNITÉ. »

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PRÉSIDENTIELLE AU CHILI : LE PEUPLE SE DÉLESTE DES ORIPEAUX DE LA DICTATURE

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 UNE DU JOURNAL L'HUMANITÉ
 DU MARDI 21 DÉCEMBRE 2021

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L'HUMANITÉ

À l’issue d’une campagne difficile contre José Antonio Kast, l’héritier d’Augusto Pinochet, le candidat de gauche Gabriel Boric l’emporte avec 55,87 % des voix. La Constituante pourra ainsi mener ses travaux à bien. Sans majorité parlementaire, le chemin s’annonce toutefois étroit.

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Journal l'Humanité

par Lina Sankari

LES UNES DE LA PRESSE INTERNATIONAL
AU LENDEMAIN DE L'ÉLECTION

La « place de la Dignité » n’a jamais aussi bien porté son nom. La place d’Italie, ainsi renommée par le mouvement social historique de 2019, où les Chiliens se sont massés pour porter les exigences de réformes sociales, a vu, dimanche, affluer une foule autant animée par l’espoir que soulagée de voir José Antonio Kast, le sinistre héritier du dictateur chilien Augusto Pinochet, défait à l’issue du second tour de la présidentielle.

Un combat en forme de revanche

Le nouveau président de gauche, Gabriel Boric, en a fait son antienne : « Si le Chili est le berceau du néolibéralisme, il sera aussi son tombeau. » Un combat en forme de revanche pour les enfants de Salvador Allende qui avaient vu la libéralisation et les privatisations imposées par le sang. « Notre génération est entrée dans la vie publique en exigeant que nos droits soient reconnus comme tels et ne soient pas traités comme des biens de consommation », a martelé l’ancien leader étudiant et député du Frente Amplio (Front ample), allié au Parti communiste, lors d’une première adresse à la foule. Une référence à l’éducation, à la santé, aux retraites et à tous ces biens communs laissés aux appétits du secteur privé depuis la dictature. « Nous allons défendre un système public autonome, à but non lucratif, et sans fonds de pension privés », a-t-il poursuivi.

À 35 ans, Gabriel Boric devient ainsi le plus jeune président du Chili. « El pueblo unido jamás será vencido » (Le peuple uni ne sera jamais vaincu) : le slogan qui remontait, dimanche, de l’Alameda, l’artère principale qui mène au centre de la capitale, renvoie à l’histoire des luttes nationales. Comme un présage, ce 16 décembre, l’annonce de la mort, à 99 ans, de Lucía Hiriart de Pinochet, la veuve du Caudillo, a vu déferler des manifestations de joie spontanées sur cette même place de la Dignité, désormais cœur vibrant du Chili en construction. Symbole des oripeaux que trente ans de démocratie n’auront suffi à liquider, « la Vieille », telle qu’elle était surnommée, n’a jamais été convoquée devant les tribunaux malgré son rôle clé dans le régime militaire.

Le Chili s’est réveillé

CHILI /LES UNES DE LA PRESSE
AU LENDEMAIN DE L'ÉLECTION

L’euphorie qui a accompagné la victoire de Gabriel Boric (55,87 % des suffrages) contre José Antonio Kast (44,13 %), malgré la mobilisation de la bourgeoisie, est à la hauteur du cycle entamé par le pays il y a deux ans. « Chile despertó ! » (Le Chili s’est réveillé), assurait alors la jeunesse, ouvrant la voie, un an plus tard, à une Constituante majoritairement de gauche, approuvée par référendum et appelée à enterrer la Loi fondamentale léguée par Pinochet. Le désir de rupture est puissant et balaye aujourd’hui la dernière carte des milieux d’affaires en la personne de José Antonio Kast. Face à la déroute du président de droite sortant, Sebastian Piñera, pris dans le scandale des Pandora Papers, les classes dominantes – à la manière de leur alter ego brésilien Jair Bolsonaro – n’ont pas hésité à miser sur l’extrême droite pour préserver leurs privilèges qui menacent de vaciller avec la Constituante.

« L’espoir l’a emporté sur les campagnes de peur. GABRIEL BORIC »

Dimanche soir, les drapeaux chiliens le disputaient aux bannières des peuples autochtones, des féministes ou de celles de la communauté LGBTQI +. Et c’est dans la langue autochtone du peuple mapuche que Gabriel Boric a salué ses partisans. Insupportable aux yeux des tenants de l’ordre ancien, incarné par José Antonio Kast. Jouant à fond la carte de la lutte contre le terrorisme dans le Sud, le narcotrafic et la délinquance, le zélote du pinochétisme a toutefois offert une image affable et aimable pour rallier largement. « Aujourd’hui, l’espoir l’a emporté sur les campagnes de peur », s’est félicité Gabriel Boric à l’issue d’une campagne particulièrement difficile et marquée par l’anticommunisme.

Jamais José Antonio Kast n’a évoqué ses positions anti-avortement dans un Chili où une majorité de la population y est désormais favorable. Lui s’accroche à la sainte Trinité – patriarcat, religion et austérité. Il entendait ainsi supprimer le ministère de la Femme, accorder les aides sociales aux seules mariées, et privatiser la Codelco, géant chilien du cuivre et dernière entreprise détenue à 100 % par l’État. Sa stratégie consistait à laisser le terrain du conflit social au candidat progressiste, à déguiser son néofascisme en promesse de paix. Digne représentant du Rechazo, c’est-à-dire des opposants à la Convention constitutionnelle, son élection menaçait pourtant de torpiller le processus en cours.

Le pari est gagné

L’enjeu de ce deuxième tour était donc celui de la mobilisation des abstentionnistes, des jeunes, des femmes et des classes moyenne et populaire. Pari gagné : 55,6 % des électeurs se sont déplacés dimanche, contre 47 % au premier tour. Dans un pays polarisé à l’extrême, le jeune dirigeant promet d’être « le président de tous les Chiliens ». Gabriel Boric, qui doit prendre ses fonctions le 11 mars, n’aura pas la tâche aisée. À l’issue des élections parlementaires de novembre, aucune majorité claire ne se dessine. Le nouveau président devra jouer serré pour avancer sur ses réformes, au moins dans un premier temps.

Car, si la nouvelle Constitution est adoptée à l’issue des travaux de l’Assemblée en juillet 2022, les institutions seront de fait caduques et de nouvelles élections devront être convoquées dans la foulée. Le temps pour la gauche de se mettre en ordre de bataille. La droite veille, et Gabriel Boric le sait. « Les temps qui viennent ne seront pas faciles », prédit-il. Et pas seulement parce que, à la veille du second tour, les images de policiers saluant, poing contre poing, les militants fascistes de José Antonio Kast, lors d’une manifestation, en disent long sur les forces qui composent le « camp de l’ordre ».

Ne pas relâcher les efforts

L’autre défi est financier. Avec un budget de l’État en baisse de 22,5 % par rapport à 2021, Gabriel Boric se veut rassurant, promet de rester dans les clous et d’être « fiscalement responsable ». « Une croissance économique fondée sur les inégalités sociales a des pieds d’argile, prévient-il cependant, en insistant sur ses engagements environnementaux. Seule la cohésion sociale peut nous diriger vers un développement soutenable et véritable. » Durant la campagne, le journal conservateur El Mercurio faisait ses choux gras de la prévision de la banque états-unienne Morgan Stanley d’une « récession technique » qui frapperait le Chili en 2022, du fait d’une « politique monétaire stricte et d’un environnement des affaires incertain avant le vote constitutionnel ». La menace est claire : la gauche ne disposera d’aucune marge de manœuvre financière.

Ainsi, Gabriel Boric a-t-il exhorté tous les secteurs mobilisés durant la dernière décennie à ne pas relâcher les efforts : « Je tiens à vous dire que votre engagement ne doit pas s’épuiser après l’élection. Il doit se renforcer durant notre gouvernement », a-t-il lancé à l’adresse de ses soutiens. Avant d’esquisser une ébauche de la participation qu’il entend faire vivre : « Mon engagement est de prendre soin de la démocratie au quotidien, une démocratie de fond, où les quartiers et les organisations sociales ont un rôle moteur, car sans le peuple, il n’y a pas de démocratie. » De la place de la Dignité au palais de la Moneda, une nouvelle page s’écrit.

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DESSIN CARLOS LATUFF
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TRIBUNE. DE LEADER ÉTUDIANT À PRÉSIDENT : GABRIEL BORIC, LE NOUVEL ESPOIR DU CHILI

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GABRIEL BORIC, LE NOUVEL ESPOIR DU CHILI

Dix années seulement auront suffi à Gabriel Boric pour s’imposer dans le milieu politique chilien. Dès 2011, ce tout jeune étudiant à la chevelure rebelle et au regard apaisé venu de la région australe de Magallanes mobilise des milliers de jeunes dans ce qui fut à l’époque les plus grandes mobilisations étudiantes depuis le retour à la démocratie. En quelques semaines, ce mouvement étudiant parvient à faire trembler le premier gouvernement de Piñera. Très tôt convaincu que la société civile mobilisée pourrait changer le modèle néolibéral, source de toutes les injustices, il n’aura de cesse de s’appuyer sur la rue pour renouveler la gauche. Souvent catégorisé comme rebelle de la vie politique, il est élu député à deux reprises avant de devenir la surprise de la primaire à gauche en s’imposant face à Daniel Jadue, candidat du Parti communiste en juillet dernier.
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Une foule immense pour fêter la victoire de Gabriel Boric et la défaite de l'extrême droite à la présidentielle chilienne
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Loopsider

Tribune 

DESSIN LAUZAN

Les enjeux de la campagne de second tour, extrêmement polarisée, étaient sans ambiguïté : Il s’agissait de voter pour la survie de la démocratie et la confirmation des changements profonds débutés en octobre 2019, ou subir une nouvelle ère pinochétiste aux relents autoritaires et ultra-libéraux si dangereux pour la classe populaire. Clin d’œil de l’Histoire, alors que se tenait le dernier meeting de campagne avant le deuxième tour, la veuve de l’ex dictateur Pinochet décède à l’âge de 99 ans. Certains y verront un signe, celui d’un pinochétisme qui préféra mourir plutôt que de voir le pays écraser ce qu’il reste de son héritage en y faisant revenir une gauche conquérante par les urnes. D’autres, plus silencieux, verront la mort de la « vieja » comme la triste conséquence d’une démocratie qui lui a laissé finir ses derniers jours en toute impunité, sans que les victimes n’obtiennent ni réponses ni réparations aux exactions meurtrières de la dictature.

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Cette campagne de l’entre-deux tour fut un sans-faute pour ce jeune président fraîchement élu et issu des mouvements sociaux. Il aura su rassembler l’ensemble de la gauche sans être issu des partis traditionnels qui ont gouverné le pays depuis le retour à la démocratie en 1990. Symbole de cette gauche qui fait front contre l’extrême droite, Boric aura pu compter notamment sur le soutien public de l’actuelle Haute Commissaire des Nations Unies pour les Droits Humains et ancienne présidente du pays andin Michelle Bachelet. Quelques jours plus tard, Gabriel Boric devient le plus jeune président de l’histoire du Chili, et le plus voté en s’imposant au candidat de l’extrême droite avec 55,8% des voix. Cette élection est donc un nouveau cycle politique pour le pays, c’est la fin de la transition qui aura duré trois décennies, c’est une nouvelle génération issue des mouvements sociaux qui accède au pouvoir.

L’enjeu, dès son investiture en mars prochain, sera de rassembler les forces politiques de gauche dans l’optique d’un futur gouvernement. De rassembler un peuple marqué par les tensions politiques, et d’apaiser ses craintes et ses passions, puis, réaffirmer l’envie de démocratie en désamorçant cette nostalgie de l’ordre autoritaire. Il devra convaincre une partie de la société qu’il n’y a rien de plus sain pour un pays que d’appliquer un programme politique qui puisse permettre une cohésion sociale solide dans l’un des pays les plus inégalitaire au monde, et qui, malgré l’importance du secteur minier, trouve la voie vers une croissance juste et respectueuse de l’environnement. L’effondrement économique promis par la droite à chaque élection d’un ou d’une candidate de gauche au Chili n’a pas eu lieu, et il n’aura pas lieu.

Son programme suscite beaucoup d’espoir pour les plus vulnérables et la classe moyenne, notamment en matière de santé, d’éducation, des retraites, et protection de l’environnement. Boric sera un président engagé pour mener à bien le processus réformateur de la constituante. Ce nouveau climat politique permettra aux élus constituants de terminer leurs travaux dans un calme dont ils avaient été jusqu’ici privés par l’ancien Président Sebastian Piñera.

« JE PEUX SORTIR ? »

L’entrée de jeune président au Palais de La Moneda permettra de lever le voile sur les graves violations des droits humains constatés depuis plus de deux ans. Un travail de justice et de mémoire est attendu par les familles des victimes qui pourront compter sur le soutien de Gabriel Boric. Le peuple chilien aura subi deux décennies d’une dictature sanguinaire, puis trois autres où l’héritage pinochétiste fut difficilement dépassable. Souvent maltraité, ce peuple peut recommencer à regarder le futur avec un espoir renouvelé, les yeux rivés sur les possibles.

Pierre Lebret, politologue, expert du Chili et de l’Amérique latine.

Christophe Bieber, historien, expert de l’Amérique latine.

Florian Lafarge, ancien conseiller du porte-parole du gouvernement français (2012-2017).

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« L'ESPÉRANCE A BATTU LA PEUR  »

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GABRIEL BORIC, OU L’ASCENSION EXPRESS VERS LA PRÉSIDENCE CHILIENNE

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Le 11 mars prochain, le candidat de la coalition de gauche Apruebo Dignidad deviendra le plus jeune président chilien. Droits sociaux, réforme constitutionnelle, lutte contre les inégalités : à 35 ans, il entend métamorphoser le pays.

par Vadim Kamenka

À  35 ans, Gabriel Boric marque déjà l’histoire. Avec ses fines lunettes, sa barbe épaisse et sa peau tatouée, le candidat de la coalition de gauche Apruebo Dignidad (« J’approuve la dignité ») a immédiatement promis être « le président de tous les Chiliens et les Chiliennes », devant des dizaines de milliers de personnes venues célébrer sa victoire dans le centre de Santiago. Face à l’immense foule, où flottaient des drapeaux chiliens, indigènes et arc-en-ciel (de la communauté LGBTQI +), Gabriel Boric y a tenu un discours rappelant les points forts de son programme : plus de droits sociaux, la suppression des retraites par capitalisation et des fonds de pension, la mise en place d’un système de santé universel, la défense du droit des femmes, la protection de l’environnement.

L'incarnation d'une nouvelle génération

Son élection confirme une volonté populaire de rompre avec l’héritage de la dictature d’Augusto Pinochet de 1974 à 1990. Ses premiers combats politiques remontent à dix ans en arrière, lorsqu’il étudiait le droit sur les bancs de l’université à Santiago. Gabriel Boric participe pleinement au mouvement de lutte étudiante de 2011. Cette mobilisation a réuni l’ensemble des étudiants et élèves de tous les établissements publics et privés du Chili pour réclamer une réforme du système d’éducation avec une véritable participation de l’État pour mettre un terme aux inégalités. L’éducation n’étant pas un privilège mais un droit, répétera-t-il durant sa campagne. Trois ans plus tard, Gabriel Boric obtient le siège de député de la région de Magallanes. En 2017, il participe à la création de la coalition Frente Amplio (Front large).

« Garantir un État providence afin que chacun ait les mêmes droits, quel que soit l’argent qu’il a dans son portefeuille. GABRIEL BORIC  »
« JE PEUX SORTIR ? »

Originaire de Punta Arenas, dans l’extrême sud du Chili en Patagonie, qui est l’une des villes les plus australes du monde sur les rives des eaux glacées du détroit de Magellan, il incarne une nouvelle génération. Celle-ci a surmonté la peur de la répression et réinvesti l’espace public de manière radicale : la remise en cause du modèle économique ultralibéral légué par Augusto Pinochet. «  Si le Chili a été le berceau du néolibéralisme, il sera aussi son tombeau », affirmait le nouveau président en juillet, au soir de sa désignation à la tête de la coalition, Apruebo Dignidad, devant le communiste Daniel Jadue.

Poursuivre le « processus constituant »

À l’issue du scrutin présidentiel, Gabriel Boric s’installera donc, le 11 mars, au palais de la Moneda, à l’âge minimal requis pour occuper le poste de chef de l’État. Tout semble aller très vite pour l’aîné de la fratrie composée de trois frères, qui ont grandi aux portes de l’Antarctique dans une famille votant pour les partis socialiste et démocrate-chrétien. À l’AFP, il promet d’instaurer au Chili « quelque chose qui, en Europe, paraît assez évident : garantir un État providence afin que chacun ait les mêmes droits, quel que soit l’argent qu’il a dans son portefeuille ».

Gabriel Boric a également rappelé, durant toute sa campagne, qu’il poursuivra le « processus constituant », principal acquis du mouvement social contre les inégalités de 2019. Une assemblée a été élue en mai dernier et travaille sur l’écriture d’une nouvelle loi fondamentale, afin de remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet. Le nouveau président a fait campagne pour le oui à une nouvelle Constitution lors du référendum de 2020, largement soutenu par plus de 80 % des électeurs. Face à cette rapide ascension, Gabriel Boric exhortait ses soutiens : « Si, dans le futur gouvernement, nous commettons des erreurs, mobilisez-vous, aidez-nous à redresser le cap. 

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« L'ESPÉRANCE A BATTU LA PEUR  »

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LA VICTOIRE DE GABRIEL BORIC SALUÉE PAR PLUSIEURS DIRIGEANTS

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Gabriel Boric a été élu dimanche président du Chili en remportant 55,86% des voix, soit 11 points d’avance sur son rival d’extrême droite Jose Antonio Kast.

Le Matin.ch avec l'AFP

L’Union européenne et plusieurs dirigeants latino-américains ont salué dimanche la victoire du jeune candidat de gauche Gabriel Boric sur son adversaire d’extrême droite José Antonio Kast au second tour de l’élection présidentielle au Chili.

CAPTURE D'ÉCRAN

«L’UE félicite @gabrielboric pour son élection en tant que futur président du #Chili. Nous espérons pouvoir renforcer davantage nos relations avec le futur gouvernement du Chili. Nous sommes des partenaires et ensemble nous sommes plus forts», a déclaré Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne.

Gabriel Boric, 35 ans, a aussi été félicité par plusieurs figures de gauche en Amérique latine qui se sont réjouies de la victoire de la coalition progressiste Apruebo Dignidad, qui comprend notamment le Parti communiste, avec 55,86% des voix, soit 11 points d’avance sur son rival Jose Antonio Kast, un nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

CAPTURE D'ÉCRAN

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a félicité Gabriel Boric sur son compte Twitter pour sa «victoire populaire historique» et a réaffirmé sa volonté de développer les relations bilatérales avec le nouveau gouvernement qui remplacera celui du président de centre-droit Sebastian Piñera.

«Triomphe historique»

CAPTURE D'ÉCRAN

Le président vénézuélien Nicolás Maduro a quant à lui salué «le peuple de (l’ex-président socialiste) Salvador Allende et (le chanteur et militant socialiste assassiné par la dictature d’Augusto Pinochet) Victor Jara pour leur victoire retentissante sur le fascisme».

Le président du Nicaragua Daniel Ortega et son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, ont salué dans un communiqué «son triomphe historique, obtenu avec le courageux peuple chilien, inspirés par l’héritage toujours présent du président de la Dignité, Salvador Allende», renversé par le général Pinochet le 11 septembre 1973 et qui s’est suicidé le même jour.

CAPTURE D'ÉCRAN

Le président argentin Alberto Fernandez, péroniste de gauche, a demandé à Gabriel Boric de «travailler ensemble (…) pour mettre fin aux inégalités en Amérique latine» sur Twitter. Il l’a ensuite appelé au téléphone pendant 10 minutes et l’a invité en Argentine pour y faire son premier déplacement international.

CAPTURE D'ÉCRAN

«La victoire que tu as remportée est celle du peuple chilien et elle est partagée par les peuples latino-américains qui veulent vivre dans la liberté, la paix, la justice et la dignité!» a déclaré le président de gauche du Pérou, Pedro Castillo, sur Twitter.

CAPTURE D'ÉCRAN

L’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva (Parti des travailleurs, gauche), favori des sondages pour la présidentielle de 2022, s’est dit «heureux de cette nouvelle victoire d’un candidat démocratique et progressiste dans notre Amérique latine».

«Excellente nouvelle»

«Excellente nouvelle du Chili!» a déclaré le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, sur Twitter. Mais la victoire de Gabriel Boric a aussi été saluée par des présidents de droite et de centre-droit dans la région, comme le Colombien Iván Duque, l’Équatorien Guillermo Lasso ou l’Uruguayen Luis Lacalle Pou.

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Le président colombien Iván Duque a écrit vouloir «continuer à travailler ensemble pour renforcer la relation bilatérale historique et fraternelle qui nous unit» sur son compte Twitter. «Nous sommes des pays frères», a-t-il rappelé à Gabriel Boric.

PHOTO MATIAS DELACROIX / AP

«Je félicite le président élu du Chili, @gabrielboric et lui souhaite de réussir pour le bien du peuple chilien», a également publié le président uruguayen Luis Lacalle Pou sur Twitter. Le président équatorien, Guillermo Lasso, a adressé ses «salutations fraternelles au peuple chilien» et a souhaité au futur président chilien «du succès dans sa présidence pour le bien-être de son peuple».

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