02 décembre, 2022

BOLIVIE. LA TENTATION INSURRECTIONNELLE DE L’OLIGARCHIE

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PHOTO MARTIN SILVA

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L'HUMANITÉ

Dans une longue marche pour la démocratie, ouvriers, paysans et indigènes ont manifesté leur soutien au président socialiste, Luis Arce.

Partie le 23 novembre du village de Caracollo, dans le département d’Oruro, la Marche pour la patrie et la démocratie, à l’appel du Mouvement vers le socialisme (MAS) et des mouvements sociaux, est arrivée lundi à La Paz, après un périple de près de 200 kilomètres à travers les Andes. Objectif : dénoncer l’entreprise de déstabilisation de la droite et manifester un soutien populaire au président bolivien, Luis Arce, dont l’élection au premier tour, voilà un an, avec plus de 55 % des voix, avait refermé la parenthèse autoritaire ouverte par le coup d’État contre son prédécesseur Evo Morales, en 2019. Les confédérations paysannes, les mouvements indigènes et les syndicats ouvriers des neuf départements du pays ont pris part à cette initiative, conduite par Evo Morales.

« Il n’y aura pas de coup d’État. S’ils m’ont fait subir un coup d’État, contre Luis Arce, ils ne pourront rien faire », a prévenu l’ancien cocalero. Visés : les « ­comités civiques » actionnés depuis la partie orientale du pays – la plus riche –, avec leurs violentes actions de blocages visant à paralyser l’économie du pays, en voie de rétablissement depuis le retour du MAS au pouvoir (4,7 % de croissance en 2021, selon les prévisions de la Banque mondiale, après une récession de 8,8 % en 2020). «  Notre marche est pacifique, mais ferme. Le peuple bolivien défend son vote. L’oligarchie ne s’intéresse à la démocratie que lorsque cela lui convient, mais la rejette lorsqu’elle profite à tout le monde », résumait de son côté Luis Arce la semaine dernière, lors d’une étape de la marche à Cumbe.

Graves atteintes aux droits humains et à la dignité des personnes

Depuis son fief de Santa Cruz, le chef de l’extrême droite bolivienne, Luis Fernando Camacho, l’un des protagonistes du coup d’État de 2019, affiche toujours, lui, les intentions insurrectionnelles et séparatistes de la classe possédante, sous couvert de « fédéralisme ». Le 26 novembre dernier, les débats du Comité contre la torture (CAT) de l’ONU ont mis en ­lumière les graves atteintes aux droits humains et à la dignité des personnes, encouragées et perpétrées par cette galaxie putschiste.

Sous la présidence de facto de Jeanine Añez, la police et l’armée ont laissé libre cours aux actes de discrimination « et la répression et le langage raciste ont été dirigés contre la population mobilisée, qui était majoritairement indigène, ouvrière et paysanne », a expliqué Claude Heller, corapporteur du Comité pour l’examen de la Bolivie, en soulignant le rôle obscur des groupes paramilitaires liés à l’ultradroite. Les mêmes protagonistes font encore aujourd’hui le pari du désordre et rêvent d’un nouveau coup de force.