30 avril, 2022

CHILI / ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DES RECABARREN GONZALEZ

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FLYER PCCh

1976 - 30 AVRIL - 2022
 « Les disparus nous manquent à tous »

les Recabarren Gonzalez (famille de militants communistes chiliens) ont perdu quatre 
de leurs membres, ils ont été arrêtés et ont disparu en 1976, pendant la dictature militaire d'Augusto Pinochet. Le père, Manuel Segundo Recabarren Rojas, deux de ses enfants, Luis Emilio et Manuel Guillermo, et sa belle-fille, Nalvia Rosa Mena Alvarado – alors enceinte -,  ils furent arrêtés et assassinés entre le 22 et le 30 avril 1976, pendant les premières années de la dictature militaire d’Augusto Pinochet.

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29 avril, 2022

QUAND LE SUD REFUSE DE S’ALIGNER SUR L’OCCIDENT EN UKRAINE

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Yinka Shonibare Rahman. – « End of Empire » (Fin de l’empire), 2016

Vers un nouvel ordre géopolitique

Quand le Sud refuse de s’aligner sur l’Occident en Ukraine

Contrairement à la majorité des nations occidentales, États-Unis en tête, les pays du Sud adoptent une position prudente à l’égard du conflit armé qui oppose Moscou à Kiev. L’attitude des monarchies du Golfe, pourtant alliées de Washington, est emblématique de ce refus de prendre parti : elles dénoncent à la fois l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie. Ainsi s’impose un monde multipolaire où, à défaut de divergences idéologiques, ce sont les intérêts des États qui priment.

par Alain Gresh

ALAIN GRESH
PHOTO CYRILLE CHOUPAS

L’Ukraine, un affrontement planétaire entre « démocratie et autocratie », comme le proclame le président américain Joseph Biden, repris en boucle par les commentateurs et les politiques occidentaux ? Non, rétorque la voix solitaire du journaliste américain Robert Kaplan, « même si cela peut paraître contre-intuitif ». Après tout, « l’Ukraine elle-même a été depuis de nombreuses années une démocratie faible, corrompue et institutionnellement sous-développée ». Au classement mondial de la liberté de la presse, le rapport de Reporters sans frontières 2021 la classe au 97ème rang. « Le combat, ajoute Kaplan, porte sur quelque chose de plus large et de plus fondamental, le droit des peuples à décider de leur avenir et à se libérer de toute agression » (1). Et il remarque, ce qui est une évidence, que nombre de « dictatures » sont alliées aux États-Unis, ce que d’ailleurs il ne condamne pas.

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Si, au Nord, les voix discordantes sur la guerre en Ukraine restent rares et peu audibles tant une pensée unique en temps de guerre s’est à nouveau imposée (2), elles dominent au Sud, dans ce « reste du monde» qui compose la majorité de l’humanité et qui observe ce conflit avec d’autres lunettes. Sa vision a été synthétisée par le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui regrette que le monde n’accorde pas une importance égale aux vies des Noirs et des Blancs, à celles des Ukrainiens, des Yéménites ou des Tigréens, qu’il « ne traite pas la race humaine de la même manière, certains étant plus égaux que d’autres (3) ». Il en avait déjà fait le triste constat au cœur de la crise du Covid-19.

C’est une des raisons pour lesquelles un nombre significatif de pays, notamment africains, se sont abstenus sur les résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU) concernant l’Ukraine — des dictatures bien sûr, mais aussi l’Afrique du Sud et l’Inde, l’Arménie et le Mexique, le Sénégal et le Brésil (4). Et, fin avril, aucun pays non occidental ne semblait prêt à imposer des sanctions majeures contre la Russie.

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Comme le fait remarquer Trita Parsi, vice-président du think tank Quincy Institute for Responsible Statecraft (Washington, DC), de retour du Forum de Doha (26-27 mars 2022), où se sont côtoyés plus de deux mille responsables politiques, journalistes et intellectuels venus des quatre coins de la planète, les pays du Sud « compatissent à la détresse du peuple ukrainien et considèrent la Russie comme l’agresseur. Mais les exigences de l’Occident, qui leur demande de faire des sacrifices coûteux en coupant leurs liens économiques avec la Russie sous prétexte de maintenir un “ordre fondé sur le droit”, ont suscité une réaction allergique, car l’ordre invoqué a permis jusque-là aux États-Unis de violer le droit international en toute impunité » (5).

PHOTO RAMIL SITDIKO

Le positionnement du régime saoudien, qui refuse de s’enrôler dans la campagne antirusse et appelle à des négociations entre les deux parties sur la crise ukrainienne, est emblématique de cette distanciation. Une série de facteurs ont favorisé cette « neutralité » d’un des principaux alliés des États-Unis au Proche-Orient. D’abord, la création de l’OPEP + en 2016 (6), qui associe Moscou aux négociations sur le niveau de production de pétrole, s’est traduite par une coordination fructueuse entre la Russie et l’Arabie saoudite, laquelle considère même cette relation comme « stratégique (7) » — diagnostic sans aucun doute bien optimiste. Les observateurs ont noté la participation au mois d’août 2021 du vice-ministre de la défense saoudien, le prince Khaled Ben Salman, au Salon des armements à Moscou et la signature d’un accord de coopération militaire entre les deux pays, qui étaye une collaboration ancienne pour le développement du nucléaire civil. Plus largement, la Russie est devenue un interlocuteur incontournable dans toutes les crises régionales, étant la seule puissance à entretenir des relations suivies avec l’ensemble des acteurs, même quand ils sont en froid, voire en guerre les uns avec les autres : Israël et l’Iran, les houthistes yéménites et les Émirats arabes unis, la Turquie et les groupes kurdes…

Parallèlement, les relations entre Riyad et Washington se sont grippées. Domine dans le Golfe l’idée que les États-Unis ne sont plus un allié fiable — on rappelle leur « lâchage » du président égyptien Hosni Moubarak en 2011 et leur retraite piteuse d’Afghanistan, leur volonté de négocier avec l’Iran sur le nucléaire sans prendre en compte les réserves de leurs alliés régionaux, leur passivité face aux attaques de drones houthistes contre des installations pétrolières saoudiennes, même quand M. Donald Trump, supposé être un ami de Riyad, était encore président. L’élection de M. Biden a empoisonné le climat. Il avait promis de traiter l’Arabie saoudite comme un paria à la suite de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en octobre 2018, dont les services de renseignement américains attribuent la responsabilité à Mohammed Ben Salman (« MBS »), le tout-puissant prince héritier saoudien ; il avait également dénoncé la guerre menée au Yémen.

Yinka Shonibare Rahman. – « Boy on Globe » (Garçon sur un globe), 2014

Ces engagements n’ont été suivis d’aucune inflexion de la politique de l’administration démocrate, si ce n’est le refus de M. Biden de tout contact direct avec « MBS », mais ils ont été mal reçus à Riyad. Quand le président Biden s’est finalement résigné à l’appeler, notamment pour demander une augmentation de la production pétrolière du royaume visant à pallier l’embargo contre la Russie, « MBS » n’a pas voulu le prendre au téléphone, comme l’a révélé le Wall Street Journal (8). « Pourquoi les États-Unis nous consultent-ils si tard, après tous leurs alliés occidentaux ? » « Notre soutien ne doit pas être considéré comme acquis a priori », entend-on dire à Riyad.

Et la presse saoudienne ne retient pas ses coups contre les États-Unis. Comme l’écrit l’influent quotidien Al-Riyadh : « L’ancien ordre mondial qui a émergé après la seconde guerre mondiale était bipolaire, puis il est devenu unipolaire après l’effondrement de l’Union soviétique. On assiste aujourd’hui à l’amorce d’une mutation vers un système multipolaire. » Et, visant les Occidentaux, il ajoute : « La position de certains pays sur cette guerre ne cherche pas à défendre les principes de liberté et de démocratie, mais leurs intérêts liés au maintien de l’ordre mondial existant»(9).

Une ligne largement reprise au Proche-Orient et qui se déploie autour de deux séries d’arguments. D’abord, que la Russie ne porte pas seule la responsabilité de la guerre, que celle-ci est avant tout un affrontement entre grandes puissances pour l’hégémonie mondiale dont l’enjeu n’est pas le respect du droit international et ne concerne donc pas le monde arabe. Écrivant dans le quotidien officieux du gouvernement égyptien, lui aussi allié aux États-Unis, Al-Ahram, un éditorialiste évoque « une confrontation entre les États-Unis et les pays occidentaux d’une part, et les pays qui rejettent leur hégémonie d’autre part. Les États-Unis cherchent à redessiner l’ordre mondial après s’être rendu compte que, dans sa forme actuelle, il ne sert pas leurs intérêts, mais renforce plutôt la Chine à leurs dépens. Ils sont terrifiés par la fin imminente de leur domination sur le monde, et ils sont conscients que le conflit actuel en Ukraine est la dernière chance de préserver cette position (10) ».

UNES «THE ECONOMIST»
2003 - 2022

L’autre ligne d’argumentation des médias arabes dénonce le double langage des Occidentaux. Démocratie ? Libertés ? Crimes de guerre ? Droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Les États-Unis, qui ont bombardé la Serbie et la Libye, envahi l’Afghanistan et l’Irak, sont-ils les mieux qualifiés pour se réclamer du droit international ? N’ont-ils pas aussi utilisé des armes à sous-munitions, des bombes au phosphore (11), des projectiles à uranium appauvri ? Les crimes de l’armée américaine en Afghanistan et en Irak ont été largement documentés sans jamais aboutir à des inculpations — et ce n’est pas faire injure aux Ukrainiens de reconnaître que, pour l’instant, les destructions infligées à ces deux pays dépassent de loin celles qu’ils subissent tragiquement.

UNES «THE ECONOMIST»
2003 - 2022

M. Vladimir Poutine devrait être traîné devant la Cour pénale internationale ? Mais Washington n’a toujours pas ratifié le statut de cette cour ! Ironique, un éditorialiste remarque (12) que, en 2003, The Economist avait fait sa « une », après l’invasion de l’Irak, avec une photographie en couleurs de George W. Bush en titrant « Maintenant le lancement de la paix » (« Now, the waging of peace ») ; en revanche, l’hebdomadaire des milieux d’affaires met aujourd’hui en couverture une photographie de M. Poutine en noir, un char à la place du cerveau, avec ce titre : « Où s’arrêtera-t-il ? ».

La Palestine, occupée totalement depuis des décennies alors que l’Ukraine ne l’est que partiellement depuis quelques semaines, reste une plaie vive au Proche-Orient, mais elle ne suscite aucune solidarité des gouvernements occidentaux, qui continuent à offrir un blanc-seing à Israël. « Il n’est pas inutile de rappeler, note un journaliste, les chants scandés lors des manifestations, les déclarations pleines de rage qui, au fil des années et des décennies, ont imploré sans résultat à aider le peuple palestinien bombardé à Gaza ou vivant sous la menace d’incursions, de meurtres, d’assassinats, de saisies de terres et de démolitions de maisons en Cisjordanie, une zone que toutes les résolutions internationales considèrent comme des territoires occupés (13). » La prestation du président Volodymyr Zelensky devant la Knesset, dressant un parallèle entre la situation de son pays et celle d’Israël « menacé de destruction », en a indigné plus d’un, sans d’ailleurs qu’il obtienne le soutien attendu de Tel-Aviv, attaché à ses relations étroites avec Moscou (14). Enfin, le traitement différencié accordé aux réfugiés ukrainiens, blancs et européens par rapport à ceux du « reste du monde », asiatiques, maghrébins et subsahariens, a suscité une ironie amère au Proche-Orient, comme dans tout le Sud.

On dira que ce n’est pas nouveau, que les opinions (et les médias) arabes ont toujours été antioccidentales, que la « rue arabe », comme on la qualifie parfois de manière méprisante dans les chancelleries européennes et nord-américaines, ne pèse pas grand-chose. Après tout, lors de la première guerre du Golfe (1990-1991), l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Syrie se sont laissé entraîner dans la guerre aux côtés des États-Unis, à rebours de leurs populations. Dans le cas de l’Ukraine, en revanche, ces pays, même quand ils sont des alliés de longue date de Washington, ont pris leurs distances avec l’Oncle Sam, et pas seulement l’Arabie saoudite. Le 28 février, le ministre des affaires étrangères émirati Cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov à Moscou et a salué les liens étroits entre les deux pays. Et l’Égypte n’a pas répondu à l’injonction bien peu diplomatique des ambassadeurs du G7 au Caire de condamner l’invasion russe. Même le Maroc, allié fidèle de Washington, était opportunément « aux abonnés absents » lors du vote de l’Assemblée générale des Nations unies du 2 mars sur l’Ukraine.

Dans le même temps, avec leurs dizaines de milliers de soldats positionnés dans le Golfe, leurs bases à Bahreïn, au Qatar et dans les Émirats arabes unis, la présence de la Ve flotte, les États-Unis restent un acteur majeur dans la région qu’il peut se révéler risqué de négliger, voire de contrarier. D’autant que ce positionnement de divers pays arabes, comme plus largement celui du Sud, ne se fait pas au nom d’une nouvelle organisation du monde ou d’une opposition stratégique au Nord — comme celle pratiquée par le Mouvement des non-alignés dans les années 1960 et 1970, allié au « camp socialiste » — mais au nom de ce qu’ils perçoivent être leurs propres intérêts. On pourrait, paraphrasant le Britannique lord Gladstone, affirmer que, dans l’ère de l’après-guerre froide, les États n’ont plus d’amis ni de parrains permanents, mais des alliés fluctuants, vacillants, à durée limitée. Les revers de la Russie et les sanctions qui lui sont imposées amèneront-ils certains d’entre eux à infléchir leur complaisance à l’égard de Moscou ?

Alors que s’estompent les lignes de partage idéologiques d’antan, que les promesses d’un « nouvel ordre international » faites par Washington au lendemain de la première guerre du Golfe se sont englouties dans les déserts irakiens, un monde multipolaire émerge dans le chaos. Il offre une marge de manœuvre élargie au « reste du monde ». Mais le drapeau de la révolte contre l’Occident et son désordre ne constituent pas (encore ?) une feuille de route pour un monde qui serait régi par le droit international plutôt que par le droit du plus fort. 

par Alain Gresh

Directeur des journaux en ligne OrientXXI.info et AfriqueXXI.info

Notes :

(1) Robert D. Kaplan, « To save democracy, we need a few good dictators », Bloomberg, 1er avril 2022.

(2) Lire Pierre Rimbert, « Événement total, crash éditorial », Le Monde diplomatique, mars 2022.

(3) Cité dans « Ukraine attention shows bias against black lives, WHO chief says », British Broadcasting Corporation (BBC), 14 avril 2022.

(4) Nous n’entrons pas dans le débat de ce qu’est une démocratie, mais nous évoquons ici des pays où se tiennent des élections régulières et concurrentielles.

(5) Trita Parsi, « Why non-Western countries tend to see Russia’s war very, very differently », Quincy Institute for Responsible Statecraft, 11 avril 2022.

(6) Regroupement entre les pays membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) et dix autres producteurs, dont la Russie et le Mexique.

(7) Konstantin Truevtsev, « Russia’s new Middle East strategy : Countries and focal points » (PDF), Valdai Discussion Club, février 2022. Valdai est un think tank russe de politique internationale.

(8) « Guerre d’Ukraine. Le jeu d’équilibre risqué de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis », Orient XXI, 22 mars 2022.

(9) Cité par BBC Monitoring - Saudi Arabia, Londres, 8 mars 2022.

(10) Cité par Mideast Mirror, Londres, 7 avril 2022.

(11) Lire, par exemple, Maria Wimmer, « Du phosphore blanc sur Fallouja », Le Monde diplomatique, janvier 2006.

(12) Al-Quds Al-Arabi, Londres, cité par Mideast Mirror, 3 mars 2022.

(13) Ibid.

(14) Cf. Sylvain Cypel, « Les raisons de la complaisance israélienne envers la Russie », Orient XXI, 24 mars 2022.

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« VER DE TERRE »

 

23 avril, 2022

L'EX-PRÉSIDENT BRÉSILIEN LULA APPORTE SON SOUTIEN À MACRON

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PHOTO RICARDO CHICARELLI
L'ancien président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva a appelé jeudi à "vaincre l'extrême droite" en soutenant le président sortant Emmanuel Macron qui, selon lui, "incarne le mieux les valeurs démocratiques et humanistes".
COUVERTURE DU
 VENDREDI 22 AVRIL 2022
"Il est fondamental de vaincre l'extrême droite et son message de haine et de préjugés. C'est ce que désirent et espèrent tous les démocrates (...) à travers le monde", a insisté la figure de gauche dans une série de tweets publiés sur son compte officiel.

Au premier tour, l'ex-président brésilien (2003-2010) avait soutenu le candidat de la France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon.

M. Lula estime désormais que le président sortant "est celui qui incarne le mieux les valeurs démocratiques et humanistes" face à sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen lors du scrutin de dimanche.

Dans un tweet en français, il juge que "le futur de la démocratie est en jeu en Europe et dans le monde".

L'impact des élections en France "va au-delà de ses frontières", a asséné celui qui figure en tête des sondages face au président d'extrême droite Jair Bolsonaro dans les intentions de votes pour la présidentielle d'octobre au Brésil.

Les premiers ministres allemand, espagnol et portugais ont également appelé jeudi les Français à voter pour le "candidat démocratique" à l'élection présidentielle, en référence à M. Macron.

Au vu des derniers sondages, le président sortant est donné vainqueur dans une fourchette de 54 à 56,5% face à Marine Le Pen. tjc/js/nzg/roc
COUVERTURE DU SAMEDI 23 AVRIL 2022

LA BELGIQUE ACCORDE L’ASILE POLITIQUE À RAFAEL CORREA

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PHOTO EFE

Le gouvernement fédéral belge a accordé l’asile politique à l’ancien président équatorien Rafael Correa, a confirmé aujourd’hui le bureau de presse du cabinet d’avocats Ius Cogens, qui dirige sa défense internationale.

News day fr avec PL

dans un bulletin envoyé à Prensa Latina, les juristes ont indiqué qu’avec cette mesure, l’exécutif du pays européen reconnaît la persécution politique menée par le gouvernement équatorien contre l’ancien président (2007-2017).

La Belgique rejoint ainsi des pays comme le Mexique et la Bolivie, qui ont également accueilli divers anciens responsables gouvernementaux et membres du parti de Correa en tant que demandeurs d’asile politiques, victimes de persécutions évidentes”, précise le texte.

À cet égard, Christophe Marchand, avocat coordinateur de la défense de l’ancien dignitaire, a souligné que la mesure met également en lumière la lawfare (guerre juridique) commise à son encontre et s’appliquait également à d’autres représentants du soi-disant “correismo”.

Pour sa part, le document souligne également que la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol, chargée de garantir le respect de la réglementation en matière de traitement des données personnelles de l’organisation, a refusé à l’Équateur toutes les alertes rouges contre Rafael Correa et ses anciens responsables.

La position de l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol) répond au déni de justice flagrant dans le pays sud-américain, ajoute le bulletin.

Il a également souligné que Bruxelles, capitale politique de l’Union européenne et internationalement reconnue comme respectueuse des institutions démocratiques, a franchi une étape importante dans la reconnaissance de la persécution politique en Équateur, dont l’objectif principal est l’interdiction politique de Rafael Correa et de son mouvement appelé Révolution citoyenne. .

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Le cabinet d’avocats rappelle que l’ancien chef de l’État a été élu trois fois de suite président de l’Équateur et gouverné avec un grand soutien populaire, après quoi il s’est installé en Belgique, pays d’origine de son épouse.

Après être devenu le principal opposant au gouvernement successif (Lenín Moreno), il a commencé à subir, comme ses partisans, un harcèlement judiciaire brutal, dont le point culminant a été une condamnation fallacieuse et la suspension des droits politiques quelques heures avant son inscription comme candidat aux élections. de l’année 2021, souligne le texte.

De son côté, malgré d’autres tentatives infructueuses, l’exécutif équatorien insiste pour prendre des mesures contre l’ancien président et, en ce sens, la veille, le président de la Cour nationale de justice, Iván Saquicela, a annoncé la signature de l’ordonnance d’ouverture de la processus de son extradition.

Comme indiqué dans une interview télévisée, l’exigence est basée sur un accord entre l’Équateur et la Belgique, datant de 1987, ainsi que sur l’accord international anti-corruption de l’Organisation des Nations Unies. (RPB). (Avec des informations de Prensa Latina)

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AU CHILI, L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE EST DE PLUS EN PLUS CRITIQUÉE

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PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP

Le projet de Constitution instaure l’idée d’un État solidaire. Les polémiques et une communication inaudible participent au discrédit de l’assemblée.
 
DESSIN LAUZAN
Ce sont pour l’instant près de 80 pages qui tissent le contenu de la nouvelle Loi fondamentale chilienne, élaborée par 154 élus depuis juillet 2021. Après trois mois consacrés à ficeler son règlement, l’Assemblée constituante – fruit d’un référendum, en mai 2020, approuvant à 78 % l’idée de la réécriture de la Constitution – continue de plancher sur le fond des articles. Le texte doit remplacer celui qui avait été approuvé en pleine dictature (1973-1990) et qui consacrait le principe d’un État en retrait face au secteur privé.
RÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION
FIXÉ AU 4 SEPTEMBRE 2022
La demande d’une nouvelle nomenclature constitutionnelle était devenue l’une des grandes exigences de la rue lors de l’historique mouvement contre les inégalités de 2019. Une exigence de justice sociale qui s’est également exprimée avec l’élection, en novembre 2021, du président de gauche Gabriel Boric, arrivé au pouvoir le 11 mars. Alors député, il avait lui-même promu la rédaction d’un nouveau texte, en novembre 2019, afin d’apaiser l’ardeur des manifestants.

« Le Chili est un État social et démocratique et de droit. Il est plurinational, interculturel et écologique » : cet article donne le « la » du texte, rédigé par une Assemblée qui penche largement à gauche. Il grave dans le marbre la notion d’un État solidaire, reconnaissant formellement l’existence des populations indigènes, auxquelles dix-sept sièges sont réservés. Le « droit à la sécurité sociale » mais aussi à « un logement digne et adéquat » a été approuvé, tandis que les articles portant sur d’autres piliers de la vie des citoyens, tels que l’éducation ou les retraites, doivent encore être étudiés.

RÉFÉRENDUM SUR LA NOUVELLE CONSTITUTION
FIXÉ AU 4 SEPTEMBRE 2022
« On voit clairement apparaître un cadre social-démocrate, avec le concept de parité qui le traverse entièrement », remarque Juan Pablo Rodriguez, sociologue au Centre d’études du conflit et de la cohésion sociale. Article-phare des élus promouvant les droits des femmes, la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse a rejoint le brouillon du texte. « De façon générale, les articles approuvés sont les plus ouverts, ce qui laisse la place à l’interprétation politique, poursuit l’universitaire. On peut dire que si la Constitution actuelle est néolibérale et l’héritière de la dictature, celle-ci est le bébé de la révolte sociale de 2019. »

Sondage défavorable

Pourtant, le divorce entre l’opinion publique et l’Assemblée n’a jamais été aussi criant. Renversant la dynamique du référendum de 2020 qui avait approuvé massivement la rédaction d’un nouveau texte, un sondage vient de donner, début avril, et pour la première fois, une majorité en faveur d’un rejet de la nouvelle Loi fondamentale : selon l’institut Cadem, 46 % des personnes interrogées voteraient contre ce texte lors du référendum prévu le 4 septembre, et 40 % pour.

« L’écriture est très technique et complexe, il est vraiment difficile de comprendre ce qui se passe au sein de l’Assemblée sans avoir des connaissances juridiques », admet Danilo Herrera, politiste à l’Université catholique du Chili. Le travail des élus a ainsi pu sembler inaudible. Leurs carences en matière de communication leur ont régulièrement été reprochées. Des articles approuvés en commission thématique ont parfois été interprétés, dans les médias, comme définitivement adoptés, participant à une musique brouillonne entourant le processus constitutionnel. « Il y a eu une campagne de discrédit, de la part d’élus de droite et des principaux médias, conservateurs, qui souhaitent conserver l’actuelle version », évalue Juan Pablo Rodriguez.

Lire aussi  Article réservé à nos abonnés Chili : Valentina Miranda, benjamine de l’Assemblée constituante

Autre élément creusant le déficit de confiance, l’un des élus, Rodrigo Rojas Vade, icône des mouvements de protestation, a renoncé à son siège en septembre 2021 après avoir révélé que le cancer dont il assurait souffrir, et nourrissant sa popularité, était un mensonge. La question de son éventuel retour, en mars – ensuite définitivement écarté –, a ravivé le discrédit qu’il symbolise.

PHOTO ESTEBAN FELIX / AP
Une personne portant un masque inspiré de la série télévisée « La Légende de Korra » dépouille les bulletins de vote, lors de l’élection des membres de l’Assemblée constituante, à Santiago, en mai 2021.
Avec une majorité d’élus indépendants, sans expérience de militantisme au sein d’une formation politique, les négociations de couloirs, huilant souvent les rouages des sessions au Parlement, ont fait défaut, les débats se jouant presque entièrement lors de plénières- marathons. « Tout le travail est marqué par le manque de temps. Il lui reste trois semaines pour voter tous les articles, et l’Assemblée doit encore se prononcer sur les droits fondamentaux, revoir des articles de la commission environnementale », liste Danilo Herrera. Cette dernière commission, notamment, a été accusée d’utiliser un vocabulaire cryptique, avec des articles jugés trop spécifiques pour une Constitution, et rejetés en plénière.

Intimidation publique

Autre fait marquant et ternissant un peu plus l’image de la commission : la séance du 21 avril a donné lieu à une véritable intimidation publique menée par certains représentants, accusant des élus socialistes de trahison. Une méthode jugée « absolument inacceptable » par le président Gabriel Boric, vendredi 22 avril. « En démocratie, les différences s’expriment et elles sont légitimes. S’il y a un désaccord sur les idées, il est possible de voter de façon différente », a-t-il insisté.

« Clairement, il y a une sensation d’inquiétude ou d’incertitude [de la part des citoyens], qu’il faut que l’on assume », a reconnu Maria Elisa Quinteros, présidente de l’Assemblée constituante, lors d’une interview à la radio Universidad de Chile, le 9 avril. «J’ai la conviction que lorsque l’on commencera à montrer à la société quels sont les articles en matière de santé, de logement, de retraites, l’intérêt et le soutien des citoyens augmenteront », a assuré, de son côté, Gaspar Dominguez, vice-président de l’Assemblée.

Prochain chapitre : celui de la commission d’harmonisation qui devra, à partir du 17 mai, lier et hiérarchiser les différents articles, polir les éventuelles répétitions. Selon le règlement, le processus doit être terminé en juillet. S’ouvrira alors la campagne précédant le référendum, une étape cruciale au regard de la volatilité de l’opinion publique.

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22 avril, 2022

NI LE PEN NI MACRON, ET VOUS AUREZ LE PEN

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SACHEZ-LE, « NI-NI », C’EST LE PEN ! 
DESSIN NESTOR SALAS

Ni Le Pen ni Macron, et vous aurez Le Pen.

C’est juste comme ça, très doucement, sur des pattes de colombe, que ce dont on ne veut pas arrive.

par BARBARA CASSIN 

BARBARA CASSIN
PHOTO JOHN FOLEY 

Regardez autour de vous et regardez dans le passé. Des gens normaux, comme vous et moi, rationnels et émotifs, lassés et déçus, des gens de bonne volonté, ont pour plein de bonnes raisons genre ras-le-bol fait arriver Hitler au pouvoir, de glissement en glissement et de banalisation en banalisation, sans vraiment lire et entendre ce qui était pourtant dit et écrit, transparent sous une minuscule rhétorique de camouflage. C’est comme ça que le peu ragoûtant Trump est arrivé au pouvoir, le petit gros capitaliste nationaliste fier de vous attraper par la chatte. Hillary avait un côté Macron, technocrate intelligente et présidente des riches, et voilà que Trump… C’est arrivé comme ça… Et c’est comme ça que Bolsonaro, l’idiot nationaliste paramilitaire – « Et si vos fils ramenaient une Noire à la maison – Mes fils ont été bien élevés » –, a mis Lula en prison.

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DESSIN KOUNTOURIS, GRÈCE

Bolsonaro, Modi, Orban, Erdogan, Poutine, Xi Jinping, Kim Jong-un, la junte birmane, même Boris Johnson, je suis vraiment mieux en France. Pour l’instant ! Mais je tremble, nous devons trembler en comptant les voix et les reports, avec Mélenchon propriétaire des gauches. Il faut savoir ce qu’est le nationalisme. Il faut comprendre à quel point l’Europe est bien moins pire, justement parce qu’au fond elle est un peu vide, comme l’humanisme, les Lumières, et nos valeurs.

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«MARINE LE PEN OFFRE UN ALLER SIMPLE »
DESSIN PATRICIO PALOMO
Lisez, écoutez pour de bon ce que dit et ce qu’écrit Marine Le Pen. Tout y est, du racisme à la démagogie antidémocratique. Du n’importe quoi gouvernemental et du gravissime à l’international. Vieux comme le monde, dangereux et irrespirable, un monde dans lequel on ne peut pas respirer, vous ne pourrez plus respirer.
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🗳️🇫🇷 Pour que la République demeure indivisible, laïque, démocratique et sociale. #PASLECHOIX, le #24Avril2022, on vote Macron. #presidentielle2022 #JeVote #elections2022

Votez Macron et emmerdez-le, manifestez contre l’université de plus en plus payante, l’hôpital de plus en plus submergé, la technocratie dématérialisée de plus en plus invalidante, la pauvreté de plus en plus inégale, l’ascenseur social encore et toujours encalminé, l’écologie nullardisée, parent pauvre du capitalisme mondial. Donnons tous les jours des coups de pied dans la fourmilière. Mais Marine Le Pen n’est pas un coup de pied dans la fourmilière : c’est un danger connu et patenté, et c’est seulement cela !

Mélenchon, au boulot. Tu prétends incarner la gauche. Arrête de finasser, j’appelle, non, oui, j’appelle à ne pas, je vise la suite, moi pas moi, mon ego, les législatives. C’est bon, dis-le à ceux qui te croient de voter Macron. Prouve-le que tu es de gauche, non échangeable avec l’extrême de la droite. C’est le moment. Sinon, j’espère bien que plus personne ne te croira jamais.

Allez, les jeunes, mes amis jeunes et vous les vieux comme moi, sachez-le, « ni-ni », c’est Le Pen ! 

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20 avril, 2022

PREMIÈRE RÉUNION DE L'ACCORD D'ESCAZU, TRAITÉ ENVIRONNEMENTAL LATINO-AMÉRICAIN

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PHOTO PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI

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LE FIGARO
Des représentants des 24 pays signataires de l'Accord d'Escazu, seul traité environnemental d'Amérique latine, se sont réunis pour la première fois mercredi 20 avril à Santiago pour tenter de trouver des solutions aux conséquences du réchauffement climatique.

Par Le Figaro avec l'AFP

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«Aujourd'hui la région a l'opportunité de dessiner, depuis son propre contexte spécifique, les solutions qui nous permettront de faire face à la crise climatique, qui paradoxalement frappe plus durement ceux qui ont le moins contribué à son extension», a déclaré le président chilien, Gabriel Boric, lors de la session inaugurale. Des représentants d'associations sociales et environnementales des 24 pays signataires de l'accord, pionner en Amérique latine dans le domaine de la protection des défenseurs de l'environnement, sont réunis jusqu'à vendredi au siège de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepalc), un organisme technique des Nations unies.

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«Quand une partie de l'Amazonie brûle ou que s'accélère la fonte des glaciers du Chili et de l'Argentine, ce n'est pas le président en place qui souffre des conséquences, mais l'humanité tout entière», a ajouté le jeune président chilien qui a fait de la protection de l'environnement une priorité de son mandat. Le traité a été officiellement signé par 24 pays latino-américains et des Caraïbes, mais seuls douze l'ont ratifié. Le Chili a lancé son processus d'adhésion, une semaine après la prise de fonction du gouvernement de gauche de Gabriel Boric, 36 ans. Le texte doit désormais être ratifié par le Parlement chilien. Pour la vice-présidente du Costa Rica, Epsy Campbell Barr, qui a fait une déclaration vidéo, l'Accord d'Escazu «est une des entreprises les plus ambitieuses de démocratie environnementale».

PHOTO INFOGATE

Le traité, officiellement connu comme l'«Accord régional sur l'accès à l'information, la participation du public et la justice en matière d'environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes», a été adopté à Escazu, au Costa Rica, en 2018 après plusieurs années de négociation. Il est entré en vigueur en avril 2021 après la signature de onze pays. Outre la protection des défenseurs de l'environnement, le texte prévoit aussi la mise en œuvre de politiques environnementales durables et de sauvegarde de la biodiversité.

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ILLUSTRATION IDDRI