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La justice équatorienne, qui avait confirmé la condamnation de Rafael Correa il y a peu, demande désormais son arrestation. Au micro de RT France, Guillaume Long, ex-ministre équatorien des Affaires étrangères, dénonce «un procès politique».
La justice de l'Équateur a ordonné, le 23 septembre, l'arrestation de l'ancien président équatorien Rafael Correa, qui vit en Belgique, après avoir confirmé sa condamnation à huit ans de prison pour corruption, le 8 septembre. C'est ce qu'a a annoncé le tribunal qui a également prononcé l'interdiction à vie pour Rafael Correa d'occuper des fonctions électives, alors même que l'ex-dirigeant devait se présenter au poste de vice-président à l'élection présidentielle prévues le 7 février 2021, derrière son ancien collaborateur Andrés Arauz, un économiste âgé de 35 ans.
« [Lenin] Moreno, en 2018, a rempli le système judiciaire d'anti-corréistes convaincus pour pouvoir persécuter son prédécesseur »
Rafael Correa, dirigeant socialiste à la tête de l'Équateur entre 2007 et 2017, à l'origine d'importantes réformes sociales, avait annoncé sa candidature fin août. Mais après la confirmation en cassation de sa condamnation, c'est finalement le journaliste Carlos Rabascall qui devrait le remplacer.
Interpol va-t-elle activer la notice rouge ?
Le tribunal, qui a jugé et condamné Rafael Correa pour corruption en son absence, estime que l'ex-président et plusieurs de ses anciens collaborateurs, eux aussi condamnés, ont reçu de diverses entreprises des dessous-de-table en échange de contrats.
Des accusations jugées «plus que douteuses» par certains. C'est le cas notamment de l'ex-ministre équatorien des Affaires étrangères, Guillaume Long, qui a donné une interview à RT France, ce 24 septembre. Il rappelle en effet que ces accusations étaient basées sur un «cahier» écrit à la main par une ancienne conseillère de Rafael Correa, dans lequel elle aurait noté en temps réel toutes les sommes visées par l'accusation. Le problème ? Guillaume Long explique qu'il a été prouvé que ledit cahier a été imprimé... quatre années après la date des fait incriminés.
Rafael Correa et ses partisans dénoncent une mascarade judiciaire et un «lawfare», à savoir l'utilisation du judiciaire à des fins politiques. Il accuse son successeur Lenin Moreno, qui fut son vice-président entre 2007 et 2013, de vouloir l'empêcher à tout prix de revenir au pouvoir. Lenin Moreno a en effet radicalement changé de cap politique peu après son accession au pouvoir en 2017, optant pour une orientation libérale, alignée sur Washington. «[Lenin] Moreno, en 2018, a rempli le système judiciaire d'anti-corréistes convaincus pour pouvoir persécuter son prédécesseur», estime Guillaume Long au micro de RT France.
«Nous sommes confrontés à un processus de vengeance à travers l'institution judiciaire», a abondé l'avocat de l'ex-chef d'Etat, Fausto Jarrin, auprès de l'AFP. «La simple mention de la possibilité qu'il [Rafael Correa] soit candidat génère ce type de réaction dans toutes les institutions de l'État», a-t-il poursuivi.
La justice équatorienne a ainsi ordonné à la police du pays de localiser et d'arrêter l'ancien responsable socialiste. Mais l'intéressé vit actuellement en Belgique d'où est originaire son épouse et il y a de nombreuses étapes à franchir pour la police équatorienne pour pouvoir mener cette arrestation, en premier lieu desquels, obtenir l'accord des autorités belges.
Au micro de RT France, Guillaume Long, rappelle que ce n'est pas la première fois que Rafael Correa est visé par un mandat d'arrêt. «L'Équateur va encore une fois demander à Interpol d'activer une notice rouge pour l'arrêter et il faudrait ensuite que la Belgique l'accepte. Interpol peut accepter ou non mais il faut savoir qu'ils ont déjà décidé de ne pas activer la notice rouge dans cette affaire ces deux dernières années, nous espérons que c'est ce qu'il va se passer cette fois encore», explique l'ancien diplomate.
La justice équatorienne a aussi donné instruction au ministère des Finances de suspendre le versement des 4 200 dollars que recevait mensuellement Rafael Correa en tant qu'ancien président et auxquels il n'a plus droit en raison de sa condamnation pour corruption. Le tribunal a en outre informé le CNE de la privation de l'ex-dirigeant de ses droits politiques.
Meriem Laribi.
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LENÍN BOLTAIRE MORENO GARCÉS |