16 mai, 2024

LES PALESTINIENS COMMÉMORENT LE 76ème ANNIVERSAIRE DE LA NAKBA, EN PLEINE GUERRE À GAZA

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DES PALESTINIENS VIVANT EN ISRAËL PARTICIPENT À LA MARCHE
ANNUELLE DU RETOUR POUR MARQUER LE 76E ANNIVERSAIRE DE
LA NAKBA, LA «CATASTROPHE» DE LEUR DÉPOSSESSION MASSIVE LORS
DE LA GUERRE DE 1948 QUI A ENTOURÉ LA CRÉATION D'ISRAËL,
PRÈS DE HAÏFA, DANS LE NORD D'ISRAËL, LE 14 MAI 2024.
PHOTO AMMAR AWAD / REUTERS

Les Palestiniens commémorent le 76ème anniversaire de la Nakba, en pleine guerre à Gaza / Les Palestiniens commémorent, ce mercredi 15 mai, le 76e anniversaire de la Nakba, littéralement « la catastrophe » en arabe. Au lendemain de la création de l’État d’Israël en 1948, quelque 750 000 Palestiniens ont perdu leurs maisons, désormais en territoire israélien. Près de 80% des Gazaouis aujourd’hui sont les descendants de ces déplacés. La guerre actuelle fait craindre aux Palestiniens une nouvelle humiliation et la perte de ce qui leur reste comme territoire.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa

Lors de la Nakba en 1948, certains Palestiniens sont partis d’eux-mêmes à cause de la guerre, d’autres ont été chassés de leurs terres par le tout jeune État hébreu. À l’époque, ces derniers ont trouvé refuge dans les pays voisins comme le Liban (lire plus bas), la Syrie, la Jordanie, mais aussi dans l’actuelle Cisjordanie et à Gaza. 

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Dans son livre Nettoyage ethnique et vol des biens palestiniens à Jérusalem, Ibrahim Matar a répertorié l’ensemble des familles palestiniennes qui ont perdu leurs maisons lors de la création de l’État hébreu. En 1948, Jérusalem est coupée en deux. L’ouest est juif et les Palestiniens sont à l’est, sous administration jordanienne.

« Ici, c’est la maison du grand-père de ma femme. Il était chrétien orthodoxe palestinien. Il a construit cette maison en 1902 », déclare-t-il. Et pourtant ce lieu est à Jérusalem-Ouest, qui est considérée aujourd’hui comme la partie juive de la ville. « Mais la plupart des propriétés de Jérusalem-Ouest appartenaient à des Palestiniens », ajoute-t-il.

« Ce qu’ils ont fait en 1948 se répète à Gaza »

Dans son livre, Ibrahim Matar répertorie photos et documents de propriété à l’appui, la propriété palestinienne de ces maisons. En 1948, certains Palestiniens ont pu rester sur leurs terres devenues israéliennes. Quelques années plus tard, ils seront naturalisés : on les appelle arabes israéliens. Mais eux, préfèrent Palestiniens citoyens d’Israël.

L’État hébreu a également adopté en 1950 la loi des « absents ». Grâce à ce texte, les propriétés des Palestiniens déplacés ont été saisies. Israël a également rasé à l’époque plus de 400 villages palestiniens. « Ce qu’ils ont fait en 1948 se répète à Gaza. Ils détruisent des maisons. C’est un grand crime », témoigne l'historien palestinien.

Depuis le début de la guerre, des ministres israéliens prônent l’exil des Gazaouis. Et les Palestiniens dans toute la région réclament un droit au retour sur leurs terres. Soixante-seize ans après leur départ, certaines familles gardent toujours les clés de leurs maisons perdues.

Au Liban, où vivent encore aujourd’hui plus de 250 000 réfugiés palestiniens, les témoins de la Nakba sont devenus rares avec le temps

Avec notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan

Silhouette menue, Jihad a passé l’essentiel de sa vie dans un minuscule logement, dans le camp de Bourj el-Barajneh, un lacis de ruelles pauvres en lisière de Beyrouth. Mais ses souvenirs d’enfance, en terre palestinienne, ne l’ont pas quittée. Elle les évoque spontanément. « Je suis originaire des environs de Saint-Jean-d’Acre, une belle région, près du Liban. Les gens ont eu peur à cause du massacre de Palestiniens à Deir Yassine. J’avais neuf ans quand nous sommes arrivés au Liban. C’était en 1948. Nous avons d’abord loué dans le sud, près de la frontière, car nous pensions que nous reviendrions peut-être chez nous. Puis, le Liban a fait des camps. Et nous sommes venus dans ce camp », raconte-t-elle.

Le retour espéré sur la terre de sa famille n’a jamais eu lieu. Au Liban, Jihad a connu plusieurs guerres et un quotidien difficile. Comme tant de Palestiniens, cette veuve a vu sa famille dispersée par de nouveaux exils. « Une de mes filles était fiancée et devait partir en Allemagne, il y a longtemps. Mais mon mari est mort et elle est restée avec moi. Deux de mes fils et une autre fille vivent en Allemagne. Ils y sont heureux, et se sont mariés », dit-elle.

À Bourj el-Barajneh, le souvenir de la Nakba commémoré aujourd’hui est particulièrement lourd cette année : Gaza est en ruines. 

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13 mai, 2024

ÉTATS-UNIS. LES ÉTUDIANTS BOUSCULENT LA COMPLICITÉ DES UNIVERSITÉS AVEC ISRAËL

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NEW YORK, 30 AVRIL 2024. DES ÉTUDIANTS PRO-PALESTINIENS
CONTINUENT DE MANIFESTER AVEC UN CAMPEMENT DE
 PROTESTATION SUR LE CAMPUS DE L’UNIVERSITÉ DE COLUMBIA.
PHOTO SPENCER PLATT/ 
GAZA / ISRAËL 2023-2024 / États-Unis. Les étudiants bousculent la complicité des universités avec Israël / Du jamais-vu depuis les années 1970 : malgré les accusations d’antisémitisme et la répression, les étudiants américains se mobilisent en masse, y compris au sein de la communauté juive. Ils réclament notamment l’arrêt des financements de leurs universités par les marchands d’armes servant à massacrer les Palestiniens. Les manifestations sont si importantes que Joe Biden a dû menacer Tel-Aviv de suspendre certaines de ses livraisons d’armes.

par SYLVAIN CYPEL

SYLVAIN CYPEL

shany Littman, journaliste israélienne, s’inquiète : « Où sont les étudiants protestataires israéliens contre la guerre à Gaza ? » Alors que les campus américains s’enflamment, dans les universités israéliennes, c’est le « calme plat »1. En période de préparation des examens, on ne quitte la bibliothèque que pour se sustenter à une terrasse au soleil. Les assassinats massifs de Gazaouis n’intéressent pas les étudiants. Enfin si, note-t-elle : depuis le 7 octobre, la seule manifestation sur un campus a été menée par Im Tirtzou (« si vous le voulez » en hébreu), un mouvement colonial venu exiger l’expulsion des universités de professeurs non conformes à ses vues, en particulier Nadera Shalhoub-Kevorkian, spécialiste des violences familiales et l’une des rares enseignantes palestiniennes de l’université de Jérusalem.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

« AIDE »
DESSIN NESTOR SALAS

Constatant que les professeurs israéliens se soucient du risque croissant de boycott à leur encontre réclamé par les étudiants américains, Littman estime qu’ils feraient mieux de s’inquiéter de ce qui se passe à Gaza et de se mobiliser « comme à Columbia et à Yale ». Sinon, pourquoi l’académie « ne resterait-elle pas identifiée au gouvernement israélien et à ses politiques destructrices ? », s’interroge-t-elle.

« LE CAUCHEMAR DE NETANYAHOU »
DESSIN NESTOR SALAS

LES GRANDES INDUSTRIES AMÉRICAINES

La mobilisation contre Israël sur les campus états-uniens est inédite depuis celle contre la guerre du Vietnam des années 1970 — à cette différence près qu’à l’époque, des jeunes américains étaient mobilisés et risquaient donc de rentrer morts ou blessés. Cette contestation surgit sur un fond strictement politique : comme l’écrivait il y a plus de vingt ans l’historien anglo-américain Tony Judt, Israël apparait aux manifestants étudiants comme « un anachronisme »2, un État d’un autre temps, à la fois ethniciste et colonial, l’un des derniers de la planète. C’est pour ce motif qu’ils s’insurgent contre ce qu’il advient à Gaza.

PAIX
DESSIN NESTOR SALAS

Ceux qui manifestent exigent une « gestion éthique » des avoirs des universités, en particularité des plus riches. Ainsi, la dotation dont disposait Columbia en 2023 atteignait 13,64 milliards de dollars (12,66 milliards d’euros). Or une partie non négligeable de cet argent est investi dans des portefeuilles d’actions incluant des sociétés de fabrication d’armes et d’autres fournitures qui participent à la colonisation israélienne. Un financement qui a souvent pour contrepartie la présence des dirigeants d’entreprise dans les conseils d’administration des universités privées. Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, siège à celui de l’Université de New York (NYU). Tout comme des dirigeants de sociétés d’armements dans de nombreuses universités.

 « CHAR  »
DESSIN NESTOR SALAS

Résultat : le 17 avril 2024, le comité consultatif de la responsabilité des investisseurs de Yale (ACIR) a annoncé qu’il ne recommanderait pas à ses administrateurs de se priver des fonds des fabricants d’armes américains parce que, selon lui, cette industrie n’a pas « atteint le seuil de ‘‘préjudice social grave”, condition préalable au désinvestissement ». À Gaza, a-t-il estimé, les armes fournies à Israël soutiennent « des utilisations socialement nécessaires, telles que l’application de la loi et la sécurité nationale »3. Un cas parmi d’autres.

« JUSTICE »
DESSIN NESTOR SALAS

Le mouvement engagé concerne donc autant les grandes industries américaines que les universités. En premier lieu parce que les groupes du « secteur militaro-industriel », comme Boeing, Raytheon, Northrop Grumann, Lockheed Martin ou General Dynamics figurent parmi les grands donateurs des universités et les fournisseurs d’emplois de leurs laboratoires. Ces institutions académiques se trouvent ainsi directement intéressées à la poursuite de la livraison gratuite d’armes au pouvoir israélien (pour 4,2 milliards de dollars annuels, soit 3,89 milliards d’euros). L’un des premiers rassemblements étudiants en appui à la cause palestinienne qui a eu lieu le 22 avril à NYU s’est focalisé sur deux exigences : la rupture du rapport financier de l’université avec les fabricants d’armes utilisées par Israël à Gaza, et la fermeture de son campus ouvert à Tel-Aviv, en raison des liens avec la colonisation des territoires palestiniens.


ÊTRE « AMÉRICAINS JUIFS » SANS INTERFÉRENCE D’ISRAËL

Les références les plus souvent utilisées par les étudiants sont la ségrégation raciale aux États-Unis, abolie en 1965, la guerre du Vietnam, perdue en 1975, et l’apartheid sud-africain, aboli en 1990. Autant de situations où l’alliance du colonialisme et du suprémacisme racial a été vaincue. L’État d’Israël leur apparait comme une manifestation tardive, incongrue et inadmissible d’un suprémacisme ethnique là aussi ancré dans un colonialisme initial.


Ces manifestations s’insèrent dans un mouvement de distanciation de la jeunesse vis-à-vis de ce pays qui a commencé dès les années 2000, et dans lequel les jeunes juifs ont joué un rôle important. Cette distanciation n’a fait que croître, le long de deux grandes lignes de force. L’une, politique et minoritaire, est radicalement hostile au caractère colonial de l’État israélien. L’autre, plus communautaire, souligne la volonté de vivre en tant qu’« Américains juifs », sans interférence d’Israël ni soumission à son égard. Les deux apparaissaient aux dirigeants de Tel-Aviv comme une menace pour le sionisme, qui a toujours ambitionné d’être l’unique représentant de la totalité des juifs du monde.


Le phénomène le plus marquant chez les jeunes juifs américains est l’accroissement exponentiel du nombre des adhérents aux organisations antisionistes ou non sionistes qu’a suscité la guerre à Gaza. Une association comme Jewish Voice for Peace, fondée en 1966 et antisioniste assumée, n’avait que très peu d’adhérents et une audience très limitée. La moyenne d’âge de ses adhérents était élevée. Depuis quelques années, elle a vu poindre de jeunes adhérents, et des milliers depuis la guerre à Gaza.


Le cas de la revue Jewish Currents est encore plus spectaculaire. La lettre hebdomadaire de son journal en ligne dirigé par Peter Beinart, un universitaire issu du sionisme qui a publiquement rompu avec cette idéologie en juillet 2020, disposait de 34 000 abonnés à l’automne dernier. En sept mois, leur nombre est passé à 300 000.

Beinart a publié le 28 avril un article en défense des étudiants américains. Son titre dit tout de son contenu : « Les manifestations sur les campus ne sont pas parfaites, mais nous en avons désespérément besoin»4. Il y déplore l’ignorance ou l’outrance de certains manifestants qui s’aventurent sur des terrains fleurant l’antisémitisme, mais il dénonce la menace, beaucoup plus grave à ses yeux, des tentatives permanentes de réduire toute critique de la guerre menée par Israël à une résurgence de l’antisémitisme. Il note en particulier qu’elles émanent souvent de cercles juifs qui, par ailleurs, n’ont aucune réticence à s’acoquiner avec des suprémacistes blancs affichés. Ainsi Beinart écrit :

Le cœur du mouvement en cours est l’exigence de mettre fin à la complicité de l’université et du gouvernement américain avec le système d’oppression d’Israël, qui aujourd’hui culmine dans cet effroyable carnage de la population de Gaza. Cette complicité doit cesser.

ATLAS
DESSIN NESTOR SALAS

HIER HOSTILES, LES MÉDIAS ÉVOLUENT

Dans la phase qui a suivi le massacre du 7 octobre 2023, la quasi-totalité des grands médias américains a basculé dans une rhétorique très favorable à la guerre. Pourtant depuis, certes à des degrés divers, leur regard a évolué au fil des crimes bien plus effroyables encore commis par l’armée israélienne. Lorsque le mouvement en défense des Palestiniens a pris son essor sur les campus, la réaction de ces mêmes médias, là encore, a été globalement très hostile. L’idée systématiquement promue par les partisans de Tel-Aviv selon laquelle les mobilisations étudiantes incarnent une poussée violente d’antisémitisme a été amplement relayée. Le simple usage du mot « intifada » en est devenu une preuve, par exemple.

Avec le temps, cet argumentaire s’est lentement désagrégé. Le vénérable magazine The New Republic (fondé en 1914) dénonçait récemment « une couverture honteuse par les médias des manifestations contre la guerre dans les universités»5.

INCENDIES
DESSIN NESTOR SALAS

MANIFESTANTS PRO-PALESTINIENS
À L'UNIVERSITÉ EMORY EN GÉORGIE
 LE 25 AVRIL 2024
PHOTO ELIJAH NOUVELAGE

La répression de toute activité en solidarité avec les Palestiniens a commencé dès les lendemains des bombardements de Gaza, rappellent huit étudiants de la faculté de droit de l’université Yale6 dans l’hebdomadaire The Nation. Ils affirment que plusieurs grands cabinets d’avocats américains ont exclu de leurs offres d’emploi les candidats ayant exprimé des vues pro-palestiniennes. À Berkeley, le recteur de la faculté de droit a voulu interdire tout débat public sur la question palestinienne tant que la totalité de son université n’aurait pas accepté la légitimité du projet politique sioniste. Dans des établissements de premier plan tels que Yale, Columbia, Brandeis, Rutgers ou Harvard, des mesures interdisant l’expression du soutien aux Palestiniens ont été imposées. À Columbia, le 9 novembre 2023, la participation de Jewish Voices for Peace et de l’association Students for Justice in Palestine a mené à l’annulation d’un débat. Ces interdits se sont multipliés. Les étudiants écrivent:

Si la liberté d’expression doit avoir un sens sur les campus, elle doit inévitablement englober ce qui est controversé, inconfortable et dérangeant. Mais nous assistons à une micro gestion administrative de la liberté d’expression.

« VER DE TERRE »
DESSIN NESTOR SALAS

Cependant, on assiste désormais à un net recul de la capacité des soutiens d’Israël à faire taire tout débat sur le sort de Gaza. L’argumentaire assimilant la défense de la cause palestinienne à une forme d’antisémitisme est de plus en plus inopérant, perçu comme une misérable feuille de vigne visant à masquer les crimes israéliens massifs en cours. D’ores et déjà, diverses universités ont passé des accords avec les manifestants afin d’autoriser leurs activités sur les campus.

ÉCHIQUIER 2, « NON A LA GUERRE !»
DESSIN NESTOR SALAS


DES « MESURES LÉGALES EN DEHORS DE LA LOI »

Dans les années 2015-2019, Benyamin Nétanyahou avait créé un ministère des affaires stratégiques doté de moyens financiers conséquents, qui avait pour objectif quasi unique de combattre le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) sur les campus américains. Avec l’aide d’associations locales (souvent liées aux milieux coloniaux israéliens en Cisjordanie), ce ministère a mené la bataille. Elle s’est achevée par une débâcle. Au lieu de disparaître, BDS n’a fait que se renforcer. Aujourd’hui, son poids et celui d’une flopée d’associations estudiantines anticolonialistes — dont celles des étudiants juifs se réclamant de l’antisionisme, du post-sionisme ou de l’a-sionisme — ont crû de manière spectaculaire, tant en nombre d’adhérents que de campus touchés, passant en dix ans de quelques dizaines à plusieurs centaines actuellement.

ÉCHIQUIER
DESSIN NESTOR SALAS


Cette guerre contribue à accroitre fortement la critique et la prise de distance des milieux universitaires, tant à l’égard de la politique que du type d’État qu’Israël représente. Dernier exemple en date : le campement des scientifiques contre le génocide au Massachussetts Institute of Technology (MIT), le plus important institut de recherche scientifique des États-Unis, a demandé à son université de mettre un terme à l’investissement du ministère israélien de la défense (11 millions de dollars, soit 10,21 millions d’euros) dans ses « recherches liées à la guerre », arguant que l’institut « ne reçoit de financement d’aucune autre armée étrangère ». Le groupe rappelle que le MIT avait mis fin à sa collaboration universitaire avec un institut technologique russe juste après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.

Que fait Nétanyahou pour combattre ce qu’il considère comme des « manifestations d’antisémitisme » ? Il constitue une équipe de travail (task force) dirigée par le ministre des affaires étrangères Eli Cohen, elle aussi dotée de moyens conséquents, pour mener un « plan d’action » de « lutte contre l’antisémitisme » sur les campus américains. On y retrouve les mêmes partenaires locaux qu’il y a dix ans, notamment Israel on Campus Coalition, Amcha, Canary Mission, The David Project et d’autres.

Selon ynetnews, le site d’informations du quotidien Yedioth Ahronoth, le plus diffusé en Israël, il s’agit de mener des « opérations politiques et psychologiques » pour « infliger des conséquences économiques et professionnelles aux étudiants antisémites et obliger les universités à les éloigner des campus ». Par « étudiants antisémites », il faut évidemment entendre hostiles à la politique coloniale israélienne.

Un chapitre intitulé « L’axe économique » expose les pressions financières permettant d’amener les responsables universitaires à résipiscence et à briser la carrière des étudiants ou des enseignants récalcitrants. Ce « plan d’action » est très similaire à celui qui a échoué en 2015-2019. Son avenir n’apparait pas plus prometteur. D’après ynetnews, il serait spécifié qu’il « ne doit pas porter la signature d’Israël », et évoque la nécessité de « prendre des mesures légales en dehors de la loi contre les activités et les organisations qui représentent une menace pour les étudiants juifs et israéliens sur les campus ». Le sens de l’expression « mesures légales en dehors de la loi » n’est pas explicité.

Apparaissant de plus en plus comme une tentative d’éluder le débat sur l’avenir de la Palestine, la répression du mouvement estudiantin a causé plus de dégâts que de bénéfices aux soutiens israéliens. Un sondage de la chaîne CNN du 27 avril indiquait que 81 % des Américains de moins de 35 ans désapprouvent la manière dont Joe Biden a soutenu la guerre contre Gaza. L’image de l’État d’Israël se ternit un peu plus chaque jour, aux États-Unis comme ailleurs. Le 7 mai 2024, dans le quotidien El País, l’Espagnole Diana Morant déclarait : « En tant que ministre des universités, je ne peux qu’exprimer ma fierté de voir les étudiants manifester leur pensée critique, l’exercer et la transmettre à la société . »

La journaliste israélienne Dahlia Scheindlin pose la question suivante en titre de son article dans le quotidien Haaretz, le 2 mai : « Israël devient désormais un État paria international. Les Israéliens s’en préoccupent-ils ? ».

Notes : 

  1. Shany Littman, « Where are Israel’s students protesters against the Gaza War ? », Haaretz, 2 mai 2024.
  2. Tony Judt, « Israel : The Alternative », The New York Review of Books, 23 octobre 2003.
  3. Columbia Law Students for Palestine, « From the Encampments : Student Reflections on protests for Palestine », LPE Project, 2 mai 2024.
  4. Peter Beinart, « The campus protests aren’t perfect. And we need them desperately », Jewish Prospects, 28 avril 2024.
  5. Alex Shepard, « The Media’s shameful coverage of the College antiwar protests », The New Republic, 30 avril 2024.
  6. Alaa Hajyahia, « The Student Crackdown didn’t start last week. Months of repression got us here », The Nation, 1er mai 2024.



par SYLVAIN CYPEL

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10 mai, 2024

MOBILISATION. À L’UNIVERSITÉ DE DUBLIN, LES ÉTUDIANTS OBTIENNENT LA RÉVISION DES LIENS AVEC ISRAËL

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LE CAMPEMENT ÉRIGÉ PAR LES ÉTUDIANTS DE TRINITY COLLEGE,
 À DUBLIN, PHOTOGRAPHIÉ ICI LE LUNDI 6 MAI. 
PHOTO DAMIEN EAGERS/REUTERS

GÉOPOLITIQUE : IRLANDE / Mobilisation. À l’université de Dublin, les étudiants obtiennent la révision des liens avec Israël / Le blocus de Trinity College entamé le week-end dernier a été levé mercredi 8 mai après que la direction a accédé à certaines revendications des élèves, parmi lesquelles l’annulation du financement de plusieurs entreprises israéliennes présentes dans les Territoires palestiniens occupés.

Courrier international

Lecture 1 min.

UNIVERSITÉ DE COLOMBIE
 NASER JAFARI

C’est le résultat que les étudiants escomptaient, et il a été obtenu de manière pacifique”, se félicite l’Irish Independent. Trinity College, prestigieuse université de Dublin, a officialisé mercredi 8 mai son désengagement de trois entreprises israéliennes liées aux Territoires palestiniens occupés et financées à travers un fonds de dotation.

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L’établissement a ainsi promis de se retirer dès le mois de juin des trois sociétés, présentes sur la liste noire des Nations unies, puis de mettre en place un groupe de travail chargé d’examiner ses autres investissements en Israël.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

À l’issue de négociations avec des représentants d’élève, la direction s’est également engagée à aider les étudiants gazaouis qui souhaiteraient poursuivre leurs études”, ajoute le quotidien de la capitale irlandaise. “Huit places ont été identifiées, six en master et deux en licence”, précise The Irish Times.

Pertes financières

Ces annonces, “accueillies par des hourras” dans les rangs étudiants, sont venues clore cinq jours de blocus décrété en soutien aux Palestiniens. “Le campus était fermé depuis le week-end en raison de l’érection d’un campement composé de dizaines de tentes”, décrit l’Irish Independent :

“Des drapeaux palestiniens avaient été placés devant la pelouse principale, et, perchés sur les rebords de fenêtres, des étudiants encourageaient les automobilistes à ‘klaxonner pour la Palestine’.”
LE FOLIO 27v CONTIENT LES SYMBOLES DES
QUATRE ÉVANGÉLISTES  (DANS LE SENS DES
AIGUILLES D'UNE MONTRE EN PARTANT DU
 HAUT À GAUCHE) :UN ANGE ( MATTHIEU ),
  UN LION ( MARC ), UN AIGLE ( JEAN ) ET
UN BŒUF ( LUC ).  WIKIMEDIA COMMONS

Le mouvement de protestation, emblématique d’une Irlande résolument propalestinienne, avait surtout conduit à la fermeture de la bibliothèque de Trinity College, attraction touristique phare et manne financière importante pour l’établissement. “Les gens viennent y admirer le Livre de Kells”, un manuscrit médiéval orné de somptueuses enluminures, explique le quotidien le plus lu du pays :

“Rien qu’en 2022, les visites avaient rapporté 17 millions d’euros à l’université.”

Pendant l’été, calcule l’Irish Times, “le Livre de Kells permet à Trinity College d’emmagasiner quelque 350 000 euros par semaine”.

“Maintenant, on nettoie”

D’après la presse irlandaise, la direction de la faculté avait déjà entamé en janvier une réflexion autour de l’accueil d’étudiants de la bande de Gaza, dévastée depuis sept mois par la riposte israélienne aux massacres du 7 octobre perpétrés par le Hamas. “Nous exécrons et condamnons toute forme de violence, y compris les atrocités commises le 7 octobre, les prises d’otages et l’assaut aussi intense que disproportionné en cours”, a soutenu Trinity College dans un communiqué publié mercredi 8 mai.

Maintenant, on nettoie”, a lancé la présidente de l’association des étudiants, Jenny Maguire, en début de soirée. “Quelques minutes seulement après la confirmation des décisions prises par la direction, le démantèlement du camp a commencé dans la bonne humeur, salue l’Irish Independent. Ici, on effaçait les slogans écrits à la craie, là on pliait les tentes.

« Me Gustan los Estudiantes » 

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

Pour écouter cliquez ici ! ]

version d'Ángel Parra 

Une fin de blocus qui tranche avec les scènes observées aux États-Unis et en France, note le quotidien, où les occupations de campus “ont parfois débouché sur des évacuations par les forces de l’ordre et des affrontements”.

Courrier international

Courrier international


09 mai, 2024

EN ARGENTINE , DEUXIÈME GRÈVE GÉNÉRALE CONTRE LE PRÉSIDENT ULTRALIBÉRAL JAVIER MILEI

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LE PRÉSIDENT ARGENTIN, JAVIER MILEI,
 À BUENOS AIRES,  LE 8 MAI 2024.
PHOTO NATACHA PISARENKO / AP
INTERNATIONAL / ARGENTINE / En Argentine , deuxième grève générale contre le président ultralibéral Javier Milei / Cette nouvelle mobilisation contre le programme d’austérité du gouvernement s’annonce plus suivie que celle du 24 janvier. Mais le président Milei compte maintenir le cap, cinq mois après son arrivée au pouvoir.

Le Monde avec l'AFP

LE PRÉSIDENTJAVIER MILEI,
 À BUENOS AIRES, 
 LE 8 MAI 2024.

PHOTO NATACHA PISARENKO

Temps de Lecture 2 min.

Ni train, ni bus, ni métro durant vingt-quatre heures : la capitale argentine, Buenos Aires, devrait sonner creux, jeudi 9 mai, sans une grande partie des 3 millions de personnes qui y transitent chaque jour, la majorité en transports en commun. Quelque 400 vols seront annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

«"Arrête la mai, Milei"
Grève générale»
UNE DE PÁGINA|12
DU 09 05 2024

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Après cinq mois de gouvernance du président Javier Milei, marqués par le lancement d’un programme d’austérité, la deuxième grève générale « contre un ajustement brutal, en défense du droit du travail, syndical, et pour un salaire digne », lancée par plusieurs syndicats, dont la puissante CGT péroniste, s’annonce suivie. Bien plus que celle du 24 janvier (douze heures seulement), un semi-échec raillé par le gouvernement comme la grève « la plus rapide de l’histoire » car annoncée en décembre 2023, dix-huit jours après l’investiture de M. Milei.

Cette fois encore, la présidence argentine dénonce une grève « strictement politique » et des syndicats « battant des records de rapidité et du nombre de grèves », face à un gouvernement « à peine entré en fonctions ». Des syndicats qui vont « à l’encontre de ce que les gens ont voté il y a cinq mois », ajoute-t-elle.

L’impact politique, pourtant, pourrait être moindre que celui des grandes marches pour la défense de l’université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), plus forte mobilisation hostile à M. Milei à ce jour, et « une leçon pour lui : la première fois qu’il a heurté un mur dans l’opinion publique, car ce qui était en jeu était un bien collectif, transversal », estime le politologue Gabriel Vommaro.

Mais, « pour cette raison, cela ne doit pas être surinterprété », s’empresse d’ajouter l’analyste. Car, élu comme un « homme providentiel arrivé pour résoudre des problèmes que les élites d’avant avaient laissé traîner », M. Milei « conserve dans l’opinion des noyaux de soutien indemnes, ou du moins assez solides ».

Une image qui reste positive

De fait, malgré une légère inflexion en avril, plusieurs sondages récents voient M. Milei osciller entre 45 % et 50 % d’image positive – il avait été élu avec 56 % des suffrages exprimés. Une forme de stabilité spectaculaire pour un gouvernant qui a infligé, en peu de mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques « tronçonnées », « l’ajustement le plus grand de l’histoire de l’humanité », comme il aime à le dire.

En plus, « sans pour autant changer sa personnalité et son discours agressif », M. Milei est en train de vivre « un apprentissage politique », considère Rosendo Fraga, politologue de l’Académie des sciences morales et politiques.

À ce titre, l’adoption, à la fin d’avril – du moins à la Chambre basse –, de son train de réformes dérégulatrices, un projet amendé, rétréci, raboté, est « importante » : elle montre un président « plus flexible dans la pratique, assouplissant l’idéologie », et qui « peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force » de trente-sept députés sur 257.

«Le pays à l'arrêt»
UNE DE PÁGINA|12
DU 10 05 2024

Inquiétudes sur « l’après-Milei »

Inflation en décélération (de 25 % pour le seul mois de décembre 2023 à 9 % prédits pour celui d’avril) ou récession inquiétante, avec − 3,2 % de recul d’activité sur un an ? « Exploit historique », dixit le président argentin, d’un budget à l’excédent au premier trimestre, inédit depuis 2008, ou sombre record de la pauvreté (41,7 % officiellement), à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis 2006 ?

Selon qu’ils se focalisent sur l’équilibre des comptes, la baisse du « risque pays », ou sur l’impact microsocial, les pertes d’emplois, opposition et gouvernement s’envoient les indices à la figure : « Sacrifice inutile du peuple », dénonce l’ex-présidente Cristina Kirchner. « Notre plan fonctionne », claironne M. Milei.

Mais des économistes, y compris libéraux, s’inquiètent de « l’après ». « Milei a (…) une seule variable en tête : l’inflation, estime Carlos Rodriguez, économiste, jadis proche du nouveau président. Le plan d’ajustement est simplement de ne rien payer, avec, ces premiers mois, une réduction des coûts dans tous secteurs. Mais je ne vois pas de plan. »

Au-delà de la grève, il est difficile de prédire si c’est la reprise ou le ras-le-bol qui se fera sentir le premier. « La limite à l’ajustement, ce sont les ajustés et leur capacité de résistance qui l’imposent », concède Carlos Heller, un ex-banquier et député d’opposition.

Le Monde avec l'AFP

Le Monde avec l'AFP

DESSIN SERGIO LANGER

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08 mai, 2024

CHILI: 23 ANS DE PRISON POUR HÉCTOR LLAITUL, LE DIRIGEANT D'UNE ORGANISATION RADICALE MAPUCHE

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HÉCTOR LLAITUL
PHOTO JOSÉ CAVIEDES 
Chili: 23 ans de prison pour Héctor Llaitul, le dirigeant d'une organisation radicale mapuche / 
La justice chilienne a condamné mardi Héctor Llaitul, l'un des principaux dirigeants autochtones radicaux mapuches du pays, à 23 ans de prison pour plusieurs attaques contre la police et des entreprises forestières dans leur lutte pour récupérer les «terres ancestrales» autochtones. [ 
Le recours de plus en plus fréquent à « l'état d'exception » /  Le dirigeant mapuche de la CAM, fut condamné en vertu de la loi sur la sécurité de l'État]

RFI

HÉCTOR LLAITUL
PHOTO JOSÉ CAVIEDES 
La décision a été lue par une juge du tribunal de la ville de Temuco, dans le sud du Chili, lors d'une audience virtuelle. «15 ans d'emprisonnement ont été prononcés» pour violation de la loi sur la sûreté de l'État, auxquels s'ajouteront cinq ans pour vol et trois pour atteinte à l'autorité, précise la condamnation.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

04 mai, 2024

LE MOUVEMENT ÉTUDIANT CONTRE LA GUERRE À GAZA SE PROLONGE AUX ÉTATS-UNIS ET S'ÉTEND EN AMÉRIQUE DU NORD

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UNE MANIFESTATION CONTRE LA GUERRE À GAZA SUR LE CAMPUS DE LA
GEORGE WASHINGTON UNIVERSITY, À WASHINGTON, LE 3 MAI 2024
PHOTO SUSAN WALSH

Le mouvement étudiant contre la guerre à Gaza se prolonge aux États-Unis et s'étend en Amérique du Nord / La mobilisation pro-palestinienne dans les universités continue aux États-Unis. C’est le cas par exemple sur le campus de la George Washington University à Washington, après le démantèlement par la police des campements à Columbia et à UCLA. Le mouvement d’occupation des campus s’étend désormais au Canada et au Mexique.

« Me Gustan los Estudiantes » 

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

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version d'Ángel Parra 

RFI

4 mn

«Terre et liberté»
DESSIN JERGE

Le calme règne dans le jardin de la George Washington University à Washington, à moins d’un kilomètre de la Maison-Blanche. Il n’y a pas de slogans, pas de tambours ou de cris dans des mégaphones, mais en quelques jours, le campement s’est étoffé. Il déborde désormais dans la rue qui est fermée à la circulation.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Les policiers ne sont pas équipés de leur matériel anti-émeute. Certains fument même le cigare. On est très loin de la tension et des violences vues à New York et Los Angeles. Ces images ont d’ailleurs choqué les étudiants protestataires comme Kayla.

« C’est vraiment tragique, dit-elle, de voir que dans certains cas, les autorités, les gens qui ont juré de nous protéger, brutalisent nos étudiants ou ne font rien pour les protéger. Et je pense que cela montre tout simplement la complicité de l’Amérique dans la répression et dans cette occupation. Cela montre que nos universités sont tellement liées à ce génocide, qu’elles financent activement, qu’elles sont prêtes à réprimer et à attaquer leurs propres étudiants pour ne pas satisfaire nos revendications. »

Parmi ces revendications, il y a notamment l’abandon des liens financiers entre l’université et des entreprises dont les protestataires considèrent qu’elles participent à la guerre à Gaza. Ils en discutent dans des ateliers organisés sur le campement. Un campement dont l’université a demandé le démantèlement à la police. Mais jusqu’ici, la maire de Washington s’y oppose.

Six campements dans les universités canadiennes

«Sors sur la terrasse et regarde
 le ciel, maman !  nous sommes
 bombardés par l'Iran ! »

DESSIN SERGIO LANGER

Ce mouvement d’occupation des campus pour protester contre l’offensive israélienne à Gaza s’étend désormais au Canada, où l’on compte six campements sur le terrain des universités. Pour l’instant, aucun n’a été démantelé par la police qui assure cependant une surveillance des lieux, rapporte notre correspondante à Québec, Pascale Guéricolas.

Cela fait maintenant une semaine que des étudiants ont dressé une centaine de tentes sur le campus de l’université anglophone McGill à Montréal. Les manifestants réclament de cette institution qu’elle retire ses investissements dans des entreprises d’armement, impliquées dans le conflit à Gaza.

Pour Safia Chabi, une étudiante, qui soutient la cause palestinienne, la réponse de la direction universitaire reste largement insuffisante : « La seule chose que le président de l’université a promise aux étudiants de McGill, c'est qu’ils vont faire un forum pour discuter de ces enjeux après le démantèlement du campement. Certainement, les étudiants ne vont jamais accepter ça. »

UN MANIFESTANT BRANDIT UN DRAPEAU PALESTINIEN SUR
LE CAMPUS DE L'UNIVERSITÉ DE TORONTO, LE 2 MAI 2024.
PHOTO AFP - COLE BURSTON

Après Montréal, les étudiants se mobilisent aussi à l’université de Toronto où l’on retrouve une soixantaine de tentes. Même chose à Vancouver, tout comme à Ottawa. Les étudiants de cette université demandent notamment à se dissocier d’une banque canadienne qui a investi dans une entreprise israélienne d’armement.

Les directions universitaires observent la situation pour le moment, tout comme la police. Le Premier ministre Canadien, Justin Trudeau, a fait remarquer que les universités constituent des lieux de débat, mais que chacun doit s’y sentir en sécurité.

« Me Gustan los Estudiantes »

(J'AIME LES ÉTUDIANTS)

Paroles et Musique de Violeta Parra

Pour écouter cliquez ici ! ]

version de Mercedes Sosa 

Des blocages dans la plus grande université du Mexique

«Wesh Narvalo...cool,
 a-tu de l'herbe ?»
DESSIN SERGIO LANGER

Les étudiants de la prestigieuse Université nationale autonome du Mexique, l’UNAM, participent eux aussi au mouvement de protestation en soutien au peuple palestinien. À Mexico, un campement a été installé devant l'université. Les étudiants demandent l'arrêt de la collaboration de l’établissement d’enseignement supérieur avec des institutions israéliennes, tout comme l'arrêt du soutien du gouvernement mexicain à Israël.

Name Villa del Angel, étudiant en gestion interviewé par Angelica Perez de RFI, dénonce « l’hypocrisie » du gouvernement mexicain qui « émet des critiques sans prendre de mesures sérieuses contre le gouvernement israélien » avec qui il « maintient des relations financières, économiques et institutionnelles permettant le "génocide" à Gaza ». Il déplore aussi la « brutalité policière » des forces de l’ordre envers les organisations étudiantes et indique avoir « lui-même été arrêté lors d’une protestation contre le "génocide" palestinien ».

L'attaque menée par des membres du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1 170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'Agence France-Presse établi à partir de données officielles israéliennes. Durant cette attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l'armée israélienne. L'offensive israélienne lancée en représailles sur la bande de Gaza a fait jusqu'à présent près de 34 700 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.

LES MANIFESTATIONS ÉTUDIANTES
CONTRE LA GUERRE À GAZA DANS LES
UNIVERSITÉS AMÉRICAINES.
DESSIN OUSSAMA HAJJAJ

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