31 mai, 2024

CHILI: NAISSANCE D'UNE ENTREPRISE GÉANTE POUR L'EXPLOITATION DU LITHIUM

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VUE AÉRIENNE DES BASSINS DE SAUMURE ET DES ZONES DE
TRAITEMENT  DE LA MINE DE LITHIUM DE LA SOCIÉTÉ CHILIENNE
SQM (SOCIEDAD QUIMICA MINERA) DANS LE DÉSERT D'ATACAMA,
 À CALAMA, AU CHILI, LE 12 SEPTEMBRE 2022
PHOTO MARTIN BERNETTI

Chili: Naissance d'une entreprise géante pour l'exploitation du lithium /      L'entreprise publique chilienne Codelco, premier producteur mondial de cuivre, et le groupe SQM, l'un des principaux producteurs mondiaux de lithium, ont conclu vendredi un accord donnant naissance à une société géante pour l'exploitation de lithium.

Par Paulina ABRAMOVICH

3 minutes de lecture

Le Chili est le deuxième producteur mondial du précieux métal blanc utilisé notamment pour la fabrication des batteries des voitures électriques et considéré comme essentiel dans la lutte contre les combustibles fossiles responsables du dérèglement climatique.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

Le partenariat vise à développer l'extraction de lithium dans le désert d'Atacama, une plaine brune et rocheuse dans le nord du pays qui dispose des réserves parmi les plus importantes du monde. L'accord, qui court jusqu'en 2060, devrait prendre effet "dans les premiers mois de 2025".

Grâce à cette nouvelle alliance, 300.000 tonnes de lithium supplémentaires viendront s'ajouter jusqu'en 2030 à la production actuelle de SQM (169.000 tonnes en 2023). Ensuite, la production annuelle du groupe devrait se stabiliser entre 280.000 et 300.000 tonnes.

Le projet permettra d'augmenter considérablement la production de lithium du Chili. En 2022, 243.000 tonnes de ce métal souvent qualifié d'"or blanc" ont été produites dans le pays.

Le groupe chinois Tianqi, propriétaire de 22% de SQM, a cependant déposé une demande auprès de la Commission chilienne des marchés financiers pour que l'alliance soit soumise au vote de l'assemblée des actionnaires de la compagnie minière privée.

Le partenariat constitue un élément central de la stratégie nationale pour l'exploitation du métal annoncée il y a un an par le gouvernement de gauche du jeune président Gabriel Boric. Au Chili, seul l'État peut en gérer la production.

Le pays cherche à reprendre la première place mondiale dans la production du métal aussi surnommé le "pétrole du XXIe siècle", qui lui a été ravie par l'Australie en 2016.

Controverse

Il possède les plus grandes réserves de lithium au monde, avec 41% du total, suivi de l'Australie (25,4%), de l'Argentine (9,8%) et de la Chine (6,7%), selon l'Institut géologique américain (USGS).

La société SQM "a l'envergure, l'expérience technique et humaine, les ressources financières et le réseau de commercialisation dont nous avons besoin pour ne pas manquer les opportunités qui nous sont offertes aujourd'hui", assure le président de Codelco, Maximo Pacheco, dans le communiqué annonçant l'alliance.

Vue aérienne des bassins de saumure et des zones de traitement de la mine de lithium de la société chilienne SQM (Sociedad Quimica Minera) dans le désert d'Atacama, à Calama, au Chili, le 12 septembre 2022

VUE AÉRIENNE DES BASSINS DE SAUMURE ET DES ZONES DE
TRAITEMENT  DE LA MINE DE LITHIUM DE LA SOCIÉTÉ CHILIENNE
SQM (SOCIEDAD QUIMICA MINERA) DANS LE DÉSERT D'ATACAMA,
 À CALAMA, AU CHILI, LE 12 SEPTEMBRE 2022
PHOTO MARTIN BERNETTI

Selon la compagnie, cet accord permettra à l'État chilien de recevoir d'ici 2030 environ 70% de la marge d'exploitation de la nouvelle société et, à partir de 2031, plus de 85% de cette marge.

"Qui, au début de ce gouvernement, aurait pu penser qu'avant sa fin, Codelco serait l'une des entreprises leader de la production de lithium dans le monde?", s'est félicité auprès des médias locaux le ministre de l'Economie Nicolas Grau.

Codelco possèdera 50% des actions plus une de la nouvelle société. SQM détiendra la majorité des droits de vote au directoire et décidera de la marche de la société jusqu'en 2031, année à partir de laquelle Codelco deviendra à son tour majoritaire au sein du directoire.

SQM exploite les salines du désert d'Atacama depuis 1993. Son contrat avec l'État devait expirer en 2030.

Ce partenariat suscite cependant la controverse.

Sous la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), SQM a été privatisée et reprise par le gendre du défunt général, Julio Ponce Lerou.

Le groupe a été sanctionné des années plus tard pour ne pas avoir respecté les termes de la concession qui lui avait été octroyée dans le désert d'Atacama et pour avoir financé de manière irrégulière des campagnes politiques.

L'accord signé vendredi interdit à M. Ponce Lerou d'être membre du conseil d'administration de la nouvelle société.

Économie CHILI 

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29 mai, 2024

LE BRÉSIL RAPPELLE SON AMBASSADEUR EN ISRAËL

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L'AMBASSADEUR DU BRÉSIL EN ISRAËL FREDERICO MEYER (AU CENTRE)
 AVEC LE MINISTRE ISRAÉLIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ISRAËL KATZ
(À GAUCHE) AU MÉMORIAL DE LA SHOAH DE YAD VASHEM,
 À JÉRUSALEM, CE 19 FÉVRIER.
PHOTO AHMAD GHARABLI / AF


Le Brésil rappelle son ambassadeur en Israël / Le gouvernement brésilien a rappelé son ambassadeur en Israël et ne nommera personne à ce poste dans l'immédiat, a déclaré mercredi à l'AFP une source diplomatique, nouvel épisode des tensions entre les deux pays liées à la guerre à Gaza.

Par Le Figaro avec l'AFP

«LE CAUCHEMAR DE NETANYAHOU»

L'ambassadeur, Frederico Meyer, avait été initialement rappelé pour des consultations avec son gouvernement, après qu'une crise diplomatique entre Brésil et Israël a éclaté en février au sujet du conflit en cours dans la bande de Gaza. Les conditions n'étaient pas réunies «pour qu'il retourne en Israël», a expliqué la source diplomatique mercredi.

L'IMAGE VIRALE SUR RAFAH POSTÉE SUR INSTAGRAM ET QUI
AVAIT ÉTÉ PARTAGÉE 40 MILLIONS DE FOIS LE 29 MAI 2024.
(CAPTURE ECRAN INSTAGRAM / FRANCEINFO)

Tensions au mois de février

En février, le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva avait provoqué la colère d'Israël en comparant l'offensive israélienne à Gaza et l'extermination des Juifs par les nazis. Il avait été déclaré «persona non grata» par Jérusalem et l'ambassadeur Meyer avait été convoqué pour une réunion au mémorial de la Shoah de Yad Vashem.

Le diplomate brésilien a ensuite été rappelé au Brésil pour consultations, et l'ambassadeur d'Israël à Brasilia a à son tour été convoqué par le chef de la diplomatie brésilienne. La source diplomatique brésilienne a expliqué mercredi que l'«humiliation subie» par M. Meyer à Yad Vashem avait motivé la décision de rappeler définitivement l'ambassadeur. Le chargé d'affaires Fabio Farias sera en charge de la représentation brésilienne à Tel Aviv et Lula ne nommera pas de nouvel ambassadeur dans l'immédiat.

DES FLAMMES ONT ENVAHI UN CAMP DE DÉPLACÉS À RAFAH, DANS 
 LA BANDE DE GAZA, APRÈS UNE FRAPPE ISRAÉLIENNE CE DIMANCHE.
PHOTO REUTERS/REUTERS TV

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28 mai, 2024

ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE RAMONA PARRA


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RAMONA AURELIA PARRA ALARCÓN
PHOTO 
D'IDENTITÉ

98ème ANNIVERSAIRE DE 
LA NAISSANCE DE RAMONA PARRA 
1926 -28 MAI- 2024
FACCIMILÉ CARTE NATIONALE D'IDENTITÉ
Ramona Aurelia Parra Alarcón née à Santiago du Chili le 28 mai 1926 est décédée dans cette même ville le 28 janvier 1946. Ramona fut une jeune travailleuse chilienne, syndicaliste et militante de l’organisation des Jeunesses du Parti communiste. Elle fut assassinée avec cinq autres manifestants, lors de la répression d’un rassemblement de soutien à la grève des travailleurs du salpêtre des Oficinas Mapocho et Humberstone.

Ramona Parra, jeune
étoile illuminée,
Ramona Parra, fragile héroïne,
Ramona Parra, fleur ensanglantée,
amie, notre amie, âme valeureuse,
ô fille exemplaire, guérilléra d’or :
nous jurons sur ton nom de poursuivre la lutte
pour que fleurisse ainsi le sang par toi versé.
(1)

LARREA
[ Pour écouter, cliquez ICI !]
  
« B.R.P. (BRIGADAS RAMONA PARRA) » (VICTOR JARA)  
MUSIQUE CELSO GARRIDO-LECCA, CE TITRE EST EXTRAIT DE L' ALBUM   
« EL DERECHO DE VIVIR EN PAZ »,   
ENREGISTRÉE CHEZ DICAP CHILI (JJL-11) EN 1971.       
LICENCE YOUTUBE STANDARD  DURÉE : 00:03:15 

(1) Pablo Neruda Du Chant général, [1977], page 237. Traduction de l'espagnol par Claude Couffon, 576 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. Collection Poésie/Gallimard (No 182) (1984), Gallimard -poes. ISBN 978-2-07-032247-3.


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RAMONA AURELIA
PARRA ALARCÓN

21 mai, 2024

AGUSTÍN ARTURO PRAT CHACÓN

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AGUSTÍN ARTURO PRAT CHACÓN

 1879 - 21 mai - 2024

Agustín Arturo Prat Chacón, est né le 3 avril 1848 dans la hacienda de San Agustín de Puñual, dans la commune de Ninhue et mort le 21 mai 1879 à Iquique au Pérou à l'époque, annexé par le Chili en 1884, il fut un officier de la marine chilienne.

Wikipédia

BATAILLE NAVALE D'IQUIQUE

Arturo Prat fut tué à la bataille navale d'Iquique peu de temps après avoir abordé le Huáscar, après que le bateau qu'il commande, l’Esmeralda, fut éperonné par le navire péruvien Huáscar, lors de la guerre du Pacifique (1879-1884). Prat, en tant que commandant de bord de l’Esmeralda, est le premier homme à bord du Huáscar.

DESSIN LAUZAN
Avant cette bataille, Prat prend part à plusieurs combats livrés par la marine chilienne, notamment les combats de Papudo (1865) et d'Abtao (1866), pendant la guerre hispano-sud-américaine. Après sa mort, son nom devient un symbole de ralliement pour les forces chiliennes, Arturo Prat est depuis considéré comme un héros national.

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«PRAT GUIDÉ VERS LE SACRIFICE
PAR LE GÉNIE DE LA PATRIE» 1883
TABLEAU DE COSME SAN MARTÍN



CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE L’ESPAGNE ET L’ARGENTINE, APRÈS DES PROPOS DE JAVIER MILEI SUR LA FEMME DE PEDRO SÁNCHEZ

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JAVIER MILEI LORS DE SON DISCOURS CHEZ VIVA 24 
PHOTO CAMARA EUROPA PRESS 

LOGO
LE FIGARO
Crise diplomatique entre l’Espagne et l’Argentine, après des propos de Javier Milei sur la femme de Pedro Sánchez / Le ministre espagnol des Affaires étrangères réclame des «excuses publiques» de la part du président argentin, après qu’il a «insulté» Pedro Sanchez et sa femme, récemment impliquée dans une polémique l’accusant de corruption. [La fachosphère s'amuse]

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Par Le Figaro avec l'AFP

JOSÉ ANTONIO K4ST, LEADER DU PARTI
RÉPUBLICAIN DU CHILI, LORS DE SON
DISCOURS À LA CONVENTION VOX
 EUROPA VIVA 24 CE DIMANCHE
AU PALAIS VISTALEGRE, À MADRID
PHOTO EFE

Le ministre des Affaires étrangères espagnol a annoncé lundi avoir convoqué l'ambassadeur d'Argentine en Espagne après les propos polémiques du président argentin Javier Milei sur l'épouse du Premier ministre Pedro Sánchez, à l'origine depuis dimanche d'une crise diplomatique entre les deux pays.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

«Ce matin même, l'ambassadeur argentin a été convoqué. Je vais lui faire part de la gravité de la situation et je vais exiger à nouveau des excuses publiques de la part de Javier Milei», a déclaré José Manuel Albares sur la radio Cadena Ser.

Interrogé explicitement sur la possibilité d'une rupture des relations diplomatiques si Milei ne s'excusait pas, Albares n'a pas écarté cette éventualité. «Nous ne voulons évidemment pas prendre ces mesures, mais s'il n'y a pas d'excuses publiques, nous le ferons», a-t-il expliqué.

Madrid avait déjà annoncé dimanche le rappel sine die de son ambassadrice en Argentine en réaction à des propos tenus quelques heures plus tôt par Javier Milei à Madrid, lors d'un congrès organisé par le parti d'extrême droite espagnol Vox.

«Une femme corrompue» 

LE LEADER DE VOX, SANTIAGO ABASCAL,
AVEC MARINE LE PEN.
PHOTO GTRES
Le président argentin, coutumier des phrases choc, a attaqué dans ce discours le «socialisme» et les partis de gauche, mais s'en est aussi pris à la femme du Premier ministre, Begoña Sánchez, l'accusant - sans la nommer - d'être «corrompue».
«Très franco»
UNE DE PÁGINA|12
DU 21 05 2024

«Les élites mondiales ne réalisent pas à quel point la mise en application des idées du socialisme peut être destructrice. Elles ne savent pas le type de société et de pays que cela peut produire et le type de gens accrochés au pouvoir et le niveau d'abus que cela peut générer», a-t-il déclaré.

Et d'ajouter: «quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir ».

Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de Sánchez de suspendre toutes ses activités et de se retirer durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture par la justice espagnole d'une enquête préliminaire pour «corruption» contre sa femme.

Buenos Aires a répondu en affirmant que c'était à Pedro Sánchez de s'excuser pour ce que le gouvernement espagnol avait dit sur Javier Milei, accusé notamment par la numéro trois du gouvernement espagnol de semer la «haine».

«Il n'y a aucune excuse à faire. Aucune excuse. Je pense, au contraire, que le gouvernement espagnol devrait présenter des excuses pour ce qu'il a dit de Milei», a affirmé le ministre argentin de l'Intérieur Guillermo Francos, à la chaîne TN.

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euronews
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DESSIN SERGIO LANGER

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LA COLOMBIE SOUTIENT LA DEMANDE DE LA CPI CONCERNANT L’ARRESTATION DE NETANYAHU

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LA COLOMBIE SOUTIENT LA DEMANDE DE LA CPI
CONCERNANT L’ARRESTATION DE NETANYAHU

La Colombie soutient la demande de la CPI concernant l’arrestation de Netanyahu / 
Bogotá, 21 mai 2024. Le Gouvernement colombien a soutenu hier la demande du procureur Karim Khan devant la Cour pénale internationale (CPI) de délivrer un mandat d’arrêt contre les responsables de crimes contre l’humanité présumés à Gaza

Prensa Latina 

La nation sud-américaine s’est félicitée de cette annonce qu’elle a qualifiée de pas dans la bonne direction et d’avancée significative dans la lutte contre l’impunité.

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Selon le communiqué, la Colombie espère que la Chambre de la Cour appelée à statuer sur cette requête se prononcera en faveur de la demande du Procureur.

Hier, Khan a demandé à la Cour d’émettre un mandat d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, ainsi que contre le chef du Hamas, Yahya Sinwar.

Le Procureur a également demandé aux juges l’autorisation de délivrer des mandats d’arrêt contre Mohammed Diab Ibrahim al Masri, connu sous le nom de Deif et commandant des Brigades Al Qassam, branche armée de l’organisation palestinienne, et contre Ismail Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas.

Cette annonce a été critiquée par le gouvernement israélien comme par le Mouvement de résistance islamique.

Abu Zuhri, haut responsable du Hamas, a déclaré que cette décision assimile la victime au bourreau et encourage Israël à poursuivre sa « guerre d’extermination » à Gaza.

peo/oda/Ifs


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18 mai, 2024

COMMÉMORATION DE LA NAISSANCE D'AUGUSTO CESAR SANDINO

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AUGUSTO CESAR SANDINO,
LE GÉNÉRAL DES HOMMES LIBRES
1895 - 18 MAI - 2024
129ème ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE
D'AUGUSTO CESAR SANDINO 

Augusto Nicolás Calderón Sandino, (plus connu comme Augusto César Sandino) né le 18 mai 1895 à Niquinohomo, Nicaragua décédé le 21 février 1934 à Managua, fut un patriote et révolutionnaire nicaraguayen.

« RETRATO DE SANDINO CON SOMBRERO» 
(PORTRAIT DE SANDINO AVEC CHAPEAU) QUILAPAYUN. 
PAROLES DESIDERIO ARENAS, MUSIQUE EDUARDO CARRASCO.
LICENCE YOUTUBE STANDARD 
 
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PHOTO TIME LIFE PICTURES
Héros national, César Augusto Sandino (au centre) a chassé les marines du Nicaragua De 1929 à son assassinat en 1934, il mène avec ses hommes une guérilla contre les soldats américains et la Garde nationale.

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16 mai, 2024

LES PALESTINIENS COMMÉMORENT LE 76ème ANNIVERSAIRE DE LA NAKBA, EN PLEINE GUERRE À GAZA

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DES PALESTINIENS VIVANT EN ISRAËL PARTICIPENT À LA MARCHE
ANNUELLE DU RETOUR POUR MARQUER LE 76E ANNIVERSAIRE DE
LA NAKBA, LA «CATASTROPHE» DE LEUR DÉPOSSESSION MASSIVE LORS
DE LA GUERRE DE 1948 QUI A ENTOURÉ LA CRÉATION D'ISRAËL,
PRÈS DE HAÏFA, DANS LE NORD D'ISRAËL, LE 14 MAI 2024.
PHOTO AMMAR AWAD / REUTERS

Les Palestiniens commémorent le 76ème anniversaire de la Nakba, en pleine guerre à Gaza / Les Palestiniens commémorent, ce mercredi 15 mai, le 76e anniversaire de la Nakba, littéralement « la catastrophe » en arabe. Au lendemain de la création de l’État d’Israël en 1948, quelque 750 000 Palestiniens ont perdu leurs maisons, désormais en territoire israélien. Près de 80% des Gazaouis aujourd’hui sont les descendants de ces déplacés. La guerre actuelle fait craindre aux Palestiniens une nouvelle humiliation et la perte de ce qui leur reste comme territoire.

Avec notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa

Lors de la Nakba en 1948, certains Palestiniens sont partis d’eux-mêmes à cause de la guerre, d’autres ont été chassés de leurs terres par le tout jeune État hébreu. À l’époque, ces derniers ont trouvé refuge dans les pays voisins comme le Liban (lire plus bas), la Syrie, la Jordanie, mais aussi dans l’actuelle Cisjordanie et à Gaza. 

► À lire aussi :       ISRAËL HANTÉ PAR LA NAKBA

Dans son livre Nettoyage ethnique et vol des biens palestiniens à Jérusalem, Ibrahim Matar a répertorié l’ensemble des familles palestiniennes qui ont perdu leurs maisons lors de la création de l’État hébreu. En 1948, Jérusalem est coupée en deux. L’ouest est juif et les Palestiniens sont à l’est, sous administration jordanienne.

« Ici, c’est la maison du grand-père de ma femme. Il était chrétien orthodoxe palestinien. Il a construit cette maison en 1902 », déclare-t-il. Et pourtant ce lieu est à Jérusalem-Ouest, qui est considérée aujourd’hui comme la partie juive de la ville. « Mais la plupart des propriétés de Jérusalem-Ouest appartenaient à des Palestiniens », ajoute-t-il.

« Ce qu’ils ont fait en 1948 se répète à Gaza »

Dans son livre, Ibrahim Matar répertorie photos et documents de propriété à l’appui, la propriété palestinienne de ces maisons. En 1948, certains Palestiniens ont pu rester sur leurs terres devenues israéliennes. Quelques années plus tard, ils seront naturalisés : on les appelle arabes israéliens. Mais eux, préfèrent Palestiniens citoyens d’Israël.

L’État hébreu a également adopté en 1950 la loi des « absents ». Grâce à ce texte, les propriétés des Palestiniens déplacés ont été saisies. Israël a également rasé à l’époque plus de 400 villages palestiniens. « Ce qu’ils ont fait en 1948 se répète à Gaza. Ils détruisent des maisons. C’est un grand crime », témoigne l'historien palestinien.

Depuis le début de la guerre, des ministres israéliens prônent l’exil des Gazaouis. Et les Palestiniens dans toute la région réclament un droit au retour sur leurs terres. Soixante-seize ans après leur départ, certaines familles gardent toujours les clés de leurs maisons perdues.

Au Liban, où vivent encore aujourd’hui plus de 250 000 réfugiés palestiniens, les témoins de la Nakba sont devenus rares avec le temps

Avec notre correspondante à Beyrouth, Laure Stephan

Silhouette menue, Jihad a passé l’essentiel de sa vie dans un minuscule logement, dans le camp de Bourj el-Barajneh, un lacis de ruelles pauvres en lisière de Beyrouth. Mais ses souvenirs d’enfance, en terre palestinienne, ne l’ont pas quittée. Elle les évoque spontanément. « Je suis originaire des environs de Saint-Jean-d’Acre, une belle région, près du Liban. Les gens ont eu peur à cause du massacre de Palestiniens à Deir Yassine. J’avais neuf ans quand nous sommes arrivés au Liban. C’était en 1948. Nous avons d’abord loué dans le sud, près de la frontière, car nous pensions que nous reviendrions peut-être chez nous. Puis, le Liban a fait des camps. Et nous sommes venus dans ce camp », raconte-t-elle.

Le retour espéré sur la terre de sa famille n’a jamais eu lieu. Au Liban, Jihad a connu plusieurs guerres et un quotidien difficile. Comme tant de Palestiniens, cette veuve a vu sa famille dispersée par de nouveaux exils. « Une de mes filles était fiancée et devait partir en Allemagne, il y a longtemps. Mais mon mari est mort et elle est restée avec moi. Deux de mes fils et une autre fille vivent en Allemagne. Ils y sont heureux, et se sont mariés », dit-elle.

À Bourj el-Barajneh, le souvenir de la Nakba commémoré aujourd’hui est particulièrement lourd cette année : Gaza est en ruines. 

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13 mai, 2024

ÉTATS-UNIS. LES ÉTUDIANTS BOUSCULENT LA COMPLICITÉ DES UNIVERSITÉS AVEC ISRAËL

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NEW YORK, 30 AVRIL 2024. DES ÉTUDIANTS PRO-PALESTINIENS
CONTINUENT DE MANIFESTER AVEC UN CAMPEMENT DE
 PROTESTATION SUR LE CAMPUS DE L’UNIVERSITÉ DE COLUMBIA.
PHOTO SPENCER PLATT/ 
GAZA / ISRAËL 2023-2024 / États-Unis. Les étudiants bousculent la complicité des universités avec Israël / Du jamais-vu depuis les années 1970 : malgré les accusations d’antisémitisme et la répression, les étudiants américains se mobilisent en masse, y compris au sein de la communauté juive. Ils réclament notamment l’arrêt des financements de leurs universités par les marchands d’armes servant à massacrer les Palestiniens. Les manifestations sont si importantes que Joe Biden a dû menacer Tel-Aviv de suspendre certaines de ses livraisons d’armes.

par SYLVAIN CYPEL

SYLVAIN CYPEL

shany Littman, journaliste israélienne, s’inquiète : « Où sont les étudiants protestataires israéliens contre la guerre à Gaza ? » Alors que les campus américains s’enflamment, dans les universités israéliennes, c’est le « calme plat »1. En période de préparation des examens, on ne quitte la bibliothèque que pour se sustenter à une terrasse au soleil. Les assassinats massifs de Gazaouis n’intéressent pas les étudiants. Enfin si, note-t-elle : depuis le 7 octobre, la seule manifestation sur un campus a été menée par Im Tirtzou (« si vous le voulez » en hébreu), un mouvement colonial venu exiger l’expulsion des universités de professeurs non conformes à ses vues, en particulier Nadera Shalhoub-Kevorkian, spécialiste des violences familiales et l’une des rares enseignantes palestiniennes de l’université de Jérusalem.

► À penser en dessin : FENÊTRE SUR COUR

« AIDE »
DESSIN NESTOR SALAS

Constatant que les professeurs israéliens se soucient du risque croissant de boycott à leur encontre réclamé par les étudiants américains, Littman estime qu’ils feraient mieux de s’inquiéter de ce qui se passe à Gaza et de se mobiliser « comme à Columbia et à Yale ». Sinon, pourquoi l’académie « ne resterait-elle pas identifiée au gouvernement israélien et à ses politiques destructrices ? », s’interroge-t-elle.

« LE CAUCHEMAR DE NETANYAHOU »
DESSIN NESTOR SALAS

LES GRANDES INDUSTRIES AMÉRICAINES

La mobilisation contre Israël sur les campus états-uniens est inédite depuis celle contre la guerre du Vietnam des années 1970 — à cette différence près qu’à l’époque, des jeunes américains étaient mobilisés et risquaient donc de rentrer morts ou blessés. Cette contestation surgit sur un fond strictement politique : comme l’écrivait il y a plus de vingt ans l’historien anglo-américain Tony Judt, Israël apparait aux manifestants étudiants comme « un anachronisme »2, un État d’un autre temps, à la fois ethniciste et colonial, l’un des derniers de la planète. C’est pour ce motif qu’ils s’insurgent contre ce qu’il advient à Gaza.

PAIX
DESSIN NESTOR SALAS

Ceux qui manifestent exigent une « gestion éthique » des avoirs des universités, en particularité des plus riches. Ainsi, la dotation dont disposait Columbia en 2023 atteignait 13,64 milliards de dollars (12,66 milliards d’euros). Or une partie non négligeable de cet argent est investi dans des portefeuilles d’actions incluant des sociétés de fabrication d’armes et d’autres fournitures qui participent à la colonisation israélienne. Un financement qui a souvent pour contrepartie la présence des dirigeants d’entreprise dans les conseils d’administration des universités privées. Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, siège à celui de l’Université de New York (NYU). Tout comme des dirigeants de sociétés d’armements dans de nombreuses universités.

 « CHAR  »
DESSIN NESTOR SALAS

Résultat : le 17 avril 2024, le comité consultatif de la responsabilité des investisseurs de Yale (ACIR) a annoncé qu’il ne recommanderait pas à ses administrateurs de se priver des fonds des fabricants d’armes américains parce que, selon lui, cette industrie n’a pas « atteint le seuil de ‘‘préjudice social grave”, condition préalable au désinvestissement ». À Gaza, a-t-il estimé, les armes fournies à Israël soutiennent « des utilisations socialement nécessaires, telles que l’application de la loi et la sécurité nationale »3. Un cas parmi d’autres.

« JUSTICE »
DESSIN NESTOR SALAS

Le mouvement engagé concerne donc autant les grandes industries américaines que les universités. En premier lieu parce que les groupes du « secteur militaro-industriel », comme Boeing, Raytheon, Northrop Grumann, Lockheed Martin ou General Dynamics figurent parmi les grands donateurs des universités et les fournisseurs d’emplois de leurs laboratoires. Ces institutions académiques se trouvent ainsi directement intéressées à la poursuite de la livraison gratuite d’armes au pouvoir israélien (pour 4,2 milliards de dollars annuels, soit 3,89 milliards d’euros). L’un des premiers rassemblements étudiants en appui à la cause palestinienne qui a eu lieu le 22 avril à NYU s’est focalisé sur deux exigences : la rupture du rapport financier de l’université avec les fabricants d’armes utilisées par Israël à Gaza, et la fermeture de son campus ouvert à Tel-Aviv, en raison des liens avec la colonisation des territoires palestiniens.


ÊTRE « AMÉRICAINS JUIFS » SANS INTERFÉRENCE D’ISRAËL

Les références les plus souvent utilisées par les étudiants sont la ségrégation raciale aux États-Unis, abolie en 1965, la guerre du Vietnam, perdue en 1975, et l’apartheid sud-africain, aboli en 1990. Autant de situations où l’alliance du colonialisme et du suprémacisme racial a été vaincue. L’État d’Israël leur apparait comme une manifestation tardive, incongrue et inadmissible d’un suprémacisme ethnique là aussi ancré dans un colonialisme initial.


Ces manifestations s’insèrent dans un mouvement de distanciation de la jeunesse vis-à-vis de ce pays qui a commencé dès les années 2000, et dans lequel les jeunes juifs ont joué un rôle important. Cette distanciation n’a fait que croître, le long de deux grandes lignes de force. L’une, politique et minoritaire, est radicalement hostile au caractère colonial de l’État israélien. L’autre, plus communautaire, souligne la volonté de vivre en tant qu’« Américains juifs », sans interférence d’Israël ni soumission à son égard. Les deux apparaissaient aux dirigeants de Tel-Aviv comme une menace pour le sionisme, qui a toujours ambitionné d’être l’unique représentant de la totalité des juifs du monde.


Le phénomène le plus marquant chez les jeunes juifs américains est l’accroissement exponentiel du nombre des adhérents aux organisations antisionistes ou non sionistes qu’a suscité la guerre à Gaza. Une association comme Jewish Voice for Peace, fondée en 1966 et antisioniste assumée, n’avait que très peu d’adhérents et une audience très limitée. La moyenne d’âge de ses adhérents était élevée. Depuis quelques années, elle a vu poindre de jeunes adhérents, et des milliers depuis la guerre à Gaza.


Le cas de la revue Jewish Currents est encore plus spectaculaire. La lettre hebdomadaire de son journal en ligne dirigé par Peter Beinart, un universitaire issu du sionisme qui a publiquement rompu avec cette idéologie en juillet 2020, disposait de 34 000 abonnés à l’automne dernier. En sept mois, leur nombre est passé à 300 000.

Beinart a publié le 28 avril un article en défense des étudiants américains. Son titre dit tout de son contenu : « Les manifestations sur les campus ne sont pas parfaites, mais nous en avons désespérément besoin»4. Il y déplore l’ignorance ou l’outrance de certains manifestants qui s’aventurent sur des terrains fleurant l’antisémitisme, mais il dénonce la menace, beaucoup plus grave à ses yeux, des tentatives permanentes de réduire toute critique de la guerre menée par Israël à une résurgence de l’antisémitisme. Il note en particulier qu’elles émanent souvent de cercles juifs qui, par ailleurs, n’ont aucune réticence à s’acoquiner avec des suprémacistes blancs affichés. Ainsi Beinart écrit :

Le cœur du mouvement en cours est l’exigence de mettre fin à la complicité de l’université et du gouvernement américain avec le système d’oppression d’Israël, qui aujourd’hui culmine dans cet effroyable carnage de la population de Gaza. Cette complicité doit cesser.

ATLAS
DESSIN NESTOR SALAS

HIER HOSTILES, LES MÉDIAS ÉVOLUENT

Dans la phase qui a suivi le massacre du 7 octobre 2023, la quasi-totalité des grands médias américains a basculé dans une rhétorique très favorable à la guerre. Pourtant depuis, certes à des degrés divers, leur regard a évolué au fil des crimes bien plus effroyables encore commis par l’armée israélienne. Lorsque le mouvement en défense des Palestiniens a pris son essor sur les campus, la réaction de ces mêmes médias, là encore, a été globalement très hostile. L’idée systématiquement promue par les partisans de Tel-Aviv selon laquelle les mobilisations étudiantes incarnent une poussée violente d’antisémitisme a été amplement relayée. Le simple usage du mot « intifada » en est devenu une preuve, par exemple.

Avec le temps, cet argumentaire s’est lentement désagrégé. Le vénérable magazine The New Republic (fondé en 1914) dénonçait récemment « une couverture honteuse par les médias des manifestations contre la guerre dans les universités»5.

INCENDIES
DESSIN NESTOR SALAS

MANIFESTANTS PRO-PALESTINIENS
À L'UNIVERSITÉ EMORY EN GÉORGIE
 LE 25 AVRIL 2024
PHOTO ELIJAH NOUVELAGE

La répression de toute activité en solidarité avec les Palestiniens a commencé dès les lendemains des bombardements de Gaza, rappellent huit étudiants de la faculté de droit de l’université Yale6 dans l’hebdomadaire The Nation. Ils affirment que plusieurs grands cabinets d’avocats américains ont exclu de leurs offres d’emploi les candidats ayant exprimé des vues pro-palestiniennes. À Berkeley, le recteur de la faculté de droit a voulu interdire tout débat public sur la question palestinienne tant que la totalité de son université n’aurait pas accepté la légitimité du projet politique sioniste. Dans des établissements de premier plan tels que Yale, Columbia, Brandeis, Rutgers ou Harvard, des mesures interdisant l’expression du soutien aux Palestiniens ont été imposées. À Columbia, le 9 novembre 2023, la participation de Jewish Voices for Peace et de l’association Students for Justice in Palestine a mené à l’annulation d’un débat. Ces interdits se sont multipliés. Les étudiants écrivent:

Si la liberté d’expression doit avoir un sens sur les campus, elle doit inévitablement englober ce qui est controversé, inconfortable et dérangeant. Mais nous assistons à une micro gestion administrative de la liberté d’expression.

« VER DE TERRE »
DESSIN NESTOR SALAS

Cependant, on assiste désormais à un net recul de la capacité des soutiens d’Israël à faire taire tout débat sur le sort de Gaza. L’argumentaire assimilant la défense de la cause palestinienne à une forme d’antisémitisme est de plus en plus inopérant, perçu comme une misérable feuille de vigne visant à masquer les crimes israéliens massifs en cours. D’ores et déjà, diverses universités ont passé des accords avec les manifestants afin d’autoriser leurs activités sur les campus.

ÉCHIQUIER 2, « NON A LA GUERRE !»
DESSIN NESTOR SALAS


DES « MESURES LÉGALES EN DEHORS DE LA LOI »

Dans les années 2015-2019, Benyamin Nétanyahou avait créé un ministère des affaires stratégiques doté de moyens financiers conséquents, qui avait pour objectif quasi unique de combattre le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) sur les campus américains. Avec l’aide d’associations locales (souvent liées aux milieux coloniaux israéliens en Cisjordanie), ce ministère a mené la bataille. Elle s’est achevée par une débâcle. Au lieu de disparaître, BDS n’a fait que se renforcer. Aujourd’hui, son poids et celui d’une flopée d’associations estudiantines anticolonialistes — dont celles des étudiants juifs se réclamant de l’antisionisme, du post-sionisme ou de l’a-sionisme — ont crû de manière spectaculaire, tant en nombre d’adhérents que de campus touchés, passant en dix ans de quelques dizaines à plusieurs centaines actuellement.

ÉCHIQUIER
DESSIN NESTOR SALAS


Cette guerre contribue à accroitre fortement la critique et la prise de distance des milieux universitaires, tant à l’égard de la politique que du type d’État qu’Israël représente. Dernier exemple en date : le campement des scientifiques contre le génocide au Massachussetts Institute of Technology (MIT), le plus important institut de recherche scientifique des États-Unis, a demandé à son université de mettre un terme à l’investissement du ministère israélien de la défense (11 millions de dollars, soit 10,21 millions d’euros) dans ses « recherches liées à la guerre », arguant que l’institut « ne reçoit de financement d’aucune autre armée étrangère ». Le groupe rappelle que le MIT avait mis fin à sa collaboration universitaire avec un institut technologique russe juste après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.

Que fait Nétanyahou pour combattre ce qu’il considère comme des « manifestations d’antisémitisme » ? Il constitue une équipe de travail (task force) dirigée par le ministre des affaires étrangères Eli Cohen, elle aussi dotée de moyens conséquents, pour mener un « plan d’action » de « lutte contre l’antisémitisme » sur les campus américains. On y retrouve les mêmes partenaires locaux qu’il y a dix ans, notamment Israel on Campus Coalition, Amcha, Canary Mission, The David Project et d’autres.

Selon ynetnews, le site d’informations du quotidien Yedioth Ahronoth, le plus diffusé en Israël, il s’agit de mener des « opérations politiques et psychologiques » pour « infliger des conséquences économiques et professionnelles aux étudiants antisémites et obliger les universités à les éloigner des campus ». Par « étudiants antisémites », il faut évidemment entendre hostiles à la politique coloniale israélienne.

Un chapitre intitulé « L’axe économique » expose les pressions financières permettant d’amener les responsables universitaires à résipiscence et à briser la carrière des étudiants ou des enseignants récalcitrants. Ce « plan d’action » est très similaire à celui qui a échoué en 2015-2019. Son avenir n’apparait pas plus prometteur. D’après ynetnews, il serait spécifié qu’il « ne doit pas porter la signature d’Israël », et évoque la nécessité de « prendre des mesures légales en dehors de la loi contre les activités et les organisations qui représentent une menace pour les étudiants juifs et israéliens sur les campus ». Le sens de l’expression « mesures légales en dehors de la loi » n’est pas explicité.

Apparaissant de plus en plus comme une tentative d’éluder le débat sur l’avenir de la Palestine, la répression du mouvement estudiantin a causé plus de dégâts que de bénéfices aux soutiens israéliens. Un sondage de la chaîne CNN du 27 avril indiquait que 81 % des Américains de moins de 35 ans désapprouvent la manière dont Joe Biden a soutenu la guerre contre Gaza. L’image de l’État d’Israël se ternit un peu plus chaque jour, aux États-Unis comme ailleurs. Le 7 mai 2024, dans le quotidien El País, l’Espagnole Diana Morant déclarait : « En tant que ministre des universités, je ne peux qu’exprimer ma fierté de voir les étudiants manifester leur pensée critique, l’exercer et la transmettre à la société . »

La journaliste israélienne Dahlia Scheindlin pose la question suivante en titre de son article dans le quotidien Haaretz, le 2 mai : « Israël devient désormais un État paria international. Les Israéliens s’en préoccupent-ils ? ».

Notes : 

  1. Shany Littman, « Where are Israel’s students protesters against the Gaza War ? », Haaretz, 2 mai 2024.
  2. Tony Judt, « Israel : The Alternative », The New York Review of Books, 23 octobre 2003.
  3. Columbia Law Students for Palestine, « From the Encampments : Student Reflections on protests for Palestine », LPE Project, 2 mai 2024.
  4. Peter Beinart, « The campus protests aren’t perfect. And we need them desperately », Jewish Prospects, 28 avril 2024.
  5. Alex Shepard, « The Media’s shameful coverage of the College antiwar protests », The New Republic, 30 avril 2024.
  6. Alaa Hajyahia, « The Student Crackdown didn’t start last week. Months of repression got us here », The Nation, 1er mai 2024.



par SYLVAIN CYPEL

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