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ANGELA YVONNE DAVIS, NÉE LE 26 JANVIER 1944
À BIRMINGHAM DANS L'ÉTAT DE L' ALABAMA, EST
UNE MILITANTE AMÉRICAINE COMMUNISTE DES
DROITS DE L'HOMME. ANGELA DAVIS EST NÉE
DANS UNE FAMILLE AFRO-AMÉRICAINE HABITANT
L' ALABAMA DES ANNÉES 1940, ALORS QUE L
LA SÉGRÉGATION RACIALE DANS LE SUD DES ÉTATS-UNIS.
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« Free Angela and All Political Prisoners » film qui sort le 3 avril 2013 retrace la période où elle fut traquée par le FBI et emprisonnée. En avant-première, l'héroïne du Black Power se souvient. Témoignage d'une éternelle insoumise.
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Au téléphone depuis San Francisco, sa voix est grave. On l'imagine nimbée d'une coiffure afro et d'un nuage de fumée, gauloise sans filtre aux lèvres. Les années ont beau passer, Angela Davis reste une icône. Révolutionnaire, elle est, aux côtés de Malcolm X et de Martin Luther King, l'une des figures emblématiques du mouvement noir américain. Aujourd'hui, un film retrace l'extraordinaire parcours de celle qui fut l'un des pires cauchemars de l'establishment blanc. Construit autour d'images d'archives et d'interviews, il est le récit palpitant d'une période cruciale du destin des Etats-Unis. En 1970, alors que les émeutes raciales et les lynchages sont légion, Angela, brillante prof de fac de 26 ans, proche des Black Panthers et membre du Parti communiste, est accusée de meurtre dans un attentat visant à libérer des prisonniers politiques noirs.
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ANGELA DAVIS ACCUEILLIE A LA UTE AVEC LE PDT ENRIQUE KIRBERG ET HORTENSIA BUSSI D'ALLENDE EN 1972 |
Quatre personnes, dont un juge, sont tuées. Affichée sur la liste des dix criminels les plus recherchés par le FBI, elle part en cavale. Et devient l'objet d'une vaste machination policière et politique. Après son arrestation, l'opinion publique mondiale se mobilise : les Rolling Stones écrivent pour elle Sweet
Black Angel, John Lennon et Yoko Ono enregistrent la chanson Angela. A Paris, Foucault, Sartre et Aragon manifestent pour obtenir sa libération. A 69 ans, professeur de philosophie à l'Université de Californie à Santa Cruz, Angela Davis, toujours engagée pour la cause des femmes, milite aussi contre la peine de mort et pour les droits des homosexuels. Sa détermination est intacte, son franc-parler aussi.
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LA RÉALISATRICE DE « FREE ANGELA AND
ALL POLITICAL PRISONERS » SHOLA LYNCH,
LES PRODUCTEURS DU DOCUMENTAIRE
WILL SMITH ET JADA PINKETT SMITH
AVEC ANGELA DAVIS.
PHOTO REUTERS
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Ce documentaire revient sur votre activisme dans les années 1970. Qu'avez-vous ressenti en revoyant ces images?
Angela Davis: Certaines images d'archives, que je n'avais jamais voulu voir, ont réveillé en moi une tristesse et une colère indescriptibles : j'ai revu les visages de personnes que j'aimais et qui ont été tuées. J'ai revécu ces moments de terreur. Mais j'ai aussi éprouvé un sentiment de plénitude car je me suis sentie à nouveau connectée à tous ceux qui ont défendu notre cause dans le monde entier. Il est important de rappeler les acquis d'une révolution, sans rien oublier. Barack Obama est certes président, mais le chemin est encore long.
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UNE DU « LIFE MAGAZINE -
ÉTATS-UNIS » DU 11 SEPTEMBRE 1970
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En 1969, doctorat de philosophie en poche, vous devenez prof à l'UCLA, l'université de Californie à Los Angeles, tout en vous déclarant publiquement communiste et membre des Black Panthers. A la demande du gouverneur, Ronald Reagan, vous êtes congédiée. Vous ne vous y attendiez pas?
J'étais sans doute naïve. On m'avait appelée pour enseigner la philosophie marxiste, que j'avais étudiée auprès d'Herbert Marcuse. Et je n'avais jamais caché mon appartenance au Parti communiste! Mais en 1969, Reagan préparait sa candidature à la Maison-Blanche. Il s'est servi de moi pour montrer aux conservateurs qu'il était en mesure d'écraser les activistes de gauche et les Noirs. Quand j'ai été renvoyée, des milliers de personnes ont manifesté contre cette injustice. Je recevais aussi tous les jours des lettres d'insultes comme « Zoulou, retourne en Afrique » et des menaces de mort. J'ai dû acheter des armes pour me protéger.
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ANGELA DAVIS PREND LA PAROLE AU MEETING
DU MOUVEMENT DES DROITS CIVIQUES AUX ÉTATS-UNIS
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Comment a germé votre engagement?
J'ai grandi à Birmingham, en Alabama, dans le Sud, «la ville la plus parfaitement "ségréguée" des Etats-Unis », selon Martin Luther King. Dès mon plus jeune âge, j'ai été confrontée au racisme dans mon quartier, surnommé Dynamite Hill. Mon premier souvenir d'enfance est un bruit de bombe : le Ku Klux Klan faisait régulièrement exploser les maisons des Noirs. Partout, des bus aux églises, des magasins aux toilettes publiques, des pancartes affichaient « White only » et « Colored only ».
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UN JEUNE HOMME, NOIR BOIT À UN DISTRIBUTEUR
D'EAU RÉSERVÉ AUX « GENS DE COULEUR » À UN
TERMINAL DE TRAMWAY EN 1939, À OKLAHOM A CITY.
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Mes parents, enseignants, étaient tous deux activistes communistes. Je me souviens du pistolet de mon père posé sur une table. De ma grand-mère me racontant ses souvenirs de l'esclavage. J'ai voulu fuir cet enfer : en 1958, à 14 ans, j'ai obtenu une bourse pour étudier à New York dans le cadre d'un programme qui aidait des élèves noirs du Sud. C'est alors que je suis devenue membre d'un mouvement de jeunesse communiste, et que toutes les humiliations de mon enfance ont trouvé une explication : l'oppression des Noirs par les Blancs, le mépris et la haine, étaient sous-tendus par un système capitaliste sans pitié qui en tirait des bénéfices. De cette prise de conscience est né mon engagement politique.
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AFFICHE DE L’AVIS DE RECHERCHE DU FBI
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En 1970, on vous accuse injustement, à 26 ans, de meurtre et d'enlèvement. Vous partez en cavale. Pourquoi?
Parce que j'aurais été tuée! J'étais devenue un symbole à détruire. Le FBI avait mis en place des moyens colossaux pour avoir ma peau. Dans des communautés noires, à travers tout le pays, ils ont arrêté des centaines de femmes qui me ressemblaient. Ils ont surveillé sans relâche ma famille et mes amis. Ma photo était affichée dans tout le pays, flanquée de l'inscription « Armée et dangereuse » ! J'ai traversé cinq Etats en me déguisant. J'étais terrifiée. Quand ils m'ont trouvée à New York au bout de deux mois de traque, j'ai été, paradoxalement, soulagée. Même si Nixon avait déclaré à la télé : « Cette arrestation servira d'exemple à tous les terroristes », le pouvoir ne pouvait plus m'éliminer. Ma notoriété s'était renforcée, comme l'attestaient ces pancartes collées sur des milliers de portes : « Angela, notre sœur, tu es la bienvenue dans cette maison. » J'avais donc droit à un procès.