30 septembre, 2006

NATURE

Pascua-Lama est le nom d'une mine dont la construction devrait débuter en 2006. Elle est situé à environ 150 kilomètres au sud-ouest de Vallenar, Chili et à environ 300 kilomètres au nord-ouest de San Juan, Argentine. Il s'agit d'une mine à ciel ouvert située à 4600 mètres d'altitude. Dès 2009, elle devrait produire en moyenne 750 000 onces d'or et 30 million d'onces d'argent par année. La mine devrait avoir une durée de vie de 20 ans. Plusieurs compagnies participent à ce projet dont Barrick Gold du Canada.

Pour pouvoir extraire ces métaux, il est nécessaire de casser, de détruire les glaciers (du jamais vu auparavant dans le monde !) et, d’y faire deux énormes trous aussi grands que Chuquicamata (note du traducteur: soit aussi grand chacun qu’une montagne entiére): l’un sera pour extraire les minéraux, l’autre pour y jeter les déchets (les industries minières ne practiquent pas de recyclage). A découvrir (en Ñ) sur : www.olca.cl www.noapascualama.org et en français sur : www.developpement-durable-lavenir.com ou sur le site de mountain Wilderness : mountainwilderness.org

29 septembre, 2006

Colombie: un premier pas pour la libération des otages

Colombie: le président Uribe fait un premier pas pour la libération des otages

Le président colombien Alvaro Uribe a fait jeudi un premier pas en vue d'un accord humanitaire pour la libération des otages dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, en acceptant l'exigence des guérilleros des FARC de démilitariser deux municipalités.

"Il existe une volonté politique pour effectuer un retrait des troupes (gouvernementales) et s'asseoir pour négocier", a annoncé l'ancien ministre Alvaro Leyva, désigné par le président pour établir un contact avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), la principale guérilla colombienne.

M. Leyva a ajouté qu'Alvaro Uribe retirerait les troupes des municipalités de Florida et de Pradera (sud-ouest-département du Valle del Cauca) qui seront déclarées "zone de rencontre" pendant 45 jours.

La décision présidentielle a été confirmée par le ministre de la Défense Juan Manuel Santos, affirmant qu'il s'agit d'une nouvelle "démonstration pour le pays et la guérilla de la volonté de parvenir à un accord humanitaire".

Depuis des semaines, le chef de l'Etat se heurtait à une très forte résistance de l'armée à cette démilitarisation. "La décision a été prise il y a longtemps, mais l'armée a tout fait pour convaincre le président de renoncer à cette initiative", a révélé à l'AFP Carlos Lozano, le directeur d'un journal communiste impliqué dans les négociations.

"Les militaires activent le conflit dans cette région pour empêcher le gouvernement de retirer ses troupes", affirme l'ancien président Ernesto Samper (1994-98), qui a condamné les bombardements aériens des derniers jours.

"Si personne ne s'oppose à la démilitarisation, je ne vois pas pourquoi cette fois nous ne pourrions pas avancer", a déclaré à l'AFP M. Leyva. "Une fois que le gouvernement a pris la décision politique, l'étape suivante est d'adopter des mesures militaires", a-t-il ajouté.

La guérilla exige, comme préalable à toute négociation pour un échange humanitaire, la démilitarisation des deux municipalités, enclavées dans la cordillère centrale et constituant un couloir d'approvisionnement stratégique.

Les FARC réclament la libération de 500 guérilleros emprisonnés contre celle de 58 otages, des personnalités politiques et militaires dont trois Américains et la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, 44 ans, enlevée le 23 février 2002 alors qu'elle était candidate à l'élection présidentielle.

En mai 2003, M. Uribe, après l'exécution par les FARC de dix de leurs otages, a proposé à la France d'accueillir les rebelles détenus, mais les FARC ont exigé leur libération en Colombie.

Mme Yolanda Pulecio, la mère d'Ingrid Betancourt, a salué la décision de M. Uribe de démilitariser les deux municipalités, qui ravive l'espoir des familles d'otages de la guérilla. "Pour la première fois depuis longtemps, cette nouvelle nous remplit d'espoir", a-t-elle déclaré à l'AFP. "J'espère bientôt pouvoir retrouver ma fille", a-t-elle ajouté.

Depuis plus de quatre ans, le gouvernement et les FARC affirment vouloir négocier, s'efforçant de faire porter au camp adverse la responsabilité de l'échec d'un échange humanitaire en exigeant de nouvelles conditions.

Et certains diplomates européens redoutent qu'en dépit des effets d'annonce du président sur cette démilitarisation, des obstacles soient dressés sur la route d'un accord humanitaire.

Mercredi soir, le président a déjà lancé une mise en garde. "Il ne pourra s'agir d'une zone de refuge pour le crime, ni d'une récupération militaire d'un territoire pour le terrorisme. Ce doit être une zone de rencontre qui prouve aux Colombiens et à la communauté internationale qu'il existe une volonté de parvenir à la paix", a-t-il dit.

La France, la Suisse et l'Espagne avaient proposé le 13 décembre la création d'une zone démilitarisée sous contrôle international pour négocier l'échange, mais les FARC avaient repoussé la proposition, estimant pour des raisons de sécurité qu'une zone démilitarisée de 180 kilomètres carrés serait trop petite.

La démilitarisation totale des communes de Florida et de Pradera concerne 850 kilomètres carrés de territoire.
28/09/2006 - 18:43 Par Jean-Luc PORTE

27 septembre, 2006

Grève de l'éducation

Grève de l'éducation, manifestation et razzia
La présidente chilienne Michelle Bachelet a fait face hier à une importante grève avec de fortes mesures de sécurité. La mobilisation a réuni professeurs, lycéens et étudiants, employés de la santé et des impôts. La journée a été plus tranquille que ce à quoi on s'attendait, mais il y a eu des chocs isolés entre la police et les manifestants et les professeurs ont accusé le gouvernement de vouloir saboter la mobilisation.

Les différents syndicats chiliens ont porté des demandes motivées par les plus de 10.000 millions de dollars d'excédents avec lesquels espère conclure cette année le fisc chilien, appuyés principalement sur la haute valeur atteinte par le cuivre, le principal produit d'exportation du pays. De plus, les professeurs et les étudiants demandent des améliorations structurales dans l'éducation. Malgré les demandes, le gouvernement de Bachelet a remarqué qu'il maintiendra une politique d'austérité fiscale et destinera à l'épargne la majorité des excédents.

L'acte central a été une marche de plus de 4000 manifestants par les rues du centre de Santiago, qui a culminé au Ministère d'Education, à proximité du palais présidentiel de la Moneda. "Cela fut une mobilisation historique, puisqu'ont marché ensemble une grande quantité d'étudiants avec les professeurs", a indiqué Jenny Assael, conseillère du Collège de Professeurs. "Madame la ministre, je voudrais que pour un mois vous viviez avec mon salaire et moi avec le votre", chantaient un groupe de professeurs. "Bachelet, Bachelet, où êtes-vous, on ne vous voit pas !", était un autre des hits.

"Nous sommes le monde social qui est fatigué des luttes partielles et aujourd'hui dit au gouvernement : nous voulons un changement général dans l'éducation", a prévenu Nicolas Grau, le président de la Fédération des Etudiants du Chili (FECH). "L'idée de nous regrouper est de montrer que les secteurs sociaux de l'éducation continuent unis et peuvent influer sur la politique depuis la rue", a-t-il ajouté.

Le gouvernement a fait face à la grève avec un nouveau plan de sécurité, adopté après les troubles de la commémoration du coup d'État du 11 septembre 1973. Aux heures préalables à la grève, a été ordonné le déploiement d'un millier de Carabiniers, pour maintenir l'ordre et éviter que la colonne de la manifestation arrive à La Moneda, dont les alentours ont été fermés par des barrières de sécurité. De plus, la police avait des instructions d'arrêter les personnes masquées et de dissoudre toute tentative d'excès.

Une autre des mesures prises par le gouvernement a été les perquisitions. Le climat qui a précédé la mobilisation s'est tendu le matin, quand des agents des services de renseignement et de la police ont détecté des bombes "molotov" dans quelques demeures. Les agents ont arrêté six personne, y compris un citoyen espagnol, dont l'expulsion du pays a été immédiatement ordonnée par le Ministère de l'Intérieur. A ces découvertes se sont ajoutés un autre "molotov" que la police a trouvé en face du siège du Parti Socialiste (PS) de la présidente Bachelet et l'éclatement d'une bombe de bruit durant la marche. Pour beaucoup, ces supposées découvertes ont été une tentative du gouvernement de saboter la mobilisation. "Ce fut un montage", a affirmé l'analyste Assael dans en dialogue téléphonique avec Página/12. Un autre des éléments qui a apporté une tension a été le changement de parcours de la marche que le gouvernement a imposé au dernier moment et qui a gêné les professeurs.

Cependant la journée a été tranquille. "Nous avons été capables de marcher dignamente et de réclamer au pays et au gouvernement qu'on nous écoute", a indiqué Jorge Pavez, le président du Collège de Professeurs, à la fin de la manifestation. Pavez a ainsi souligné le caractère pacifique de la grève et a demandé aux manifestants de se retirer sans causer de troubles. Bien que durant la marche des incidents n'ont pas été enregistrés, une opération policière a effectué l'arrestation de six étudiants, accusés de porter des armes coupantes, à Santiago, et six autres à Valparaiso.

Comme cela avait eu lieu lors de la grève enseignante du 12 septembre dernier, les chiffres de suivi qu'a publié chaque groupe ont été très différents. La sous-secrétaire d'Education, Pilar Romaguera, a affirmé que les établissements d'enseignement dans le pays ont fonctionné avec normalité et que la grève a eu une adhésion de seulement 24 pour cent. Le Collège des Professeurs a donné un nombre opposé, en affirmant que 80 pour cent des professeurs ont paralisé leurs activités. Pour eux, les attentes se sont vues largement accomplies. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Le gouvernement et le syndicat iront à un nouveau round demain, quand ils reprendront les négociations.

Virginia Scardamaglia, Pagina/12 (Argentine), 27 septembre 2006. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org

Marche convoquée par les enseignants

PHOTO ÁLEX VALDÉS

La marche convoquée par les enseignants s'est déroulée sans incident. Environ trois mille personnes ont pris part à la mobilisation, à laquelle ont adhéré également des étudiants et des travailleurs de la santé.

La manifestation a suivi le parcours tracé par l'Intendance Métropolitaine et a terminé en face du Ministère de l'Éducation, où le président des enseignants, Jorge Pavez, a demandé la dérogation de la Loi Organique Constitutionnelle d'Enseignement (LOCE).

La Loi Organique Constitutionnelle d'Enseignement (LOCE) : est une loi d'éducation promulguée par le dictateur Augusto Pinochet un jour avant de laisser le pouvoir, qui a fait entrer le marché dans l'éducation. La loi a généré des collèges pour pauvres et pour riches, avec des différences importantes dans la qualité de l'éducation et un système de propriétaires privés d'établissements éducatifs qui reçoivent des subventions de l'État mais manquent de contrôles.

Mme Bachelet a annoncé qu'en juillet 2006 elle enverra au Congrès un projet de réforme constitutionnelle pour la dite loi, «qui propose quelque chose d'essentiel, le droit de tout citoyen à une éducation de qualité (...) l'État sera un vrai garant de la qualité de l'éducation publique et privée»

CE QUI EST MIS EN CAUSE DANS LE SYSTEME EDUCATIF CHILIEN

Les lycéens chiliens ont obtenu ce que quatre décennies de gouvernements démocratiques n'ont pas pu : installer la déficience du système éducatif dans l'agenda politique et des médias. La dernière loi du régime de Pinochet a modifié le système en vigueur, en transférant les lycées du Ministère de l'Education Nationale à plus de 200 municipalités de tout le pays, qui de plus ont commencé à implanter un nouveau système de financement via subventions. Le président du Collège de Professeurs, Jorge Pavez, a expliqué qu'avec la Loi Organique Constitutionnelle d'Education (LOCE) s'est imposé un «regard de marché» qui est celui qui est aujourd'hui en échec. Carolina Toha, présidente de la Commission d'Education de la Chambre Basse, a coincidé avec ce questionnement : «Autant cette loi que la Constitution de 1980 protège plus la liberté d'enseignement que le droit de tous les citoyens à l'accès à l'éducation».Pagina/12, 02 juin 2006

PHOTO JUAN EDUARDO LÓPEZ

26 septembre, 2006

BIENTÔT UN PACS AU CHILI?

Un Pacs à la chilienne. Un rêve dans un pays parmi les plus conservateurs et les plus catholiques d'Amérique latine qui pourrait bien devenir réalité. Le Mouvement d'intégration et de libération homosexuelle (Móvilh) a envoyé au gouvernement un projet de «Pacte d'union civile». 

Cette loi, à laquelle le gouvernement s'est dit favorable la semaine dernière, réglerait entre autres les problèmes d'héritage et de retraite des homosexuels et des hétérosexuels en concubinage. 

Soutenue par la gauche, y compris le parti démocrate-chrétien, et le premier parti de droite, Rénovation nationale, cette mesure fait partie des promesses de campagne de la présidente Michelle Bachelet. Si le Pacte d'union civile semble donc en bonne voie, l'Église, très influente au Chili, s'y oppose. Reste donc à voir si les bonnes intentions se concrétiseront.

Copyright tetu.com par Claire Martin

Un squat perquisitionné

Le 26 septembre 2006, la police spéciale chilienne a fait une descente dans un squat chilien d'activité où vivaient 6 personnes. Cette descente intervient juste avant une grande manifestation contre le chômage le même jour. Et peu après les grandes manifestations du 10 et 11 septembre en souvenir de la chute du gouvernement d'Allende en 1973. Or ces manifestations se sont montrées particulierement agitées cette année avec un total de 500 détenus sur tout le pays et de nombreuses confrontations avec la police. Parmi les détenuEs se trouve un barcelonais de la Radio libre Linea 4.

Lors de la perquisition, la police a trouvé quatre cocktails Molotov préparés, des bouteilles vides et de l'essence, de quoi accuser les détenus de possession illicte d'armes. Les chefs d'accusation sont : association illicite, possesion d'armes, vol.

25 septembre, 2006

LES ETATS-UNIS AURAIENT PU ÉVITER LE MEURTRE D'ORLANDO LETELIER

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ORLANDO LETELIER À WASHINGRON DC, 1976. 
PHOTO MARCELO MONTECINO

Nouveaux documents déclassifies.
Archives de Sécurité Nationale de l'Université George Washinton.
The National Security Archive.
Washington, le 20 septembre 2006.

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Pour le 30ème anniversaire du meurtre de l'ex-ambassadeur chilien aux Etats-Unis Orlando Letelier et sa collègue étasunienne Ronni Karpen Moffitt, les Archives de Sécurité Nationale de l'Université George Washington a demandé ce mercredi au gouvernement des Etats-Unis de déclassifier tous les documents sur la participation du général Auguste Pinochet dans l'explosion de la voiture de Letelier le 21 septembre 1976, un des plus retentissants actes de terrorisme qui a eu lieu dans la capitale étasunienne.

Selon Peter Kornbluh, directeur du Projet de Documentation sur le Chili des Archives, "dans l'actuel contexte de la guerre de l'administration américaine contre le terrorisme international, il est important de savoir l'histoire complète des faibles efforts des Etats-Unis pour détecter et dissuader un plan terroriste qui a eu lieu au cœur de Washington, D.C., en 1976".

Des centaines de documents qui impliquent Pinochet pour autoriser et couvrir des crimes pendant l'Opération Condor, ont été déclassifiés pendant l'administration Clinton, mais ont été gelé dans les années 2000 parce qu'elles pourraient servir hypothétiquement de preuves pour une enquête ouverte par le Département de la Justice sur le dictateur Chilien.

Les Archives, une institution académique indépendante, ont dévoilé ce mercredi une note envoyée le 8 octobre 1976 [1] au Secrétaire de État Henry Kissinger, qui fait le compte rendu du rapprochement de la CIA au chef de la police secrète chilien (DINA), Manuel Contreras, pour faire des recherches sur la participation à l'Opération Condor dans l'attentat terroriste du 21 septembre 1976 contre l'ex- ambassadeur chilien, dont les auteurs physiques ont été des anticommunistes cubains sous les ordres de la DINA.

La note secrète a été écrite par le représentant de Kissinger pour l'Amérique latine, Harry Schlaudeman, et on y affirme que Contreras avait nié que "l'Opération Condor ait tout autre but que l'échange d'Intelligence."

Bien que l'attentat ait eu lieu quelques jours avant au centre de Washington DC, la note ne fait aucune référence sur les liens de Contreras avec les meurtriers Letelier et de Moffit, "même si l'administration des Etats-Unis disposait des preuves suffisantes que la DINA chilienne était l'auteur la plus probable du crime", affirme Kornbluh. En 1978, Contreras a été jugé par un tribunal des Etats-Unis pour avoir dirigé l'attaque terroriste.

Parmi les mémorandums dirigés à Kissinger, publiés par les Archives, on trouve une série de documents [2] qui font la lumière sur ce que savait le gouvernement des Etats-Unis sur l'Opération Condor - la collaboration des services secrets de la police du Cône Sud pour enlever, torturer, et assassiner des adversaires durant les années 70, avec l'approbation de Washington - et quelles actions il a mené ou il n'a pas pu mené avant le meurtre Letelier - Moffitt.

Selon Kornbluh, le 23 août 1976 le bureau de Kissinger a envoyé une plainte diplomatique (demarche) [3], soigneusement rédigée, aux ambassadeurs des Etats-Unis au Chili, Argentine, Bolivie, Uruguay et Paraguay, pour la livrer aux gouvernements respectifs, dans laquelle on parle de la connotation publique des meurtres qui se produisaient dans ces pays. Mais le jour suivant, l'ambassadeur des Etats-Unis au Chili, David Popper [4] a répondu qu'il n'allait pas donner la note à Pinochet parce qu' "il peut prendre comme une insulte toute référence qui le lie avec de telles stratégies pour ce type de meurtre". À sa place, Popper a sollicité une autorisation pour l'envoyer au chef du bureau de la CIA au Chili pour converser de cela avec Contreras. Pour des raisons encore ignorées à cause de documents toujours classés, Schlaudeman n'a pas autorisé ce rapprochement jusqu'au 4 octobre, deux semaines après l'attentat contre la voiture de Letelier à Washington.

Pour des raisons aussi "inconnues", le 20 septembre 1976, un jour avant le meurtre de Letelier et Moffitt, Schlaudeman [5]a ordonné à son propre représentant de dire aux ambassadeurs du Cône Sud "de ne pas organiser aucune autre action" - c'est-à-dire, de les critiquer pour les meurtres -, parce que "il n'y a pas eu de rapports dans les dernières semaines qui indiquent l'intention d'activer l'Opération Condor." Dans sa note du 8 octobre à Kissinger [6], relative au mémorandum de la CIA sur la conversation avec Contreras, Schlaudeman il assurait que "le rapprochement avec Contreras me paraît suffisant pour le moment, "parce que "les Chiliens sont le moteur de Condor."

Les archives ont aussi déclassifié une seconde note de Schlaudeman à Kissinger [7] qui rend compte d'un câble de l'ambassadeur des Etats-Unis en Uruguay Ernest Siracusa, où il exprime ses préoccupations sur la tournure terroriste qu'a prise l'Opération Condor. Dans sa note à Kissinger en date du 30 août 1976 [8], Schlaudeman donne à comprendre qu'il connaît parfaitement les plans de l'Opération et assure que : "Nous essayons d'éviter une série de meurtres internationaux qui pourraient faire des dommages sérieux à la réputation des pays impliqués."

Kornbluh juge qu'il est évident que les Etats-Unis en effet avaient des signaux sur les plans de meurtres de l'Opération Condor, où le Chili "était le moteur impulsif", et que ceux-ci apparaissent dans le mémorandum de la CIA qui renvoie la conversation avec Contreras et le câble de Siracusa, documents qui restent censurés par l'actuelle administration des Etats-Unis.

Documents (en Anglais)

Action Mémorandum, Ambassador Harry Schlaudeman to Secretary Kissinger, "Operation Condor," August 30,1976 [9]

Source : Freedom of Information Act request.
[Briefing Mémorandum, Ambassador Harry Schlaudeman to Secretary Kissinger, "Operation Condor," October 8,.1976 [10]

Source : Freedom of Information Act request.
Traduction pour El Correo : Estelle et Carlos Debiasi.


24 septembre, 2006

Ñ - ORLANDO LETELIER

WASHINGTON DC STÈLE POUR HONORER 
LA MÉMOIRE D'ORLANDO LETELIER 
ET DE RONNI KARPEN MOFFITT 
LE 28 OCTOBRE 1998
ORLANDO LETELIER  DANSANT 
« LA CUECA », LE JOUR DE 
L'INDEPENDANCE CHILIENNE, 
WASHINGTON DC, 
18 SEPTEMBRE 1976
À 30 ans d’un crime d’état
Le Rapport Rettig établit catégoriquement qu'Orlando Letelier a été assassiné le 21 septembre 1976 par des agents de la DINA, (Direction du renseignement national. Police politique chargée de la répression durant le régime de Pinochet et dénoncée comme ayant été une véritable Gestapo chilienne...) Source : Rapport de la Commission Nationale Vérité et Réconciliation, Volume I, Volume 2, pág. 863.


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LE 21 SEPTEMBRE 1976, PHOTO DU DOSSIER DES POMPIERS  
LORS QU'ILS ENLÈVENT LES VICTIMES  -ORLANDO LETELIER, 
ANCIEN AMBASSADEUR CHILIEN AU ÉTATS-UNIS ET RONNE 
KARPEN MOFFITT, SA  SECRÉTAIRE- DE LA VOITURE BRISÉE 
PAR L'EXPLOSION D'UNE BOMBE SUR L’« EMBASSY ROW » 
QUARTIER DES AMBASSADES DE WASHINGTON. 
Cérémonie d'hommage à New York pour commémorer les 30 ans du décès de l'ex chancelier Orlando Letelier. Assassiné à Washington en 1976 par des agents de la dictature chilienne.

KISSINGER AURAIT PU ÉVITER L’ASSASSINAT DE LETELIER

Voiture d'Orlando Letelier après l'explosion


NOUVEAUX DOCUMENTS DECLASSIFIES 30 ANS APRES
Des fonctionnaires du gouvernement des Etats-Unis ont eu entre leurs mains la possibilité d’éviter l’assassinat d’Orlando Letelier, mais inexplicablement ils ne l’ont pas fait, selon des documents déclassifiés le mercredi 20 septembre par les Archives nationales de sécurité.

À la veille du 30ème anniversaire de l’attentat terroriste à Washington, où ont perdu la vie l’ex-ministre des Affaires étrangères chilien et sa secrétaire nord-américaine, on a appris que Henry Kissinger, secrétaire d’Etat du gouvernement (secrétaire d'Etat de Richard Nixon de 1973 à 1977) , avait chargé les ambassadeurs dans les pays participant au Plan Condor de demander aux dirigeants l’arrêt des assassinats politiques organisés avec l’aide du général Augusto Pinochet dans le Cône Sud.

Mais l’ordre est resté sans effet le 20 septembre, juste un jour avant que des gangsters cubains et nord-américains comme Michael Townley, Orlando Bosch, Guillermo Novo Sampol et d’autres fassent exploser la bombe de la voiture dans laquelle circulaient Letelier et Ronni Moffitt dans Sheridan Circle, en plein centre de la capitale fédérale du puissant pays.

ORLANDO LETELIER AVEC HENRY KISSINGER
Les archives ont déclassifié un mémorandum à Kissinger qui indique un rapprochement de la CIA, durant les premiers jours d’octobre 76, avec le chef de la police secrète chilienne, le général Manuel Contreras, concernant les complots criminels de l’Opération Condor.

Le mémorandum secret, écrit par Harry Schlaudeman, second de Kissinger, fait apparaître que Contreras avait nié tout autre objectif à l’Opération Condor que celui d’échanger des informations de renseignements. Mais malgré l’énorme répercussion suscitée par l’attentat dans le monde entier, vu qu’ils n’avaient même pas respecté ce sanctuaire sacré, le nom de Contreras n’avait même pas été évoqué, lui qui était considéré comme l’auteur intellectuel le plus probable, à tel point qu’un jury des Etats-Unis l’a accusé en 1978 d’avoir organisé le lâche attentat.

Cependant, quelques jours avant l’attentat, le 23 août de cette année-là, le Bureau de Kissinger avait envoyé un message très prudent aux ambassadeurs des Etats-Unis au Chili, en Argentine, en Bolivie, en Uruguay et au Paraguay, pour qu’ils s’adressent à ces gouvernements afin qu’ils cessent les missions criminelles de l’Opération Condor.Mais le jour suivant l’ambassadeur au Chili, David Popper, a évité de faire les démarches auprès de Pinochet, car celui-ci «pourrait prendre comme une insulte toute allusion à ses liens avec ces complots d’assassinat». A sa place, Popper demandait la permission d’envoyer le chef de la station de la CIA pour parler à Contreras.

L’ambassadeur d’Uruguay, Ernest Siracusa, craignait aussi pour sa sécurité personnelle en «devenant la cible de l’Opération Condor s’il accomplissait la mission diplomatique».Personne apparemment n’a tenté de le rassurer. Au contraire, pour des raisons encore classifiées, ces démarches n’ont pas été autorisées jusqu’au 4 octobre, deux jours après l’explosion de la voiture à Washington, dont Orlando Bosch allait vanter le « succès » pour faire preuve d’optimisme concernant l’opération de l’explosion quelques jours plus tard de l’avion de Cubana.

Au contraire, la veille de l’attentat terroriste, le 20 
À WASHINGTON DC, 21 SEPTEMBRE 1976
septembre 76, Schlademan lui-même a ordonné aux ambassadeurs du Cône Sud de n’entreprendre aucune action pour faire pression afin d’arrêter les assassinats. Il n’est pas besoin d’être très perspicace pour suspecter qu’il s’est passé quelque chose de louche, à tel point que certains documents déclassifiés à l’époque de Clinton, ont été écartés au printemps 2000 par Bush II comme preuve dans une enquête du Département de Justice sur la responsabilité du tyran en retraite.

Peter Komblush, qui dirige les Archives de documentation sur le Projet Chili, en rendant public les documents secrets, a déclaré que beaucoup d’autres n’avaient pas été encore déclassifiés, comme le mémorandum de la CIA sur la conversation avec Contreras.

Le réputé fonctionnaire des Archives nationales de sécurité a exhorté le gouvernement de Bush à déclassifier tous les documents, car «après six ans il est temps d’arrêter cette dissimulation, car bien qu’ils soient maintenant inutilisables pour une accusation légale, les documents peuvent servir comme accusation de l’histoire».

Par GABRIEL MOLINA Granma

22 septembre, 2006

ASSISTANTS CHILIENS AUX COLLÈGES ET LYCÉES FRANÇ

EDUCATION - 100 collèges et lycée français accueillent leurs assistants chiliens Version imprimable

Près de 100 étudiants chiliens viennent de partir en France pour y passer une année scolaire comme assistants d'espagnol. L'excitation rivalisait avec l'angoisse, jeudi dernier, pour leur "despedida" !

Certains auront même manqué les "Fiestas Patrias", déjà partis à Grasse, Lorient ou Versailles. Jusqu'à la fin du mois, les 98 assistants chiliens d'espagnols, cuvée 2006-2007, sont en partance pour des collèges, lycées, voire IUFM (centre de formation des maîtres) de France. Là-bas, pendant six ou neuf mois selon leur contrat, ils auront la mission d'intéresser les élèves à l'espagnol (deuxième langue étudiée en France) et d'en faire une langue "vivante", à raison de 12 heures par semaine. Pour leur "despedida", qui a eu lieu jeudi 14 septembre au lycée St Exupéry de Santiago, mesdames les ministres de l'Education et de la Culture et madame l'Ambassadeur de France avaient fait le déplacement.


Tous contents de leur affectation


Auparavant, dans l'après-midi, ces étudiants - moyenne d'âge 25 ans - regroupés par régions d'accueil, avaient glané des tuyaux auprès des anciens déjà rentrés : "alors là, tu vois, tu prends le RER B jusqu'à Antony et tu changes…" Carte de l'Ile de France en main, le groupe "Paris St-Denis" essayait de trouver ses repères, tandis que chez les "Aix-Marseille Nice" on était plutôt relax sur la géographie : "Digne-les-bains, c'est tout à côté de Marseille, non ?


Les postulants ont dû franchir de nombreuses étapes pendant un an : présentation d'un projet personnel à réaliser en France, recommandation de leurs professeurs à la fac, examen médical, évaluation du niveau d'espagnol écrit et de français oral… Aucun des heureux sélectionnés ne s'est plaint de son affectation. Chacun a émis des vœux lors de sa candidature. Nicole a ainsi obtenu Paris, Ingrid ira à Toulouse, comme elle le souhaitait. Paulina part, elle, au lycée de jeunes filles de "la Légion d'Honneur", à St Denis ; à la porte de Paris, dans un établissement sans problème de discipline et où elle sera logée. Elle s'estime très chanceuse.


Se débrouiller avec 780 euros par mois 


Car avec les 780 euros mensuels alloués par l'Education nationale française (le voyage est payé par le gouvernement chilien), chacun devra se débrouiller. Ceux qui doivent se loger s'attendent à des fins de mois difficiles. Si chacun évoque son projet personnel (développer un atelier de danse, étudier l'accueil des enfants "différents" dans les écoles françaises…) avec l'aisance, leurs attentes sont avant tout d'apprendre le français et de découvrir une autre culture.


Avant leur départ, les préoccupations étaient très concrètes. "Il faut que je demande comment faire pour tous les papiers, le visa, la santé", soupire Maria qui partage une certaine anxiété avec ses compagnons. Selon ce que racontent les "anciens", l'accueil des professeurs sur place est bon, variable, voir maussade. Ils ont le trac, comme avant d'entrer en scène, mais ils ne donneraient leur place pour rien au monde. Et puis, difficile aujourd'hui d'être vraiment isolé : un "blog" sur Internet va même leur permettre de rester en contact entre eux.


Sophie ROUCHON. - Santiago du chili 22 septembre 2006


FÊTE NATIONALE CHILIENNE

Que célèbre-t-on le 18 septembre ?

Depuis quelques jours déjà, les drapeaux chiliens sur les voitures et les maisons nous l'annonçaient, autant que l'effervescence sur les places et les jardins publics : les Fiestas patrias sont revenues !

Le pays entier s'immobilise, façon de parler si l'on pense au déchaînement - courtois - qu'engendre la cueca un peu partout. Donc, lundi 18 et mardi 19 septembre sont fériés. Mais au fait, que célèbre t-on aujourd'hui, en ce jour de fête nationale qui suit d'une semaine un 11 septembre de sinistre mémoire, et nous ne pensons pas précisément à la tragédie new-yorkaise ?

Ce n'est pas vraiment l'indépendance du Chili qui est célébrée le 18 septembre. Ce jour marque plutôt le premier pas décisif du Chili pour se libérer de la couronne d'Espagne. Un processus entamé en 1810 et qui durera huit ans : jusqu'au 12 février 1818, quand Bernardo O'Higgins rencontrera, à Talca, José de San Martín pour signer L'Acta de Juramento de la Independencia, rédigé par Manuel de Salas, Juan Egaña et Miguel Zañartu.

Mais alors le 18 septembre ? Ce jour symbolise l'aboutissement d'une lutte des colonies d'Amérique pour se démarquer de la couronne d'Espagne, notamment en raison de la hausse des impôts qu'elle leur impose, hausse destinée à redorer le blason de la maison Bourbon en déconfiture. Par ailleurs, les colonies américaines profiteront de la pagaille engendrée par l'invasion des troupes de Napoléon dans la péninsule ibérique pour prendre leur indépendance. 

Au Chili, après la mort du gouverneur Luiz Muñoz de Guzmán, c'est Francisco Antonio Garcia Carrasco qui gouverne. Il sera contraint de démissionner en juillet 1810, quand on lui reproche son attitude d'opresseur envers les créoles (criollos = natifs du Chili). 

Le 19 septembre à la gloire de l'armée Mateo de Toro y Zambrano devient chef de la Capitanía General de Chile, le gouvernement colonial. Les criollos le pressent d'organiser un Cabildo (conseil de notables). Il sera composé d'une majorité de criollos et de quelques Espagnols. Réunis précisément le 18 septembre 1810, ils se mettent d'accord très vite pour créer la première junte nationale de gouvernement. 

En 1915, le président Ramón Barros Luco instaure el Día de las Glorias del Ejército (le jour de gloire de l'armée). La date du 19 septembre a été choisie puisque c'est en ce jour que le Chili s'était pour la première fois considéré comme un pays libre, 95 ans plus tôt.

Sophie ROUCHON. Santiago 18 septembre 2006

20 septembre, 2006

56 morts lors des fêtes de l'Indépendance au Chili

Les fêtes de commémoration de l'Indépendance ont fait 56 morts en cinq jours au Chili, pour la plupart victimes d'accidents de la circulation et de bagarres sous l'emprise de l'alcool, a indiqué aujourd'hui la police.

A l'occasion de la journée de l'Indépendance, le 18 septembre, les Chiliens se divertissent plusieurs jours en dansant et en buvant à l'intérieur de "gargottes" improvisées avec des branchages.

La majorité des décès survenus durant les festivités, entre vendredi et mardi, est due à des accidents de la circulation, 14 personnes ayant été tuées au cours de rixes. En 2005, les fêtes avaient occasionné 21 décès, mais l'édition de cette année avait été rallongée en raison de jours fériés.

14 septembre, 2006

Le gaz divise toujours l'Argentine et le Chili

Après l'organisation à Mendoza d'un sommet destiné à resserrer les liens entre l'Argentine et le Chili, le quotidien constate que le problème de l'approvisionnement en gaz continue d'alimenter un différend entre les deux pays. Le gouvernement argentin a annoncé en juillet une forte augmentation (entre 20 et 45 %) du prix du gaz livré au Chili. Selon le journal, l'Argentine a pris cette décision "après que la Bolivie a procédé elle-même à une hausse du prix du combustible qu'elle vend à l'Argentine".
Clarín

LUIS CORVALAN ET SES IDÉAUX COMMUNISTES


BUENOS AIRES, 13 septembre 2006 - RIA Novosti. Luis Corvalán, qui dirigea les communistes chiliens de 1958 à 1989, aura 90 ans jeudi, 14 septembre.
LUIS CORVALAN

Luis Corvalán a adhéré au Parti communiste chilien il y a 74 ans. Cet homme-légende croit toujours aux idéaux communistes et pense que l'effondrement de l'URSS et des pays d'Europe orientale n'est pas un échec ni, à plus forte raison, la fin du socialisme.

"L'effondrement de l'URSS et des pays d'Europe orientale n'est pas du tout synonyme d'échec ni, à fortiori, de mort du socialisme en tant que tel", a déclaré Luis Corvalan à RIA Novosti.

L'ex-secrétaire général du Parti communiste du Chili estime qu'il "s'agit du fiasco d'un certain type de socialisme fortement marqué par le bureaucratisme et qui était coupé du peuple".

"Ce qui s'est produit en Union soviétique, aussi douloureux et tragique cela soit-il, doit finalement être une grande leçon pour l'histoire", a dit Luis Corvalan pour qui la bannière du socialisme continue de flotter sur le monde.

"Je pense que les partisans du modèle socialiste de développement de la société sont nombreux dans le monde. Cela parce que le capitalisme n'est pas capable de régler beaucoup de problèmes sociaux. Ce n'est pas sans raison que nous assistons aujourd'hui à un essor de la lutte contre les tentatives entreprises par les Etats-Unis pour imposer au monde un modèle néolibéral de développement économique et aussi ce que l'on appelle la liberté et la démocratie américaines", pense Luis Corvalan.

Le communiste légendaire a raconté à RIA Novosti que ses idoles étaient Vladimir Lénine, Karl Marx et Friedrich Engels. Et qu'il éprouvait aussi un grand respect pour Fidel Castro et Hugo Chavez.

"Je respecte profondément Fidel Castro qui, malgré l'effondrement de l'Union soviétique et des pays d'Europe orientale, continue de défendre les idéaux socialistes sur l'Ile de la liberté", a déclaré Luis Corvalan.

"J'estime hautement le président vénézuélien, Hugo Chavez. C'est assurément une personnalité brillante. Il est convaincu de la nécessité de procéder à de profondes réformes dans le pays et il les mène malgré la résistance de l'opposition. L'édification du socialisme au Venezuela au XXIe siècle vise à améliorer la vie des couches nécessiteuses de la population", a dit l'ancien dirigeant du Parti communiste du Chili.

Pour Luis Corvalan, l'actuel "virage à gauche" de l'Amérique latine a pour origine le fait que des pays comme le Venezuela, la Bolivie, l'Argentine et l'Uruguay se sont engagés dans la voie du développement indépendant et cherchent à se soustraire au contrôle du voisin nord-américain.

Luis Corvalán, qui à l'époque soviétique était introduit dans les instances supérieures du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, habite avec sa famille une modeste maisonnette à Santiago.

COUVERTURE DE
«LES COMMUNISTES ET LA DÉMOCRATIE»
Il est toujours membre du Comité central du Parti communiste du Chili. C'est vrai que vu son âge et sur recommandation des médecins il ne va plus au-delà des limites de Santiago. Par contre, on le voit souvent dans les manifestations diverses organisées par son parti.

Luis Corvalán a révélé à RIA Novosti qu'il écrivait un livre. Intitulé "Les communistes et la démocratie", il devrait paraître à la fin de l'année.

12 septembre, 2006

Anniversaire d'un autre 11 septembre

Pour son premier anniversaire du coup d'Etat militaire comme présidente, Michelle Bachelet a essayé d'imprimer aux commémorations un climat de réflexion.

Tandis que le gouvernement réalisait un acte aujourd'hui, plus de dix mille personnes ont marché dans les rues de Santiago hier pour rappeller les 3200 morts et 1200 disparus qu'a laissé la longue dictature d'Augusto Pinochet.

La manifestation a fait un de ses arrêts au Palais de La Moneda, où parents et grands-parents ont pu expliquer à leurs enfants et petits-fils ce qui s'est passé il y a 33 ans, le 11 septembre 1973. "Regarde fils, c'est (Salvador) Allende, qui a lutté pour ce qui était juste", a dit un père à son petit de cinq ans qui regardait attentivement le monument du premier dirigeant marxiste (1) qui est parvenu à la présidence par la voie électorale, au Chili et dans le monde.

La massive manifestation a été convoquée, comme tous les ans, par des organisations de défense des droits humains, des groupes sociaux et des partis de gauche. Malgré le message pacifique de ses organisateurs et de la forte présence policière que le gouvernement avait déployée, la journée a été marquée par la violence de pas plus de cent personnes avec visages masqués, qui à deux reprises se sont affrontés aux carabiniers. Les affrontements ont duré presque deux heures au total et trois officiers ont été blessés, selon la police, et près de 30 personnes arrêtées. D'abord, un groupe d'encapuchonnés, supposément un groupe anarchiste, a lancé une bombe incendiaire et quelques bouteilles avec de la peinture contre le Palais de La Moneda. Les attaques se sont étendues à une banque, un local de nourriture et plusieurs arrêts de bus éloignés du siège présidentiel. Après ces incidents, la marche a continué jusqu'au Cimetière Général. Près de là, un groupe d'encapuchonnés a recommencé à faire front aux carabiniers, qui les ont dispersés avec des jets d'eau et des gaz lacrymogènes.

A l'exception de ces chocs, la marche a été ordonnée et pacifique. Des milliers de personnes ont marché avec des drapeaux rouges et des pancartes sur lesquelles elles rappelaient l'ex président Allende et les victimes de la dictature de Pinochet. La grosse colonne de manifestants, composée par des personnes de tous les âges, est partie de la Place centrale Los Heroes, est descendue à La Moneda, pour tout de suite partir vers le Cimetière Général. Là a été réalisé un acte final en face du monument qui rappelle les détenus disparus et les hommes politiques exécutés par le régime de facto.

Après le passage de la colonne par le côté du siège présidentiel, des centaines d'oeillets rouges ornaient la porte du 80 de la rue Morandé, où les militaires ont sortie le cadavre du président ce mardi 11 septembre. Un tissu avec des photographies de certaines de disparus a été placé près de la porte du palais présidentiel. "Cela fait des années que je viens à la manifestation. C'est un rite nécessaire", a expliqué l'une des femmes tandis qu'elle regardait l'édifice dans lequel Allende a résisté pendant ses dernières heures, avec un groupe de compañeros.

La marche d'hier à Santiago a eu pour but non seulement de rappeler les horreurs de la dictature dirigée par Pinochet, mais aussi d'honorer Allende. "Continuez sachant que, plus tôt que tard, ils ouvriront les grandes promenades où l'homme libre passe pour construire une société meilleure." Ce fut la dernière phrase que le mandataire a prononcée ce matin là, avant que la radio qui la transmitait soit bombardée. Hier, des milliers de chiliens ont tenté de faire réalité ce rêve.

1- C'est pour moi une simplification de dire d'Allende qu'il était "marxiste", dans un récent documentaire sur lui ("salvador Allende"), un ami de celui-ci explique quelles furent les diverses influences politiques d'Allende, attribuant une grande importance aux théories anarchistes. (N.d.T.).

Pagina/12 (Argentine), 11 septembre 2006. Traduction : Fab, santelmo@no-log.org

11 septembre, 2006

11 septembre

11 septembre 2001 - New York - États-Unis











Comme chaque année, le printemps austral nous apporte son triste lot de souvenirs, les fléaux de ce 11 septembre, qu’un autre 11 septembre de plus récente mémoire occulte de plus en plus. Serait-ce parce que les Etats Unis passent du rôle de victime à celui, moins présentable, de bourreau ? Bourreau, le mot est inapproprié, il vaudrait mieux parler de conspirateur, de comploteur, de Grand Manitou. Longtemps l’intervention américaine au Chili fut une affaire de faux noms, de versements secrets, de transactions en coulisses. Lorsque les dossiers furent déclassés et l’intervention révélée au grand jour, il était déjà trop tard. C’est une politique où les Etats-Unis excellent, celle du fait accompli.

C'est pourquoi «l’intérêt» de l'administration américaine pour la succession de Fidel Castro à Cuba et les sommes versées aux dissidents (plus de 62,8 millions d’euros) nous rappellent d’étranges souvenirs. Car comme tous les plans américains, celui-ci comporte une annexe secrète «pour des raisons de sécurité nationale » et afin d’assurer sa « réalisation effective».

Quelque soit l'avis que nous avons de Cuba et son processus, nous ne pouvons que nous insurger contre cette nouvelle ingérence, surtout s’agissant d’un pays qui a payé au prix fort son autonomie.

Nous ne souhaitons pas que Cuba connaisse le même sort que le Chili et qu’un nouveau 11 septembre s’abatte sur son peuple. Nous savons où conduit «l’intérêt» que les Etats-Unis portent à l’avenir des peuples.

Dans des conditions semblables, la plupart des interventions américaines en Amérique latine se sont soldées par un recul de la démocratie et des libertés publiques, sans parler des crimes que, malgré le temps écoulé, nous ne pouvons oublier.

L'expérience chilienne du début des années 70 visant à la construction d'une société plus juste par la voie démocratique est pourtant très éloignée de la guerre de guérillas mise en place par les révolutionnaires cubains. Mais il faut croire que les deux menaçaient les «intérêts» américains, lesquels, comme chacun sait, ne connaissent pas de frontière. Souhaitons que la fin ne soit pas la même.
NOLO RIZKÁ
11 septembre 1973 - Santiago du Chili

09 septembre, 2006

L'immunité de Pinochet à nouveau levée

Photo d'archives. REUTERS. Martin Thomas

L'immunité d'Augusto Pinochet à nouveau levée dans une affaire de torture
AP 08.09.2006 22:59

SANTIAGO, Chili (AP)

La cour suprême chilienne a levé vendredi l'immunité de l'ancien dictateur Augusto Pinochet pour une affaire de tortures perpétrées dans le plus connu des centres de détentions de son régime, ce qui ouvre la voie à un procès, selon un responsable de la cour.
Cette affaire, qui porte sur 59 actes d'enlèvements et de tortures commis à la Villa Grimaldi, où l'actuelle présidente chilienne Michelle Bachelet et sa mère ont été retenues, (et torturées début 1975
de partir en exil) constitue la première affaires dans laquelle l'ancien dictateur est poursuivi pour des actes de torture commis sous son régime (1973-90).
Un responsable de la Cour suprême, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a expliqué à l'Associated Press qu'un vote avait décidé la levée de l'immunité d'Augusto Pinochet, âgé de 90 ans. L'annonce officielle ne devrait pas intervenir avant lundi ou mardi, a-t-il précisé.
La décision, qui ne peut faire l'objet d'aucun appel, ouvre la voie à la tenue d'un procès dans cette affaire. Pinochet est déjà mis en examen pour des disparitions commises sous son régime et des faits d'évasion fiscale. Les affaires précédentes n'ont donné lieu à aucun procès en raison de la mauvaise santé de Pinochet: il souffre d'une démence légère, du diabète, d'arthrite et porte un stimulateur cardiaque après plusieurs attaques cardiaques mineures depuis 1998.
Selon le dossier judiciaire, la Villa Grimaldi a été utilisée par la police secrète du régime pour commettre des tortures et même des exécutions. Michelle Bachelet, qui avait alors 22 ans, et sa mère Angela Jeria y ont été détenues et torturées quelques mois après le coup d'état de 1973. AP

Paru dans Le Nouvel Observateur

..."Les pensionnaires de la Villa Grimaldi pourront désormais témoigner", a commenté un chercheur de l'ONg Human Rights Watch, Sebastian Brett, qui a qualifié cette prison de "symbole emblématique de la brutalité du régime Pinochet".
Les autorités chiliennes ont dénombré près de 3.000 cas de torture à l'époque du général Pinochet, qui n'a pas encore été officiellement inculpé pour ce type de crimes.
Pinochet, qui a régné d'une main de fer pendant 17 ans après avoir renversé par la force le président socialiste élu Salvador Allende en 1973, a perdu son immunité judiciaire, privilège accordé aux anciens chefs de l'Etat, dans d'autres affaires de violation des droits de l'homme."

Paru dans La Tribune


Où sont-ils?

Vu dans Graffitti du Chili Les murs parlent


08 septembre, 2006

LE PRÉSIDENT FREI AVAIT-IL ÉTÉ EMPOISONNÉ?


Le dictateur Augusto Pinochet aurait-il fait assassiner l’ex-président chilien Eduardo Frei Montalva ?



après plus de quatre ans d’enquête sur les circonstances de la mort, le 22 janvier 1982, de l’ex-président (démocrate-chrétien, 1964-1970), l’affaire vient de prendre un nouveau tournant et occupe tous les journaux. Reprises par le quotidien La Nación, les récentes déclarations du Dr Augusto Larraín, qui a opéré Eduardo Frei d’une hernie hiatale quelques mois avant sa mort, ont relancé le débat. Le médecin, expert en chirurgie de l’œsophage et proche de la famille, vient de sortir de son silence. “A mon avis, il y a eu un agent chimique externe, mais je ne peux pas dire ce que c’est, ni qui l’a mis, ni comment on l’a mis”, cite le quotidien. La rumeur d’un empoisonnement avait commencé à circuler au lendemain de la mort d’Eduardo Frei, mais n’avait jusqu’ici jamais été confirmée. Et la famille Frei a toujours affirmé que la septicémie généralisée qui a tué l’ex-président était suspecte.


L’ANCIEN CHEF DE L’ÉTAT
EDUARDO FREI MONTALVA
 
L’hypothèse semble d’autant plus envisageable que l’ex-dirigeant est mort au moment même où il commençait à négocier avec l’opposition de gauche pour s’unir contre le dictateur Augusto Pinochet (1973-1990). Le quotidien La Tercera rappelle que le régime d’Augusto Pinochet, qui était à son apogée en 1981, avait expulsé du Chili quatre dirigeants d’opposition. Une émission télévisée nationale a également révélé “un programme présumé de la dictature pour fabriquer des armes bactériologiques et chimiques qui auraient été utilisées pour éliminer des adversaires du régime [de Pinochet]”. Dès 2000, un prêtre avait confié à Carmen Frei, l’une des filles du dirigeant, qu’un ex-agent de la DINA – la police secrète de Pinochet – savait qu’on avait fait assassiner le président. Le FBI a pour sa part indiqué en décembre 2005 que les analyses pratiquées sur le corps du président défunt n’avaient pas révélé la présence d’agents biologiques.

L’affaire est donc loin d’être résolue, mais les partisans de la Démocratie chrétienne (DC) sont sensibles à l’avancée de l’enquête. La Tercera rapporte que, le week-end dernier, des centaines de personnes munies de drapeaux et de photos de l’ex-dirigeant se sont réunies au cimetière pour participer à la procession organisée par la DC en hommage à son ex-numéro un. Lors d’une déclaration, la présidente socialiste Michelle Bachelet s’est pour sa part dite “horrifiée” par ces nouveaux éléments qu’elle a qualifiés d’“extrêmement graves”. Si la thèse de l’assassinat de l’ancien président chilien se confirmait, ce serait un scandale de plus – et non des moindres – sur l’ardoise déjà chargée de Pinochet.
Courrier international - n° 827 - 7 sept. 2006

07 septembre, 2006

À 20 ANS DE L’OPÉRATION XXÈME SIÈCLE

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JOSÉ JOAQUÍN VALENZUELA LEVI 
(SANTIAGO, 1958 - 16 JUIN 1987), 
A ÉTÉ L'UN DES LEADERS DU FPMR, 
IL A COMMANDÉ L'ATTENTAT 
CONTRE AUGUSTO PINOCHET 
EN SEPTEMBRE 1986. IL FUT EXÉCUTÉ 
PAR LA CNI,  (GESTAPO DE PINOCHET) DANS 
« L'OPÉRATION L'ALBANIE » EN JUIN 1987.
Au moment de célébrer les 20 ans de l’acte de dignité patriotique, connu comme l’Opération XXème Siècle, qui cherchait, au moyen d’une embuscade contre le tyran, à en finir avec lui et sa honteuse dictature, nous communistes et rodriguistes militants du Parti Communiste du Chili déclarons ceci :

Nous revendiquons la tentative de tyrannicide comme une action combative légitime et patriotique, de haut contenu éthique et moral, qui cherchait à lever le principal obstacle pour avancer dans la conquête de la démocratie : le tyran Augusto Pinochet Ugarte.

Bien que l’Opération XXème Siècle n’ait pas rempli son objectif – liquider le tyran-, elle a été un coup au cœur du pouvoir dictatorial qui a fini par détruire le mythe de l’invincibilité de la tyrannie et a contribué à remonter le moral et hausser le courage de larges secteurs démocratiques et antidictatoriaux, ce qui a permis d’accélérer la défaite et la fin de la dictature.

L’embuscade tendue au tyran s’est inscrite dans le cadre du développement de la politique des communistes chiliens durant cette période, connue comme la Politique de Rébellion Populaire des Masses. Elle était en accord avec l’hypothèse de la forme la plus probable de la fin de la tyrannie : un Soulèvement National des Masses.


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LE FRENTE PATRIÓTICO MANUEL RODRÍGUEZ ÉTAIT L'AILE MILITAIRE DU PARTI COMMUNISTE CHILIEN, ÉTÉ FONDÉ LE 14 DÉCEMBRE 1983 SOUS LA DICTATURE DE PINOCHET. IL TENTA NOTAMMENT LE TYRANNICIDE DU DICTATEUR EN SEPTEMBRE 1986. LES REPRÉSAILLES DÉCLENCHÉES PAR LE POUVOIR AVAIENT ÉTÉ SANGLANTES : L'ÉTAT DE SIÈGE AVAIT ÉTÉ DÉCRÉTÉ ET DE NOMBREUX MILITANTS DU FPMR ARRÊTÉS OU TUÉS.

Cette action que nous revendiquons fut exécutée en 1986 par des membres du FPMR (Front Patriotique Manuel Rodriguez), création et acquis historique des communistes chiliens et de notre peuple que nous saluons aujourd’hui. Cette année-là se sont livrées de grandes luttes, parmi lesquelles s’est illustrée par son envergure de masse la Grève Nationale des 2 et 3 juillet.

Nous rendons, en la personne de José Joaquin Valenzuela Levy, Commandant «Ernesto», chef du group de patriotes communistes-rodriguistes qui ont tenté d’atteindre le ciel par assaut, un hommage sensible et respectueux à tous ceux qui par leur engagement, leur courage, leur intelligence et leur audace ont su mettre à une place de choix les capacités du peuple dans la lutte contre la dictature pour la liberté, la démocratie et la justice sociale.

Nous rendons hommage à José Carrasco, Abraham Muskablit, Felipe Rivera et Gastón Vidaurrázaga, patriotes lâchement et ignoblement assassinés par la tyrannie après l’embuscade, dans un acte de vengeance aveugle, qui a confirmé la légitimité du tyrannicide afin d’en finir avec les innombrables atteintes, crimes et –aujourd’hui c’est clair- actes de corruption, vols de la richesse nationale, trafic d’armes et de stupéfiants perpétrés par Pinochet et sa famille.

À 20 ans de l’Opération XXème Siècle 

Honneur et gloire à ceux qui avec la raison et la force ont osé.

Honneur et gloire aux patriotes tombés dans la lutte antidictatoriale. 

Avec leur détermination et leur exemple nous vaincrons mille fois.

Parti communiste chilien.
Santiago, le 7 septembre 2006.


Traduction : Briatte-Cartagena