L'immunité d'Augusto Pinochet à nouveau levée dans une affaire de torture
AP 08.09.2006 22:59
SANTIAGO, Chili (AP)
La cour suprême chilienne a levé vendredi l'immunité de l'ancien dictateur Augusto Pinochet pour une affaire de tortures perpétrées dans le plus connu des centres de détentions de son régime, ce qui ouvre la voie à un procès, selon un responsable de la cour.
Cette affaire, qui porte sur 59 actes d'enlèvements et de tortures commis à la Villa Grimaldi, où l'actuelle présidente chilienne Michelle Bachelet et sa mère ont été retenues, (et torturées début 1975 de partir en exil) constitue la première affaires dans laquelle l'ancien dictateur est poursuivi pour des actes de torture commis sous son régime (1973-90).
Un responsable de la Cour suprême, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a expliqué à l'Associated Press qu'un vote avait décidé la levée de l'immunité d'Augusto Pinochet, âgé de 90 ans. L'annonce officielle ne devrait pas intervenir avant lundi ou mardi, a-t-il précisé.
La décision, qui ne peut faire l'objet d'aucun appel, ouvre la voie à la tenue d'un procès dans cette affaire. Pinochet est déjà mis en examen pour des disparitions commises sous son régime et des faits d'évasion fiscale. Les affaires précédentes n'ont donné lieu à aucun procès en raison de la mauvaise santé de Pinochet: il souffre d'une démence légère, du diabète, d'arthrite et porte un stimulateur cardiaque après plusieurs attaques cardiaques mineures depuis 1998.
Selon le dossier judiciaire, la Villa Grimaldi a été utilisée par la police secrète du régime pour commettre des tortures et même des exécutions. Michelle Bachelet, qui avait alors 22 ans, et sa mère Angela Jeria y ont été détenues et torturées quelques mois après le coup d'état de 1973. AP
Paru dans Le Nouvel Observateur
..."Les pensionnaires de la Villa Grimaldi pourront désormais témoigner", a commenté un chercheur de l'ONg Human Rights Watch, Sebastian Brett, qui a qualifié cette prison de "symbole emblématique de la brutalité du régime Pinochet".
Les autorités chiliennes ont dénombré près de 3.000 cas de torture à l'époque du général Pinochet, qui n'a pas encore été officiellement inculpé pour ce type de crimes.
Pinochet, qui a régné d'une main de fer pendant 17 ans après avoir renversé par la force le président socialiste élu Salvador Allende en 1973, a perdu son immunité judiciaire, privilège accordé aux anciens chefs de l'Etat, dans d'autres affaires de violation des droits de l'homme."
Paru dans La Tribune
Où sont-ils?
Vu dans Graffitti du Chili Les murs parlent