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La Convention constituante, issue des aspirations démocratiques chiliennes, va-t-elle devenir leur tombeau ? Huit mois après l’échec de la première Convention – dont le texte fut rejeté par 62% des voix -, l’extrême droite est le grand vainqueur de l’ouverture de ce second chapitre. Dimanche 7 mai, elle a remporté 23 des 51 sièges du nouveau Conseil constituant. Aux côtés des élus de la droite conservatrice, elle recueille plus des 3/5 des votes, obtenant la majorité nécessaire à la rédaction du texte sans négociation avec la gauche. Si l’heure est au statu quo, si les marchés financiers ont d’ores et déjà exprimé leur satisfaction, la situation semble pourtant encore ouverte.
par Jim Delémont
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LE CANDIDAT D’EXTRÊME-DROITE JOSÉ K4ST PENDANT LA CAMPAGNE. © RÉSEAUX SOCIAUX DE JOSÉ ANTONIO K4ST
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Le Chili commence un nouveau processus pour remplacer la Constitution héritée de l’ère Pinochet. Une situation singulière pour le pays qui traverse une période historique inédite, impulsée par le soulèvement populaire d’octobre 2019 et qui a conduit à l’élection du président de gauche Gabriel Boric en décembre 2021. Les débats sur la définition du nouvel organe constituant se sont déroulés dans l’indifférence et la démobilisation populaire. Un désintérêt renforcé par un appareil médiatique qui a fait de l’insécurité et l’affaiblissement du gouvernement les points forts de son agenda. Grand vainqueur de l’élection, le Parti républicain, qui incarne l’extrême-droite héritière de la dictature, remporte 23 des 51 sièges du Conseil constituant.
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LA PLAZA DIGNIDAD, ÉPICENTRE DU SOULÈVEMENT POPULAIRE, DÉSORMAIS DÉSERTÉE, SANTIAGO, FÉVRIER 2023 PHOTO JIM DELÉMONT |
UN PROCESSUS CONSTITUANT DICTÉ PAR LES PARTIS TRADITIONNELS
Alors que la première Convention constituante s’est écroulée sous les critiques en amateurisme, ce second processus frappe par son tournant techniciste. Pour la seconde fois, le pays a été appelé aux urnes pour élire les membres du nouveau Conseil constituant. Cette fois, les travaux de ce dernier seront strictement encadrés. Limités d’abord par le cadre étroit de « l’Accord pour le Chili », ils seront surveillés ensuite par les deux organes « d’experts » institués par le nouveau cadre constituant.
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Avec la volonté d’assurer un équilibre entre les forces politiques, les partis de gauche et de droite se sont équitablement répartis les sièges. On retrouve ainsi de vielles figures d’un personnel politique conservateur, étroitement lié à l’élite politico-financière, qui ont cristallisé son rejet lors du soulèvement populaire.
« L’Accord pour le Chili », dont l’élaboration a été marquée par le poids de la droite conservatrice qui bénéficie de nombreux sièges dans la Chambre des députés et d’une majorité au Sénat, pose douze bases constitutionnelles pour cadrer la rédaction de la nouvelle Constitution. Ainsi, si le premier point institue que le Chili est une République démocratique ou que le troisième rappelle que la « dignité humaine » conditionne la souveraineté – donnant ainsi des assurances constitutionnelles quant au respect de la citoyenneté et des droits humains -, d’autres points limitent la possibilité de débats importants.
La définition de la nation comme « une et indivisible » évacue ainsi les débats, constitutionnels ou législatifs futurs, sur une éventuelle plurinationalité du Chili, mesure qui avait cristallisé les tensions et le rejet de la première Convention. L’existence du Sénat, institution héritée de la dictature que le premier projet de Constitution avait tenté d’éliminer, est constitutionnalisée. Ainsi, cet accord qui contient les fondements du texte constitutionnel futur, émane d’une volonté de faire perdurer le statu quo. Néanmoins – c’est la principale victoire défendue par la gauche -, la page de « l’État subsidiaire » autour duquel le modèle néolibéral chilien s’est construit semble être tournée, avec la mention d’un « État social ». Si celui-là ne se retrouve pas à nouveau limité à ses pures fonctions régaliennes par le Conseil constituant, il rendrait possible des dispositifs législatifs jusqu’alors inconstitutionnel…
Si le caractère paritaire du Conseil constituant a été maintenu, sa composition numérique a été nettement réévaluée. Le nombre d’élus passe ainsi de 154 à 50, deux à cinq sièges étant attribués à chaque région selon un scrutin proportionnel de liste (méthode D’Hondt). Un fonctionnement qui favorise de fait la liste qui arrive en tête, et donc les accords de coalition les plus larges possible. Le siège supplémentaire de représentation des « peuples originaires » porte le total des élus à 51.
Mais l’encadrement du travail constituant se prolonge. Le Conseil constituant est placé sous la tutelle d’une Commission « d’experts », dont les membres sont nommés par le Parlement, et d’un Comité Technique d’Admissibilité, désigné par le Sénat sur proposition de la Chambre des députés. Dès janvier, la Commission d’experts a été désignée pour rédiger un pré-projet de Constitution qui servira de base au travail des constituants. Toujours avec la volonté d’assurer un équilibre entre les forces politiques, les partis de gauche et de droite se sont équitablement répartis les sièges. On retrouve ainsi de vielles figures d’un personnel politique conservateur, étroitement lié à l’élite politico-financière, qui ont cristallisé son rejet lors du soulèvement populaire. Le Comité Technique, quant à lui, interviendra en aval du travail constituant pour s’assurer que les débats et les mesures votées ne sortent pas du cadre prédéfini par l’accord, et arbitrer en cas de querelles politiques.
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GABRIEL BORIC DEVANT SON PUPITRE LORS DE L'ALLOCUTION AU SOIR DES ÉLECTIONS. |
Comme lors de la première Convention, la mobilisation populaire se limite à deux moments : l’élection du Conseil Constituant et l’approbation du texte. L’élection de la première Convention avait néanmoins suscité la surprise par la victoire de nombreuses candidatures indépendantes, qui venaient contrebalancer l’absence de mécanismes populaires de participation au-delà du vote. L’irruption de ces élus étrangers au sérail politique et leurs erreurs – réelles mais amplifiées par un matraquage médiatique brutal – ont alimenté la critique en amateurisme et jeté le discrédit sur les travaux de la Convention. En septembre 2022, alors que l’on débattait des formes à donner au second mouvement constituant, 58% des Chiliens souhaitaient qu’une Convention mixte voit le jour, partagée entre « experts » et élus. Dans le même temps, alors que les partis négociaient les contours du nouveau processus, l’extrême-droite de Kast minait le terrain en plaidant l’inutilité d’un changement de Constitution. Une radicalisation de l’électorat de droite à laquelle le parti Chile Vamos [parti de centre-droit ndlr] a lui-même participé après des mois de campagne contre la première Convention…
Ainsi, le nouveau processus constituant n’a trouvé grâce ni aux yeux de ceux qui ont rejeté le premier projet, ni auprès de ceux qui l’ont approuvé. In fine, ce tournant techniciste a largement échoué dans son entreprise de raviver la confiance des Chiliens. Quelques semaines avant son élection, la méfiance à l’encontre du Conseil constituant atteignait les 63%…
INDIFFÉRENCE ET DÉSENCHANTEMENT POPULAIRE
Une forme d’apathie semble avoir gagné le Chili après deux ans d’ébullition politique. Loin de susciter davantage d’intérêt et des débats de fond, le processus constituant s’est renfermé sur lui-même et la campagne électorale n’a suscité aucun enthousiasme.
Alors qu’à l’issue de l’élection de la première Convention constituante la gauche célébrait une écrasante victoire aux côtés des candidats indépendants, qui lui permettait d’atteindre le seuil inespéré de la majorité des 3/5, l’heure est désormais à la gravité avec l’obtention de 16 des 51 sièges. En s’élançant dans l’élection, tout en se sachant minoritaire, l’exécutif espérait que l’ensemble des élus de gauche et de centre-gauche atteigne les 21 sièges, afin de bénéficier d’un pouvoir de veto et contraindre la droite à la négociation. Malgré une alliance historique où le Parti socialiste chilien a rompu les rangs de ses partenaires traditionnels de centre-gauche pour rejoindre le Frente amplio [coalition dont est issu le président Gabriel Boric ndlr], le Parti communiste chilien et le Parti libéral, l’exécutif n’est pas parvenu à ses fins.
Cette élection est un revers brutal pour la présidence Boric, qui n’est pas parvenue à imposer son propre agenda politique et à apporter des réponses audibles sur les polémiques liées à la sécurité et à l’immigration. Surtout, il s’agit d’une incapacité à entrer en résonance avec les aspirations populaires et à incarner une alternative au système politique traditionnel. Un fait attendu puisque le Président a fait le choix d’une large coalition gouvernementale en attribuant les Ministères clefs et postes importants aux partis traditionnels et discrédités de la « Concertation », qui avaient organisé le partage du pouvoir depuis la fin de la dictature. Les résultats dramatiques aux élections du Conseil Constituant viennent fragiliser davantage Gabriel Boric, alors que débutent les discussions pour taxer l’exportation des produits miniers, l’instauration d’un salaire minimum ou encore la réforme du système de retraites. Autant de sujet pour lesquels les négociations indispensables avec la droite, présente en force à la Chambre des Députés, s’annoncent difficiles et plus longues que prévues.
Par ailleurs, le scrutin de liste permet également d’identifier la répartition des forces au sein des partis de la coalition gouvernementale. Si Convergencia social, le parti présidentiel, talonne de prêt le Parti socialiste chilien, les deux organisations restent loin derrière le Parti communiste chilien qui obtient la première place en terme des voix reçues par ses candidats. Un signal politique qui souligne les aspirations plus radicales d’une part des électeurs de gauche, alors que les communistes se sont fait remarquer par leur posture de plus en plus critique à l’égard de Gabriel Boric, et que Camila Vallejo, Secrétaire générale du gouvernement et membre du Parti, reste une des rares figures montantes de la gauche dont la droite n’est pas parvenue à avoir la tête.
la volonté de défendre un texte constitutionnel minimaliste est une perspective bien accueillie sur les marchés financiers, comme le souligne la banque d’investissement JP Morgan, qui voit dans les événements récents un signal positif pour les investisseurs internationaux.
Si le bloc de gauche ne progresse pas, il préserve globalement sa base électorale. En effet, les voix rassemblées par la gauche et le centre-gauche s’inscrivent dans le sillage des élections précédentes. Mais entre-temps, la participation aux scrutins est devenue obligatoire pour tout citoyen chilien en âge de voter. Une hausse fulgurante des votes qui n’a pas bénéficié à la gauche…
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DIAGRAMME ILLUSTRANT LE RAPPORT ENTRE LE RÉSULTAT DE CHAQUE ET LE NOMBRE DE SIÈGES REMPORTÉS. |
Quant à la possibilité d’une alliance de la gauche avec la droite de Chile Vamos pour bloquer les élus du Parti républicain [parti de droite extrême de Jose Antonio Kast ndlr], elle n’a aucune chance de voir le jour. Outre le fait qu’elle renforcerait le caractère d’outsider du parti d’extrême-droite face à la classe politique, la porosité entre certains membres de la coalition de droite avec le Parti républicain est trop importante. En définitive, la gauche ne peut plus compter que sur la Commission d’experts, où elle dispose de la moitié des sièges, pour pouvoir peser un tant soit peu peser sur la teneur des débats du Conseil constituant. Une marge de manœuvre somme toute limitée, puisque l’ensemble du bloc de droite dispose également à lui seul de la majorité des 2/3, en mesure de balayer les observations des experts. Là où la première Convention constituante avait échoué à maintenir le clivage entre le peuple, qu’elle devait accompagner, face à l’élite soutenue par le système politique, les organisations de gauche ont échoué à réimposer cette ligne de fracture.
EXTRÊME-DROITE ET NOUVELLE CONSTITUTION, DES DESTINS LIÉS
Le dépouillement n’a pas laissé de place au doute. En remportant 23 des 51 sièges du Conseil constituant, l’hégémonie du Parti républicain est sans appel. Non seulement il dépasse largement le seuil qui lui permet d’avoir une force de blocage, mais il rassemble qui plus est 64 % des élus aux côtés de Chile Seguro, coalition de la droite conservatrice. Disposant de 2/3 des élus, la droite est donc en mesure de rédiger le texte constitutionnel sans avoir à négocier avec la gauche. Porté par la dynamique de l’élection présidentielle où José Antonio Kast est arrivé au second tour, le Parti républicain parvient à endosser le leadership conservateur et s’érige comme première force d’opposition. Un glissement vers l’extrême-droite entretenu par une course à la radicalité de Chile Vamos, dont le capital politique est usé par un discrédit durable.
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« CHILI / TRISTE PAYS / FIN » : GRAFFITI DANS LES RUES DE VALPARAÍSO., FÉVRIER 2023 PHOTO JIM DELÉMONT POUR LVSL |
L’avenir de la prochaine Constitution est suspendu aux décisions du Parti républicain, au centre de l’échiquier. Un paradoxe pour ce mouvement qui n’a pas signé l’Accord pour le Chili et s’est rapidement retiré des négociations en s’opposant à la poursuite du processus constituant… Portant un discours ambigu, il affirme pour autant ne pas vouloir boycotter le processus de l’intérieur. Lors de son allocution après la proclamation des résultats, le Président Boric a rappelé d’un ton grave la brutale leçon tirée de la première Convention constituante et a exhorté le Parti républicain à « ne pas être dans la vendetta et à ne pas répéter les mêmes erreurs que la gauche » qui n’a pas négocié avec ceux qui étaient alors minoritaires… Un message entendu et devancé du côté du Parti républicain. Suite aux résultats, sa secrétaire générale, Ruth Hurtado, a déclaré que « l’actuelle Constitution est bonne et doit seulement avoir quelques modifications grâce au dialogue et au travail transversal pour le bien commun et non pour un secteur politique en particulier ».
De son côté, bien que José Antonio Kast ait joué le registre de la gravité et de l’unité pour sortir le pays de l’impasse, il s’agit pour lui d’une consécration. Sa force politique s’impose durablement au cœur des institutions, avec en ligne de mire l’élection présidentielle de 2026. Si la réussite du nouveau processus constituant est entre ses mains, c’est également lui qui endossera la responsabilité en cas d’échec. Le défi est donc de taille pour celui qui, fervent partisan de la Constitution de Pinochet, a dorénavant comme priorité la démonstration qu’il est en mesure de mener à bien un tel processus, et donc de gouverner. On s’en doute, la volonté de défendre un texte constitutionnel minimaliste est une perspective bien accueillie sur les marchés financiers, comme le souligne la banque d’investissement JP Morgan, qui voit dans les événements récents un signal positif pour les investisseurs internationaux.
Pour autant, le large socle électoral dont bénéficie le Parti républicain n’en reste pas moins conjoncturel, fruit d’un contexte marqué par la crise sécuritaire [1], la recherche d’une figure d’autorité et l’expression d’un mécontentement latent.
REJET DU SYSTÈME POLITIQUE ET INSTABILITÉ DES RAPPORTS DE FORCE
Si résultat est éclatant pour le Parti républicain, quatre ans après sa fondation, il ne saurait tôt ou tard échapper au rejet qui a frappé l’ensemble des partis institutionnels, récents ou anciens, de gauche comme de droite. Les résultats du scrutin ne doivent en effet pas tant être lus comme une victoire de l’extrême-droite que comme une défaite généralisée du système politique.
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VESTIGE D’UNE FRESQUE DE LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE CONSTITUANTE LE LONG DU FLEUVE MAPOCHO. SANTIAGO, FÉVRIER 2023, PHOTO JIM DELÉMONT |
Le score réalisé par le Partido de la gente est à ce titre éclairant. Ce parti populiste de droite a créé la surprise lors de l’élection présidentielle en 2021 avec son candidat, Franco Parisi. Au terme d’une campagne articulée autour des réseaux sociaux, perçu comme un outsider antisystème, il s’est hissé en troisième position au premier tour. Il rassemblait alors un groupe électoral associé à celui qui s’était tourné vers les listes indépendantes lors de l’élection de la première Convention, avant que les polémiques ne discréditent ces organisations. Avec l’objectif de catalyser le ras-le-bol contre l’establishment, le Partido de la gente espérait remporter plusieurs sièges au sein du Conseil constituant. Sa campagne marquée par des scandales sur leurs candidats révélés à quelques jours de l’élection ont sapé la crédibilité du parti, qui s’est effondré à 5,4 %. Un véritable repoussoir pour ceux qui y voyaient un vote antisystème et qui ont pu, in fine, reporter leur voix au bénéfice du Parti républicain. Ce groupe électoral est donc volatile et n’est en rien acquis à José Antonio Kast. Et c’est bien autour de ces électeurs qui, élection après élection, cherchent un moyen d’exprimer leur colère et leur exaspération antisystème, que se jouera le rapport de force politique et le devenir du nouveau projet de Constitution.
Le rôle endossé par la droite conservatrice de Chile Vamos peut également devenir un rouage central du Conseil constituant. Bien qu’en perte de vitesse, elle est aussi celle dont ne peut se passer le Parti républicain pour obtenir la majorité des 3/5. Les élus de Chile Vamos sont ainsi en mesure de jouer un rôle pivot, notamment s’ils défendent une perspective de recherche de consensus, y compris avec la gauche minoritaire, pour parvenir un à accord transversal et assurer la réussite du processus. Cependant, face au poids du Parti républicain, le glissement vers l’extrême-droite peut aussi l’emporter et déboucher sur une alliance du bloc conservateur intransigeant avec la gauche.
Enfin – c’est sans doute le phénomène le plus saillant -, cette élection est marquée par un taux historiquement élevé de bulletins nuls qui rassemblent prêt de 17 % des suffrages exprimés, alors qu’il n’était que 1,5 % lors du Référendum de septembre 2022. Les votes blancs connaissent également un sursaut en dépassant 4,5 % des suffrages. Un Chilien sur cinq a donc voté nul ou blanc, soit au total davantage que la troisième liste en tête du scrutin. Un puissant signal électoral qui traduit le rejet d’un processus constituant qui peine à affirmer sa légitimité. Autant d’électeurs qui joueront un rôle clef lors des prochaines échéances, et qui, au-delà des affinités politique, expriment la défiance qui parcourt le pays.
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LE 8 MAI 2023, LA MARCHE LORS DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS DES FEMMES, À SANTIAGO, EST LA SEULE MOBILISATION D’ENVERGURE QUI SE SOIT DÉROULÉE DEPUIS SEPTEMBRE 2022. SANTIAGO, FÉVRIER 2023, JIM DELÉMONT |
Le rejet de la Constitution reste pourtant clair et la volonté d’en changer est durablement enracinée au Chili. Sans doute est-ce là la principale victoire du soulèvement populaire d’octobre 2019. Le 17 décembre 2023 se déroulera le Référendum d’approbation sur le nouveau texte constitutionnel, après six mois de travaux du Conseil constituant.
Alors que le processus constituant devait permettre d’ébaucher une nouvelle organisation de la vie politique, il constitue un nouveau facteur de maintien du statu quo. Pour autant, nul n’a remporté la bataille pour conquérir le sens commun. D’ici le mois de décembre et le projet de Constitution qui sera soumis au référendum, tout semble possible. La tâche est grande pour fournir l’étincelle aux aspirations populaires.
Notes :
[1] Le Chili fait actuellement face à une augmentation de la violence en raison d’une percée du narcotrafic dans le pays. Une crise sécuritaire dont l’extrême droite alimente les relents xénophobes et prospère sur les tensions liées à l’immigration dans le nord du pays.
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