"Arrêter l'invasion de produits manipulés génétiquement". Appel de Greenpeace Chili au Ministre d'Agriculture, Álvaro Rojas, qui a donné le feu vert à la mise en oeuvre de cette technologie à l'entreprise transnationale Monsanto.
La multinationale biotechnologique Monsanto redouble d'effort pour imposer les OGM aux agriculteurs en Amérique latine. Fort de sa grande capacité de lobbying auprès des gouvernements et des instituts de recherche, le leader des semences transgéniques s'applique à mettre en œuvre sa stratégie de déploiement, lui assurant le contrôle du marché semenciers latino américain. Pour atteindre cet objectif, Monsanto varie les approches pour faire pression sur les agriculteurs en supprimant le débat public, et sur les gouvernements en imposant les normes par le biais de la loi.
«La stratégie que suit
Monsanto avec rapidité et habileté est d'imaginer des accords avec les gouvernements et certaines organisations d'agriculteurs. Beaucoup coopèrent et emboîtent le pas au plus gros fabricant de cultures GM (génétiquement modifiées) du monde»
[1]. Après plusieurs échecs, Monsanto se tourne vers le continent sud américain pour y promouvoir la «culture» du génétiquement modifié. Le géant doit faire face à une opinion publique hostile aux OGM, particulièrement en Europe ou aucune étude scientifique n'a pu conclure ni à leur innocuité ni à l'absence de risques sur la biodiversité, ni même à se prononcer sur leurs éventuels Bienfaits.
Monsanto et les gouvernements porte voix
Les alliances gouvernementales sont un point central de la stratégie de Monsanto. Avec l’accord du gouvernement dans des pays où l’opinion publique est mise à l’index, la multinationale a une grande liberté d’action. Au Chili, c’est avec le concours du Ministère de l’Agriculture que la compagnie met en œuvre son plan d’introduction du maïs et du colza transgéniques. « L'initiative bénéficie du soutien total du Ministre de l'Agriculture » rapporte le journal chilien El Mercurio. Au Venezuela, la Commission pour le développement économique de l'Assemblée nationale va entreprendre, sous l’impulsion de Monsanto, une évaluation de la viabilité des plantes transgénique, qui pourrait aboutir à une modification de la loi sur les semences, en faveur du géant américain.
Monsanto, un ami qui vous veut du bien !
Monsanto présente les OGM comme une chance pour l’agriculture des pays qui les adoptent, en leur donnant l’illusion d’avoir été « choisis ». C’est ainsi que le Chili a été « choisi » pour produire des semences de soja sur 20 000 ha de plantations transgéniques. A la grande satisfaction du ministre de l’Agriculture qui se réjouit de ce privilège, le Chili devra faire face à une contamination génétique subventionnée par l’Etat. Au Mexique, Monsanto a créé un fond pour la protection des variétés locales de maïs, en accord avec la Confédération nationale des producteurs de maïs (CNPAMM). La compagnie bienveillante aura ainsi un accès total et sans restriction aux variétés locales, une mine d’information génétique inestimable qu’elle pourra breveté. Les agriculteurs devront ensuite payer pour ces mêmes semences qu’ils ont conservé.
Monsanto ressuscite les fermiers généraux
Avec les semences transgéniques, l’agriculteur se voit non seulement contrait d’acheter les pesticides qui vont avec, mais Monsanto peut lui imposer par contrat l'acheteur de sa récolte, lui interdire de ressemer une partie de sa récolte ou lui imposer le paiement de royalties. Si un champ voisin est contaminé par un transgène de la compagnie, son propriétaire est soumis aux mêmes contraintes sans jamais avoir cultivé d’OGM. Si l’agriculteur refuse de se «soumettre», le géant américain se déguise en collecteur d’impôt, et bat la campagne à la recherche des résistants, pour les contraindre à payer des redevances. En Argentine, Monsanto et des producteurs de semences veulent forcer la main au agriculteurs, en les obligeant à payer des redevances par la signature d’un «contrat de consensus» dénoncé par la Fédération agricole argentine (FAA) [2].
Réactions en chaîne
Association Nationale des femmes rurales et autochtones (Chili) : «L'initiative de
Monsanto est un acte d'agression de plus contre les petits agriculteurs et la santé de tous les Chiliens. Nous informons le public, le parlement chilien et le gouvernement qu'à partir de ce jour nous nous mobiliserons pour empêcher le Chili de devenir un péon de Monsanto. Nous estimons que notre gouvernement devrait s'acquitter de ses obligations de protéger la santé, la production alimentaire, l'environnement et le bien-être des Chiliens, en particulier ceux des secteurs les plus pauvres et les plus vulnérables. De même, nous estimons que le Parlement a le devoir de surveiller les activités du gouvernement et d'empêcher le Ministre de l'Agriculture de soutenir les multinationales dont les actions menacent le bien-être et l'avenir de nous tous. Nous appelons tous les petits agriculteurs et leurs organisations, ainsi que les organisations des mouvements sociaux et les citoyens, à se mobiliser avec nous pour obliger le gouvernement et le parlement à remplir leurs obligations, et à faire pression pour empêcher Monsanto de nous ajouter à la longue liste de pays qu'il a abusés»
[3].
Fédération agricole argentine : «Monsanto s'est une fois de plus opposé à la réglementation des semences transgéniques, en conflit direct avec les institutions responsables de leur réglementation. Au moment même où leurs méthodes sont dénoncées par les agriculteurs, Monsanto, avec un groupe de producteurs de semences, essaie de forcer les agriculteurs à signer un 'contrat de consensus' pour payer les redevances»
[2].
Monsanto avant les OGM
PCB : Au début du 20e siècle Monsanto fabrique des insecticides au PCB (polychlorobiphényl) dans les villes d'East Saint Louis (Illinois) et Times Beach (Missouri). La compagnie assure que le PCB est sans danger et le présente comme un produit révolutionnaire en matière d’isolation électrique et de stabilité thermique. En 1985, la production est interdite lorsqu’il s’avère que le PCB est toxique, sujet à bioaccumulation, et persiste dans l’environnement. Ils est soupçonné d’être cancérigène, et est susceptible de provoquer de sérieux problèmes de santé tels que l'acné (éruption de la peau), l'irritation des voies respiratoires et des maux de tête. Il peut s’accumuler dans la chaîne alimentaire et se retrouvé dans l'homme et les animaux
[4].
Agent Orange : Pendant la Guerre du Vietnam, Monsanto (mais aussi : Dow Chemical, Thompson, Diamond, Hercules, et Uniroyal) fournit à l'armée américaine l'agent orange
[5], un mélange de deux molécules herbicides : l'acide 2,4-dichlorophénoxyacétique (2,4-D) et l'acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T). On a découvert plus tard que la dioxine de Seveso, 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-para-dioxine (TCDD), présente parmi les impuretés dérivant de la fabrication du 2,4,5-T est un poison qui peut être à l'origine de plusieurs sortes de cancers, comme le lymphome non-hodgkinien , la maladie de Hodgkin et la leucémie lymphoïde chronique
[6]. Dès lors, le 2,4,5-T a été interdit dans de nombreux pays.
Bœuf aux hormones : En 1994, la FDA accorde à Monsanto l'autorisation de commercialisation de l'hormone de croissance destinée à accélérer la prise de poids du bœuf. Selon une étude récente publiée dans «Human Reproduction» , et qui a porté sur près de 400 Américains nés entre 1949 et 1983, les garçons dont la mère avait consommé fréquemment du boeuf aux hormones (plus de 7 fois par semaine) avaient un sperme 25% moins riche en spermatozoïdes que la moyenne. En 1988, l'Union européenne avait décrété un embargo sur la viande traitée aux hormones de croissance. Les Etats-Unis et le Canada portaient l'affaire devant l'OMC le 20 mai 1996. Lors du jugement rendu le 16 janvier 1998, l'organe d'appel de l'ORD confirmait la décision de septembre 1997, condamnant l'Union à lever l'embargo, sauf à apporter des preuves scientifiques de la nocivité de la viande aux hormones. Le 12 juillet 1999, l'ORD, qui, dans cette affaire, n'a pas retenu la pertinence du principe de précaution a autorisé les Etats-Unis à taxer des produits européens, pour un montant de 116,8 millions de dollars par an.
RoundUp : En 1998, Monsanto est condamné aux États-Unis pour publicité mensongère concernant la biodégradabilité de son herbicide universel : le RoundUp. En Janvier 2007, c’est au tour du tribunal de Lyon de condamner le géant de l’agrochimie Monsanto pour le même motif. « Avec ses pubs mensongères, Monsanto a favorisé la banalisation de l’usage de ce pesticide, le plus vendu aux jardiniers amateurs … Une banalisation qui se traduit, par le fort taux de pollution des eaux françaises : les deux molécules chimiques issues du Roundup sont détectées respectivement dans 55 % et 35 % des eaux superficielles
[7].
Extraits du jugement n° 0077476 du 26 janvier 2007 : «Attendu que l’utilisation combinée sur les étiquettes et emballages des produits herbicides pour jardins d’amateurs de marque «Roundup» visés à la prévention, des termes et expressions «biodégradable, «laisse le sol propre», «respect de l’environnement», «efficacité et sécurité pour l’environnement», avec parfois l’adjonction d’un logo représentant un oiseau, peut laisser faussement croire au consommateur à l’innocuité totale et immédiate desdits produits par suite d’une dégradation biologique rapide après usage, alors que le glyphosate en constituant la substance chimique active, auquel il est ajouté un surfactant, l’amine polyoxyéthilène, présente une écotoxicité manifeste et ne se dégrade pas rapidement dans la nature, puisque selon les études effectuées par le groupe Monsanto lui-même, un niveau de dégradation biologique de 2 % seulement peut être obtenu après 28 jours».
«Que de même l’affirmation dans deux films TV diffusés au 20 mars au 28 mai 2000 selon laquelle le RoundUp est biodégradable et «laisse le sol propre» après son utilisation, laquelle est effectuée par un chien procédant seul à la pulvérisation du produit sur une plante à détruire, est également de nature à induire en erreur le consommateur sur l’innocuité totale et immédiate du dit produit»
[8].