25 février, 2021

LA HAUSSE DU PRIX DU CUIVRE OUVRE DES «OPPORTUNITÉS» POUR LE CHILI, 1er PRODUCTEUR MONDIAL

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Le prix du cuivre a doublé depuis mars dernier et a atteint ce mercredi sa valeur la plus élevée depuis dix ans, en grande partie grâce aux achats de la Chine, une situation qui ouvre des «opportunités» pour l'économie du Chili, principal producteur du minerai rouge, se réjouit le gouvernement.

Par Le Figaro avec l'AFP 

CAPTURE D'ÉCRAN

Le prix du cuivre a atteint mercredi 4,21 dollars la livre sur le London Metal Exchange, un record depuis août 2011 s'enorgueillit la presse chilienne. Certains analystes estiment désormais que le cuivre pourrait battre dans les semaines à venir des records historiques et se négocier au-dessus de cinq dollars la livre. L'appétit soutenu de la Chine, qui compte à elle seule pour près de la moitié de la demande mondiale, mais également le développement des énergies renouvelables et de la mobilité électrique, qui nécessitent du cuivre, dynamisent ce marché. A ce contexte s'ajoutent l'augmentation des liquidités due aux plans de relance économique pour faire face à la crise consécutive à la pandémie, ainsi que l'affaiblissement du dollar qui fait baisser le prix des matières premières payées en dollars.

Du côté de l'offre, les dernières années ont été caractérisées par une industrie minière avec de faibles niveaux d'investissement, après la fin du «super cycle» entre 2003 et 2013, limitant les projets d'expansion. Un scénario idéal pour le Chili qui assure environ un tiers de l'offre mondiale.

Des opportunités et «plus d'emplois»

Chaque cent de dollar ainsi gagné sur le marché fait empocher au Trésor chilien 22 millions de dollars supplémentaires. Au Chili, l'industrie du cuivre compte pour 10 à 15% du PIB. Cette hausse des prix offre au Chili «des opportunités pour continuer à développer le secteur minier, augmenter sa capacité de production pour répondre à cette hausse attendue de la demande», s'est réjoui le ministre des Mines et de l'Énergie, Juan Carlos Jobet. Pour le ministre des Finances, Rodrigo Cerda, «cela signifie plus d'emplois» après la chute de 6% du PIB en 2020 suite à la pandémie de coronavirus. Si le pays a ralenti son activité économique durant les périodes de confinement, la production de cuivre est elle restée inchangée.

Avec ces atouts en mains, «le Chili devrait aujourd'hui initier une réduction de l'offre afin que les prix soient ajustés aux prix réels», recommande Marcela Vera, universitaire de l'Ecole de commerce et d'économie de l'université de Santiago. «Le cuivre est une matière non renouvelable et il ne durera pas éternellement», prévient-elle.

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24 février, 2021

LE VÉNÉZUÉLA DONNE SOIXANTE-DOUZE HEURES À L’AMBASSADRICE DE L’UNION EUROPÉENNE POUR QUITTER LE PAYS

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PHOTO ARIANA CUBILLOS / AP
Cette décision survient quarante-huit heures après que l’UE a sanctionné 19 hauts fonctionnaires du régime de Nicolas Maduro pour leur rôle dans des actes portant atteinte à l’État de droit au Vénézuéla.

Le Monde avec l'AFP

Temps de Lecture 2 min.

L’ambassadrice de l’Union européenne au Vénézuéla, Isabel Brilhante Pedrosa, reçoit une lettre « persona non grata » du ministre des affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, dans son bureau de Caracas, mercredi 24 février 2021.

L’ambassadrice de l’Union européenne au Vénézuéla, Isabel Brilhante Pedrosa, reçoit une lettre « persona non grata » du ministre des affaires étrangères vénézuélien, Jorge Arreaza, dans son bureau de Caracas, mercredi 24 février 2021.

La réponse à la nouvelle salve de sanctions de l’Union européenne (UE) n’a pas tardé. Mercredi 24 février, le Vénézuéla a décidé l’expulsion de l’ambassadrice de l’UE à Caracas, a annoncé le ministre des affaires étrangères, Jorge Arreaza.

« Aujourd’hui, sur décision du président Nicolas Maduro nous avons remis en mains propres à Mme Isabel Brilhante (…) une déclaration de persona non grata », a déclaré M. Arreaza à la presse, après une réunion avec la diplomate. « Il lui a été donné un délai de soixante-douze heures pour quitter le territoire vénézuélien », a-t-il ajouté.

Sanctions européennes

L’UE a sanctionné lundi 19 hauts fonctionnaires du régime de Nicolas Maduro pour leur rôle dans des actes et décisions portant, selon elle, atteinte à la démocratie et à l’Etat de droit au Vénézuéla. La décision, validée par les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept, porte à 55 le nombre total de responsables et hauts fonctionnaires du gouvernement vénézuéliens sanctionnés par l’UE (interdiction de voyager et gel des avoirs sur le territoire de l’Union).

L’UE a notamment sanctionné Omar José Prieto, gouverneur de l’Etat de Zulia, le commandant des forces armées, Remigio Ceballos Ichaso, trois responsables du Conseil électoral, dont sa présidente, Indira Maria Alfonzo Izaguirre, ainsi que deux députés.

L’UE avait annoncé en janvier être prête à adopter des mesures restrictives ciblées supplémentaires, compte tenu de la détérioration de la situation au Venezuela à la suite des élections législatives de décembre 2020. A l’issue de ce scrutin, boycotté par les principaux partis de l’opposition et dont les résultats n’ont pas été reconnus par les Etats-Unis, l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique latine, le parti du président Maduro et ses alliés ont remporté 256 des 277 sièges de l’Assemblée nationale.

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Un précédent

M. Arreaza a dénoncé des sanctions « illégales ». «Espérons que l’Union européenne réfléchisse, espérons que nous puissions reconstruire des ponts d’entente, de dialogue, espérons qu’ils apprennent à [nous] respecter », a-t-il ajouté.

Le 29 juillet, après une précédente batterie de sanctions européennes, Nicolas Maduro avait déjà déclaré persona non grata Mme Brilhante Pedrosa, de nationalité portugaise, et lui avait donné soixante-douze heures pour quitter le pays. Toutefois, à l’expiration du délai, le gouvernement avait fait marche arrière, tout en demandant à l’UE « des gestes » en échange.

L’Union européenne a d’ores et déjà demandé au gouvernement du Vénézuéla de « revenir sur cette décision qui va accentuer l’isolement du Vénézuéla », a déclaré Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. «Le Vénézuéla ne surmontera la crise actuelle que par la négociation et le dialogue. L’UE est prête à faciliter cela, mais une telle décision ne va pas aider », a insisté Mme Massrali.

En 2017, le Vénézuéla était devenu le premier pays d’Amérique latine à être sanctionné par l’UE.

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SIMON BOLIVAR, BÂILLONNÉE PAR
 LES MÉDIAS MAINSTREAM

21 février, 2021

ÉQUATEUR : LE CONSERVATEUR LASSO DISPUTERA LE SECOND TOUR DE LA PRÉSIDENTIELLE AU SOCIALISTE ARAUZ

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PHOTO BOLÍVAR PARRA 

Le jeune économiste Andres Arauz, 36 ans, s’est placé en tête du premier tour avec 32,72 % des voix, contre 19,74 % à l’ex-banquier de droite Guillermo Lasso, 65 ans, et 19,39 % au leader indigène de gauche Yaku Perez. Second tour le 11 avril.

Le Monde avec l'AFP  

GUILLERMO LASSO  DESSIN DE PANCHO CAJAS
POUR LE QUOTIDIEN CONSERVATEUR
EL COMERCIO  D'EQUATEUR

Le feuilleton électoral équatorien se resserre. C’est donc le conservateur Guillermo Lasso qui disputera, le 11 avril, le second tour de l’élection présidentielle contre l’économiste Andres Arauz, dauphin de l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), a annoncé le Conseil national électoral (CNE) dans la nuit de samedi 20 à dimanche 21 février.

Le jeune économiste Andrés Arauz, 36 ans, s’est placé en tête du premier tour avec 32,72 % des voix, contre 19,74 % à l’ex-banquier de droite Guillermo Lasso, 65 ans, et 19,39 % au leader indigène [soi-disant] de gauche Yaku Perez, 51 ans, selon les résultats définitifs du scrutin du 7 février, proclamés par le secrétaire du CNE, Santiago Vallejo.

Ces résultats ont été approuvés par quatre des cinq membres du CNE présents à l’issue d’une session débutée samedi matin et qui s’est achevée tard dans la nuit.

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Le dirigeant "indien" Yaku Perez dénonce une fraude  

YAKU PEREZ, "L'ÉCO-SOCIALISME
INDIGÉNISTE" AU SERVICE DE LA CIA

Le vainqueur du second tour succédera au président sortant, Lenin Moreno, ex-allié du président Correa (2007-2017). Condamné pour corruption, ce dernier, qui vit exilé en Belgique, n’a pu être candidat à la vice-présidence comme il l’aurait souhaité.

L’avocat écologiste Yaku Perez a dénoncé une fraude en faveur de son adversaire de droite qui l’a devancé pour la deuxième place et avait demandé en vain au CNE un nouveau décompte des voix.

18 février, 2021

CHILI / 8 MARS 2021 : GRÈVE FÉMINISTE !

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APPEL À LA GRÈVE FÉMINISTE DU 8M 2021
PHOTO CRÓNICA DIGITAL 

Appel au Chili à la grève générale féministe du 8 mars 2021, pour dénoncer les inégalités et la violence patriarcale qui prévalent aujourd’hui dans le pays. 
Crónica Digital 
APPEL À LA GRÈVE FÉMINISTE DU 8M 
PHOTO EL SIGLO

des dirigeantes féministes, syndicales et sociales ont lancé un appel à la grève générale féministe pour le 8 mars 2021, afin de dénoncer les inégalités et la violence patriarcale qui prévalent aujourd’hui dans le pays. 

La Coordination féministe du 8 mars, la Coordination du 19 décembre, le Réseau féministe territoriale, le Réseau des femmes mapuche, le Secrétariat des femmes migrantes, le Réseau des journalistes féministes, et de nombreuses associations professionnelles et syndicales figurent parmi les organisatrices.


Barbara Figueroa, présidente de la "Central Unitaria de Trabajadores", a appelé toutes les bases syndicales publiques et privées, de la campagne et des villes, à participer activement à la grève générale féministe «afin qu'elle ne soit pas la seule voix des femmes, mais celle de tous les opprimés ».


Elle a souligné que cette année la mobilisation est beaucoup plus pertinente, « car si nous voulons l'égalité et la justice sociale, sans les femmes nous n'y parviendrons pas ».


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DESSIN GALO MONGE
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17 février, 2021

MORT DE CARLOS MENEM, LE FOSSOYEUR DE L’ARGENTINE

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PHOTO CHARLY DIAZ AZCUE 

Enterré lundi à Buenos Aires avec les honneurs militaires, l’ex-président argentin a mis en place les politiques économiques responsables de la faillite du pays.

par Marc de Miramon 

PHOTO LAURA RAUCH

« Je suis celui qui aura dit non au déclin de l’Argentine », lançait Carlos Menem en 1990, quelques mois après son arrivée aux affaires. L’Internationale libérale le regarde alors avec des yeux de Chimène, tant il incarne, dix ans après l’élection de Reagan aux États-Unis et celle de Margaret Thatcher au Royaume-Uni, l’espoir de rallier les classes laborieuses au dogme de l’enrichissement personnel et de la « théorie du ruissellement ».

Dans les colonnes du Figaro Magazine, le 9 juin 1990, l’essayiste thatchérien Guy Sorman résume les attentes envers un homme qui vient de trahir le camp péroniste, auquel il se vante pourtant d’appartenir : «Les entreprises publiques inefficaces, comme partout, et une gigantesque bureaucratie saignent le pays. Sur ce secteur public s’est greffé un syndicat unique, la CGT, légèrement (sic) maffieux, capable de paralyser le pays à tout moment », écrit-il, avant de saluer la volonté de Menem à mener ses « réformes », qu’il qualifie de « révolutionnaires ». « Plus inattendu encore, ajoute l’essayiste, (il) a décidé de rallier ses adversaires libéraux et d’appliquer leur programme. Menem n’appelle pas cela le libéralisme, mais “l’économie populaire de marché”. La solution ? Privatiser ! »

Il a presque tout privatisé, tout vendu

Six ans plus tard, en octobre 1996, le « péroniste ultralibéral » qui n’a jamais perdu une élection savoure son deuxième mandat, qui commence pourtant sous la pression de la rue. Fidèle à ses promesses, il a presque tout privatisé, tout vendu. L’hyperinflation a reculé mais les syndicats, à qui Menem annonce que « 2 000 grèves ne changeront pas notre politique économique », contestent ses potions amères alors que le chômage grimpe en flèche (18 %) et que le consensus national s’effrite.

Né dans une famille d’émigrés syriens – il a été enterré lundi, selon le rite musulman –, Menem impose un style flamboyant de jet-setteur, multiplie les frasques sentimentales et pose à moitié nu dans ses luxueux appartements, pendant que se rapprochent les concerts de casseroles. Le « bon vivant » vante «l’érotisme du pouvoir » mais le « miracle argentin », celui de la parité dollar-peso, n’a duré que le temps du pillage du pays. Il est détesté par la classe moyenne, lâché par les couches populaires pour ses trahisons envers la base péroniste, sa présidence est rythmée par les scandales de corruption, la ruine de l’industrie nationale et la casse sociale.

Les théorèmes de « l’École de Chicago »

À la fin de son deuxième mandat, le déficit atteint 6 milliards de dollars et la pauvreté a gagné le tiers de la population argentine. Mais le Fonds monétaire international soutient avec enthousiasme sa politique de nationalisation des pertes et de privatisation des bénéfices, tandis que les États-Unis et le Royaume-Uni, redevenus des partenaires de premier plan, applaudissent de concert à l’application des théorèmes de « l’École de Chicago », vingt ans après le laboratoire chilien de Pinochet.

Exsangue – la dette extérieure étant passée de 54 milliards de dollars à 130 milliards –, l’Argentine va exploser en 2001, deux ans après le passage de témoin de Carlos Menem à Fernando de la Rua. Intégralement soumis aux caprices des marchés, le pays sombre lorsque les vautours quittent massivement une économie insolvable, alors que les épargnants se voient interdits de retraits bancaires supérieurs à 250 pesos par semaine. Devenu sénateur, Carlos Menem espère pourtant toujours revenir aux affaires mais son statut de parlementaire lui évitera surtout la prison en 2015. Après une condamnation pour « détournement de fonds ».

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DESSIN SERGIO LANGER

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    15 février, 2021

    LA RAPPORTEUSE DE L’ONU ATTESTE L’ILLÉGALITÉ DES SANCTIONS CONTRE LE VÉNÉZUÉLA

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    PHOTO MANAURE QUINTERO / REUTERS

    Caracas, 15 février 2021. Les mesures coercitives unilatérales mises en œuvre par les États-Unis contre le Vénézuéla constituent aujourd’hui une violation du droit international, note le rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU sur ce domaine, Alena Douhan.

    Prensa Latina

    L’avis de l’experte des Nations Unies sur l’impact des dénommées sanctions indique que l’état d’urgence national décrété par le gouvernement des États-Unis en mars 2015 ne correspond pas aux exigences du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

    Le but annoncé de la campagne de 'pression maximale' -changer le Gouvernement vénézuélien- viole le principe de l’égalité souveraine des États et constitue une ingérence dans les affaires intérieures qui affecte également leurs relations régionales, souligne le document.

    De même, le gel des avoirs de la Banque centrale du Venezuela pour ne pas reconnaitre ses autorités viole les droits souverains du pays et empêche le gouvernement effectif d’exercer son devoir de garantir les besoins de la population.

    À cet égard, le rapport signale que les refus réitérés de banques nord-américaines, britanniques et portugaises de libérer des avoirs, y compris pour l’achat de médicaments, de vaccins et de kits de protection, et ce sous le contrôle d’organisations internationales, empêche le Vénézuéla de répondre à l’urgence de la Covid-19.

    Il souligne en outre que l’application de la compétence extraterritoriale aux ressortissants et aux entreprises de pays tiers pour une coopération avec le Vénézuéla n’est pas justifiée par le droit international et accroît les risques d´excès des sanctions.

    Lors d’une conférence de presse à l’issue de sa visite officielle dans la nation sud-américaine, l’experte indépendante de l’ONU a exhorté le gouvernement nord-américain à lever toutes les mesures coercitives prises dans le cadre de sa stratégie pour un changement de régime à Caracas.

    Douhan a affirmé que les actions illégales mises en œuvre par les États-Unis ont ralenti le développement du pays en raison de l’impact sévère causé à son économie, en provoquant la chute des recettes en devises de 99 pour cent au cours des dernières années.

    Elle a également reconnu que la mise en œuvre de ces mesures a eu des répercussions sur l’accès du pays aux médicaments et à l’alimentation, ce qui a eu un effet dévastateur sur la santé de la population vénézuélienne et a accentué le scénario de crise et les tensions internes, avec des répercussions sur le flux migratoire et la séparation des familles.

    La rapporteuse spéciale de l´ONU précise que la recrudescence des mesures coercitives des États-Unis sape aujourd’hui la capacité du gouvernement vénézuélien à exécuter des projets sociaux.

    Selon son rapport préliminaire, depuis 2000, l’État vénézuélien a mis en place des programmes de protection sociale dans les domaines du logement, de l’éducation, de l’alimentation, entre autres, sans frais pour le peuple ou bénéficiant de subventions substantielles.

    Cependant, les dénommées sanctions mises en place au cours des dernières années ont accentué la crise économique qui a débuté en 2014 par la chute brutale des prix du pétrole, résume le document.

    En raison du blocus économique, le Vénézuéla a vu ses recettes en devises diminuer de 99 pour cent, ce qui a accentué le déficit de machines et de pièces de rechange nécessaires au développement productif et a eu des répercussions sur les secteurs de la santé, de l’alimentation et des services.

    Le rapport souligne que les obstacles à l’importation de denrées alimentaires ont entraîné une augmentation de la malnutrition au cours des six dernières années et donc une aggravation de l’insécurité alimentaire.

    La rapporteuse a également reconnu l’impact des mesures coercitives sur le programme de distribution de produits alimentaires par l’intermédiaire des Comités locaux d’approvisionnement et de production (CLAP), qui ont dû réduire la variété des produits destinés à 6 millions de familles.

    Dans le domaine de l’assistance, Douhan a cité en particulier la situation de l’hôpital cardiologique pour enfants de Caracas, qui fait face à une diminution du nombre de chirurgies, d’une moyenne de mille interventions par an sur la période 2010-2014, à 162 en 2020.

    De même, le détournement d’actifs de la filiale nord-américaine de l´entreprise d´État Petróleos de Venezuela, Citgo, a empêché 53 enfants vénézuéliens d’effectuer des transplantations de foie et de moelle osseuse dans des centres spécialisés en Italie et en Argentine.

    L’indisponibilité des ressources financières et la réticence des entreprises étrangères à commercer avec les institutions publiques vénézuéliennes ont de surcroît entraîné la suspension du Programme Canaima, lancé en 2015 pour assembler localement des ordinateurs portables à des fins éducatives.  peo/Jha/Wup/mem/Wup

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    SIMON BOLIVAR, BÂILLONNÉE PAR
     LES MÉDIAS MAINSTREAM

    09 février, 2021

    PRÉSIDENTIELLE. SÉISME EN ÉQUATEUR, L’ÉCOLOGISTE ET INDIGÈNE YAKU PÉREZ FACE À ANDRÉS ARAUZ AU SECOND TOUR

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    PHOTO  SANTIAGO ARCOS / REUTERS

    Le second tour de la présidentielle opposera, le 11 avril, l’économiste Andrés Arauz, soutenu par l’ex-président socialiste Rafael Correa, à l’écologiste Yaku Pérez, appuyé par une partie du mouvement indigène. Le banquier Guillermo Lasso, représentant d’une droite ultralibérale et conservatrice, est disqualifié.

    par Rosa Moussaoui

    Jusqu’à la clôture des urnes, tous les sondages prédisaient, pour le second tour de l’élection présidentielle, un duel classique opposant le jeune économiste Andrés Arauz, soutenu par l’ex-président socialiste Rafael Correa, au banquier Guillermo Lasso, représentant d’une droite ultralibérale et conservatrice, membre de l’Opus Dei. L’Équateur a finalement connu, dimanche soir, un séisme politique, avec la qualification de justesse du candidat écologiste Yaku Pérez, appuyé par une bonne partie des troupes de l’influente Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Conaie), fer de lance du soulèvement d’octobre 2019 contre le pacte d’austérité conclu entre le FMI et le président Lenin Moreno.

    Guillermo Lasso faisait déjà ses calculs

    Avec près de 98 % des procès-verbaux compilés, lundi matin, Andrés Arauz se plaçait en tête du scrutin, avec 32,2 % des suffrages, suivi de Yaku Pérez (19,8 %), au coude à coude avec Guillermo Lasso (19,6 %). Fait inattendu, le social-démocrate Xavier Hervas, candidat de la Gauche démocratique, réalise une nette percée, avec 16,02 % des voix. Drôle d’équation électorale, qui pourrait bien donner lieu à des contestations et des recours comme à des marchandages interlopes : dès dimanche soir, en jurant, depuis Guayaquil, la capitale économique, de ne reconnaître les résultats que sur la base de 100 % des bulletins comptabilisés, Guillermo Lasso, candidat pour la troisième fois, faisait déjà ses calculs : « Je félicite les 65 % des électeurs équatoriens opposés au retour du modèle totalitaire et populiste qui a échoué partout où il s’est appliqué, à commencer par le Venezuela », a-t-il lancé, dans un appel clair à constituer, au second tour, un large front « anticorréiste ». Il avait déjà promis, à la veille du scrutin, d’appeler à voter pour Yaku Pérez, « une personne précieuse », si celui-ci devait accéder au second tour.

    Yaku Pérez fédére son camp et séduit un nouvel électorat 

    YAKU PEREZ, "L'ÉCO-SOCIALISME
    INDIGÉNISTE" AU SERVICE DE LA CIA

    En dépit des conflits et rivalités traversant la Conaie et malgré la pauvreté programmatique de sa campagne, le candidat écologiste est parvenu à fédérer son camp, tout en séduisant un électorat jeune, urbain, sensible aux questions environnementales et aux défis posés par le changement climatique, qui fait déjà sentir ses désastreux effets dans les Andes – fonte des glaciers tropicaux, assèchement de sources et de lacs d’altitude. Avec des mots durs pour les choix extractivistes de l’ère Correa, qui entretenait des relations très conflictuelles avec les communautés indigènes opposées aux projets pétroliers et miniers, il promet, sans revenir sur les concessions existantes, de geler la frontière de l’exploitation minière et pétrolière.

    « Ce n’est pas un hasard s’il réalise ses meilleurs scores dans la sierra équatorienne et en Amazonie, remarque Cecilia Velasquez, la coordinatrice de son parti, Pachakutik. Notre lutte, notre projet politique, le cheminement du mouvement indigène consistent à défendre notre grande maison, la mère nature, la Pachamama. C’est pourquoi nous nous opposons à l’exploitation minière et pétrolière là où elle menace de polluer les eaux, les zones humides. La Constitution nous offre un point d’appui : elle prévoit la consultation des populations sur tout projet d’exploitation minière. Les contrats qui ne respectent pas de strictes conditions quant à la protection de l’environnement doivent être révisés. »

    «  Le patron nous a demandé de voter pour Lasso et de lui envoyer la photo du bulletin de vote, sous peine d’être licencié.» LUIS QUILUMBAQIN, 35 ANS

    Le spectre politique d’un pays clivé

    Dans les quartiers populaires du sud de Quito, dimanche, c’est plutôt la question sociale qui préoccupait les électeurs, dans les files d’attente chaotiques formées aux abords des bureaux de vote. À Quitumbe, entre un échangeur de béton survolé, à basse altitude, par un hélicoptère militaire et des bus bleus filant à toute allure sans égard pour la foule débordant sur le béton, Alexander Villa, 22 ans, soulagé de s’être extirpé de cette cohue, se félicitait de son vote pour Xavier Hervas, sûr de sa détermination à remédier aux « déficiences du système éducatif ». Luis Quilumbaqin, 35 ans, témoignait des pressions endurées au travail : « Le patron nous a demandé de voter pour Lasso et de lui envoyer la photo du bulletin de vote, sous peine d’être licencié. J’ai coché le mien au crayon papier, envoyé la photo, puis gommé ce vote. Les gens d’argent veulent manipuler le scrutin, en profitant de la peur du chômage. Les riches ont peur du retour des corréistes, qui les obligeaient à payer leurs impôts. »

    «  Arauz défend le même projet politique. Mais ils feront tout pour l’empêcher de gagner, quitte à faire voter les morts.» CARMEN, 26 ANS

    Aux confins méridionaux de la capitale, dans la cour d’une école de Nueva Aurora aux entrées gardées par des policiers et des soldats, Carmen, 26 ans, piétinait sous un soleil de plomb à l’entrée de son bureau de vote, en espérant « que ces élections apportent le changement ». « Ce gouvernement n’a rien fait pour le peuple. Nous n’avons plus un sou en poche. Rafael Correa, lui, se préoccupait de nous. Il a beaucoup fait pour les pauvres, pour leur accès au travail, à la santé, à l’éducation. Arauz défend le même projet politique. Mais ils feront tout pour l’empêcher de gagner, quitte à faire voter les morts », nous expliquait-elle, la voix couverte par un haut-parleur exhortant les électeurs à se tenir éloignés les uns des autres.

    « De quoi vivra un pays comme le nôtre, si on ferme les mines et les champs pétroliers ?» DAVID CANDO, ÉLECTEUR DE LASSO

    À l’autre bout de la ville et du spectre politique, David Cando, un habitant de la vieille ville coloniale, électeur de Lasso, redoute la victoire d’Andrés Arauz, « une marionnette de Correa, qui a divisé le pays, démoli ses institutions, couvert la corruption ». Il juge les options écologistes de Yaku Pérez « trop extrémistes » – « De quoi vivra un pays comme le nôtre, si on ferme les mines et les champs pétroliers ? » –, mais n’hésitera pas à se rallier à lui au second tour, pour barrer la route au candidat socialiste.

    Le candidat progressiste et l’héritage du corréisme

    Alors que les études d’opinion laissaient présager, dans la dernière semaine de campagne, une possible victoire au premier tour, Arauz a certainement pâti des féroces attaques de ses adversaires, qui l’accusent, pêle-mêle, d’avoir bénéficié des financements d’une guérilla colombienne, d’avoir reçu à Buenos Aires le vaccin contre le Covid-19 – alors qu’il a contracté la maladie après son séjour en Argentine –, d’avoir eu recours à des tests PCR pour son équipe de campagne.

    À double tranchant, l’omniprésence de Rafael Correa dans la campagne, depuis son exil en Belgique, a mobilisé la popularité de l’ex-président dans les classes populaires, tout en semant le doute sur l’autonomie et les promesses de renouveau générationnel du candidat progressiste. À la veille du scrutin, la sortie de Correa, très catholique, sur les femmes souhaitant avorter « par hédonisme » en raison de leur « activité sexuelle frénétique » a choqué l’électorat de gauche – même si ni Arauz ni Pérez n’osent s’afficher publiquement en faveur de la légalisation de l’IVG, devant une opinion très conservatrice sur le sujet.

    Mais, dans l’entourage du candidat, on veut croire que le bilan du corréisme garantira, dans un pays clivé, la victoire au second tour. « Cette gauche aujourd’hui incarnée par Andrés Arauz a conduit pendant dix ans un pays habitué à voir valser les gouvernements. Elle est synonyme de stabilité politique, de compétence, de progrès, expose l’ancien chef de la diplomatie, Guillaume Long. Nous avons réduit la pauvreté et les inégalités comme jamais auparavant, nous avons doublé le PIB en dix ans. Dans ce contexte de pandémie, de crise économique et sociale terrible, cette expérience est notre atout majeur. »

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    08 février, 2021

    EXCLUSIF. ENTRETIEN AVEC ANDRÉS ARAUZ, FAVORI DU SECOND TOUR DES PRÉSIDENTIELLES EN ÉQUATEUR

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    PHOTO KALA MORENO PARRA

    Arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle, le candidat socialiste défend une ligne de rupture avec le plan d’austérité négocié entre le FMI et le sortant, Lenin Moreno.

    par Rosa Moussaoui

    Quelle sera votre priorité la plus urgente, si vous êtes élu ?

    ANDRÉS ARAUZ 

    La priorité sera de répondre aux besoins économiques les plus urgents des familles équatoriennes. Pour cela, nous verserons dès la première semaine de l’entrée en fonction de notre gouvernement une allocation de 1 000 dollars à un million de familles. Nous allons nous concentrer sur cela. Nous allons également travailler en urgence sur la fourniture du vaccin à la majorité de la population, en commençant par les professionnels de la santé.

    Vous voulez rompre avec l’austérité dictée par le Fonds monétaire international (FMI). Mais quelles seraient vos marges de manœuvre, dans un contexte de crise globale, où les cours du pétrole sont au plus bas ?

    ANDRÉS ARAUZ Nous refusons d’accepter les conditions actuelles du FMI telles qu’elles ont été négociées avec le président sortant, Lenin Moreno, parce qu’elles affectent directement les poches des familles. Nous allons proposer notre propre programme économique, et si le FMI veut nous soutenir il est le bienvenu. Mais à nos conditions. Nous avons des marges de manœuvre importantes. Nous voulons par exemple rapatrier rapidement les fonds déposés par des Équatoriens à l’étranger pour financer notre développement.

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    Qu’est-ce qui vous distingue de Rafael Correa ? Vous dites vouloir en faire votre conseiller, mais c’est un animal politique. Quelle serait votre marge d’autonomie ?

    ANDRÉS ARAUZ Comme je l’ai dit, je souhaite qu’il devienne mon principal conseiller. Mais il a manifesté son intention de rester en Belgique, où il vit, de ne plus s’impliquer de façon aussi active dans le processus politique en Équateur. Évidemment, nous tiendrons compte de ces critères. La différence principale, c’est que nous allons proposer une rénovation générationnelle, impliquer la jeunesse et les femmes en politique, et travailler à un approfondissement du pouvoir populaire. C’est-à-dire nous engager dans une gestion gouvernementale associant les organisations sociales, le mouvement indigène, les syndicats, les étudiants, pour construire un projet politique plus durable.

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    Que feriez-vous pour combattre la corruption ?

    ANDRÉS ARAUZ Nous allons balayer la corruption de bas en haut et faire passer des réformes critiques. D’abord avec la création d’une banque de données publiques ouverte, accessible, avec des informations concernant l’État facilement disponibles et analysables par les chercheurs et les journalistes. Ensuite en mettant en place un système garantissant véritablement l’indépendance de la justice. Pour éviter que les accusations de corruption ne servent de prétexte à la persécution politique au détriment des aspects économiques : marchés publics, évasion fiscale, sorties de capitaux, gestion obscure de sociétés offshore établies dans les paradis fiscaux.

    Maints conflits ont opposé Rafael Correa et la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Conaie). Quelle relation souhaitez-vous construire avec le mouvement indigène ?

    ANDRÉS ARAUZ La meilleure possible ! En fait, nous avons déjà de très bonnes relations, sur la base du respect mutuel et d’un programme à long terme. La Constitution de la République stipule elle-même, dans son premier article, que l’Équateur est un État plurinational et pluriculturel. Avancer dans cette direction est donc un mandat constitutionnel. Notre relation sera bonne, axée sur l’intérêt de la grande majorité et l’approfondissement de l’État plurinational.

    La dollarisation prive l’Équateur de sa souveraineté monétaire et d’un instrument de politique économique. Comment sortir de cette situation ?

    ANDRÉS ARAUZ Il n’est pas recommandable, pour l’Équateur, de sortir de la dollarisation. Parce que le dollar est aussi un ancrage monétaire international, c’est-à-dire que la force du dollar au niveau mondial ne peut être comparée à celle d’une monnaie nationale. S’il est clair que cela génère des problèmes de compétitivité pour l’Équateur, il est également vrai que cela nous donne plus de stabilité, de certitude, avec la possibilité d’une planification à long terme et la réduction des risques pour les familles comme pour les entreprises. Nous devrons donc travailler avec le dollar, en recherchant des flexibilités au sein de ce régime : vitesse de circulation de la monnaie, accès au crédit, nouveaux moyens de paiement rendus possibles par la technologie du XXI ème siècle.

    Quelles seraient vos relations avec l’administration Biden, si vous gagnez ?

    ANDRÉS ARAUZ Elles seront bonnes. Le changement de rapport de force politique aux États-Unis a permis aux progressistes de gagner du terrain au sein du Parti démocrate, et cela se reflétera dans l’administration Biden. Beaucoup d’entre eux sont des amis, avec qui nous collaborons depuis longtemps. Cela nous ouvre des opportunités. Maintenant, cela ne signifie pas que nous allons renoncer à défendre nos principes de souveraineté et de dignité, à rechercher, dans le monde, des relations diversifiées.

    Que feriez-vous pour relancer le processus d’intégration régionale ?

    ANDRÉS ARAUZ Ce sera l’un des piliers de notre gestion : renforcer l’intégration latino-américaine dans les différents espaces de construction collective dont dispose la région. Mais, contrairement à ce qui a prévalu dans le passé, nous ne recherchons pas seulement une intégration entre gouvernements, entre responsables politiques. Nous voulons une intégration des peuples, impliquant les travailleurs, les étudiants, les femmes, les peuples originaires. On peut imaginer des programmes de recherches, des échanges universitaires, des initiatives culturelles et sportives, des coopérations aux prises avec le quotidien de nos peuples.

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