25 juin, 2021

NOUVELLE EXPULSION COLLECTIVE D’IMMIGRANTS AU CHILI

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 EXPULSION COLLECTIVE D’IMMIGRANTS AU CHILI

Santiago du Chili, 24 juin 2021. Le gouvernement chilien a aujourd’hui expulsé 72 autres étrangers, cette fois colombiens et argentins, pour avoir enfreint les lois migratoires ou avoir commis des délits, attisant de nouveau la controverse sur l’illégalité de cette procédure.

 Prensa Latina 

Les étrangers, vêtus d’uniformes blancs, masqués, menottés et accompagnés chacun d’un membre de la Police de Renseignement  (PDI), ont été expulsés de l’aéroport international Arturo Merino de cette capitale sur un vol à destination des deux pays.

Dans des déclarations à la presse, le sous-secrétaire à l’Intérieur, Juan Francisco Galli, a noté qu’une partie de ces personnes avaient été expulsées parce qu’elles n’avaient pas été en mesure de régulariser leur situation alors que d’autres avaient commis différentes infractions graves.

Le fonctionnaire a insisté sur le fait que les étrangers qui arrivent au Chili en situation irrégulière ne peuvent pas mener une vie normale dans le pays parce qu’ils n’ont pas de carte d’identité et n’ont pas accès à l’emploi, à la location d’un logement et à d’autres avantages.

Il a également rappelé que la nouvelle loi migratoire prévoit un processus extraordinaire de régularisation et a appelé les étrangers dans le pays à faire ce pas tout en avertissant que 'l’entrée clandestine est tout à fait contraire à la régularité migratoire'.

Cependant, Valeska Ureta, directrice du Service jésuite des migrants (SJM), a dénoncé ce type d’opérations d’expulsions collectives comme étant une violation des droits de l’Homme de ces personnes.

Selon elle, le SMJ ignorait le nombre exact des expulsés, car 'on tentait d’obtenir des informations sur ces personnes, mais nos avocates n’ont pas pu être présentes, elles n’ont pas été autorisées', ce qu’elle a qualifié d’intolérable.

Les expulsions collectives ont suscité une controverse dans le pays, car alors que le gouvernement défend cette démarche pour décourager l’immigration illégale, de nombreuses organisations sociales estiment que les droits de l’Homme des personnes sont violés lors de ces expulsions.

Vendredi dernier, le président de la Cour suprême, Guillermo Silva, a y compris déclaré que les expulsions massives sont des mesures interdites par le droit international et par la convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille.

La veille, il a été révélé que le Ministère de l’Intérieur avait conclu un contrat de plus de deux millions de dollars avec la compagnie aérienne locale Sky Airlines pour procéder à des expulsions collectives de migrants, lequel prévoit cette année une quinzaine de vols de 180 passagers chacun. peo/mem/rc

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LES OISEAUX MIGRATEURS
DESSIN NÉSTOR SALAS

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24 juin, 2021

UN CONTRAT MILLIONAIRE PASSÉ AVEC UNE COMPAGNIE AÉRIENNE POUR EXPULSER DES MIGRANTS DU CHILI

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PHOTO WIKIPÉDIA

Santiago du Chili, 24 juin 2021. Le gouvernement chilien a signé un contrat de plusieurs millions avec la compagnie aérienne locale Sky Airlines pour réaliser des vols d’expulsions collectives de migrants.

Prensa Latina

L’accord, d’une durée d’un an et d’un montant de 1,5 milliard de pesos (plus de 2 millions de dollars), prévoit environ 15 voyages avec 180 passagers chacun, selon le journal  La Tercera.

La révélation du contrat, signé le 21 avril, a eu lieu le jour même où le Service Jésuite des migrants (SJM) a dénoncé publiquement l’expulsion d’au moins une trentaine d’étrangers de cette capitale et de la ville d’Arica.

Selon la version numérique de La Tercera, le contrat prévoit que l’entrée clandestine croissante d’étrangers au Chili, et qui séjournent irrégulièrement dans le pays, entraîne une forte augmentation du nombre d’expulsions administratives.

Des amendes sont également prévues en cas de non-respect de l’accord par la compagnie, comme le paiement de cinq pour cent du vol si les dates, horaires ou itinéraires sont modifiés sans préavis.

Carlos Figueroa, de la direction du SJM, a déclaré au quotidien que la Cour suprême avait déjà averti le gouvernement cette semaine même que les expulsions collectives de migrants étaient illégales.

Pour Francisca Vargas, directrice de la Clinique juridique des migrants et des réfugiés de l’Université Diego Portales, la mesure du gouvernement a un caractère populiste parce qu’elle 'ne s’attaque pas à la racine du problème'.

Elle a estimé que la politique gouvernementale d’expulsion collective de personnes étrangères du pays 'n’a aucune chance d’être une réponse réelle au problème de la migration irrégulière'.

Le sous-secrétaire d’État à l’Intérieur, Juan Francisco Galli, a toutefois affirmé qu’il s’agissait de remplir le mandat légal de procéder à des expulsions lorsque les normes en matière d’immigration étaient gravement violées ou lorsque les tribunaux avaient décidé de remplacer la prison par une peine d’expulsion.

Il a admis que l’accord avec Sky Airlines était onéreux, mais que des considérations économiques n’avaient pas prévalu pour le réaliser.

Selon Galli, la loi prévoit l’expulsion de ceux qui enfreignent gravement la législation migratoire, en particulier l’entrée par des points de passage non autorisés, et a averti que « nous sommes attentifs à ce que les tribunaux décident de faire pour ajuster les procédures d’expulsion, mais ça n’implique pas de les suspendre». peo/jf/rc

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LES OISEAUX MIGRATEURS
DESSIN NÉSTOR SALAS

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ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE FERNANDO ORTIZ LETELIER


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FERNANDO ORTIZ LETELIER
PHOTO ARCHIVE FAMILIALE
1912 -24 DE JUIN- 2021
QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈM
 ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE FERNANDO ORTIZ LETELIER

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FIN DE LA PRISON POLITIQUE DES MANIFESTANTS DE LA RÉVOLTE SOCIALE

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LIBERTÉ AUX PRISONNIERS POLITIQUES

Les constituants du Parti communiste du Chili, face aux violations des droits humains sans sanction et à l'emprisonnement politique des manifestants de la Révolte sociale, ont le devoir d'exprimer ce qui suit : 

DÉCLARATION PUBLIQUE PCCh    
Les mobilisations historiques que nous avons vécues en tant que pays depuis le 18 octobre dernier, sont l'expression la plus authentique et la plus irréfutable de la volonté des grands changements qu'aujourd'hui, avec espoir, nous commençons à rendre effectifs ad portas de l'installation de la Convention constitutionnelle qui donnera cours  au processus constituant.

Des milliers de personnes ont envahi les rues de notre pays faisant usage du droit légitime de manifester, cependant, la logique de punition et de criminalisation du gouvernement actuel, donna lieu à une répression brutale et à une violation systématique des droits de l'homme de la partdes forces répressives, sous l'ordre d'un président qui a déclaré la guerre au peuple mobilisé.

Les prisonniers politiques de la révolte sociale font partie de ces centaines de milliers qui sont descendus dans la rue dans une opposition claire opposition et lutte contre le modèle néolibéral, contre les injustices, réclamant une vie digne. Leur juste libération est réclamée depuis longtemps. Cependant, ni le ministère public, ni la justice, ni le gouvernement n'ont donné de réponses concrètes pour mettre fin à l'application de mesures disproportionnées et infondées.

Le long de cette voie, le rôle de l'INDH a été essentiel dans la poursuite des violations des droits de l'homme, même si pendant un certain temps il est devenu erratique. Son actuel directeur national, Sergio Micco, a relativisé la violation systématique des droits humains au Chili. L'une des dernières actions menées par Micco a été le changement des critères d'identification des victimes de traumatisme oculaire. Nous considérons cela comme hautement dangereux en raison du signe d'impunité qu'il projette. Le moment historique que nous vivons ne peut être imprégné par l' de l'impunité et de l'injustice imposées en dictature et perpétuées sous cette démocratie protégée. Compte tenu de cela, en tant que constituants, nous énonçons ce qui suit :

• Nous condamnons l'emprisonnement injuste et exigeons la libération de tous les prisonniers politiques de la révolte sociale.

• Nous exhortons le gouvernement à donner urgence aux projets de grâce générale et de réparation pour les victimes de violations des droits de l'homme, tous deux actuellement en cours de procédure législative.

• Il est urgent de procéder à un état des lieux au niveau national qui rende compte de la réalité des prisonniers politiques de la révolte sociale, privés de liberté et/ou avec des procès en cours ; et de toutes les victimes de la répression étatique.

• Que, étant donné le temps écoulé, le Bureau du Procureur rendre compte de l'opacité avec laquelle, ont été abordés les procès des prisonniers politiques de la révolte sociale, à différence des mesures de précaution qui ont été utilisées pour poursuivre les agents de l'État impliqués dans des cas de violations des droits de l'homme.

• Que l'actuel directeur de l'INDH, Sergio Micco, ne peut continuer à diriger ladite institution, étant donné que ses décisions contreviennent aux principes de ladite instance en matière de défense et de promotion des droits humains. Son attitude met en danger l'intégrité des personnes et favorise l'impunité.

La réparation de l'injustice commise contre ceux qui sont actuellement emprisonnés pour avoir exercé leur droit de manifester doit être effectuée par les institutions susmentionnées, qui, si elles ne sont pas exécutées, nous imposeront, à nous les constituants, le devoir éthique de promouvoir la liberté de tous prisonniers politiques par une disposition transitoire de la nouvelle Constitution.

Aucune démocratie ne peut s'élever sans finir d'abord avec autant d'impunité.

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LIBERTÉ DES PRISONNIER.E.S DE LA RÉVOLTE

23 juin, 2021

PÉROU: KEIKO FUJIMORI NE REPASSERA PAS (TOUT DE SUITE) PAR LA CASE PRISON

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PHOTO MARTIN MEJIA / AP

Alors que les résultats officiels du deuxième tour de l'élection présidentielle du 6 juin n'ont toujours pas été proclamés, la justice a décidé que Keiko Fujimori, la candidate de la droite populiste, ne retournera pas en détention provisoire dans le cadre d'une enquête pour corruption.

RFI avec l'AFP 

L'IRONIE D'EVO  
CAPTURE D'ÉCRAN

le 10 juin dernier, le procureur José Domingo Perez avait demandé que la liberté conditionnelle dont jouit la candidate keiko Fujimori soit révoquée et qu'elle soit placée en détention provisoire. Il lui reprochait d'avoir rencontré un témoin dans une affaire de blanchiment d'argent et de financement illicite de ses campagnes présidentielles passées. La dirigeante du parti Fuerza popular a déjà passé seize mois en détention provisoire dans cette affaire de présumés pots-de-vin reçus de la société de BTP brésilienne Odebrecht pendant ses campagnes de 2011 et 2016. Des accusations qu'elle rejette.

« La demande du ministère public est déclarée non fondée (...) pour révoquer la liberté conditionnelle » de Keiko Fujimori et la « placer à nouveau en détention préventive », a estimé le juge Victor Zuñiga à l'issue d'une audience ce lundi 21 juin à laquelle participait Mme Fujimori, son avocate et le procureur José Domingo Pérez.

Fin de processus électoral tendu  

Keiko Fujimori « enfreint systématiquement les règles de conduite consistant à ne pas communiquer avec les témoins », a plaidé à l'audience M. Pérez, qui a qualifié l'attitude de la candidate de « provocatrice ». Initialement prévue en virtuel en raison de la pandémie de coronavirus, l'audience a finalement eu lieu en présentiel après une demande de la défense, acceptée par le juge. Le procureur Pérez s'était opposé à cette requête, estimant que la défense de la candidate souhaitait politiser l'audience en plein contexte électoral. Plusieurs dizaines de partisans de Mme Fujimori s'étaient d'ailleurs rassemblés devant le tribunal.

Les résultats définitifs du deuxième tour de l'élection présidentielle au Pérou n'ont toujours pas été officiellement annoncés. Si le candidat de gauche Pedro Castillo est arrivé en tête avec 50,12% des suffrages (44 000 voix), le tribunal électoral (JNE) doit examiner tous les recours déposés par les candidats avant de proclamer les résultats officiels. Et Keiko Fujimori a demandé l'invalidation de plusieurs dizaines de milliers de suffrages, plaidant la « fraude ». La mission d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA) avait toutefois qualifié le scrutin de « positif », sans « graves irrégularités ».

Le scandale Odebrecht

Keiko Fujimor, 46 ans, est la fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000), qui purge lui-même une peine de 25 ans de prison pour corruption et crime contre l'humanité. Il est actuellement jugé pour la stérilisation forcée de milliers de femmes au Pérou. Sa fille a pu se présenter à l'élection malgré l'instruction en cours pour corruption.

Libérée de prison en mai 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, elle a toutefois interdiction de voyager hors du Pérou ou de communiquer avec des coaccusés ou des témoins dans cette affaire. Au terme de vingt-huit mois d'enquête, le procureur Pérez a inculpé dans cette affaire plusieurs dizaines de personnes pour des délits présumés de « crime organisé, blanchiment d'argent, entrave à la justice et fausse déclaration ».

Le bureau du procureur a notamment obtenu fin 2019 l'aveu d'un ancien cadre d'Odebrecht, Luiz Eduardo da Rocha Soares, portant sur un dessous de table d'un million de dollars pour payer la campagne de Fuerza popular en 2011. Si elle échoue une troisième fois au second tour de la présidentielle, Keiko Fujimori sera jugée dans le cadre de cette affaire pour laquelle le parquet a requis contre elle fin mars trente ans de prison. En cas de victoire, elle bénéficiera de l'immunité présidentielle pour au moins cinq ans. 

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« LE BISOU »
DESSIN MECHAIN DOROTEO


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        17 juin, 2021

        DIX JOURS APRÈS LE SCRUTIN, POURQUOI LE PÉROU N’A-T-IL TOUJOURS PAS DE PRÉSIDENT ?

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        PHOTO MARTIN MEJIA 

        Analyse Pedro Castillo arrive en tête de l’élection présidentielle avec une courte avance sur Keiko Fujimori. Malgré la régularité attestée du scrutin, sa rivale crie à la fraude. L’examen de ses recours devant la justice retarde la proclamation officielle du vainqueur. 

        par Caroline Vinet  

        L'IRONIE D'EVO  
        CAPTURE D'ÉCRAN

        Il est arrivé en tête du scrutin mais n’est toujours pas président du Pérou aux yeux de la loi. Pedro Castillo, 51 ans, devra attendre quelques jours, voire quelques semaines, avant de pouvoir savourer pleinement sa victoire. Les urnes le donnent gagnant. De fait, il l’a emporté de près de 44 000 voix sur sa rivale Keiko Fujimori, soit 50,12 % des votes contre 49,87 %. En 2016, Pedro Pablo Kuczynski l’avait déjà emporté sur la fille de l’ancien autocrate Alberto Fujimori d’une courte avance de 40 000 voix. 

        Mais comme en 2016, Keiko Fujimori, 46 ans, réfute les résultats. La candidate conservatrice a déposé plusieurs centaines de recours devant la justice pour contester la validité de milliers de votes issus de «fiefs incontestés de Pedro Castillo», relève Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l’Amérique latine. Elle se bat d’autant plus qu’elle encourt de nouvelles poursuites judiciaires pour corruption.

        Fujimori joue son va-tout

        Pourtant, les observateurs indépendants nationaux comme internationaux sont catégoriques : il n’y a eu aucune tentative de fraude électorale. « L’équipe de Fujimori a mobilisé les principaux cabinets d’avocat du Pérou (pour déposer ses recours) et l’oligarchie péruvienne a fait corps contre le candidat d’extrême gauche », raconte Lissell Quiroz, historienne et professeur en études latino-américaines à Cergy-Paris-Université.

        L’ensemble des médias nationaux ont mené campagne contre Pedro Castillo, présenté comme communiste et chantre d’une politique économique « à la vénézuélienne ». Plusieurs journalistes ont été licenciés après avoir dénoncé la partialité de la ligne éditoriale de leur journal et un manquement à la déontologie.

        Deux Pérou s’affrontent

        La bataille Fujimori/Castillo est révélatrice de la fracture qui déchire le pays. « Il y a deux Pérou : un Pérou des villes inséré dans la croissance économique, et un Pérou des campagnes, des oubliés de l’État », dont est issu Pedro Castillo, explique  Lissell Quiroz. «Il s’agit non pas d’une polarisation idéologique mais d’une division historique entre les populations de l’intérieur pauvres et attachées à leur culture d’origine, contre les populations mélangées et de culture hispanique de la côte », complète  Jean-Jacques Kourliandsky.

        Inconnu il y a encore quelques mois, le préposé à la présidence a fait ses armes en prenant la tête du mouvement de grève des enseignants. Il entend remettre l’État au centre du jeu et appelle à la rédaction d’une nouvelle Constitution alors que le pays rebondit de crise politique en crise politique depuis bientôt cinq ans. Une gageure pour le tenancier de la gauche qui devra composer avec un Parlement à majorité conservatrice. Si sa nomination à la tête de l’État est validée, Pedro Castillo sera investi le 28 juillet, jour de la fête nationale et du bicentenaire de l’indépendance du Pérou.

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        « LE BISOU »
        DESSIN MECHAIN DOROTEO


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        16 juin, 2021

        LE NICARAGUA REJETTE L'INGÉRENCE DE L'OEA DANS SON PROCESSUS ÉLECTORAL

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        DESSIN ALFREDO MARTIRENA

        Washington, 16 juin 2021. Le Nicaragua a rejeté hier  l'ingérence de l'Organisation des États Américains (OEA) dans ses affaires intérieures, suite à l'approbation d'une résolution sur la situation politique dans ce pays d'Amérique centrale.

        Prensa Latina 

        DESSIN ANTONIO RODRIGUEZ

        Le représentant de Managua auprès de l'organisme régional, Luis Alvarado, a condamné la politique d'ingérence, de chantage et de mesures coercitives illégales par le biais des mal dénommées sanctions, qui constituent en réalité des agressions du gouvernement nord-américain contre les Nicaraguayens, a-t-il manifesté.

        Lors d'une réunion virtuelle convoquée ce mardi depuis le siège de l'OEA dans cette capitale, 26 des 34 membres de l'entité ont accepté une résolution qui, entre autres, exprime une préoccupation face au refus du gouvernement sandiniste d'approuver un ensemble de "réformes électorales".

        En outre, le document condamne les arrestations, le harcèlement et les restrictions qu'il juge arbitraires à l'encontre de pré-candidats à la présidence, de partis et de médias, supposés indépendants, et demande également la libération immédiate de prisonniers politiques.

        À cet égard, Alvarado a affirmé que son pays qui compte sur des lois et avec une séparation totale et effective des pouvoirs de l'État, ce qui renforce les institutions et son système juridique national.

        De même, l'ambassadeur a reproché à l'OEA de ne pas se débarrasser de son agenda mono-thématique, resté bloqué à l'époque de la guerre froide et du néocolonialisme, pour provoquer la déstabilisation et la confrontation afin d'imposer les diktats de la Maison Blanche aux pays de la région.

        Face à l'agression des puissances coloniales du monde, le Nicaragua défendra avec aplomb et noblesse la dignité des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes, a souligné le diplomate.

        La résolution a été rejetée par Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Bolivie et le Nicaragua, tandis que l'Argentine, le Mexique, le Honduras, le Belize et la Dominique se sont abstenus.

        Les analystes estiment que l'organisation aspire à participer à l'observation des élections du 7 novembre dans ce pays d'Amérique centrale, un peu comme ce qui s'est passé avec ce mécanisme en Bolivie, où elle n’avait pas reconnu la victoire d'Evo Morales aux élections de 2019.

        Récemment, la publication nord-américaine The Grayzone a montré une vaste compilation de données sur la façon dont les médias financés par Washington ont incité à un coup d'État en 2018 contre le gouvernement sandiniste.

        Selon la source, des entités nord-américaines, y compris le gouvernement, ont lancé une opération dotée de dizaines de millions de dollars pour créer, former et financer des groupes d'opposition de droite. L'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) ayant financé plusieurs organisations anti-sandinistes. peo/jcc/oda/avr

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        #Colombie
        DESSIN MATÍAS TEJEDA (MATE)

        15 juin, 2021

        AU PÉROU, KEIKO FUJIMORI PERSISTE DANS SON REFUS DE RECONNAÎTRE LES RÉSULTATS DE LA PRÉSIDENTIELLE

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        PHOTO SEBASTIAN CASTANEDA / REUTERS

        À 99,9 % du dépouillement, Pedro Castillo mène avec une courte avance de 48 000 voix. 
        Elle avait promis qu’elle respecterait les résultats de l’élection présidentielle du 6 juin. Pourtant, dès le lendemain du vote, voyant la victoire lui échapper, Keiko Fujimori, la candidate de la droite populiste tendance autoritaire, a lancé une offensive juridique pour contester les résultats. D’abord en lançant des accusations de « fraude systématique » sans fondements, quand tous les observateurs saluaient des élections sans irrégularités – jetant l’opprobre sur le scrutin. Puis, en envoyant ses avocats déposer des demandes d’invalidation de quelque 200 000 votes (principalement pour de supposées falsifications de signatures), risquant de déstabiliser un peu plus un pays fragilisé par une des campagnes électorales les plus agressives et polarisées de son histoire.

        Ainsi, sept jours après le scrutin, le Pérou n’a toujours pas de vainqueur officiel. Pedro Castillo, candidat de la gauche de la gauche, mène avec une courte avance de 48 000 voix qui semble à ce stade irrattrapable. Selon les estimations du média d’investigation IDL-Reporteros, 38 700 votes sont en jeu, parmi les 200 000 mentionnés par Mme Fujimori – la plupart des contestations n’étant plus recevables car arrivées hors délai légal. Même si 100 % des votes contestés étaient annulés, Pedro Castillo l’emporterait.

        Toutefois, l’organisme électoral n’a pas déclaré de vainqueur officiel, attendant que le Juré national des élections (JNE) se prononce sur les suffrages qui font l’objet de contestation, d’autant que Fuerza Popular, le parti de Mme Fujimori, a menacé de faire appel. Pedro Castillo, qui avait prononcé plusieurs discours aux allures de victoire dans le courant de la semaine passé, s’est dernièrement montré plus prudent, enjoignant ses partisans à ne pas céder à la provocation et à attendre calmement le dépouillement final.

        Campagne de haine

        Mais le récit de la fraude a créé de vives tensions et a eu pour effet de diviser encore un peu plus la population. Samedi 12 juin, des milliers de partisans de Keiko Fujimori étaient réunis dans le centre de Lima, la capitale, pour « défendre leur vote » et « défendre la démocratie ». « Le plus important est que vous ne capituliez pas », s’est exclamée Mme Fujimori.

        Sur les réseaux sociaux, les fujimoristes ont lancé une campagne de haine, incitant leurs partisans à harceler des personnalités publiques, journalistes, artistes et politiques critiques de leur leader, sous la consigne #ChapatuCaviar (« attrape ton caviar », en référence à la gauche caviar). D’autres partisans se sont réunis devant la maison du président du Juré des élections, proférant des insultes.

        En prétendant invalider des milliers de votes, la plupart provenant des zones rurales et pauvres ayant massivement voté pour M. Castillo, Keiko Fujimori a fait preuve d’un comportement antidémocratique, raciste et classiste, estiment de nombreux analystes. La candidate s’est également attiré les foudres des organisations autochtones. Ces dernières sont montées au créneau et ont menacé de marcher vers la capitale pour faire respecter leurs voix.

        « Racisme évident »

        « D’abord ils nient notre existence, puis maintenant ils veulent annuler nos votes. En voulant contester le vote de communautés amazoniennes et andines, [ils font preuve d’un] racisme évident », a déclaré Lizardo Cauper, président de l’Association interethnique pour le développement de la forêt tropicale péruvienne, une importante association amérindienne, qui représente environ 650 000 femmes et hommes autochtones.

        Celle qui pendant la campagne électorale avait construit un discours de défenseure de la démocratie face au « péril rouge » Pedro Castillo a révélé son vrai visage, ironisent ses détracteurs, se montrant prête à mettre la démocratie en danger pour sauver sa peau. Pour la candidate, cette troisième défaite dans les urnes rimerait avec un procès en justice et peut-être le retour à la case prison – elle a effectué seize mois de détention préventive entre 2019 et 2020. Elle est accusée d’être à la tête d’une organisation criminelle et poursuivie pour présumé blanchiment d’argent d’apports illicites de ses campagnes électorales de 2011 et 2016. Le parquet a requis trente ans de prison à son encontre et son procès pourrait commencer dès les élections terminées.

        ESPAGNE. IONE BELARRA, CETTE TRENTENAIRE À LA TÊTE DE PODEMOS

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        IONE BELARRA REMPORTE LA SUCCESSION DE PODEMOS

        En mars dernier, après que Pablo Iglesias, parti prendre la tête de liste Podemos aux régionales de Madrid, a donné sa démission du poste de vice-président du Conseil des ministres, cette trentenaire avait repris ses dossiers, les Droits sociaux et l’Agenda 2030, au sein du gouvernement de coalition avec Pedro Sanchez.

        PHOTO L'HUMANITÉ

        par Thomas Lemahieu 

        Dans son ministère, elle n’a toujours pas trouvé le temps de configurer son accès au Wi-Fi et passe, dit-on, par le canal réservé aux « utilisateurs invités ». Cela ne risque pas de s’arranger pour elle, car Ione Belarra, élue et réélue députée depuis 2015, remplace une nouvelle fois Iglesias, mais cette fois en tant que secrétaire générale de Podemos.

        Dans son premier discours à cette fonction, dimanche, celle qui va incarner une forme de direction bicéphale avec la communiste Yolanda Diaz a d’ores et déjà prévenu : « Nous sommes venus à la politique pour gagner et nous n’y renonçons pas, rappelle l’ex-bénévole à la Croix-Rouge, puis dans un mouvement d’aide aux réfugiés. Nous voulons un futur sans toutes ces peurs, toutes ces dépressions et toute cette anxiété. »

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        « LA DIABOLISATION  »
        DESSIN ENEKO DE LAS HERAS

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        CHILI: FAIBLE MOBILISATION POUR LES 1ÈRES ÉLECTIONS RÉGIONALES, LOURDE DÉFAITE DE LA DROITE AU POUVOIR

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        PHOTO LA TERCERA

        Les Chiliens votaient dimanche 13 juin pour le second tour des élections régionales. Dans ce pays très centralisé, il s'agissait d'une élection inédite car auparavant les gouverneurs régionaux étaient nommés par le pouvoir exécutif. La droite au pouvoir essuie une lourde défaite, tandis que la coalition historique de centre-gauche l'emporte dans une majorité du pays.

        par Justine Fontaine 

        PHOTO KARIN POZO/AGENCIAUNO

        Un scrutin inédit, mais pourtant les électeurs n'ont pas été au rendez-vous. Seuls 20% se sont déplacés pour voter, du jamais vu au Chili.

        Avec un seul gouverneur élu, sur 16 régions au total, la coalition de droite au pouvoir subit un nouvel échec cuisant lors de ces élections. Il y a un mois à peine, elle avait déja dû surmonter une autre défaite: celle des élections de l'assemblée constituante, où la droite avait obtenu moins d'un tiers des sièges.

        PHOTO LA TERCERA
        De son côté, la gauche traditionnelle se refait une santé avec 10 gouverneurs élus et rêve de surfer sur cette vague jusqu'aux élections législatives et présidentielles, prévues à la fin de l'année. Enfin, les indépendants ainsi que la gauche issue des mouvements sociaux remportent 5 régions.

        Pas de triomphalisme pour autant, car malgré les attentes réelles des Chiliens concernant la décentralisation du pays, les candidats et partis politiques n'ont pas réussi à mobiliser les électeurs. 80% d'entre eux sont restés chez eux. De quoi relancer les débats concernant un éventuel retour au vote obligatoire, qui était la norme au Chili jusqu'en 2012.

        Ces élections se déroulaient en plein pic épidémique de Covid-19 au Chili, où le gouvernement a dû reconfiner toute la région-capitale depuis samedi.

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        CAPTURE D'ÉCRAN

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