PABLO IGLESIAS, LEADER DE PODEMOS PHOTO LE NOUVEL ÉCONOMISTE |
Pablo Iglesias, leader de Podemos, quitte le gouvernement pour briguer la présidence de la région de Madrid. Yolanda Diaz, ministre communiste du Travail, pourrait conduire la gauche de transformation aux élections générales de 2023.
Le fondateur de Podemos fait un pas de côté pour sauver sa formation. Pablo Iglesias a annoncé, lundi, qu’il quitterait le mois prochain le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, dont il est le vice-président, pour se présenter aux élections anticipées de la communauté de Madrid, présidée jusqu’alors par Isabel Diaz Ayuso (Parti populaire, PP), tenante d’une droite dure. Pour Iglesias, il s’agit de remettre à flot Podemos dans la région capitale, là où ce parti a été créé, et qui connaît aujourd’hui de grandes difficultés.
Lors du scrutin régional de 2019, son partenaire, cofondateur et idéologue de l’organisation, Iñigo Errejon, ainsi que l’ex-maire de Madrid Manuela Carmena avaient fait dissidence en fondant Mas Madrid. Ils avaient obtenu 14,65 % des suffrages sur une stratégie purement populiste « ni droite ni gauche », qui contestait l’alliance consolidée trois ans plus tôt entre Podemos et les écolo-communistes d’Izquierda Unida. Lors de ce même scrutin régional, cette alliance n’avait totalisé que 5,56 % des suffrages. Elle risquait de passer sous la barre fatidique des 5 %, le 4 mai prochain. Membre de l’exécutif de Pedro Sanchez depuis janvier 2020, Unidas Podemos (UP) a enregistré, malgré de réelles avancées sociales, des déconvenues au niveau local. En juillet 2020, la coalition est sortie de l’Assemblée de Galice, UP n’ayant pas franchi le seuil des 5 % ; au Pays basque, elle n’a obtenu 8,05 % des suffrages, enregistrant une baisse de 6,82 points de moins que quatre ans plus tôt.
La campagne s’annonce très tendue
La bataille de Madrid sera dure pour Pablo Iglesias. Dans un contexte de gauche divisée, il a proposé des primaires à son ancien ami Errejon, qui a refusé malgré le danger de voir s’installer dans la région capitale une droite alliée à l’extrême droite. La campagne s’annonce très tendue. La présidente sortante, Isabel Diaz Ayuso, qui a convoqué des élections anticipées à la suite de dissensions dans sa majorité, a présenté la démission d’Iglesias comme « sa » victoire et donné le ton de sa campagne en dévoilant son slogan, « Le communisme ou la liberté » ! Quelques heures plus tôt, avant que la candidature d’Iglesias ne soit connue, elle fanfaronnait : « Quand on t’appelle fasciste, tu sais que tu fais les choses bien. » En cas de victoire, ce membre du Parti populaire, qui dirige déjà avec l’appui extérieur de Vox, pourrait inviter cette formation d’extrême droite, nostalgique du franquisme, à participer à l’exécutif régional. Ce serait un coup de tonerre politique.
La démission d’Iglesias a, certes, valeur d’opération de sauvetage, mais elle s’inscrit dans une démarche de réorganisation de la gauche. Toujours à la tête de Podemos, le professeur de sciences politiques devrait retrouver une totale liberté de parole qui a pu lui manquer ces derniers mois. En janvier, il avait qualifié d’« exilés politiques » les dirigeants catalans qui ont quitté l’Espagne après avoir organisé un référendum illégal d’indépendance ; en août 2020, il avait critiqué le départ aux Émirats arabes unis de l’ancien roi, poursuivi pour corruption. Ses déclarations avaient alors jeté un froid au sein de la principale formation de la majorité, le Parti socialiste ouvrier espagnol.
Coalition pour les législatives
PHOTO SUSANA VERA |