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La Paz, 18 novembre 2020. Une enquête des journalistes boliviens Susana Bejarano et Fernando Molina met en aujourd’hui évidence la complicité de médias influents du pays lors du coup d’État de novembre 2019.
Prensa Latina
L’étude, non encore publiée, analyse le soutien de journaux de tendance de droite, comme Página Siete et El Deber, au coup d’État et au gouvernement de facto résultant.
Les deux journalistes démontrent l’activisme politique des quotidiens précités en faveur des actions violentes menées par la droite bolivienne, soutenue par des militaires et des policiers, pour renverser du pouvoir le président Evo Morales et le Mouvement Vers le Socialisme (MAS).
Après la démission de Morales, un gouvernement illégitime présidé par Jeanine Áñez a pris la direction du pays, administration que cette presse a soutenue dès le début dans le but de légitimer sa gestion et de disqualifier la nouvelle opposition.
Ces médias, selon Bejerano et Molina, ont soutenu avec ferveur le nouveau gouvernement par une couverture politiquement dirigée et avec l’intention évidente de neutraliser toute critique de la manière dont il a été constitué.
Les journalistes citent en outre la campagne systématique visant à éliminer les liens d’Áñez avec le coup d’État par ailleurs soutenu par Página Siete.
Ils démontrent également les tentatives répétées de criminaliser l’opposition, surtout le MAS, et le désir de présenter la nouvelle administration comme pacificatrice d’un pays que la droite politique elle-même a plongé dans le chaos et la violence.
Le soutien médiatique au nouveau pouvoir, soulignent les auteurs de l’analyse, est allé jusqu’à justifier systématiquement la répression et la persécution politique de la part du Gouvernement.
En ce sens, Bejerano et Molina rappellent les massacres de Senkata et de Sacaba, dans lesquels une trentaine de manifestants pacifiques, réclamant le retour à la démocratie et d’Evo Morales, alors réfugié en Argentine, sont morts à cause de l’usage excessif de la force par des militaires et des policiers.
En ce qui concerne ces deux événements, l’étude montre comment le discours des médias a fait passer ces membres des forces de l´ordre pour des victimes en insinuant qu’ils ont riposté par leurs tirs aux violences des manifestants.
Aucun policier ni militaire n’a été tué à Sacaba, précisent les auteurs de l’étude, cependant, le quotidien Página Siete, dans l’article « Un feu croisé entre cocaleros et FF.AA. fait au moins six morts », a déclaré sans preuve que les manifestants avaient "des armes à feu et autres objets létaux".
Au sujet de Senkata, les médias ont confirmé, également sans preuve, l’usage de dynamites par les manifestants pour justifier l’usage de la force sous prétexte que les protestations représentaient un acte de terrorisme et « un attentat à la dynamite ».
Un autre signe de l’appui des grands médias à l’administration putschiste a été la couverture non assurée ou manipulée des manifestations massives antigouvernementales qui ont eu lieu tout au long de l’année.
Les principales chaînes de télévision du pays ont couvert de manière exhaustive les protestations contre la fraude présumée du MAS lors des élections de 2019 (plusieurs études ont depuis démontré qu’il n’y a pas eu de modification des résultats), cependant elles n’ont diffusé que des reportages succincts sur les manifestations contre le gouvernement de facto d'Añez.
Dans de nombreux cas, pointent Bejerano et Molina, ces médias ont décrit leurs protagonistes comme faisant partie de "hordes" et de "troubles à l´ordre public" dans le but de minimiser leur impact et de les positionner comme des ennemis de l’ordre et de la constitutionnalité. peo/mgt/avs
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