13 novembre, 2020

SAHARA OCCIDENTAL. LES FORCES MAROCAINES RALLUMENT LE CONFLIT

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PHOTO  RYAD KRAMDI / AFP

Le Front polisario, le mouvement de libération nationale sahraoui, a annoncé la rupture du cessez-le-feu avec le Maroc, en vigueur depuis 1991. Cette déclaration fait suite à l’invasion de la zone tampon démilitarisée de Guerguerat par Rabat.

par Gaël De Santis

SI RICHE SAHARA OCCIDENTAL
L’armée marocaine a fait irruption vendredi 13 novembre dans la zone tampon de Guerguerat, en réponse à ce qu’elle appelle les «  provocations du Polisario », le mouvement qui se bat pour l’indépendance du Sahara occidental, envahi par le Maroc en 1976. Depuis le 21 octobre, des militants sahraouis bloquaient pacifiquement la route qui relie les territoires sahraouis occupés par le Maroc et la Mauritanie, empêchant le passage à deux cents poids lourds, bloqués de part et d’autre du poste-frontière. Cette protestation est qualifiée d’«  acte de banditisme » par Rabat qui dit vouloir rétablir «  la libre circulation civile et commerciale » entre le Maroc et la Mauritanie.

Cette attaque contre les zones tenues par le Front polisario par le Maroc vient mettre le feu aux poudres. Lundi dernier, le mouvement de libération nationale avait prévenu qu’en cas d’introduction de militaires ou civils dans la zone tampon appartenant à la République arabe sahraouie démocratique (RASD), l’accord de cessez-le-feu, conclu en 1991 prendrait fin. L’Armée de libération populaire sahraouie a riposté à l’invasion marocaine pour «  faire respecter la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique », faisait valoir hier le représentant en France du Front Polisario. «  La guerre a commencé. Le Maroc a liquidé le cessez-le-feu », a annoncé à l’AFP, le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek.

La question de la brèche du Guerguerat, à savoir la construction d’une route entre les territoires occupés par le Maroc et la Mauritanie, ne cesse de menacer la paix au Sahara occidental, ancienne colonie espagnole et territoire déclaré «  non autonome en attente de décolonisation » selon l’Organisation des Nations Unies. Un rapport de 2001, remis au secrétaire général des Nations Unies souligne déjà que «  la construction envisagée posait des problèmes délicats et que certaines des activités entreprises pourraient contrevenir à l’accord de cessez-le-feu ». Cela n’avait pas empêché Rabat d’édifier une route en 2016. Cela avait conduit, dans cette zone officiellement démilitarisée, à un face-à-face entre forces armées marocaines et indépendantistes sahraouies, contraignant la Minurso, la force de maintien de la paix, à être présente sur place, jusqu’à ce qu’en 2017, les forces marocaines ne quittent les lieux.

Le Maroc refuse un référendum d’autodétermination

PHOTO ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Ce nouvel affrontement met en lumière le blocage sur le dossier sahraoui. Le Maroc se refuse toujours à organiser un référendum permettant aux Sahraouis de s’autodéterminer, sans faire l’objet de pression des chancelleries européennes pourtant toujours prêtes à donner des leçons en d’autres endroits d’Afrique. Son gouvernement, qui contrôle 80 % du territoire sahraoui, privilégie la création d’un territoire autonome «  sous contrôle » afin de conserver sa mainmise sur les ressources naturelles. Par ailleurs, le poste de représentant des Nations Unies au Sahara occidental est vacant depuis l’an dernier. De plus, ces derniers mois, plusieurs pays africains ont ouvert des représentations diplomatiques dans les territoires occupés par le Maroc, suscitant les critiques de la République arabe sahraouie démocratique, membre de l’Union africaine.

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