30 septembre, 2021

FABIEN GAY, NOUVEAU DIRECTEUR DE «L’HUMANITÉ »

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PATRICK LE HYARIC ET FABIEN GAY
PHOTO L’HUMANITÉ

L’Humanité écrit une nouvelle page de son histoire

L’actuel directeur du groupe l’Humanité, Patrick Le Hyaric, a annoncé son départ. Le conseil de surveillance a validé, mercredi, la nomination de son successeur, Fabien Gay. Le sénateur de la Seine-Saint-Denis devient le huitième directeur du titre, depuis sa création par Jean Jaurès en 1904.

par  Caroline Constant 

PHOTO MARTIN BUREAU

L’un arrive, l’autre est sur le départ. Mercredi, le conseil de surveillance a validé la nomination de Fabien Gay au poste de directeur du groupe l’Humanité. Après vingt années à la tête du journal, l’actuel directeur, Patrick Le Hyaric, a décidé de quitter ses fonctions. L’occasion de revenir sur le parcours de ces deux hommes, le premier fils d’ouvriers, l’autre fils d’agriculteurs. Des trajectoires venues du monde du travail, dans la grande tradition de l’Humanité.

Les deux dirigeants se connaissent bien. Fabien Gay a été, durant dix mois, le collaborateur de Patrick Le Hyaric, à la tête du journal, en 2014. « C’était une expérience intense, confie le jeune sénateur communiste au téléphone. J’ai découvert, semaine après semaine, mois après mois, quelqu’un de très humain. Et une heure avec lui, c’est comme si tu avais lu un livre. J’ai beaucoup appris à ses côtés. C’est quelqu’un de dur au travail, d’exigeant, avec une rigueur intellectuelle hors du commun. » Le désormais ex-directeur de l’Humanité, de son côté, avait en tête le portrait-robot de son successeur : « Il convient d’élire un camarade qui connaisse bien l’Humanité et son fonctionnement, qui soit capable d’animer des équipes avec des personnalités fortes et diverses, qui soit capable de prendre des décisions parfois difficiles, et qui puisse maintenir des liens avec les institutions étatiques et le monde économique. » Toutes qualités qu’il a pu déceler chez Fabien Gay, dont il a proposé le nom.

Directeur de la Fête durant trois ans

Et Fabien Gay se dit « très heureux » de revenir à l’Humanité. Lui qui fut directeur sur trois éditions de la Fête, de 2015 à 2017, avant d’être élu sénateur, confie avoir « adoré » cette expérience, le travail, le sentiment d’urgence, et les équipes aussi. « La Fête, c’est ce qui rassemble toute la maison, estime-t-il, philosophe. Quand j’ai été élu sénateur de la Seine-Saint-Denis, en 2017, la seule chose qui m’a embarrassé, c’est de quitter le journal. » Il y revient « avec émotion, car c’est une très grosse responsabilité, en même temps qu’un très grand honneur d’y travailler ». Et a hâte de se mettre au travail, dans « cette belle maison qu’est l’Humanité ».

L’histoire est d’autant plus belle que Fabien Gay vient d’un milieu très modeste. Celui qui devient, à 37 ans, le plus jeune directeur de l’Humanité de tous les temps, est le fils d’une ouvrière et d’un tourneur-fraiseur devenu permanent de la CGT. Il a grandi dans un quartier populaire de Bordeaux, le Bacalan. Et il est le premier de sa famille à décrocher le baccalauréat, avant de se découvrir une passion pour l’étude à l’université de Bordeaux-III, où il décroche un master d’histoire contemporaine, de géographie, d’histoire des idées. « La fac, ça a été pour moi une révélation », avoue-t-il, de son accent chantant du Sud-Ouest. Parallèlement, il est très engagé dans son club de rugby, tour à tour joueur, entraîneur bénévole, éducateur. « Mon premier engagement militant, il est sportif », commente-t-il. Dans le club, se retrouvaient tous les gamins du coin, fils d’ouvriers, d’avocats ou d’architectes. « C’est un vrai lieu de socialisation, de vie, que je continue toujours à chercher dans le PCF comme dans mon rôle d’élu », affirme le jeune homme.

Côté engagement, il entre en politique avec la bataille contre le traité constitutionnel européen, puis les révoltes urbaines de 2005. Il prend assez vite des responsabilités au PCF, puis à la Jeunesse communiste (JC). Tout en poursuivant et finançant ses études, il travaille dans des champs de maïs, est tour à tour vendangeur, barman, serveur, et même, pendant neuf ans, animateur dans un village de vacances. Une expérience de la précarité qu’il n’oublie pas. C’est à cette époque qu’il collabore pour la première fois à l’Humanité, en participant au programme « Libres-échanges » qui ouvrait nos colonnes à de jeunes gens, avec un papier rageur sur Sarkozy et l’immigration. Fabien Gay a suivi son épouse en région parisienne, au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), où il est devenu permanent de la JC, avant d’entrer à l’Humanité, puis de devenir sénateur en septembre 2017. Thibaut Weiss, l’actuel directeur de la Fête de l’Humanité, a un souvenir ému de celui qu’il considère comme un « grand frère » : « Fabien a une vision. Il ne se contente jamais de rester strictement dans le rôle qu’on lui assigne. Il essaie d’aller le plus loin possible et d’emmener les gens avec lui, parce qu’il est généreux dans le travail, avec ses équipes. » Dans un moment où la Fête de l’Humanité doit être « réinventée », il considère que c’est « un atout » d’avoir comme directeur du journal quelqu’un qui en connaît les rouages.

Une page se tourne pour l’Humanité. Patrick Le Hyaric, en vingt années, a fait face à de véritables tornades. Il est arrivé en 2000, à 43 ans, dans un climat délétère, où le journal avait perdu des milliers d’abonnés. « Avec courage et abnégation, il a tenu le journal à bout de bras pendant deux décennies sans jamais se plaindre », dit de lui le PDG du groupe de la Dépêche du Midi, Jean-Michel Baylet, ancien président de l’Alliance de la presse d’information générale. « Ce qui m’a marqué chez lui, c’est qu’il est un véritable humaniste. En vrai radical-socialiste, j’apprécie beaucoup. Je l’ai toujours vu ouvert, jamais dans l’excès, ni dans l’intransigeance, à essayer de comprendre. Ça n’empêche pas les divergences. C’est un honnête homme dans tous les sens du terme », loue-t-il.

Protéger l’indépendance du journal

Et Patrick Le Hyaric a eu fort à faire. Il a été obligé, en guise de ticket de bienvenue, de procéder à un premier plan social qui l’a beaucoup affecté. Le dirigeant communiste, qui était directeur du journal la Terre, collaborateur d’André Lajoinie, a relevé les manches, convoqué les financements, placé inlassablement le personnel politique face à ses responsabilités. Il a dû affronter une véritable révolution dans les pratiques de lecture, d’abord avec l’arrivée des journaux gratuits, puis avec l’explosion d’Internet qui a totalement chamboulé tout le modèle économique des journaux. Son credo, durant toutes ces années : « Renouer avec les enseignements de Jaurès, et protéger l’Humanité pour la mettre au service de ceux qui en ont besoin », assure-t-on dans son entourage.

La dernière de ces tempêtes, en 2018, a failli signer la fin de l’aventure de l’Humanité, et il lui a fallu batailler pour inventer un nouveau modèle. Au final, d’une maison lestée par l’amertume et les ennuis financiers, en 2001, il laisse aujourd’hui une économie saine, un groupe de presse bien plus stable, composé de l’Humanité, de l’Humanité Dimanche, d’une plateforme Internet, mais aussi de la Terre et de Travailler au futur, avec des collectifs de travail soudés. « Ce qui caractérise Patrick, c’est son sens absolu des responsabilités, commente un proche.  Il pèse ses choix, et les assume, même quand ce n’est pas facile. Ça ne veut pas dire qu’il ait raison sur tout, mais c’est l’inverse de la bravade et de la gloriole, il y a même un côté très pudique chez lui. »

Les directeurs de la rédaction qui se sont succédé depuis 2001 saluent aussi l’immense dévouement du directeur sortant. Pour Pierre Laurent, en poste de 2001 à 2010, « le bilan sur les années 1998-2021 est extraordinaire ». Patrick Apel-Muller, qui a pris sa suite jusqu’en décembre 2019, estime pour sa part que Patrick Le Hyaric « a su protéger l’indépendance du journal, alors que des difficultés financières attiraient des prédateurs de tout poil. Au fil d’un dialogue parfois animé avec la rédaction, il a tracé le sillon d’un quotidien ouvert, communiste et à la confluence des débats de la gauche, exigeant intellectuellement et accessible à tous. Une denrée rare dans le paysage médiatique aujourd’hui ». Sébastien Crépel, actuel codirecteur de la rédaction aux côtés de Maud Vergnol, assure que « Patrick a toujours joué le rôle de paratonnerre pour l’Humanité et ses équipes. En toute circonstance, il a pris la défense des journalistes et de ce qu’ils écrivent, même quand, en son for intérieur, il lui est arrivé de ne pas être d’accord sur tout. Quand on prenait des risques, c’est lui qui affrontait le danger. Et pourtant, il n’a jamais demandé à quiconque de se censurer, il est très attaché à la liberté de chaque journaliste. En échange, il attend que nous soyons solidaires les uns des autres. Pour lui, rassembler, à l’intérieur comme autour de l’Humanité , faire la chaîne pour être plus forts, c’est une préoccupation constante depuis vingt ans ».

Un nouveau chapitre du journal de Jaurès s’ouvre. Patrick Le Hyaric, qui continuera à s’occuper du développement de la Terre et de Travailler au futur, rappelle que «  l’Humanité est un trésor que nous lègue le mouvement ouvrier et communiste. Il est le seul journal de cette nature dans le monde capitaliste, un journal d’inspiration, de combat et de création communiste. C’est un caillou dérangeant pour le talon de fer du capital, observé, jalousé, et qui, à n’en pas douter, continuera à faire l’objet de manœuvres pour l’ôter au courant communiste et progressis te ». Fabien Gay assure : « Nous continuerons à faire de l’Humanité un journal ouvert sur la société, avec des informations qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, qui fait vivre ses valeurs, montre l’actualité sous un autre angle, la décrypte et la rend accessible au plus grand nombre. Et ce, avec tous les défis qui attendent ses équipes. »

Dans tous les cas, comme l’a déclaré Patrick Le Hyaric, « l’Humanité est un combat quotidien, qu’il faudra continuer à mener tous ensemble ».

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29 septembre, 2021

ELECTION PRÉSIDENTIELLE AU CHILI : UNE CAMPAGNE OUVERTE AVEC DE NOMBREUX ÉLECTEURS INDÉCIS

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PHOTO RODRIGO GARRIDO / REUTERS
Un montage photo (avec de gauche à droite) Sebastian Sichel, candidat de la coalition de droite, le 16 octobre 2018, le député de gauche Gabriel Boric, le 10 décembre 2019, et Yasna Provoste, l’ex-présidente du Sénat, le 22 juillet 2021. 
Les Chiliens doivent également choisir leurs députés et une partie des sénateurs, le 21 novembre. Alors qu’une Assemblée constituante, élue au mois de mai, travaille à l’élaboration d’une nouvelle loi fondamentale, les Chiliens se trouvent de nouveau face au choix de modèle.

Par Flora Genoux(Buenos Aires, correspondante)

Temps de Lecture 4 min.

la campagne présidentielle chilienne a officiellement démarré le 22 septembre, avec le premier débat entre les candidats, dans un contexte marqué à la fois par une demande de renouveau politique et une forte indécision. Les électeurs doivent désigner le 21 novembre la ou le successeur du chahuté Sebastian Piñera (droite), qui ne peut pas se présenter de nouveau, en tant que chef d’État sortant.

En tête des sondages, avec près de 20 % des intentions de votes selon l’institut Activa : Gabriel Boric, 35 ans, député de gauche et ancien leader des mouvements étudiants de 2011 réclamant une « éducation publique de qualité ». Le plus jeune prétendant à l’élection présidentielle de l’histoire chilienne a créé la surprise lors des primaires du mois de juillet en devançant le candidat attendu, un maire communiste du nord de la capitale.

- Ñ - ELECTION PRÉSIDENTIELLE  AU CHILI
PROPAGANDE ÉLECTORALE
« JOIGNEZ-VOUS POUR CHANGER LE CHILI. »


Parmi les sept candidats en lice, c’est notamment Gabriel Boric qui se fait davantage l’écho des demandes portées par l’Assemblée constituante. Elue au mois de mai, cette assemblée a, elle aussi, suscité la surprise, avec une majorité de constituants indépendants et marqués à gauche, véhiculant les grandes exigences de l’historique mouvement social d’octobre 2019, en faveur des droits sociaux. Le regard que portera le futur président sur cette assemblée est ainsi une pièce maîtresse des discussions.

En deuxième place dans les sondages, la coalition de droite emmenée par Sebastián Sichel, avocat de 44 ans, crédité de près de 12 % d’intentions de vote. Candidat de la continuité, il s’efforce de mettre à distance la figure de Sebastián Piñera – il a été son ministre du développement social de 2019 à 2020 – dont l’image est profondément écorchée par la pandémie et la gestion du soulèvement social de 2019.

Une croissance forte

Le Chili est cependant parvenu à endiguer le taux de mortalité, comparé à d’autres pays de la région, comme le Pérou, le Brésil ou l’Argentine, avec plus de 37 000 morts liés au coronavirus pour près de 19 millions d’habitants. Cette année, avec une croissance de 11 % environ, le pays va largement absorber la chute du produit intérieur brut de 2020 (– 5,8 %).

« Le discours central de Sebastián Sichel est celui du soutien aux petites et moyennes entreprises, et contre la présence de l’État », souligne Isabel Castillo, politiste et chercheuse au Centre du conflit et de la cohésion sociale, qui note la volonté du candidat de se positionner davantage au centre. Il s’est notamment prononcé en faveur du mariage pour les personnes de même sexe, actuellement en débat au Parlement.

Lire aussi : DROIT À L’AVORTEMENT : PARTOUT EN AMÉRIQUE LATINE, DES FEMMES MANIFESTENT POUR LE RÉCLAMER OU LE DÉFENDRE

La troisième figure : l’ex-présidente du Sénat Yasna Provoste, 51 ans – près de 10 % d’intentions de vote selon Activa – unique femme dans la course à la présidentielle. À la tête d’une coalition de centre gauche, « elle aussi se positionne sur un axe plus progressiste au sein de sa famille politique », la démocratie chrétienne, relève Isabel Castillo, tandis que la candidate a déclaré qu’elle entendait avancer vers le droit à l’avortement (actuellement autorisé seulement en cas de viol, de danger pour la vie de la personne enceinte ou d’inviabilité du fœtus).

Lire aussi :  CHILI : L’AVORTEMENT DÉPÉNALISÉ PAR LES DÉPUTÉS, PROCHAIN VOTE AU SÉNAT

« Yasna Provoste insiste sur son aspect identitaire, en disant qu’elle est une femme d’origine indigène du nord du pays, mais elle porte le fardeau de sa coalition à qui on reproche de ne pas avoir changé le système libéral [mis en place sous la dictature, entre 1973 et 1990], quand elle était au pouvoir », poursuit Isabel Castillo. Yasna Provoste a notamment été ministre de l’éducation sous le premier mandat de Michelle Bachelet (2006-2010, centre gauche). L’ex-ministre est talonnée par le candidat d’extrême droite José Antonio Kast.

Lire l’analyse : Au Chili, la recomposition du paysage politique ouvre une nouvelle ère

Lors du premier débat télévisé, mercredi 22 septembre, les journalistes ont d’emblée interpellé les candidats sur une nouvelle ponction des pensions, à capitalisation individuelle privée, système accusé de reproduire les inégalités de la vie active. La question n’a rien de technique : elle soulève celle du choix de modèle, universel avec l’instauration d’un État-providence d’une part, ou toujours en grande partie adossé au secteur privé, d’autre part. Gabriel Boric et Yasna Provoste se sont prononcés en faveur d’un système de sécurité sociale public, tandis que Sebastián Sichel a plaidé en faveur d’un système mixte où cohabiteraient le privé et le public.

« Dépolitisation » importante de la société

Le trio retraites, santé et éducation s’impose d’ailleurs parmi les grands problèmes auxquels le gouvernement devrait s’atteler, selon les Chiliens interrogés par le Centre d’études publiques (CEP), des thématiques désormais devancées par celles de la délinquance et de l’insécurité. Elément le plus frappant, et inédit : la moitié des votants ne savent pas encore quel nom ils glisseront dans l’urne au mois de novembre, selon l’enquête du CEP.

« Cela s’explique par une société où la dépolitisation est très importante. Le taux de participation de 41 % à l’élection de l’assemblée constituante fait état d’une faible mobilisation », analyse Antoine Maillet, politiste à l’Université du Chili. Ce climat laisse la voie « à une course très ouverte, caractérisée par un discours corseté et une grande prudence des candidats », poursuit le spécialiste, qui estime que le processus d’écriture de la Constituante « éclipse en partie » l’élection présidentielle. Les candidats doivent parvenir à capter l’intérêt d’électeurs défiants, alors que la révolte sociale de 2019 a mis en exergue la profonde crise des partis traditionnels qui n’ont pas su capitaliser sur le mécontentement de la population.

Le 21 novembre, les Chiliens appelés aux urnes devront également élire la totalité des députés et une partie des sénateurs, ainsi que les conseils des seize régions. Si aucun candidat ne bénéficie de majorité absolue au premier tour, un deuxième scrutin se tiendra le 19 décembre. Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)

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ILLUSTRATION AGENCIA UNO

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27 septembre, 2021

ANNIVERSAIRE DE LA MORT DU PRÊTRE PIERRE DUBOIS


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PIERRE DUBOIS 1990 
PHOTO JM MARTIN
2012 - 28 SEPTEMBRE - 2021
NEUVIÈME ANNIVERSAIRE DE LA MORT
DU PRÊTRE FRANÇAIS PIERRE DUBOIS
Le prêtre français, le Père Pierre DUBOIS meurt à 80 ans, le 28 septembre 2012 à Santiago au Chili. De son nom complet Pierre Albert Louis Dubois Desvignes, il voit le jour à Plombières-les-Dijon, le 17 octobre 1931. Issu d’une famille catholique, il est ordonné prêtre en 1955. Il est connu pour avoir été un défenseur des droits de l’homme pendant la dictature d'Augusto Pinochet. 
Arrivé au Chili en 1963 pour conseiller le Mouvement d'Action Catholique des travailleurs et les jeunes travailleurs catholiques dans les communes actuelles Pudahuel et Quinta Normal, il est naturalisé chilien en 2001. Il a mené une vie tournée vers le service du peuple chilien et de sa classe ouvrière en particulier. Engagé dans le cadre du mouvement d’Action catholique ouvrière (ACO), il anima le MOAC (Movimiento Obrero de Acción Católica) en devenant notamment aumônier national.

25 septembre, 2021

L’ARMÉE ISRAÉLIENNE A TUÉ PLUS DE 320 PALESTINIENS EN PRÈS DE NEUF MOIS

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DESSIN SERGIO LANGER

Ramallah, 25 septembre 2021. Les troupes israéliennes ont tué 321 Palestiniens et en ont blessé plus de 15 300 depuis le début de l’année au 20 septembre dernier, a dénoncé aujourd’hui une institution de l’ONU.

Prensa Latina 

    DESSIN SERGIO LANGER

dans son rapport bimensuel, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a précisé que 263 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, la plupart lors de l’agression de 11 jours en mai, et 58 en Cisjordanie.

Dans le même temps, 13 073 palestiniens ont été blessés sur la rive occidentale et 2 300 dans l’enclave côtière, où vivent plus de deux millions de personnes.

Au cours de ces presque neuf mois, 15 Israéliens ont perdu la vie et 1 030 ont été blessés par des actions palestiniennes, a signalé le rapport.

L'OCHA souligne que rien que du 7 au 20 septembre, les militaires de Tel-Aviv ont blessé 568 Palestiniens, dont 73 enfants.

Prenant la parole hier devant la 76ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé cet organisme à convoquer une conférence internationale de paix.

Nous sommes à la croisée des chemins, nous en avons assez. Cette situation ne peut plus durer et notre peuple ne peut plus le supporter, a souligné le Abbas.

Le colonialisme et l’apartheid sont interdits par le droit international et sont des crimes à affronter, et il y a un régime à démanteler, a-t-il déclaré.

Israël croit pouvoir poursuivre ses politiques pour nous voler nos terres, étouffer notre économie et nous empêcher de respirer l’air de la liberté tout en promouvant sans cesse un faux récit qui ignore le droit historique du peuple palestinien à sa patrie, a-t-il affirmé. peo/msm/rob

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ILLUSTRATION HÉLÈNE ALDEGUER, 2021.

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23 septembre, 2021

CHILI: LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE DÉMARRE AVEC UN PREMIER DÉBAT

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PHOTO AFP

La campagne électorale a commencé officiellement ce mercredi 22 septembre 2021. Le premier tour du scrutin est prévu le 21 novembre prochain. C'est la première élection présidentielle depuis le mouvement social d'octobre 2019 contre les inégalités. Une élection qui a aussi lieu en pleine rédaction d'une nouvelle Constitution, qui devrait être terminée l'an prochain et remplacerait le texte actuel, hérité de la dictature du général Pinochet. Et pour lancer la course au palais de la Moneda, un premier débat entre les candidats était organisé à la télévision ce mercredi.

Par Justine Fontaine

En plateau, presque tous les candidats sont présents : une démocrate chrétienne, un nostalgique de la dictature de Pinochet, un marxiste-léniniste et puis, les deux favoris du scrutin. D'une part, un ancien leader étudiant de gauche, et d'autre part, Sebastian Sichel, soutenu par la coalition de droite au pouvoir. Il dit vouloir dépasser les clivages politiques.

« D'abord, je voudrais que le président construise une grande coalition, pour parvenir à des accords transversaux, déclare Sebastian Sichel. Qu'il ne clame pas que Salvador Allende est le futur, et qu'il ne débatte pas non plus au sujet de Pinochet ou du gouvernement précédent. Pour que l'on cesse d'être polarisés et d'être paralysés. »

► À lire également : Au Chili, la question de l'interdiction des rodéos s'invite dans la campagne

« Construire un nouveau Chili »

Face à lui, l'ancien leader étudiant Gabriel Boric reprend des revendications des Chiliens qui ont manifesté contre les inégalités dans le pays. Fin du système de retraites privé, création d'un système de santé unique universel ou encore soutien à l'Assemblée constituante qui vient de commencer ses travaux.

« Ce qui rendrait le Chili ingouvernable, ce serait de ne rien changer, insiste Gabriel Boric. Et je représente aujourd'hui le changement, la transformation du pays, et l'espoir que nous puissions construire un nouveau Chili. »

Après deux heures de débat, plusieurs sujets n'ont toutefois pas été abordés, comme l'éducation, l'environnement, la politique étrangère ou encore les droits des personnes LGBT+.

► À lire aussi : Chili: une nouvelle épine dans le pied de l’assemblée constituante

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ILLUSTRATION AGENCIA UNO

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22 septembre, 2021

CHILI: LANCEMENT DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE, 50% D’INDÉCIS

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ILLUSTRATION AGENCIA UNO

La campagne pour la présidentielle a démarré mercredi au Chili, à deux mois d’un scrutin particulièrement ouvert pour la succession du président conservateur Sebastian Piñera dont le mandat a été marqué par une vague de contestation sociale sans précédent.

Mediapart ave l'AFP 

   RÉSULTATS ENQUÊTE CADEM 
DESSIN LAUZAN


La campagne pour la présidentielle a démarré mercredi au Chili, à deux mois d’un scrutin particulièrement ouvert pour la succession du président conservateur Sebastian Piñera dont le mandat a été marqué par une vague de contestation sociale sans précédent.

Parmi les sept candidats en lice, le député de gauche, Gabriel Boric, 35 ans, et l’avocat de droite Sebastian Sichel, 44 ans, sont en tête dans les enquêtes d’opinion.

Lire aussi :CHILI : DEUX JEUNES CENTRISTES REMPORTENT LES PRIMAIRES AVANT LA PRÉSIDENTIELLE

Selon les derniers sondages, Gabriel Boric, plus jeune candidat à l’élection présidentielle de l’histoire chilienne, recueille 13% des intentions de vote, contre 11% pour le candidat de la droite. En troisième position (6%) arrive la sénatrice démocrate-chrétienne, Yasna Provoste, soutenue par une coalition de centre gauche.

Mais la moitié des Chiliens ne savent toujours pas pour qui voter, selon une enquête du Centre d’études publiques (CEP), un groupe de réflexion de tendance libérale.

Lire aussi : CHILI : LA PRÉSIDENTIELLE EST OUVERTE

Le chiffre est sans précédent : en 2013, à deux mois du scrutin, 13% des électeurs chiliens étaient indécis ; ils étaient 26,8% en 2017. Le taux de participation pourrait être aussi un enjeu.

Selon l’analyste politique Javier Couso, de l’Université Diego Portales, « les débats (entre candidats) seront décisifs et pourront avoir un poids qu’ils n’ont jamais en 31 ans, depuis le retour de la démocratie » en 1990.

Quelque 14,7 millions de Chiliens seront appelés aux urnes le 21 novembre pour élire leur président pour un mandat de quatre ans, les 155 députés de l’Assemblée nationale et 27 sénateurs sur 55. Les conseils des 16 régions seront également renouvelés.

Sebastian Piñera, qui a dirigé le pays entre 2010 et 2014, puis depuis 2018, ne peut pas se représenter.

La campagne électorale commence en pleine « crise de légitimité et de confiance » envers les dirigeants politiques, rappelle Pamela Figueroa, professeure à l’Université de Santiago, alors que le Chili a été secoué fin 2019 par une contestation sociale inédite pour dénoncer les inégalités sociales.

« Les partis politique ne sont pas parvenus à s’adapter au changement vécu par la société chilienne après la crise d’octobre 2019 et cela représente un défi pour les candidats en matière de transparence et de démocratie », ajoute-t-elle.

L’élection en mai d’une Assemblée constituante, chargée de rédiger une nouvelle Loi fondamentale, une des revendications des manifestants, avait déjà créé la surprise en favorisant les candidats indépendants au détriment des candidats soutenus par les partis politiques traditionnels.

Ces résultats ont poussé les partis à chercher « un changement générationnel » pour leurs candidats face à un nouveau cycle « d’approfondissement de la démocratie », souligne Pamela Figueroa.

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DESSIN LAUZAN

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LE CHILI ROUVRE SES FRONTIÈRES LE 1ER OCTOBRE 2021

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LE CHILI EST DE RETOUR 2021 

Le Chili annonce l'ouverture de ses frontières pour les voyageurs présentant un schéma vaccinal complet. Ils devront toutefois effectuer un test covid de 72h avant le départ, et s'auto-isoler pendant 5 jours. Ils devront enfin pendant 14 jours effectuer un rapport quotidien par email sur leur état de santé et leur localisation.

Tourmag

À partir du 1er octobre, les frontières du Chili rouvriront leurs portes aux étrangers non-résidents présentant un schéma vaccinal complet. 

Ainsi tous les voyageurs devront présenter un test PCR négatif, effectué au moins 72 heures avant le voyage ainsi que la preuve du passeport sanitaire complet.

Ils devront également remplir le formulaire « Affidavit pour les voyageurs » électroniquement jusqu'à 72 heures avant le voyage (données personnelles, l'état de santé et l’historique des déplacements du voyageur). 

 Les voyageurs devront aussi avoir une assurance qui couvre les frais médicaux causés par Covid-19. La couverture minimale pour les prestations de santé doit être de 30 000 USD.

Ils seront également contraints à un auto-isolement obligatoire de 5 jours, à l'adresse déclarée par le voyageur, qui peut être un hôtel, une résidence ou autre, qui doit être renseignée dans le formulaire d'inscription.

En plus de l'auto-isolement, toutes les personnes devront pendant 14 jours effectuer un rapport quotidien de l'état de santé et de localisation par e-mail.

Toutes les informations sur la mise à jour du "Plan Frontières Protégées et l'entrée des étrangers" au Chili sont disponibles sur https://chile.travel/planviajarachile


21 septembre, 2021

CHILI : L’ARCHEVÊQUE DE SANTIAGO LISTE SES « VALEURS NON NÉGOCIABLES » POUR LA NOUVELLE CONSTITUTION

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    PHOTO  ALBERTO VALDES/EPA

Les faits Archevêque de Santiago du Chili, le cardinal Celestino Aós a profité samedi 18 septembre d’une cérémonie en présence des plus hautes autorités du pays pour énumérer les « valeurs non négociables ». Pour lui, ce rappel de points fondamentaux était d’autant plus nécessaire que le pays est en pleine réforme constitutionnelle.

par Xavier Le Normand

Lecture en 2 min.

 PHOTO ATON CHILE

C’est la tradition au Chili : chaque année, chaque cathédrale du pays accueille une célébration d’action de grâces - un Te Deum - le 18 septembre, première des deux journées des « fêtes patriotiques ». Dans ce pays où une large majorité de la population est catholique, il est d’usage que les autorités civiles et politiques participent à la célébration.

Cette année, ces Te Deum ont ainsi eu le samedi 18 septembre. À Santiago, la capitale, la cérémonie était conduite par l’archevêque, le cardinal Celestino Aós, devant une assemblée au premier rang de laquelle était présent Sebastián Piñera, président du pays. Le cardinal natif d’Espagne a ainsi saisi l’occasion pour transmettre ce qui constitue selon lui les « valeurs non négociables » alors que le Chili est en pleine réforme constitutionnelle.

« Nous rendons grâce pour tous ceux qui cherchent à respecter et à protéger les valeurs non négociables », a ainsi déclaré l’archevêque de Santiago dans son homélie, avant d’énumérer : « le respect et la défense de la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle, la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, la liberté des parents de choisir le modèle et l’établissement d’éducation de leurs enfants, la promotion du bien commun sous toutes ses formes et la subsidiarité de l’État qui respecte l’autonomie des organisations et coopère avec elles ».

Une liste édictée par Benoît XVI

Selon le cardinal Aós, il était d’autant plus indispensable de lister ces points qu’« aujourd’hui, en démocratie, la question de savoir ce qui correspond désormais à la loi de la vérité, ce qui est vraiment juste et peut devenir loi, n’est pas si évident ». S’ils ne sont pas cités explicitement, ces propos font notamment référence à deux projets de légalisation actuellement en discussion au Chili, l’un au sujet de l’euthanasie, le second à propos de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.

Cette liste du cardinal Aós reprend en réalité un enseignement développé à partir de 2002 par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis une fois devenu pape. Dans son exhortation Sacrementum caritatis (2007), il fait ainsi cette énumération, estimant que les législateurs et politiciens catholiques doivent « se sentir particulièrement interpellés par leur conscience » au regard de ces valeurs, au nom de la « cohérence eucharistique ». « Les évêques sont tenus de rappeler constamment ces valeurs, cela fait partie de leur responsabilité », édictait d’ailleurs Benoît XVI.

L’ajout de l’environnement

L’archevêque de la capitale chilienne a toutefois élargi la liste des « valeurs non négociables » établie par le prédécesseur du pape François. En effet, le point sur la subsidiarité de l’État n’y figure pas. De même, sans le mettre au même rang que les autres, un autre point a également été cité par le cardinal Aós dans son homélie : la protection de l’environnement. « L’importance de l’écologie est aujourd’hui indiscutable, a-t-il ainsi souligné. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence. »

La décision d’une réforme constitutionnelle au Chili a été actée par un référendum organisé en octobre 2020. Des élections constituantes ont par conséquent eu lieu en mai dernier. Ses travaux ont commencé début juillet, mais le nouveau texte fondamental n’est pas attendu avant au mieux 2022.

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PHOTO JUAN CARLOS CANCINO / SEGPRES

Au Chili, l'assemblée constituante a entamé ses travaux il y a deux mois et demi maintenant, et elle devrait adopter dès ce mois-ci son règlement, c'est-à-dire le cadre précis dans lequel les élus rédigeront la nouvelle Constitution. Il s'agit de remplacer le texte actuel, hérité de la dictature du général Pinochet et rejeté dans la rue par les Chiliens lors du mouvement social historique d'octobre 2019. Mais cette assemblée inédite au Chili a déjà dû affronter toute une série de difficultés depuis que ses membres ont prêté serment le 4 juillet. Dernier problème en date, un élu issu du mouvement social contre les inégalités a présenté sa démission ce lundi 20 septembre.

par Justine Fontaine

PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP

En pratique, Rodrigo Rojas Vade ne peut pas démissionner pour l'instant car dans son cas rien n'est prévu dans les textes qui encadrent les travaux de l'assemblée constituante (il est possible de démissionner seulement si une maladie grave empêche un élu de mener à bien ses fonctions). En tout cas, il a annoncé lundi qu'il n'irait plus à la constituante et qu'il refuse de continuer à percevoir son salaire.

Pour comprendre, il faut revenir un peu en arrière. Il s'est fait connaître au Chili pendant les manifestations d'octobre 2019 contre les inégalités sociales. Lui dénonçait les inégalités dans la santé en expliquant qu'il était atteint d'un cancer. Cancer dont il n'a en fait jamais souffert, c'est ce qu'il a reconnu dans un reportage publié au début du mois.

La révélation a fait scandale ici, d'autant plus que Rodrigo Rojas avait été élu sur « la liste du peuple », une liste indépendante issue du mouvement social et qui promettait d'en finir avec la corruption et les pratiques douteuses qui étaient reprochées aux partis traditionnels. Cette toute nouvelle liste, plutôt à gauche, avait réussi l'exploit d'obtenir 27 sièges sur 155 à l'assemblée constituante.

Une importante vague de critiques

Cette affaire est donc venue ternir les premiers mois de l'assemblée, car il faut le rappeler, lors de son élection, la constituante symbolisait le renouvellement de la classe politique et l'espoir de voir certaines des revendications du mouvement social se concrétiser grâce à la nouvelle constitution. Aujourd'hui tout n'est pas perdu, loin de là, mais évidemment ce scandale a provoqué une vague de critiques, notamment de la part de la droite. Or les ultra conservateurs et l'extrême droite étaient déjà très mobilisés contre l'assemblée constituante. Une étude menée par l'université de Valparaiso a montré juste avant ce scandale que près de 8000 comptes sur les réseaux sociaux menaient déjà des attaques coordonnées contre l'assemblée constituante. Par exemple en disant que c'était un cirque, que les élus étaient paresseux ou encore en appelant à la démission de sa présidente, la linguiste autochtone mapuche (et bardée de diplômes) Elisa Loncon.

Se concentrer sur des sujets de fond

Face à cela, la constituante essaye de tourner la page et appelle à se concentrer sur d'autres sujets de fond. D'une part, un certain nombre d'élus reconnait que cette histoire de faux cancer pose des questions éthiques importantes, ou encore la question de savoir si les élus peuvent démissionner et quelles seraient les règles appliquées pour les remplacer éventuellement. Mais d'autre part effectivement, beaucoup d'élus soulignent qu'ils ont déjà avancé ces dernières semaines sur plusieurs sujets importants. Par exemple, la question des droits de l'homme, la représentation des femmes et des peuples autochtones, la protection de l'environnement, ou encore la participation effective des citoyens dans ce processus constituant.

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