30 janvier, 2023

QUI SE CACHE DERRIÈRE LA TENTATIVE DE COUP D’ÉTAT CONTRE LA DÉMOCRATIE BRÉSILIENNE ?

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PHOTO MARCELO CAMARGO / AGÊNCIA BRASIL

Le 8 janvier 2023, plusieurs milliers de partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro ont pris d’assaut les trois principales institutions démocratiques du Brésil. Le Congrès, le Tribunal suprême fédéral et le Palais présidentiel de la place des Trois-Pouvoir dans la capitale ont été saccagés pendant plusieurs heures dans une tentative de coup d’État. Cette attaque, minutieusement planifiée, a suscité une indignation mondiale.

par Salim Lamrani

DESSIN  ALEX FALCÓ CHANG 

Le 30 octobre 2022, lors du second tour de l’élection présidentielle, les Brésiliens ont orienté leur suffrage vers le candidat du Parti des Travailleurs, Lula da Silva, en lui accordant une courte avance face au Président sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro. Avec un total de 50,9%, Lula a obtenu deux millions de voix de plus que son adversaire sur un total de 124 millions d’électeurs. Après deux mandats consécutifs couronnés de succès entre 2003 et 2010 et 80% d’opinion favorable, l’ancien dirigeant ouvrier revient au pouvoir pour une nouvelle gouvernance de quatre ans, jusqu’en 2027 [1].

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Le Président Lula aurait dû réinvestir le Palais présidentiel dès janvier 2019, étant le candidat favori des élections de 2018. Mais suite à une conspiration orchestrée par le procureur Sergio Moro dans le cadre de l’affaire de corruption Lava Jato, afin de l’empêcher de présenter sa candidature, Lula a été arbitrairement condamné en 2017 à une peine de neuf ans et six mois de prison – peine alourdie à 12 ans de prison en appel – pour corruption passive et blanchiment d’argent, sans qu’aucune preuve matérielle ne soit présentée lors au Tribunal. La Commission des Droits de l’Homme des Nations unies a condamné le procès contre Lula soulignant qu’il « a violé son droit d’être jugé par un tribunal impartial, son droit à la vie privée et ses droits politiques [2] ». Ce dernier a passé 580 jours en prison, d’avril 2018 à novembre 2019, ce qui a permis à Bolsonaro de s’emparer du pouvoir sans difficulté. Le leader d’extrême droite n’a même pas tenté de sauver les apparences, s’empressant de remercier le procureur Moro en le nommant Ministre de la Justice [3]. En 2019, la Cour suprême a annulé la condamnation de Lula, dénonçant l’instrumentalisation politique du procès à son encontre [4].

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Bolsonaro est un dirigeant ouvertement fasciste. « Allons directement à la dictature », a-t-il déclaré par le passé [5]. Nostalgique du régime militaire brésilien qui a meurtri le pays entre 1964 et 1985, ennemi des principes démocratiques, l’ex-président a ainsi qualifié en 2019 de « héros national » le colonel Carlo Alberto Ustra, condamné pour actes de torture et de barbarie par la justice brésilienne. Dilma Roussef, Présidente du Brésil de 2011 à 2016, avait été torturée par les services d’Ustra alors qu’elle était une jeune militante révolutionnaire opposée à l’autocratie des généraux [6].

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Après quatre ans de gouvernance, le bilan de Bolsonaro est singulièrement négatif, notamment marqué par l’ultraconservatisme, le renforcement du pouvoir de l’Église évangélique, les propos haineux à l’égard des populations de couleur, des femmes, de la diversité sexuelle et de la gauche [7]. Sa gestion catastrophique de la pandémie du Covid-19 a fait du Brésil l’un des pays au monde ayant le taux de létalité le plus élevé. Sa politique antisociale a fait exploser le taux de pauvreté : 33 millions de personnes souffrent de la faim. Sous son mandat, la déforestation de l’Amazonie a atteint des niveaux inégalés, avec une hausse de 60%, détruisant les terres indigènes et suscitant l’inquiétude de la communauté mondiale. Au niveau international, sa politique a conduit à la distension des liens avec de nombreux pays [8].

Malgré la transparence du scrutin de 2022, Bolsonaro a toujours refusé de reconnaître la victoire de son adversaire, faisant courir des rumeurs de fraude et chauffant à blanc son électorat, qui a multiplié les actions violentes depuis octobre 2022, en bloquant notamment les routes. De plus, depuis cette date, des centaines de personnes campaient devant le quartier général de l’armée à Brasilia, scandant le slogan « S.O.S Forces armées », exigeant explicitement une intervention militaire afin de rompre la légalité constitutionnelle et d’empêcher l’accession de Lula au pouvoir le 1er janvier 2023, tout cela avec l’accord tacite de Bolsonaro [9]. En outre, ce dernier n’a pas hésité à exercer une forte pression sur le Tribunal supérieur électoral afin qu’il annule les élections. Mais le TSE a refusé de céder aux menaces et a validé le scrutin, dénonçant l’action de Bolsonaro et qualifiant ses allégations de « ridicules et illicites », affirmant qu’elles étaient « ostensiblement conspiratrices à l’égard de l’état de droit démocratique ». Même le Ministère de la Défense a conclu à l’absence de fraude dans un rapport de novembre 2022 [10].

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Le 30 décembre 2022, à deux jours de la cérémonie d’investiture de Lula, Bolsonaro a quitté le pays en direction des États-Unis, refusant de se plier à la tradition républicaine de remise de l’écharpe à son successeur, symbole d’une transition pacifique. C’est la première fois depuis l’avènement de la démocratie en 1985 qu’un président sortant refuse de saluer le nouveau dirigeant. Cette année-là, le général Joao Figueredo, dernier chef de la junte militaire, avait refusé de participer à la cérémonie d’investiture du Président élu José Sarney [11]. L’attitude de Bolsonaro a même été publiquement critiquée par son vice-président sortant, le général Hamilton Mourao : « Les leaders qui doivent rassurer et unir la nation autour d’un projet pour le pays ont laissé leur silence ou leur action inopportune et nocive créer un climat de chaos et de désintégration sociale [12] ».

Le 1er janvier 2023, la cérémonie d’investiture a réuni de nombreuses délégations officielles venues du monde entier pour assister à l’intronisation de Lula comme Président de la République, illustrant ainsi le soutien international au nouveau pouvoir. Des centaines de milliers de Brésiliens ont effectué le déplacement dans la capitale pour saluer l’avènement d’une ère différente pour le Brésil, marqué par quatre années difficiles. Pour symboliser la nouvelle étape pour le peuple brésilien, en particulier pour les catégories les plus démunies, Lula a choisi une femme éboueur de 33 ans, Aline Sousa, pour la remise de l’écharpe présidentielle [13].

Lors de son discours d’investiture, Lula est revenu sur la longue bataille jalonnée d’obstacles qu’il a menée et qui a conduit à la victoire, dénonçant l’utilisation de fonds publics à des fins électorales par son adversaire. Il a dressé un réquisitoire du gouvernement sortant qui a procédé à « la destruction des politiques publiques qui promouvaient la citoyenneté, les droits essentiels, la santé et l’éducation ». Il a promis aux Brésiliens une « vie digne, sans faim, avec un accès à l’emploi, à la santé et à l’éducation [14] ».

Une semaine plus tard, le 8 janvier 2023, des milliers de militants d’extrême-droite se sont retrouvés dans la capitale Brasilia dans ce qui a été, à l’évidence, une opération minutieusement organisée. Ils ont lancé un assaut de plusieurs heures contre les trois principales institutions démocratiques du pays, le Congrès, le Palais présidentiel et le Tribunal suprême, trois joyaux de la Place des Trois Pouvoirs, édifiés par l’architecte Oscar Niemeyer, saccageant les lieux et détruisant des œuvres d’art d’une valeur inestimable, avec comme objectif de rompre la légalité constitutionnelle. Deux années, presque jour pour jour, après l’attaque du Capitole à Washington par les partisans de Donald Trump qui refusaient de reconnaître les résultats des élections, le Brésil a vécu le même épisode dramatique. La communauté internationale a unanimement condamné l’atteinte à l’État de droit [15].

Le Président Lula a signé un décret délégant la sécurité de la capitale aux autorités fédérales jusqu’à fin janvier 2023 [16]. Pas moins de 1 200 personnes ont été arrêtées et la Cour suprême a ordonné le démantèlement des camps des putschistes dans un délai de 24 heures [17].

Les responsabilités

Malgré ses dénégations, le principal auteur intellectuel de cette tentative de coup d’État est le président sortant lui-même [18]. En effet, Bolsonaro n’a eu de cesse de remettre en cause les résultats électoraux, pourtant unanimement reconnus, attisant ainsi la rancœur de ses partisans et galvanisant les secteurs les plus radicaux tentés par une action illégale. Comme le souligne le New York Times, l’assaut a constitué « le point culminant violent des attaques rhétoriques incessantes de M. Bolsonaro contre le système électoral du pays [19] ». Pour sa part, CNN a souligné que « Bolsonaro n’a cessé de semer le doute sur la légitimité du vote, sans présenter de preuves [20] ». L’ancien chef d’État a ainsi ouvert la voie à une action violente sans précédent dans l’histoire du Brésil démocratique. Par le biais de son avocat, il a persisté à qualifier les évènements de « mouvement social spontané mené par la population ». La Cour suprême a annoncé l’ouverture d’une enquête à son encontre. Selon la presse étasunienne, « il ne fait aucun doute qu’il a inspiré les quelque 5 000 personnes présentes à la manifestation qui a tourné à la violence [21] ». A la responsabilité de Bolsonaro s’ajoute celle des groupes ayant apporté un soutien matériel et financier à l’organisation d’une telle opération.

Les services de renseignements intérieurs disposaient, sans aucun doute possible, de toutes les informations nécessaires sur les projets violents des militants bolsonaristes. Ainsi, de nombreux messages circulant sur Telegram et WhatsApp appelaient à « organiser des attaques contre des infrastructures stratégiques, telles que des raffineries de pétrole et à ériger des barrages routiers ». Il ne fait aucun doute que les groupes de manifestants ont été infiltrés par des agents des renseignements généraux, comme cela est le cas dans n’importe quel pays au monde. Ainsi, selon une note de la police militaire de Brasilia, pas moins de 100 autocars transportant plus de 4 000 personnes sont arrivés dans la capitale entre le vendredi 6 janvier et le dimanche 8 janvier 2023 [22]. Pourtant, aucune mesure n’a été prise pour procéder à l’arrestation des organisateurs et empêcher l’assaut.

Par ailleurs, la responsabilité de l’armée est clairement engagée, celle-ci ayant accepté la présence du campement putschiste, appelant à la rupture de l’ordre constitutionnel, pendant plus dix semaines dans une zone de sécurité nationale. De surcroît, le jour des émeutes, le bataillon de la garde présidentielle qui stationne en permanence au Palais du chef de l’État n’a pas jugé bon d’intervenir pour empêcher l’invasion. Ces militaires « auraient même empêché, à plusieurs reprises, la police de procéder à l’arrestation des émeutiers », selon Le Monde [23].

De la même manière, la responsabilité des forces de sécurité censées protéger la capitale ne fait aucun doute. Le contingent d’agents de police présents sur les lieux était bien inférieur à celui requis pour veiller sur les différentes institutions de la démocratie brésilienne. Pourtant, les risques d’incidents étaient très élevés au vu de la présence massive et belliqueuse des extrémistes de Bolsonaro. Une réunion avait eu lieu le 6 janvier entre Flavio Dino, nouveau Ministre de la Justice, et les autorités locales dont le gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha, et le responsable de la sécurité de Brasilia, Anderson Torres, et un accord avait été trouvé au sujet du nombre d’agents à déployer pour protéger les institutions en prévision de la manifestation du dimanche. Or, contre toute attente, le contingent présent était bien inférieur à ce qui avait été convenu. Le Ministre Dino a dénoncé un changement de dernière minute, sans explication aucune de la part des autorités de Brasilia [24]. Ainsi, alors que l’esplanade devait être fermée aux manifestants, le gouverneur Rocha a décidé au dernier moment d’en ouvrir l’accès. Le Ministre de la Justice n’a appris la nouvelle que… par la presse [25]. Au lieu de remplir sa mission qui consiste à protéger les lieux, la police s’est distinguée par son inaction voire sa complicité à l’égard des putschistes. Le New York Times a exprimé sa stupéfaction : « Des vidéos ont circulé en ligne montrant les officiers présents semblant escorter les manifestants vers des bâtiments fédéraux, et s’arrêtant pour prendre des selfies avec eux [26] ». Le Président Lula a dénoncé pour sa part « la connivence explicite de la police avec les manifestants ». La justice brésilienne a déjà commencé à agir en procédant à l’arrestation du responsable de la sécurité dans la capitale [27].

Dans un premier temps, la Cour suprême a suspendu pour 90 jours le gouverneur Torres de Brasilia, un fervent soutien de Bolsonaro dont il a été Ministre de la Justice [28]. Mais les enquêteurs ont découvert à son domicile un projet de décret présidentiel destiné à annuler l’élection de Lula par une prise de contrôle du Tribunal supérieur électoral par le gouvernement fédéral, causant un scandale sans précédent au Brésil. Ce document non daté portait le nom de Bolsonaro à la fin avec un espace réservé pour sa signature. Torres, dans une tentative de défense maladroite, a appelé à ne pas juger ce document « hors de son contexte », reconnaissant ainsi la paternité du projet et l’authenticité du document destiné à préparer un coup d’État. Il a immédiatement été arrêté par les autorités, dans l’attente de son jugement [29].

Le Code pénal français

Dans n’importe quelle démocratie occidentale, les évènements du 8 janvier seraient sanctionnés par de lourdes peines de prison. Ainsi, selon l’article 412-1 du code pénal français, « le fait de commettre un ou plusieurs actes de violence de nature à mettre en péril les institutions de la République » est « puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende ». En outre, les peines sont portées à la détention criminelle à perpétuité et à 750 000 euros d’amende lorsque les actes sont « commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ». L’article 412-4 sanctionne d’une peine « de quinze ans de détention criminelle et de 225 000 euros d’amende le fait de participer à un mouvement insurrectionnel ». Ce dernier est défini de façon claire : « en occupant à force ouverte ou par ruse ou en détruisant tout édifice ou installation ; en assurant le transport, la subsistance ou les communications des insurgés ; en provoquant à des rassemblements d’insurgés, par quelque moyen que ce soit [30] ».

La tentative de coup d’État orchestrée par les partisans de Bolsonaro illustre le véritable visage de l’extrême droite, incapable de respecter les principes démocratiques dès lors que le suffrage populaire lui est défavorable. Dans un pays qui porte encore les douloureuses cicatrices laissées par les deux décennies de dictature militaire, fracturé et polarisé par l’administration sortante, la mission du Président Lula est de retrouver la cohésion nationale nécessaire et de rappeler à tout le peuple brésilien, quelle que soit sa tendance politique, que la nation appartient à tous et qu’elle a le devoir moral de s’occuper des catégories les plus fragiles. « Ordre et Progrès », telle est la devise républicaine du Brésil.

Illustration : Envahisseurs sur la rampe du Palais des Congrès. Marcelo Camargo / Agência Brasil – 8 January 2023 / Wikimedia CC


NOTES :

[1]  Agence France-Presse, « Congratulations Pour In for Brazil President-Elect Lula », 31 octobre 2022.

[2] United Nations Human Right Office of the Hight Commissionner, « Brazil : Criminal proceedings against former President Lula da Silva violated due process guarantees, UN Human Rights Committee finds », United Nations, 28 avril 2022. https://www.ohchr.org/en/press-releases/2022/04/brazil-criminal-proceedings-against-former-president-lula-da-silva-violated (site consulté le 18 janvier 2023).

[3] Glenn Greenwald & Victor Poury, « Hidden Plot. Exclusive : Brazil’s Top Prosecutors Who Indicted Lula Schemed in Secret Messages to Prevent His Party From Winning 2018 Election », The Intercept, 9 janvier 2019. https://theintercept.com/2019/06/09/brazil-car-wash-prosecutors-workers-party-lula/ (site consulté le 16 janvier 2023).

[4] Reuters, « Brazil judge orders ex-president Lula released from prison », 8 novembre 2019.

[5] Jack Nicas & Carly Olson, « Who is Jair Bolsonaro », The New York Times, 8 janvier 2023.

[6] Reuters, « Brazil’s Bolsonaro extols convicted torturer as a ‘national hero’ », 8 août 2019.

[7] Jack Nicas & Carly Olson, « Who is Jair Bolsonaro », The New York Times, 8 janvier 2023.

[8] Heriberto Araujo, « For Lula and the World, the Tough Job of Saving the Amazon Begins », The New York Times, 31 décembre 2022 ; Ecole de Politique Appliquée, « Election présidentielle au Brésil : le retour historique de Lula », Faculté de Lettres et Sciences Humaines, Université de Sherbrook, 8 novembre 2022. https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMAnalyse/3324 (site consulté le 16 janvier 2023).

[9] Vanessa Barbara, « The ‘Trump of the Tropics’ Goes Bust », The New York Times, 9 janvier 2023.

[10] Rob Picheta, « The violent attack on Brazil’s government was months in the making. Here’s what you need to know », CNN, 9 janvier 2023.

[11] AFP/Le Point, « Brésil : Bolsonaro s’envole pour les Etats-Unis avant la fin de son mandat », 31 décembre 2022.

[12] Jack Nicas & André Spigariol, « Lula Becomes Brazil’s President, With Bolsonaro in Florida », The New York Times, 1er janvier 2023.

[13] Jack Nicas & André Spigariol, « Lula Becomes Brazil’s President, With Bolsonaro in Florida », The New York Times, 1er janvier 2023.

[14] Lula da Silva, « Discurso de posse do presidente Lula no Congresso Nacional », 1er janvier 2023. https://lula.com.br/discurso-de-posse-lula-2023/ (site consulté le 16 janvier 2023).

[15] The New York Times, « Governments Condemn Brazil Protests », 8 janvier 2023 ; Jack Nicas & André Spigariol, « Bolsonaro Supporters Lay Siege to Brazil’s Capital », The New York Times, 8 janvier 2023.

[16] David Biller, « Authorities probe who was behind uprising in Brazil capital », Associated Press, 9 janvier 2023.

[17] Ana Ionova & Jack Nicas, « Here’s the latest on the riot in the Brazilian capital », The New York Times, 9 janvier 2023.

[18] Jack Nicas, « Bolsonaro has been holed up thousands of miles away in Florida », The New York Times, 8 janvier 2023.

[19] Jack Nicas & André Spigariol, « Her’s what to know about the protest fueled by false claims of electoral fraud », The New York Times, 8 janvier 2023.

[20] Rob Picheta, « The violent attack on Brazil’s government was months in the making. Here’s what you need to know », CNN, 9 janvier 2023.

[21] Jack Nicas & André Spigariol, « Bolsonaro Faces Investigation for Inspiring Brazil’s Capital Riot », The New York Times, 13 janvier 2023.

[22] Alan Yuhas, « What We Know About the Investigations Into the Brazil Protests », The New York Times, 9 janvier 2023.

[23] Bruno Meyerfeld, « Au Brésil, les limites de la purge de Lula dans l’armée, après les émeutes du 8 janvier », Le Monde, 21 janvier 2023.

[24] Jack Nicas, « What Drove a Mass Attack on Brazil’s Capital ? Mass Delusion », The New York Times, 9 janvier 2023.

[25] Jack Nicas & Simon Romero, « ‘We Wille Die for Brazil’ : How a Far-Right Mob Tried to Oust Lula », The New York Times, 13 janvier 2023.

[26] Amanda Taud, « A Vital Question for Brazil’s Democracy : Where Were the Police ? », The New York Times, 11 janvier 2023.

[27] Tara John Rodrigo Pedroso & Kareem El Damanhoury, « Brazilian President Lula criticizes police for protesters’ breach of government buildings », CNN, 10 janvier 2023.

[28] Reuters, « Brazil’s Top Court Removes Brasilia Governor Over pro-Bolsonaro Riots », 8 janvier 2023.

[29] Agence France-Presse, « Election au Brésil : révelations compromettantes dans l’entourage de Bolsonaro », 13 janvier 2023 ; Le Monde, « Au Brésil, Anderson Torres, ancien ministre de la justice de Jair Bolsonaro, a été arrêté », 14 janvier 2023.

[30] Code pénal français, « Article 412-1 & 412-4 ». https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006070719/LEGISCTA000006136044/#LEGISCTA000006136044 (site consulté le 18 janvier 2023).


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29 janvier, 2023

CHILI : 33ème ANNIVERSAIRE DE « LA GRANDE ÉVASION »

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CHILI : 33ème ANNIVERSAIRE DE « LA GRANDE ÉVASION »

1990 -29 JANVIER- 2023
TRENTE-TROISIÈME ANNIVERSAIRE DE L'ÉVASION DES PRISONNIERS POLITIQUES DU FRONT PATRIOTIQUE MANUEL RODRÍGUEZ, (FPMR). IL Y A TRENTE ANS, LA NUIT DU 29 AU 30 JANVIER 1990, QUARANTE-NEUF PRISONNIERS POLITIQUES S’ÉCHAPPENT DE LA PRISON DE SANTIAGO DU CHILI PAR LE TUNNEL QU’ILS ONT MIS UN AN ET DEMI À CREUSER.

« HYMNE DU FPMR » 
TEXTE ET MUSIQUE DE PATRICIO MANNS

Il y a 30 ans, alors que le dictateur Augusto Pinochet s’apprêtait à céder enfin la tête de l’État à un président démocratiquement élu, une spectaculaire évasion a eu lieu dans la prison de Santiago, en plein centre ville et à quelques rues du palais de La Moneda. 49 prisonniers politiques du Front patriotique Manuel Rodríguez (FPMR) ont déserté leurs cellules et ont ainsi voulu « saluer la démocratie ». Mais ils sont venus rappeler aussi que, derrière les apparences d’une «transition démocratique » négociée avec le régime militaire, les comptes de la dictature qui a régné sans partage sur le Chili pendant 17 ans sont loin d’être réglés. 

  « À SANTIAGO DU CHILI, LA GRANDE ÉVASION»
    Dans le centre historique de Santiago, la Moneda, le centre du pouvoir chilien, fait le bonheur des touristes venus assister à la relève de la garde. Pendant la dictature, le quartier abrite une prison réservée aux opposants politiques, principalement des intellectuels, qui vont très vite se muer en chefs de chantier. Pays : France  Année : 2019

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      28 janvier, 2023

      LE CHILI ET L’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS

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      L’ÉQUILIBRE DES POUVOIRS

      À la suite d’un accord signé in extremis par tous les partis politiques, le 17 janvier 2023, le Congrès chilien a adopté une loi qui lancera le processus de modification de la constitution du pays.

      par Pierre Gilles Bélanger

      PIERRE GILLES BÉLANGER

      Après l’annonce de la hausse du prix des billets de métro, le printemps chilien de 2019 a connu plusieurs manifestations qui dénotaient une lassitude générale face aux inégalités sociales. Le président et multimillionnaire Sebastian Piñera devint emblématique de ces inégalités, lui qui avait déclaré l’« état de guerre » comme solution au « chaos ».

      ► À lire aussi :   Au Pérou, le coup d’État permanent

      L’idée de changer la constitution héritée de l’époque dictatoriale est alors réapparue. Rien ne laissait présager qu’après un référendum où 78 % des votants avaient approuvé qu’une assemblée citoyenne rédige une nouvelle constitution, cette constitution soit rejetée – par référendum le 4 septembre 2022 – par plus de 62 % de la population. Qu’était-il arrivé des changements espérés par plus d’un million de marcheurs pacifiques dans les rues de Santiago ?

      Avant même la rédaction d’un nouveau projet constitutionnel, les craintes que le Chili devienne un nouveau Venezuela étaient présentes.

      Fracas économique, destruction des valeurs familiales, violences urbaines, prolifération des gangs de rue, immigration illégale, perte de l’identité chilienne, etc., tous ces sujets ont alimenté les discussions. L’incertitude était bien présente.

      Un affront au libéralisme

      Ce projet de constitution, moderne et progressiste, touchait des points centraux comme la déprivatisation de l’eau et de l’éducation, la parité dans les postes de pouvoir, la reconnaissance des peuples autochtones du Chili, la création d’un conseil de la magistrature, l’élimination du Sénat, la légalisation de l’avortement, etc. Ce projet avait également de quoi faire peur à une partie de la population plus conservatrice. Mais surtout, il remettait en question la concentration du pouvoir de l’élite économique du Chili et attaquait les châteaux forts du libéralisme, donnant une place à des franges de la population traditionnellement peu écoutées et souvent vulnérables.

      L’Assemblée constituante a été critiquée pour ses erreurs de parcours et en raison des propos de certains de ses membres, propos qualifiés d’inadéquats, voire parfois extrémistes, par la majorité de la population. Ce que la presse n’a pas manqué de ressasser, à un point tel qu’un sondage a révélé que la moitié de la population aurait rejeté le projet constitutionnel par méfiance envers cette Assemblée constituante.

      Une opposition rationnelle

      Les médias ont laissé circuler plusieurs rumeurs, par exemple celle voulant que le projet constitutionnel éliminerait la propriété privée, faisant craindre la venue d’un régime autoritaire de gauche. Une opposition plus sérieuse s’est exprimée par la voix du mouvement dit « amarillo » porté par un animateur télé. Il a soulevé ce qu’il considérait comme des faiblesses et ambiguïtés du projet, conduisant à des dispositions contraires aux valeurs profondes des Chiliens, telles que l’unité nationale et le droit inconditionnel à l’avortement.

      Dès lors, peu importait le résultat du référendum, un rejet de la constitution en cours de discussion ne serait plus problématique, selon plusieurs, puisqu’il n’empêchait pas la mise en place d’une nouvelle et future constitution.

      Les partis politiques sont finalement arrivés à un accord, que le Congrès a entériné ce 17 janvier 2023.

      La formule

      Une formule en 12 points délimite le débat constitutionnel afin d’éviter les écueils ayant conduit au rejet de la première constitution. Ces 12 points généraux renferment des compromis sur l’éducation privée ou le rejet du plurinationalisme. Ce projet reconnaît les peuples autochtones, mais dans une seule nation chilienne indivisible.

      Le Congrès nommera 24 experts qui rédigeront, dès janvier 2023, un préprojet, soumis ensuite à 50 conseillers élus au suffrage universel le 7 mai 2023 et répartis entre femmes et hommes à parts égales avec une représentation de membres des peuples autochtones. Le vote se fera à la majorité des 3/5 pour chacun des articles soumis. Le Congrès désignera un comité de 14 juristes ou universitaires afin de veiller au respect des 12 points de base. Le texte final sera soumis au vote populaire et obligatoire à la fin de l’année 2023.

      Une constitution sous tutelle ?

      Comment la population accueillera-t-elle ce projet ? Devant le rejet ferme du référendum de 2022, on peut se demander si les 50 conseillers élus se sentiront totalement libres de remettre sur la table des droits qui relèvent d’une plus grande justice sociale. Ou encore d’élaborer de nouvelles idées ou de critiquer le projet préparé par des experts désignés par un Congrès souvent qualifié de conservateur ou d’un Sénat composé majoritairement de représentants de droite ? La justice sociale revendiquée par les manifestants de 2019 sera-t-elle étouffée par la crainte d’un nouveau refus ?

      Jamais le Chili n’a été aussi près d’un compromis entre divers intérêts. Le laboratoire chilien nous dictera certainement plusieurs leçons sur l’équilibre des pouvoirs.

       Pierre Gilles Bélanger

      PROFESSEUR DE DROIT À L'UNIVERSITÉ D’OTTAWA ET PROFESSEUR INVITÉ À L'UNIVERSITÉ DU CHILI


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      ISRAËL-PALESTINE, ÉTAT DES LIEUX
      PALAIS DU LUXEMBOURG
      15 RUE DE VAUGIRARD
      75006 PARIS
      VENDREDI 3 FÉVRIER DE 09H00 À 18H00

      La participation est gratuite dans la mesure des places disponibles, mais il faut s’inscrire avant le 31 janvier.

      La présentation des intervenant·es et l’inscription


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      CHILI : LA GAUCHE RESTE PLONGÉE DANS LA DÉPRESSION

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      HERNÁN LARRAÍN FERNÁNDEZ 
      PHOTOMONTAGE COLONIA DIGNIDAD
      Gabriel Boric, le président de gauche du Chili, s’est exprimé pour la première fois sur ce qu’il se passe au Pérou. Il a condamné prudemment les atteintes aux droits de l’homme sans parler de coup d’État, ni demander la libération de Pedro Castillo, le président du Pérou légitimement élu et actuellement incarcéré. Il était un des derniers chefs d’État latino-américains à ne pas avoir condamné la répression, contrairement au Brésil, à la Colombie, à la Bolivie, au Venezuela, ou au Mexique qui n’avaient pas attendu aussi longtemps avant de prendre position contre le coup d’État.  

      par Pierre Cappanera

      PIERRE CAPPANERA
      PHOTO FACEBOOK


      Les députés et sénateurs eux viennent de choisir les 24 membres du Comité d’expert qui seront immédiatement chargés de rédiger un projet de Constitution sur lequel les futurs élus devront s’appuyer pour élaborer leurs propres propositions. Les 24 « experts » ont été désignés à parité droite-gauche, 12 de chaque côté. Le poids des experts va malheureusement être important dans ce second processus de rédaction d’une nouvelle constitution.

      La droite n’a pas hésité à envoyer un dinosaure du pinochetisme comme « expert », Hernán Larraín. Cet homme formé par Jaime Guzmán, le père de la constitution de Pinochet, a longtemps défendu la secte allemande nazi « Colonia Dignidad ». Il a profité de ses responsabilités (ex-sénateur, ex-président du Sénat, ex-ministre de la Justice de Piñera…) pour faire obstruction à toutes les enquêtes sur les horreurs qui avaient eu lieu au sein de Colonia Dignidad (tortures, exécutions, disparitions…). Les journalistes allemands de la Deutsche Welle (canal public de télévision) avaient été particulièrement sévères contre Hernán Larraín quand ils avaient enquêté sur Colonia Dignidad en 2020.

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      Néanmoins tout ça trouve peu d’échos aujourd’hui au Chili. La chape de silence qui s’est abattu sur le pays après l’échec du référendum du 4 septembre n’a pas disparu. J’espérais un peu que l’annonce du second processus constitutionnel en décembre soulève un peu cette chape. Mais non. La gauche reste plongée dans la dépression. En privé, on continue à parler de tout, du travail, des enfants, de l’inflation, de la sécheresse … mais on boude toujours la politique. On imagine mal que pendant trois ans le Chili a été parcouru de multiples discussions, beaucoup de bouches s’ouvraient, des projets émergeaient, des rêves se construisaient. C’est apparemment comme s’il ne s’était rien passé.


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      25 janvier, 2023

      AMÍLCAR CABRAL ASSASSINÉ IL Y A 50 ANS PAR DES AGENTS DU COLONIALISME PORTUGAIS

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      PHOTO  BRUNA POLIMENI
      Il y a un demi-siècle, le 20 janvier 1973, Amílcar Cabral, leader éminent du mouvement de libération nationale, était assassiné à Conakry par des agents du colonialisme pour le compte du gouvernement fasciste du Portugal.

      « REGRESSO »

      [ Pour écouter, cliquez ici

      « REGRESSO » PAROLE ET MUSIQUE JOSÉ AGOSTINHO/AMÍLCAR CABRAL
      INTERPRÉTÉ PAR CESARIA EVORA ET CAETANO VELOSO
      PARU DANS L'ALBUM «CESARIA EVORA – SÃO VICENTE DI LONGE»
      ENREGISTRÉ EN FRANCE EN 2001, CHEZ LUSAFRICA – 74321 836672

      par Carlos Lopes Pereira

      TIMBRE POSTE 3ème ANNIVERSAIRE DE
      L'ASSASSINAT D'AMILCAR CABRA
      L

      Ce crime a provoqué l’indignation dans le monde progressiste. Les Nations Unies, l’Organisation de l’unité africaine et des gouvernements, partis et personnalités de différentes parties du monde ont condamné l’action ignoble du colonialisme portugais.

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      Le Parti communiste portugais (PCP), qui opérait alors dans la clandestinité au Portugal, affirmait alors que, bien que le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) et l’ensemble du mouvement de libération nationale aient perdu un leader unique, les objectifs des colonialistes qui commandaient les assassins ne seraient pas atteints. Il a exprimé sa pleine confiance dans le fait que la lutte pour laquelle Cabral a donné sa vie se poursuivra jusqu’à la victoire finale.

      AMÍLCAR CABRAL ET LA GUÉRILLA.
       PHOTO BRUNA POLIMENI, 1970

      Le PCP a rendu hommage à l’ardent patriote, entièrement dévoué à la lutte de libération de son peuple, au révolutionnaire conséquent menant la construction d’une société progressiste dans sa patrie libérée, à l’ennemi irréconciliable du colonialisme portugais et ami sincère du peuple portugais, qu’il a toujours considéré comme un allié dans la lutte contre l’ennemi commun.  Le parti réaffirme au PAIGC et aux peuples de Guinée-Bissau et du Cap-Vert l’entière solidarité et le soutien actif et fraternel des communistes portugais en toutes circonstances.

      On ne peut pas assassiner la lutte !

      TIMBRE POSTE ANNIVERSAIRE
      D'AMILCAR CABRAL 1976

      L’assassinat de Cabral n’a pas réussi à détruire l’indépendance des peuples guinéen et capverdien. Le PAIGC continua à se battre sur différents fronts et intensifia la lutte armée, remportant des victoires importantes sur l’armée coloniale.

      En juillet 1973, le deuxième congrès du PAIGC élit Aristides Pereira comme secrétaire général du parti. Le 24 septembre, l’Assemblée nationale populaire, réunie dans la zone libérée de Boé, dans l’est de la Guinée-Bissau, proclame l’État de Guinée-Bissau – et la plupart des pays de l’ONU reconnaissent immédiatement la jeune république. [Washington n’a reconnu l’indépendance de la Guinée-Bissau qu’un an plus tard, lorsque le nouveau gouvernement portugais l’a fait. – WW]

      AMÍLCAR CABRAL
      [BOÉ ORIENTAL]. 1963 - 1973

      Avec les lourdes défaites politiques, militaires et diplomatiques du Portugal en Guinée-Bissau, au Mozambique et en Angola, et la montée des luttes ouvrières et populaires au Portugal, le fascisme colonialiste portugais était aux portes de la mort. Le 25 avril 1974 – 15 mois après l’assassinat de Cabral – le Mouvement des Forces Armées (MFA) renverse la dictature au Portugal. Le soulèvement militaire et le soulèvement populaire qui s’ensuit ouvraient la voie à la révolution d’avril. (Appelée la « Révolution des œillets »).

      À la suite de pourparlers entre les nouvelles autorités portugaises et le PAIGC, un accord est signé à Alger le 26 août, dans lequel le Portugal reconnaît la République de Guinée-Bissau et réaffirme le droit du peuple du Cap-Vert à l’autodétermination et à l’indépendance. Le gouvernement portugais reconnaît l’indépendance de jure de la Guinée-Bissau le 10 septembre 1974 et le Cap-Vert devient indépendant le 5 juillet 1975.

      Les peuples des deux pays ont proclamé Cabral comme leur héros national et le fondateur de la nation guinéenne et de la nation capverdienne.

      Rien ne peut arrêter la marche de l’histoire

      TIMBRE POSTE ANNIVERSAIRE
      D'AMILCAR CABRAL 1978

      Fils de parents capverdiens, Cabral est né le 12 septembre 1924 dans la ville de Bafatá, dans l’ancienne colonie de Guinée. Quelques années plus tard, la famille s’installe sur l’île de Santiago, au Cap-Vert, et le jeune Amílcar y a terminé l’école primaire. Entre 1938 et 1944, il fréquente le lycée de São Vicente. Brillant élève, il encourage les initiatives culturelles, écrit des poèmes, préside l’association des élèves et joue au football.

      En 1945, Cabral voyage au Portugal avec une bourse d’études et s’est inscrit à l’Instituto Superior de Agronomia de Lisbonne. Dans le contexte de l’après-guerre, avec la défaite du fascisme nazi, le prestige croissant de l’Union soviétique et l’émergence des luttes émancipatrices des peuples d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique, Cabral étudie et fréquente d’autres jeunes Portugais et Africains.

       AMÍLCAR CABRAL SECRÉTAIRE GÉNÉRAL
      DU PAIGC. CIRCA 1969

      Parmi ses collègues figurent Agostinho Neto, Mário de Andrade et Lúcio Lara, d’Angola ; Marcelino dos Santos et Noémia de Sousa, du Mozambique ; Alda Espírito Santo, de São Tomé et Príncipe ; Vasco Cabral, de Guinée, entre autres. Cabral participe aux activités de la Maison des étudiants de l’Empire, crée un Centre d’études africaines (pour la « réafricanisation des esprits »), donne des cours d’alphabétisation aux travailleurs, manifeste contre la montée de l’OTAN et est un membre actif du Mouvement d’unité démocratique de la jeunesse (MUD), qui s’oppose à la dictature fasciste.

      Après avoir terminé sa licence et ses stages avec de bonnes notes, il choisit en 1952 de travailler pour les services agricoles et forestiers de Guinée. Dans la colonie d’alors, en tant qu’ingénieur agronome, Cabral occupe plusieurs postes et dirige le recensement agricole du territoire, approfondissant ainsi sa connaissance de la réalité du terrain. En 1954, il tente de créer une association sportive et récréative à Bissau, mais les autorités coloniales la jugent subversive, l’interdisent et l’obligent à quitter son pays natal.

      Cabral construit un mouvement de libération

      AMILCAR CABRAL © CABRAL

      Cabral vit et travaille ensuite au Portugal et en Angola – où il entre en contact avec des patriotes qui formeront plus tard le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) – et fait de brefs séjours en Guinée. Lors de l’un de ces voyages, le 19 septembre 1956, il fonde à Bissau, avec d’autres patriotes, le Parti de l’indépendance africaine (PAI), qui deviendra plus tard le PAIG.

      En janvier 1960, il quitte définitivement Lisbonne et, en mai, il installe la direction du PAIGC à Conakry, en République de Guinée [ancienne colonie française limitrophe de la Guinée-Bissau].

      Dès lors, Cabral et ses compagnons – parmi lesquels Luís Cabral, son frère, et Aristides Pereira, qui deviendront les premiers présidents de la République de Guinée-Bissau et de la République du Cap-Vert – préparent les conditions de la lutte à venir. Il tente d’abord, une fois de plus, une solution pacifique pour la liquidation de la domination coloniale dans les deux territoires. Le 1er décembre 1960, le PAIGC a envoyé au gouvernement portugais un mémorandum proposant des négociations sur l’indépendance. Il ne reçoit aucune réponse.

      Ainsi, face à l’intransigeance totale de la dictature fasciste et colonialiste portugaise et, d’autre part, face à l’élargissement de la lutte politique et à l’augmentation du soutien international, le 23 janvier 1963, le PAIGC ouvre la lutte armée de libération nationale en Guinée par une attaque contre la caserne militaire de Tite, dans le sud du territoire.

      Dès lors, la lutte ne cesse de se développer, tant sur le plan politique et militaire que diplomatique, avec les succès successifs du PAIGC, qui coordonne la lutte de libération avec le MPLA, qui a commencé la lutte armée en Angola en 1961, et le FRELIMO, qui proclame une « insurrection générale armée » au Mozambique en 1964.

      En désespoir de cause, les colonialistes tentent d’arrêter les avancées du PAIGC – notamment la proclamation dans les régions libérées de l’État national de Guinée-Bissau, le premier de son histoire – en assassinant Amílcar Cabral.

      Quelques jours avant sa mort, dans son message de nouvel an adressé aux militants de son parti en janvier 1973, le leader du PAIGC avertissait que « la situation au Portugal se détériore rapidement et que le peuple portugais affirme, avec une vigueur croissante, son opposition à la guerre coloniale criminelle. » Et que pour cette raison, « le gouvernement colonial fasciste et ses agents dans notre pays sont pressés de voir s’ils peuvent changer la situation avant d’être complètement perdus dans leur propre pays. »

      Anticipant l’avenir, Cabral a prédit : « Mais ils perdent leur temps, et ils gaspillent en vain et sans gloire la vie des jeunes Portugais qu’ils envoient à la guerre. Ils commettront encore plus de crimes contre notre peuple ; ils feront beaucoup plus de tentatives et de manœuvres pour détruire notre Parti et notre lutte. Ils accompliront certainement beaucoup plus d’actes d’agression sans vergogne contre les pays voisins.

      « Mais tout cela en vain. Car aucun crime, aucune force, aucune manœuvre, aucune démagogie des agresseurs colonialistes portugais criminels ne pourra arrêter la marche de l’histoire, la marche irréversible de nos peuples africains de Guinée et du Cap-Vert vers l’indépendance, la paix et le véritable progrès auquel ils ont droit. »

      Une contribution précieuse à la lutte des peuples

      L’assassinat de Cabral n’était pas la première tentative des colonialistes portugais et de leurs serviteurs pour détruire le PAIGC et arrêter la lutte pour l’émancipation nationale et sociale des peuples de Guinée-Bissau et du Cap-Vert.

      Dès la fin des années 1950 et le début des années 1960, alors que le parti était en cours de création et de renforcement, « les colonialistes portugais criminels et d’autres ennemis de notre peuple ont utilisé des opportunistes pour créer de faux mouvements en dehors de notre territoire, pour jeter la confusion autour de notre lutte, pour barrer la route à la marche glorieuse de notre Parti », a rappelé Cabral, moins d’un an avant sa mort.

      Dans une circulaire de mars 1972 intitulée : « Nous renforcerons notre vigilance pour démasquer et éliminer les agents de l’ennemi, pour défendre le parti et la lutte et pour continuer à condamner à l’échec tous les plans des criminels colonialistes portugais », le secrétaire général du PAIGC dénonçait qu’au fil des ans, « les criminels colonialistes portugais n’ont ménagé ni leur peine ni leur argent pour tenter d’acheter les dirigeants et les responsables du parti ».

      En plus de soudoyer et de recruter des traîtres, les colonialistes ont promu des campagnes permanentes basées sur le racisme, le « tribalisme » et les différences religieuses, cherchant à semer la division dans les rangs du parti, à briser son unité et à «détruire le PAIGC de l’intérieur ». Et ils ont toujours fait des plans pour arrêter ou tuer les dirigeants du parti, en particulier le secrétaire général, car ils étaient convaincus que l’arrestation ou la mort du principal dirigeant signifierait la fin du parti et de la lutte.

      En novembre 1972, la liquidation du leader du PAIGC était le principal objectif de la participation des colonialistes portugais et de leurs laquais à l’invasion de la République de Guinée, dans le cadre de l’opération Mar Verde, organisée au plus haut niveau par le gouvernement fasciste et colonialiste du Portugal.

      Les colonialistes fascistes n’ont jamais renoncé à décapiter le PAIGC, jusqu’à éliminer physiquement son chef le 20 janvier 1973, dans le but d’arrêter la lutte de libération des peuples de Guinée-Bissau et du Cap-Vert. Mais leurs efforts ont été vains, comme l’histoire l’a montré.

      Aujourd’hui, l’héritage d’Amílcar Cabral, révolutionnaire, patriote et internationaliste, constitue une contribution précieuse à la lutte des peuples pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance, pour le progrès social, ainsi qu’un héritage de ceux qui ont lutté contre le régime fasciste et colonialiste portugais.

      Voir « Les luttes de libération africaines ont conduit la révolution portugaise d’avril 1974 » sur workers.org/2016/06/25639/.

      L’auteur, ancien membre du secrétariat du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), écrit sur les événements africains pour Avante, le journal du Parti communiste portugais

      Traduction : John Catalinotto.

      Source : Workers.org

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      ILLUSTRATION « AMÍLCAR CABRAL, 
      40 ANOS: MEMÓRIAS E ALGUNS POEMAS»


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