11 juin, 2019

BRÉSIL. CETTE JUSTICE EN CROISADE CONTRE LULA

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PHOTO ADRIANA MACHADO
Des messages privés échangés entre magistrats confirment le caractère politique de l’enquête qui a mené à l’incarcération de l’ex-président.
L’EX-PRÉSIDENT LULA EN 2016 
PHOTO ADRIANA MACHADO
L’opération « Lava Jato » (lavage express) continuera sans doute d’offrir un cas d’école redoutable aux étudiants brésiliens qui plancheront au cours des décennies à venir sur le délitement démocratique de la neuvième puissance mondiale et la mutation du corps judiciaire en acteur politique de premier plan. Dimanche, le site d’investigation The Intercept révélait avoir eu accès à un important volume de messages privés échangés sur la messagerie russe cryptée et sécurisée Telegram entre les procureurs et le juge Sergio Moro, proche du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB, droite). Ces fuites font l’effet d’une bombe, même si le caractère partial du procès intenté à l’ancien président Lula afin de l’empêcher de revenir dans le jeu politique relevait du secret de polichinelle. Le juge Moro ayant lui-même reconnu lors du verdict se fonder sur sa seule conviction du fait du manque de preuves accablant le favori à la présidentielle.

Mandat d’arrestation illégal


« Alors qu’ils ont assuré longtemps qu’ils étaient apolitiques et motivés par la seule lutte anticorruption, les procureurs de “Lava Jato” ont en fait comploté sur les moyens d’empêcher le retour au pouvoir de Lula et de son Parti des travailleurs (PT) », explique The Intercept. Outre qu’ils mettent au jour les doutes des procureurs sur les preuves accusant Lula, une série de messages illustre leur motivation strictement politique : « Je reste très inquiet au sujet du retour possible du Parti des travailleurs, mais j’ai souvent prié pour que Dieu éclaire notre population et pour qu’un miracle nous sauve », écrit ainsi un participant au groupe de discussion.

Fernando Haddad, le candidat du PT à la présidentielle, a réclamé une enquête approfondie sur ce qui pourrait se révéler être « le plus grand scandale institutionnel de l’histoire de la République ». Si ces informations étaient vérifiées, « beaucoup vont devoir être emprisonnés, des procès devraient être annulés et une grande farce serait dévoilée au monde », a-t-il ajouté. Depuis nommé ministre de la Justice pour services rendus au président d’extrême droite et au pouvoir économique, le juge Moro a fustigé « la non-identification de la source (…) responsable du piratage criminel des portables des procureurs ». Le magistrat n’a toutefois pas hésité à s’affranchir du droit pour mener sa croisade anti-Lula. Outre un mandat d’arrestation illégal, il a distribué à la presse des écoutes téléphoniques qu’il n’était pas en droit d’ordonner.
Lina Sankari
#brésil  #Luiz Inácio Lula da Silva
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MANIFESTATION DEVANT LE MINISTÈRE DE 
LA JUSTICE POUR DEMANDER LA LIBÉRATION 
DE LULA, LE 10 JUIN 2019 À BRASILIA 
PHOTO EVARISTO SA. AFP
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