31 août, 2020

LES NOUVEAUX VISAGES DE PINOCHET

 

Statue de l'amiral José Toribio Merino, Musée National de la Marine Valparaíso. © Rodrigo Fernandez
PHOTO  RODRIGO FERNANDEZ

Le 20 août dernier, les carabineros [institution militaro-policière dépendant du Ministère de l’intérieur depuis 2011 ndlr] ont finalement renoncé à renommer l’Académie de formation de la police chilienne du nom de l’un des leurs, le général Rodolfo Stange Oelckers, ancien dirigeant des carabineros et membre de la junte militaire sous la dictature d’Augusto Pinochet. Si la controverse autour de ce changement de nom, perçu comme une provocation, a conduit à son abandon, plusieurs personnalités en uniforme directement impliquées dans les atteintes aux droits de l’homme sous la dictature continuent à être célébrées de diverses manières au Chili.

Par Elsa Revcolevschi

La statue de l’amiral José Toribio Merino, l’un des artisans du coup d’État de 1973, puis membre influent de la junte militaire, continue ainsi de trôner dans le musée maritime de Valparaíso. Une section de la bibliothèque de l’Armée ou encore l’ancienne villa du quartier El Bosque de Santiago portent de même toujours le nom du dictateur Pinochet et de nombreuses autres rues et places continuent à honorer des hauts gradés de cette période sombre de l’histoire du Chili.


Ces marques d’attachement à la fois institutionnel et populaire étonnent dans un pays où la période de la dictature au Chili entre 1973 et 1990 a été vécue comme un long cauchemar. De nombreux observateurs restent surpris que la population chilienne n’ait pas agi pour se débarrasser de ces marques du passé au fil des années ayant suivi la fin de la dictature, d’abord après le départ de Pinochet en 1990 puis après son arrestation en 1998 et enfin après les procès du régime des années 2000 ou encore la mort de Pinochet.


Dans ce contexte, la décision de la Cour d’appel de Santiago de libérer depuis le début de la crise sanitaire dix-neufs haut-dignitaires et anciens membres de la DINA – police secrète chilienne sous l’ère Pinochet – condamnés pour crimes contre l’humanité sous l’ère Pinochet, fait craindre un retour de balancier


2019 a pourtant semblé marquer une rupture. Lors des manifestations monstres et violemment réprimées qui ont démarré en octobre et se sont continuées début 2020, les manifestants, réunis autour de la contestation d’un modèle socio-économique où l’accès à la santé et à l’éducation relèvent encore presque uniquement du secteur privé, ont arraché et dégradé des plaques commémoratives célébrant l’ère Pinochet. Telles que celle célébrant Manuel Contrera, l’ancien directeur de la DINA, la police secrète du régime, condamné à plus de 500 ans de prison pour crimes contre l’humanité pendant la dictature.


Mobilisés initialement contre l’augmentation de 30 pesos du prix du ticket de métro, les manifestants ont ainsi fait évoluer leur slogan. « Pas contre 30 pesos mais contre 30 ans » ont-ils crié pour dénoncer une transition démocratique non aboutie depuis la chute de la dictature en 1990, devant des militaires autorisés, en vertu de l’état d’urgence invoqué pour la première fois depuis la fin de la dictature en 1990, à maintenir l’ordre dans la rue.


La traduction institutionnelle résultant du mouvement de contestation sociale est la nouvelle constitution, discutée fin 2019, qui doit remplacer celle de Pinochet régissant le pays depuis 1980. Ce nouveau texte qui entend répondre aux nouvelles aspirations économiques et sociales du peuple chilien devait être soumis à référendum en avril 2020 avant que le Covid-19 et le tour de vis conservateur du gouvernement depuis le printemps 2020 viennent en retarder la tenue, est aujourd’hui repoussée en octobre 2020.


Alors que la réforme constitutionnelle engagée suite au mouvement social semblait ouvrir de nouvelles perspectives à la démocratie politique et sociale chilienne, la crise sanitaire qui est venue en interrompre la dynamique au printemps 2020 a eu un double effet révélateur.


Du côté du pouvoir, elle a mis au jour l’aspiration du gouvernement Piñera à freiner la réforme constitutionnelle ; les clins d’oeil du président à la fraction la plus pinochetiste de son électorat ne sont pas passés inaperçus. La tentative avortée de rebaptiser l’école de formation des carabiniers n’a pas été un fait isolé. La libération en mars 2020 de 17 dignitaires du régime reconnus coupables de crimes contre l’humanité ou encore la nomination début août 2020 comme ministre de l’intérieur d’un homme politique associé à l’ère Pinochet, Victor Perez, en sont pour certains des illustrations incontestables.


C’est ce qu’avancent plusieurs défenseurs des droits de l’homme ainsi que les force de gauche chilienne qui ne pardonnent pas à cet ancien maire de la ville de Los Angeles ses compromissions et soutien au régime Pinochet et ses proches. À l’âge de 27 ans, Victor Perez a en effet été nommé comme maire de Los Angeles par le gouvernement militaire d’Augusto Pinochet, un poste qu’il a occupé entre 1981 et 1987. En tant que fonctionnaire de la dictature militaire, il lui est reproché, notamment dans le Rapport de la Commission nationale Vérité et Réconciliation (Rapport Rettig) publié en 1991 d’avoir cautionné les violations des droits de l’homme commises dans sa ville.


Selon les associations de familles de victimes et de disparus de la dictature dans la Région de Maule, Perez aurait également eu des liens avec la Colonia Dignitad, la communauté sectaire fondée au sud de Santiago du Chili par l’ancien militaire nazi Paul Schäfer. Fondée en 1961, la colonie était présentée comme une société caritatives offrant gratuitement des soins et un cadre de vie pour des enfants pauvres, orphelins, notamment issus de provinces ayant été touchées par les tremblements de terre de l’année 1960 dans le Sud du pays. Ses membres vivaient en autarcie complète, forcés au travail et à la reproduction d’enfants que les mères étaient forcées d’abandonner à la naissance. Il est également reproché au ministre de l’intérieur  d’avoir été très proche du cercle d’amis et de protection de la Colonie, tristement connue pour avoir mis ses locaux à la disposition de la DINA qui en ont fait un centre de détention, de torture et d’élimination d’opposants politiques sous la dictature militaire dans le cadre de l’opération « Condor ».


Lorsqu’en 1995 a eu lieu une enquête quatre ans après l’annulation de la personnalité juridique de la secte, Victor Perez a fait partie du petit nombre des trois dissidents s’étant opposés à une investigation ayant prouvé une violation des droits de l’homme non pas du temps de la dictature, mais encore en vigueur dans la Colonie. Il fut par exemple reproché à la secte de ne pas répertorier les naissances et les décès en son sein, ainsi qu’un non respect de la loi chilienne quand à l’enseignement obligatoire.


L’opinion publique, réagissant à l’instrumentalisation de la crise sanitaire comme un retour débridé au pinochetisme, a brutalement pris conscience que la transition démocratique depuis trente ans pourrait n’avoir été qu’un trompe l’œil.


L’espoir des manifestants de parvenir à un dialogue avec les forces au pouvoir a été contrarié par l’effet-miroir des propos du président Piñera le 21 octobre 2019, soit trois jours à peine après le début des rassemblements. Nombreux sont ceux qui au Chili, en entendant leur président indiquer « Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, implacable, qui ne respecte rien ni personne et qui est prêt à faire usage de la violence et de la délinquance sans aucune limite » n’ont en effet pu s’empêcher de rapprocher ces propos de ceux d’un Pinochet parlant d’un « état de guerre entre le marxisme et la démocratie » en 1986, à la suite de la tentative d’attentat échoué de Melocotón où des militants du Front patriotique Manuel Rodriguez avaient tenté de porter atteinte au dictateur dans un contexte de grèves ébauchant un soulèvement général contre le régime.


La pandémie du Covid-19 a en outre été au Chili un révélateur puissant de la crise sociale qui traverse le pays en plaçant sous une lumière crue les insuffisances et les inégalités du système de santé, le surendettement lié au crédit à la consommation des ménages, ainsi que la précarité du logement dans un pays que le président conservateur Sebastian Piñera n’hésitait pourtant pas, quelques jours seulement avant que n’explose la révolte sociale, à qualifier d’« oasis  ».


Dans ce contexte, la décision de la Cour d’appel de Santiago de libérer depuis le début de la crise sanitaire dix-neufs haut-dignitaires et anciens membres de la DINA, condamnés pour crimes contre l’humanité sous l’ère Pinochet, font craindre un retour de balancier alors que, dans le même temps, les tribunaux ont refusé de relâcher les manifestants arrêtés lors des manifestations de l’automne et de l’hiver 2019. Des manifestants et leurs soutiens qui ne peuvent que dénoncer la différence de traitement matérialisée par la décision de libérer le 31 juillet 2020 les anciens anciens tortionnaires Raúl Rojas Nieto et Víctor Mattig Guzman dont l’emprisonnement n’était pourtant intervenu respectivement qu’en 2017 et 2018.


Au moment où la pandémie du COVID-19 a fait cesser les affrontements violents (avec un confinement commencé le 9 mars), l’Institut national des droits humains (INDH) chilien faisait état au 19 mars dernier de 32 morts, 617 cas de torture de détenus et 257 agressions sexuelles (dont 112 sur mineures) commises par les forces de l’ordre, ainsi qu’un record mondial de blessures oculaires occasionnées, avec 460 cas recensés.


De même, alors que le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies et la Commission interaméricaine des droits de l’homme ont dénoncé les arrestations de masse et le maintien en détention de manifestants sans jugement depuis maintenant plus de 9 ou 10 mois (selon les sources gouvernementales 3274 personnes ont fait, en lien avec les évènements, l’objet de poursuites et un peu moins de 300 personnes étaient fin août toujours en détention préventive en l’attente d’un procès), la situation des nombreux jeunes et étudiants entassés dans les prisons, avant tout procès, dans des conditions d’hygiène et de proximité déplorables inquiète dans le contexte de la pandémie de Covid-19.

ParElsa Revcolevschi 

Alejandro, lycéen de 19 ans, est l’un d’entre eux. Accusé d’avoir incendié le bâtiment de l’université Pedro de Valdivia le 8 novembre alors que la révolte prenait de l’ampleur dans les rues de Santiago, le lycéen dément toute implication. Sa soeur, Nicole, insiste sur « l’illégalité des preuves retenues pour l’inculper, fondées sur les seules déclarations d’un policier en civil  ». Alors que sa famille a rassemblé des preuves montrant qu’il ne se trouvait pas à l’endroit où l’incendie a été déclaré, et réalisé une expertise démentant la présence d’hydrocarbure sur ses mains, il n’a jusqu’à aujourd’hui pu bénéficier d’un jugement, la procédure ayant été gelée au moment de la pandémie (sans droit de visite pour la famille). Son procès aura lieu le 1er septembre 2020 soit près de 10 mois après les faits reprochés et son emprisonnement.


Dans un communiqué de presse du 24 août, plusieurs collectifs internationaux de soutien aux prisonniers politiques chiliens, ont ainsi dénoncé les quelques 300 détenus (286 selon le gouvernement) encore en détention préventive et le fait que « de nombreux jeunes, parmi les 2 500 personnes accusées d’avoir violé les lois de sécurité lors des manifestations de la fin 2019, attendent avec anxiété leurs procès respectifs. Les accusations fondées sur des machinations policières et sur des fausses preuves, rappellent que la justice chilienne est soumise, pour l’essentiel, aux objectifs politiques de l’exécutif ».


L’opinion publique, réagissant à l’instrumentalisation de la crise sanitaire comme un retour débridé au pinochetisme, a brutalement pris conscience que la transition démocratique depuis trente ans pourrait n’avoir été qu’un trompe l’œil.


Le référendum sur la nouvelle constitution, initialement prévu en avril et maintenant décalé à octobre 2020 sera donc un moment de vérité pour le Chili. 


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LE GÉNÉRAL MARIO ROZAS, DIRECTEUR 
DES  CARABINIERS DU CHILI ACCUSÉE 
DE VIOLENCES POLICIÈRES
DESSIN ALEN LAUZAN

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29 août, 2020

CHILI: LES LIVREURS À DOMICILE MANIFESTENT POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL

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CHILI: LES LIVREURS À DOMICILE MANIFESTENT POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL
UN LIVREUR D'UBER EATS, À PARIS.
ILLUSTRATION PHILIPPE LOPEZ / AFP

Au Chili, les livreurs de repas à domicile se mobilisent pour leurs conditions de travail. Vendredi 28 août, ils ont protesté à Santiago contre les conditions de travail imposées par les applications de livraison à domicile comme Uber Eats ou Pedidos ya. 

Par Justine Fontaine

Vestes et sacs à dos siglés aux couleurs des principales applications de livraison à domicile disponibles au Chili, ils étaient une centaine, à vélo et à moto, à défiler sur la principale avenue de Santiago ce vendredi. Ils dénoncent l'hypocrisie des applications comme Uber, qui ont vu leurs ventes augmenter pendant la pandémie, sans améliorer les conditions de travail des livreurs.

Ils regrettent égalent une baisse des tarifs, des licenciements arbitraires, et l'absence totale de protection sociale. Alors même que ces livreurs sont devenus indispensables depuis le début de la pandémie, pour se faire livrer de la nourriture sans sortir de chez soi, et ainsi limiter les risques d'attraper le Covid-19.

« Ils soutiennent que nous sommes indépendants mais c'est faux, nous sommes soumis à un lien de subordination avec l'application. Nous n'avons pas de protection sociale, en pleine pandémie. Nous sommes les plus exposés et les moins valorisés », explique Daniel Lara, l’un des porte-paroles des manifestants.


Une plainte déposée pour licenciement abusif


Les livreurs utilisant ces applications seraient près de 20 000 au Chili. À Santiago, ils sont presque tous étrangers. Ils dénoncent aussi l'absence de protection réelle en cas d'accident de la route, de vol ou d'agression...

Sans compter que certaines entreprises excluent des livreurs de leur application, sans motif clair. « Habituellement, je travaille de 8h du matin à 10h du soir maximum, sans jour de repos. Mais par exemple je n'ai pas travaillé pendant deux jours pour l'une des applications, Rappi, et mon compte a été suspendu. Impossible de rétablir mon compte car les bureaux sont fermés en ce moment », s’indigne Adrian, 30 ans, originaire d'Équateur.

En avril, près de 200 livreurs avaient manifesté contre une application, Pedidos Ya, qui avait brutalement baissé le tarif des livraisons. L'entreprise était alors parvenue à identifier et exclure 50 livreurs protestataires. Une plainte collective a été déposée pour licenciement abusif. L'affaire est toujours en cours devant les tribunaux chiliens.

28 août, 2020

CHILI: À CAUSE DU CORONAVIRUS, LES SOUPES POPULAIRES SONT PRISES D'ASSAUT

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Préparation des denrées d'une soupe populaire à Santiago, au Chili, le 14 août 2020. Martin Bernetti/AFP
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP

La crise sanitaire a aussi fait resurgir la faim au Chili. Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le nombre de soupes populaires a explosé à travers tout le pays. Le phénomène ne concerne pas uniquement les quartier pauvres : les classes moyennes sont aussi tombées dans la précarité. Et on a vu réapparaître des images jamais vues dans le pays depuis la crise des années 1980, sous la dictature du général Augusto Pinochet.

par Justine Fontaine 

PHOTO MARTIN BERNETTI

Dans une commune encore confinée, dans le nord de la capitale Santiago, une dizaine de personnes, toutes masquées, font la queue, casserole à la main. Des personnes comme Ana Caceres, 66 ans, ancienne employée de maison. « Je viens depuis que la soupe populaire a commencé ici, parce que mon mari a perdu son travail en mars et qu'il touche une retraite très modeste. Pour l'instant, il n'a perçu aucune aide de l'État, et moi non plus », explique-t-elle.

► À lire aussi : Coronavirus: les Chiliens ont commencé à puiser dans leur épargne retraite


« Grâce à cela, nous avons à manger tous les jours »


Un collectif féministe a lancé cette soupe populaire en avril et sert en ce moment une centaine de repas chaque jour. Ce mercredi, c'est pommes de terres au four et légumes sautés. Rodrigo, 41 ans, est l'un des bénévoles. « Ici, sur la commune de Conchali, il y a environ 30 soupes populaires. On ne reçoit d'aide ni de la part de l'État, ni de la commune. On reçoit seulement des dons de la part de riverains, souvent des petits commerçants », confie-t-il.

Une aide essentielle pour Scarlett, qui a elle aussi perdu son travail à cause de la crise sanitaire : « On n'a pas d'argent, alors où est-ce qu'on allait trouver à manger ? demande-t-elle. C'est une super initiative, parce que grâce à cela, nous avons à manger tous les jours. » Les bénévoles, toujours soucieux des règles sanitaires, distribuent aussi des repas à domicile pour les personnes âgées et les patients atteints du Covid-19. Ces derniers ont interdiction de sortir de chez eux.

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DESSIN CAIOZZAMA

27 août, 2020

CHILI: BLOCAGES ROUTIERS CONTRE LES ATTAQUES DE MILITANTS MAPUCHES

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CHILI: BLOCAGES ROUTIERS CONTRE LES MAPUCHES
PHOTO ATOM
Des camionneurs ont organisé des blocages de routes jeudi 27 août au Chili pour protester contre la hausse des attaques à leur encontre de la part de militants mapuches, peuple indien majoritaire du pays qui réclame à l'État la restitution de terres.

Par Le Figaro avec l'AFP

ILLUSTRATION LA VACA

Plusieurs syndicats avaient appelé à ces blocages après plusieurs attaques survenues au cours des derniers mois en Araucanie, région située à 600 km au sud de Santiago et foyer de tensions récurrentes en raison de ces revendications de la communauté mapuche.

«Nous demandons la sécurité, non seulement pour les chauffeurs de camion, mais aussi pour tous les Chiliens», a déclaré à la télévision nationale José Villagran, président de la Fédération des camionneurs du Sud. Il a assuré que ces blocages ne remettaient pas en cause l'approvisionnement du pays. Les routiers réclament notamment une loi qui prévoit la même sanction pour l'attaque ou incendie de la cabine d'un camion que pour celle d'une habitation, et plus largement plus de sécurité pour le transport.

Des groupes de militants mapuches radicaux ont revendiqué des attaques contre des camions et des engins forestiers, mais il y a eu aussi des accusations de mises en scène. Le week-end dernier, une fillette de 9 ans a été blessée par un tir lors de l'attaque d'un camion dans l'Araucanie. L'enfant voyageait avec sa famille, qui a été obligée de descendre du poids lourd par la suite incendié par les assaillants.

Le sous-secrétaire à l'Intérieur, Juan Francisco Galli, a dit partager «l'inquiétude sur la sécurité, en particulier dans le sud, de ceux qui se consacrent au transport de marchandises», mais a estimé qu'«une grève des camionneurs n'amène aucune solution à ces problèmes». Les Mapuches, une population de 700.000 personnes (sur les 18 millions d'habitants du Chili), vivent surtout dans l'Araucanie. Leur niveau de vie est très bas par rapport au reste de la population. Une recrudescence d'actions violentes a été enregistrée ces derniers mois, poussant les autorités à renforcer la présence militaire et policière.

Après l'arrivée des Espagnols au Chili en 1541 et à la suite de conflits avec les gouvernements successifs, le territoire des Mapuches s'est considérablement réduit. Aujourd'hui, ils ne possèdent plus que 5% de leurs anciennes terres. Pour se faire entendre, la frange militante des Mapuches a recours, depuis plus d'une décennie, à des actions violentes, en majorité des incendies volontaires.

AU CHILI, LA VIE DÉMOCRATIQUE REPREND SES DROITS

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Des manifestants favorables à une nouvelle constitution, à Santiago, le 26 février 2020. xDes manifestants favorables à une nouvelle constitution, à Santiago, le 26 février 2020. MARTIN BERNETTI/AFP
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP

Prévue le 26 avril, la consultation a depuis été reportée au 25 octobre en raison de l’épidémie qui a fait près de 11 000 morts dans ce pays de 18 millions d’habitants. Si le Covid-19 circule encore et si le couvre-feu nocturne reste en vigueur, la situation s’améliore et le déconfinement s’organise. 

Par Gilles Biassette

Dans deux mois, le Chili connaîtra un deuxième référendum historique : la victoire du « non » en octobre 1988 avait marqué le début de la fin pour la dictature d’Augusto Pinochet ; la victoire du « oui » en octobre 2020 signifierait la disparition de son héritage le plus pesant, la Constitution de 1980, toujours en vigueur aujourd’hui.


La Constitution Pinochet, amendée mais toujours en vigueur


Adopté sept ans après le coup d’État, le texte a été amendé à plusieurs reprises après la chute du régime militaire, mais sans toucher à sa colonne vertébrale, armature du laboratoire « tout marché » des Chicago Boys (1). Au Chili, chacun doit payer de sa poche pour sa santé, sa retraite, ses études… Malgré un développement sans équivalent dans la région depuis le rétablissement de la démocratie – le taux de pauvreté est passé de 40 % à la fin des années 1980 à environ 10 % aujourd’hui –, le Chili reste l’un des pays les plus inéquitables au monde.

C’est contre ce corset, qui a empêché la concrétisation de plusieurs réformes sociales ambitieuses, qu’un mouvement social soudain a bouleversé en octobre 2019 l’ordre paisible qui régnait dans le pays. Contraint par une mobilisation sans précédent – plus de 1,2 million d’habitants ont manifesté à Santiago le 25 octobre 2019, du jamais vu –, le président Sebastian Pinera, conservateur, avait dû accepter l’organisation d’un référendum.


Le virus n’a pas brisé l’élan de la mobilisation historique de 2019


Le virus a-t-il brisé l’élan qui animait la société chilienne il y a un an, caractérisé par une multiplication des réunions publiques et des prises de parole, sur des thèmes aussi variés que la gratuité des études, la réforme des retraites, privées, et la place des femmes ? « Non, je ne crois pas, répond Cristian Gutierrez, ancien numéro 2 du ministère de l’environnement sous Michelle Bachelet. On voit même des gens de droite prendre position pour le “oui ”, une nouveauté ».


Deux mois de campagne


La campagne, qui se fera essentiellement via les médias traditionnels et les réseaux sociaux, a commencé officiellement le mercredi 26 août. Le camp du « oui » est mené par trois femmes – « signe d’un changement d’époque », note Cristian Gutierrez – représentant la gauche et le centre-gauche : Carmen Frei (démocratie chrétienne), Maya Fernandez (parti socialiste) et Beatriz Sanchez (front large). Les partisans du « non », issus des partis les plus conservateurs, disent ne pas être opposés à certains changements, mais estiment qu’il est possible de modifier, sans le remplacer, le texte de 1980, garant, à leurs yeux, de stabilité.

Pour l’heure, et à en croire les sondages, les premiers sont en position de force : près de deux tiers des Chiliens disent aspirer à une nouvelle constitution. Mais l’enjeu du vote, le 25 octobre, sera plus large. Les électeurs devront se prononcer sur le besoin d’une nouvelle Constitution mais aussi, le cas échéant, sur la méthode : soit une « convention mixte », composée à parts égales de citoyens élus et de parlementaires, soit une « convention constituante » intégralement composée de personnes élues pour l’occasion, option privilégiée par les partisans d’une vaste remise à plat.

(1) Un groupe d’économistes chiliens des années 1970, formés à l’Université de Chicago et influencés par Milton Friedman et Arnold Harberger.

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DESSIN CAIOZZAMA
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26 août, 2020

CHILI: DÉBUT DE LA CAMPAGNE POUR LE RÉFÉRENDUM SUR LA CONSTITUTION

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Outre les demandes pour plus de justice sociale, un changement de Constitution figurait en bonne place dans les revendications des manifestants depuis le début de la contestation sociale le 18 octobre 2019.
DESSIN ALEN LAUZAN

La campagne électorale pour le référendum du 25 octobre au Chili sur un changement de Constitution, revendication forte des manifestants lors de la crise sociale de 2019, débute mercredi dans le pays sud-américain malgré la pandémie de coronavirus.

 Par Le Figaro avec l'AFP

DESSIN CAIOZZAMA
PHOTO ROCÍO MANTIS 


Initialement prévu le 26 avril, le scrutin avait été finalement reporté à fin octobre en raison de l'épidémie qui a durement frappé le pays de 18 millions d'habitants, mais qui se stabilise désormais. Plus de 14 millions de Chiliens seront appelés à se prononcer pour ou contre la rédaction d'une nouvelle Constitution en remplacement de l'actuelle, votée en 1980, en pleine dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Le dernier référendum dans le pays, sur des changements constitutionnels, remonte à 1989. Un an auparavant, le référendum historique de 1988 avait ouvert la voie à une transition démocratique et entériné la fin du régime militaire. Outre les demandes pour plus de justice sociale, un changement de Constitution figurait en bonne place dans les revendications des manifestants depuis le début de la contestation sociale le 18 octobre. Des manifestations auxquelles l'épidémie de coronavirus, arrivée début mars dans le pays, a mis fin brutalement.

«Le fait politique le plus intéressant, c'est de nous sortir de l'héritage de la dictature qui continue de brider comme une camisole de force la possibilité de changements politiques et sociaux au Chili», analyse Claudia Heiss, de l'académie des Affaires publiques de l'Université du Chili. Une nouvelle Constitution pourrait ouvrir «une discussion restée verrouillée jusqu'à aujourd'hui», notamment sur la nécessité de politiques publiques pour plus de redistribution des richesses et plus de participation démocratique, ajoute l'universitaire.

Le 15 novembre, près d'un mois après le déclenchement d'une crise sociale sans précédent qui avait fait une trentaine de morts, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'un référendum.

Le jour du vote, les Chiliens devront répondre à deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, à savoir la mise en place d'une «Convention mixte» composée à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, ou d'une «Convention constituante» intégralement composée de citoyens spécifiquement élus.

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DESSIN CAIOZZAMA

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25 août, 2020

CORONAVIRUS AU CHILI : RETOUR DES SOUPES POPULAIRES ET DES REPAS SOLIDAIRES CONTRE LA FAIM

 

PHOTO MARTIN BERNETTI

L’épidémie de coronavirus a réveillé un drame que le Chili croyait avoir éradiqué : la faim. Pour tenter d’y remédier, les soupes populaires se sont multipliées et des restaurants, parfois réputés, ont rallumé leurs fourneaux pour préparer des repas solidaires.

RTBF avec l'AFP

À Lo Hermida, dans l’est de l’agglomération de Santiago neuf femmes se sont réunies sous le nom "Les guerrières" pour lancer une soupe populaire qui livre 175 repas par jour à des habitants frappés par la faim mais aussi par le coronavirus, qui a touché de plein fouet ce quartier populaire de la commune de Peñalolén.


"Je n’aurais jamais pensé que ce serait si nécessaire ici", confie à l’AFP Ruth Lagos, qui se dit surprise par les carences révélées par la pandémie dans ce quartier de 240.000 habitants. Ici, des familles qui avaient réussi à sortir de la pauvreté avec des emplois précaires ont basculé en raison des restrictions sanitaires.

Après avoir mis en place des réseaux d’approvisionnement, une cuisine a été installée dans la cour d’une des maisons du quartier.

Les "Guerrières" n’avaient jusque-là aucune expérience de la cuisine, mais elles se sont tournées vers l’histoire du quartier dans les années 1980, lorsque la crise économique aiguë en pleine dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) avait entraîné la multiplication des soupes populaires.

Une réalité que ce pays sud-américain, considéré comme stable et prospère jusqu’à l’éclatement de la crise sociale fin 2019, avait pensé avoir laissée derrière lui.

"Nous nous battons pour un Chili meilleur et la situation empire de jour en jour", déplore Ruth, qui, à 48 ans, se souvient d’avoir "épluché des pommes de terre" quand elle était enfant avec ses parents pour la soupe populaire ouverte à l’époque dans le quartier.


Dans toute la commune de Peñalolén, environ 80 initiatives de ce type ont été lancées. Selon les chiffres d’associations caritatives, au moins 400 fonctionnent dans toute l’agglomération de Santiago, où vivent 7 millions d’habitants.

Remplir l’âme

Pour de nombreuses familles, le repas distribué est le seul de la journée : "Nous survivons grâce à la soupe populaire", reconnaît Paola, qui vient de recevoir une assiette de poulet à la moutarde, accompagnée de riz. Au chômage depuis cinq mois, elle n’a pour l’heure reçu aucune aide de l’Etat.

Ailleurs dans la capitale, ce sont des restaurants, parfois réputés, qui ont rouvert leur cuisine, après des mois de fermeture, pour distribuer des repas aux plus pauvres. Cela permet d’aider également les fournisseurs, les transporteurs, notamment scolaires, totalement à l’arrêt depuis la fermeture des écoles.

"Cela nous aide beaucoup et cela aide beaucoup d’autres personnes sur toute la chaîne", explique à l’AFP la cheffe Carolina Bazan, propriétaire du Ambrosia Bistro et désignée en 2019 meilleure cheffe par le classement "50 Best Restaurants" d’Amérique latine.

La restauratrice, qui a dû fermer son restaurant pendant deux mois avant de le rouvrir pour faire des livraisons à domicile, a décidé de se joindre à l’initiative "Nourriture pour tous", qui rassemble aujourd’hui 14 restaurants et assure la distribution de 6000 repas par semaine.

Avec deux assistants, Carolina Bazan prépare 450 plats chaque semaine qui sont distribués à des familles du centre de la capitale. Elle a pour l’heure mis de côté les préparations élaborées qu’elle concoctait dans son restaurant de tradition française pour se concentrer sur une cuisine plus simple.

"Le plus important c’est surtout que cela soit bon, que cela te remplisse l’âme, et que cela soit nutritif", explique la cheffe de 39 ans, mère de deux enfants.

L’initiative "Nourriture pour tous" est financée par des dons qui permettent l’achat de nourriture, la préparation des plats, la rémunération des restaurants et des entreprises de livraison.

"Quand nous avons commencé la deuxième semaine de mai, il y avait trois soupes populaires. Deux semaines plus tard, il y en avait 25 et un mois plus tard, 78. La faim monte en flèche au Chili", explique Ana Rivero, une des responsables de cette initiative, aujourd’hui présente à Santiago, mais aussi Antofagasta (nord), Valparaiso et Viña del Mar (centre).

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DESSIN LO COLE
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23 août, 2020

VIOLENCES. AU CHILI, CES FEMMES MENACÉES PAR LEURS EX-CONJOINTS QUI NE PAIENT PAS LEUR PENSION

 

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ILLUSTRATION LA TERCERA

Pour pondérer les effets économiques de la pandémie, le gouvernement a autorisé les Chiliens à retirer des fonds de pension une partie de leurs cotisations pour la retraite. Des milliers de femmes ont alors réclamé à leurs anciens conjoints les arriérés d’années de pension alimentaire. Mais nombre d’entre elles ont été menacées ou violentées par leur ex, raconte La Tercera.

Courrier international

insécurité. Peur. Angoisse. Ces trois mots reviennent souvent dans la bouche de Rosario, 22 ans, quand elle parle des menaces qu’elle a reçues de son ex-mari. Pendant cinq ans, dit-elle, elle a supporté ses crises de jalousie et ses violences parce qu’elle voulait faire des études, et ce jusqu’à la naissance de leur fille, qui a aujourd’hui 3 ans. Elle explique :

Depuis qu’elle est née, j’ai dû me débrouiller pour l’élever seule, parce qu’il ne m’a jamais donné un centime.”

Même s’ils ont refait leur vie chacun de leur côté, le retrait de 10 % de leurs fonds de pension [où est placée l’épargne retraite des Chiliens, le gouvernement ayant autorisé la population à retirer une partie de la somme afin de compenser les conséquences sociales et économiques de la pandémie de Covid-19] les a remis en contact.

Sur son téléphone portable, Rosario a commencé à recevoir des appels et des messages lui demandant de ne pas essayer de récupérer cet argent pour payer les pensions alimentaires qu’il lui doit depuis des années. Cette insistance n’ayant pas donné de résultats, l’ex est passé aux menaces. Rosario raconte :

Il a un autre fils, et il disait que tout cet argent était destiné à cet enfant. Comme j’ai refusé, il m’a dit qu’il allait me faire beaucoup de mal, qu’il allait m’arriver des bricoles.”

Intimidation

Elle a eu peur, mais a quand même agi en pensant à sa fille : “Le jour même où il m’a menacée pour que je ne touche pas à ses 10 %, j’ai déposé la demande de retrait des fonds, parce que je me suis retrouvée sans travail à cause de la pandémie.”

Après avoir déposé plainte auprès d’un juge, Rosario a dénoncé son ex pour menaces auprès des carabiniers [équivalent de la gendarmerie]. Depuis lors, son ancien conjoint a interdiction de s’approcher de moins de 200 mètres du logement qu’elle partage avec sa fille et sa famille.

“Même si cette mesure de protection me rassure un peu, j’ai peur de ce qui peut se passer si je sors dans la rue”, reconnaît-elle.

À quelques kilomètres de chez Rosario, on trouve la maison d’Andrea, 43 ans, à Puente Alto (sud-est de Santiago). Elle a vécu plus de vingt ans avec son mari, dont elle a eu une fille. Après plusieurs années de séparation, elle a reçu le 24 juillet [au lendemain de l’autorisation donnée aux Chiliens de retirer 10 % de leur épargne retraite] une visite inattendue : c’était le père de sa fille, il voulait “avoir une conversation” avec elle.

Thème central de cette conversation, la rétention des 10 % du fonds de pension, avec lesquels Andrea avait l’intention de se rembourser après toutes les années d’absence physique et économique de son mari. Quand celui-ci a appris que son ancienne épouse avait engagé une action en justice pour récupérer ces fonds, il est sorti de ses gonds.

Les cris ont alerté sa fille et aussi des voisins. “Je vais prier Dieu pour que vous mouriez. Je vais foutre le feu à la maison !” a-t-il hurlé, avant de donner des coups de pied dans la porte et de quitter les lieux. La bordée de menaces, la promesse d’agressions physiques et la crainte des deux victimes ont amené le bureau du procureur à imposer des mesures de protection pour la mère et la fille.


Quatre pères sur cinq ne paient pas

Loin d’être un fait isolé, la situation à laquelle sont confrontées Rosario et Andrea se reproduit un peu partout dans le pays. À chaque fois, il s’agit du non-paiement des pensions alimentaires. “Avant qu’il y ait un débat sur le retrait des fonds, de tels cas de menaces n’existaient pas”, souligne le colonel Juan González, chef du département 0S-9 des carabiniers.

Selon des chiffres fournis par la justice, au 4 août, les tribunaux avaient enregistré 409 688 demandes de rétention des 10 % des pensions. Au total, le nombre de personnes poursuivies s’élevait à 214 703.

Cette hausse exponentielle s’expliquerait par le fait que quatre pères sur cinq ne verseraient pas la pension alimentaire de leurs enfants. La possibilité de retirer une partie des fonds de pension a donc permis à des centaines de mères de récupérer une part de ce que leurs ex-conjoints leur devaient. Le gouvernement a assuré qu’il suivait de près le problème. La ministre des Femmes, Mónica Zalaquett, a lancé ce commentaire :

Hélas, ces derniers jours, nous avons constaté que de nombreuses femmes étaient menacées par les pères de leurs enfants. Ils les menacent pour qu’elles ne réclament pas ce qui revient de droit à leurs enfants et ce qui est l’obligation des pères : payer les pensions alimentaires.”


Bouton de panique


À La Pintana [Grand Santiago], la maire, Claudia Pizarro, estime qu’au moment de l’adoption du projet de loi, il aurait fallu prévoir une forme de transfert “en ligne et automatique, ce qui aurait évité de déposer une demande écrite et d’actualiser les données. L’information aurait dû être recoupée avec les tribunaux familiaux pour effectuer le transfert d’argent et ne pas exposer les femmes [aux violences]”.

Dans sa localité, de même que dans d’autres régions du pays, on constate une augmentation des menaces. Elle explique :

La première chose à faire est de porter plainte auprès des carabiniers, de la police judiciaire ou du ministère public.”

Il serait alors possible de fournir aux victimes un appareil GPS muni d’un bouton de panique “sur lequel on appuie et qui avertit cinq personnes, notamment au bureau du procureur et à la municipalité”.

Toutefois, selon Barbara Etcheberry, directrice de la fondation Soy Más, qui vient en aide aux jeunes femmes enceintes et aux mères adolescentes de La Pintana et leur trouve du travail, “la situation que nous observons est telle que, si les femmes portent plainte, il ne se passe rien, et leurs agresseurs risquent de le savoir, et cela peut entraîner davantage de violences. Elles ne sont pas du tout protégées.” Cette fondation connaît bien le phénomène : elle s’est déjà portée au secours de victimes.

Sebastián Labrín

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22 août, 2020

CHILI: 6,6 MILLIONS DE DOLLARS D'AMENDE À UNE ENTREPRISE NORVÉGIENNE POUR LA FUITE DE SAUMONS

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PHOTO MARTIN BERNETTI

Il s'agit de la plus grosse amende jamais igée infldans le pays pour une infraction environnementale. Le service chilien de protection de l'environnement a annoncé vendredi avoir infligé une amende de 6,6 millions de dollars à l'entreprise norvégienne d'élevage de saumons Mowi pour la fuite d'environ 690.000 poissons en 2018. 

HG avec l'AFP 

Il s'agit de la plus grosse amende pour une infraction environnementale jamais infligée dans le pays sud-américain. 

La Superintendance pour l'environnement (SMA) a sanctionné Mowi, connue précédemment sous le nom de Marina Harvest, pour deux délits. Le premier, qualifié de "très grave" par la SMA, a provoqué un "dommage environnemental irréparable, produit par la fuite massive de saumons" du centre d'élevage de Punta Redonda, dans la région de Los Lagos (à environ 1.000 km de Santiago). 


Un défaut dans les cages de confinement


Il a valu à l'entreprise l'amende de 5.300 millions de pesos, soit 6,6 millions de dollars. 

"Il s'agit de l'amende la plus élevée pour un seul délit infligée par la Superintendance pour l'environnement", a indiqué cette dernière dans un communiqué. 

Le second délit, considéré comme mineur, concerne l'"absence d'installations adéquates pour éliminer la mortalité des poissons" et s'élève à 2,7 millions de pesos (environ 3.400 dollars).

Les saumons, qui étaient traités avec un antibiotique impropre à la consommation humaine, avaient fui en raison de défauts dans les cages de confinement, détériorées par une tempête qui avait frappé le centre d'élevage. 

Une espèce qui menace l'habitat marin

Le danger pour l'environnement réside dans le fait que ces saumons sont une espèce envahissante et prédatrice qui provoque une diminution du nombre d'espèces endémiques dans la région, altère l'habitat marin et met en danger la faune et les saumons provenant d'autres centres d'élevage en raison de la possibilité de transmettre des agents pathogènes et des maladies, selon la SMA.

Mowi, qui n'a pas réagi à la sanction, devra également présenter une proposition de plan de réparation étayée par une étude technique environnementale. Elle a 15 jours pour faire appel devant la justice environnementale.

L'industrie chilienne du saumon, la deuxième au monde, utilise 1.400 fois plus d'antibiotiques par tonne que les élevages en Norvège, premier producteur mondial, selon l'ONG environnementale Oceana. 


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