01 août, 2020

LE PRÉSIDENT CHILIEN DÉTAILLE SON PLAN POUR RELANCER L'ÉCONOMIE

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« JÉSUS CALME LA TEMPÊTE »
DESSIN LAUZAN

Le pays est durement touché par la pandémie de coronavirus. L'économie doit se contracter de 7,5 % cette année. Le président a déroulé un plan axé sur l'emploi et l'investissement.
« POPULISTE !!! »
JÉSUS CHASSE LES MARCHANDS (AFP) DU TEMPLE 
DESSIN LAUZAN
Si le rendez-vous est annuel, tout dans le discours du président chilien Sebastián Piñera (droite) au Congrès, vendredi, a porté la marque des circonstances inédites que traverse le pays, durement frappé par la pandémie de coronavirus : le masque retiré au moment de l'allocution seulement, sa température prise à l'entrée de l'enceinte et un ton inhabituellement prospectif.

Elément central du discours : un plan de relance économique baptisé « le Chili se rétablit ». Il prévoit un programme de soutien à l'emploi, qui « pourra bénéficier jusqu'à un million de personnes […] » a précisé le président, mais aussi une politique d'investissement public axée sur l'immobilier et l'infrastructure routière, notamment. Le président chilien a également souligné le soutien aux petites et moyennes entreprises et un encouragement à l'investissement privé.
Taper dans les fonds de pension

« La tâche est épique […] et surtout exigeante » a affirmé le chef d'État en évoquant « les effets catastrophiques » de la pandémie. Le chômage s'élève à 12,2 % sur le trimestre avril-juin, soit près de 5 points de plus que l'année dernière. Le PIB du pays doit s'effondrer de 7,5 % cette année.

« On sait que notre système de retraite nécessite une réforme complète et nous sommes en train de la mettre en marche », a également mentionné le président, avalisant la réforme historique votée la semaine précédente qui autorise les Chiliens à retirer 10 % de leurs fonds de pension à capitalisation individuelle. La création d'un « système mixte » avec une cotisation de l'État a été évoquée. « Le président assume cette demande sociale, alors qu'il était opposé à la possibilité pour les Chiliens de retirer de l'argent de leurs fonds de pension. Ce vote a d'ailleurs été un coup dur pour sa présidence », analyse la politologue Julieta Suarez Cao. Plus de 3 millions de personnes -sur une population de 18 millions- sont allées retirer ces fonds lors du premier jour possible cette semaine, la moitié d'entre elles pour se nourrir ou rembourser des dettes, selon une enquête.

Lors de cette allocution d'une heure trente, le président a également défendu sa gestion de la pandém ie, pourtant tâtonnante, avec la mise en place tardive d'un confinement strict. Au total, le Chili compte plus de 355.000 cas et 9.400 morts. « Depuis sept semaines il y a une amélioration légère mais continue », a-t-il déclaré alors que le pays entame un déconfinement graduel. Le chef d'État a cependant reconnu « des erreurs » avec le retard de l'aide sociale aux familles.



Concert de casseroles


« Sur le plan des valeurs, ce discours inscrit le virage à droite effectué avec le remaniement ministériel cette semaine, avec beaucoup de place donnée à la sécurité et à la famille notamment », observe Julieta Suarez Cao. Sebastián Piñera a confirmé la tenue du référendum du 25 octobre -qui devait initialement se tenir fin avril- sur un éventuel changement de Constitution, une des demandes fortes du mouvement social historique éclaté en octobre dernier. « Ce vote sera peut-être le seul exutoire au mécontentement actuel », analyse Julieta Suarez Cao. Avec un taux d'approbation de 9 %, le président chilien se rapproche de son minimum historique de 6 % enregistré en fin d'année dernière. Dans les grandes villes du pays, le discours a été accueilli par des concerts de casseroles contestataires.


 

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