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La campagne électorale pour le référendum du 25 octobre au Chili sur un changement de Constitution, revendication forte des manifestants lors de la crise sociale de 2019, débute mercredi dans le pays sud-américain malgré la pandémie de coronavirus.
DESSIN CAIOZZAMA PHOTO ROCÍO MANTIS |
Initialement prévu le 26 avril, le scrutin avait été finalement reporté à fin octobre en raison de l'épidémie qui a durement frappé le pays de 18 millions d'habitants, mais qui se stabilise désormais. Plus de 14 millions de Chiliens seront appelés à se prononcer pour ou contre la rédaction d'une nouvelle Constitution en remplacement de l'actuelle, votée en 1980, en pleine dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).
Le dernier référendum dans le pays, sur des changements constitutionnels, remonte à 1989. Un an auparavant, le référendum historique de 1988 avait ouvert la voie à une transition démocratique et entériné la fin du régime militaire. Outre les demandes pour plus de justice sociale, un changement de Constitution figurait en bonne place dans les revendications des manifestants depuis le début de la contestation sociale le 18 octobre. Des manifestations auxquelles l'épidémie de coronavirus, arrivée début mars dans le pays, a mis fin brutalement.
«Le fait politique le plus intéressant, c'est de nous sortir de l'héritage de la dictature qui continue de brider comme une camisole de force la possibilité de changements politiques et sociaux au Chili», analyse Claudia Heiss, de l'académie des Affaires publiques de l'Université du Chili. Une nouvelle Constitution pourrait ouvrir «une discussion restée verrouillée jusqu'à aujourd'hui», notamment sur la nécessité de politiques publiques pour plus de redistribution des richesses et plus de participation démocratique, ajoute l'universitaire.
Le 15 novembre, près d'un mois après le déclenchement d'une crise sociale sans précédent qui avait fait une trentaine de morts, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'un référendum.
Le jour du vote, les Chiliens devront répondre à deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, à savoir la mise en place d'une «Convention mixte» composée à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, ou d'une «Convention constituante» intégralement composée de citoyens spécifiquement élus.