28 mars, 2024

TENSIONS DIPLOMATIQUES ENTRE BOGOTA ET BUENOS AIRES, APRÈS DES INSULTES DU PRÉSIDENT ARGENTIN


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LE PRÉSIDENT GUSTAVO PETRO N’A PAS APPRÉCIÉ
SE FAIRE  TRAITER D’ASSASSIN ET DE TERRORISTE
PAR SON HOMOLOGUE ARGENTIN.   
PHOTO FERNANDO VERGARA 
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LE TEMPS

Tensions diplomatiques entre Bogota et Buenos Aires, après des insultes du président argentin / La Colombie a ordonné l’expulsion de diplomates de l’ambassade argentine. Javier Milei s’en est pris à son homologue Gustavo Petro lors d’une interview, le traitant d'«assassin» et de «terroriste»

Le Temps avec l’AFP

La Colombie a ordonné mercredi l’expulsion de «diplomates de l’ambassade d’Argentine» à Bogota après une série d’insultes du président argentin Javier Milei qui a qualifié son homologue colombien Gustavo Petro d'«assassin» et de «terroriste». «Dans ce contexte, le gouvernement colombien a ordonné l’expulsion de diplomates de l’ambassade d’Argentine en Colombie», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, sans préciser la fonction ni le nombre de diplomates expulsés.

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Le ministère a condamné «une interview accordée à CNN dans laquelle (Javier Milei) s’est exprimé de manière dénigrante à l’égard du président colombien» Gustavo Petro. Les médias américains avaient déjà publié des extraits de l’entretien et cité certaines des remarques du président Milei à l’encontre de Petro: «On ne peut pas attendre grand-chose de quelqu’un qui a été un assassin terroriste», a déclaré le président argentin, selon le site internet de CNN.

Pour le ministère colombien des Affaires étrangères, «les expressions du président argentin ont porté atteinte à la confiance de notre nation, ainsi qu’à la dignité du président Petro, qui a été élu démocratiquement» à l’été 2022 comme premier président de gauche de l’histoire de la Colombie. Les détails de «l’expulsion seront communiqués à l’ambassade d’Argentine par les voies diplomatiques» habituelles, a ajouté Bogota. Le gouvernement argentin n’a pas commenté l’affaire.

Milei met en péril les relations entre les deux pays

«Ce n’est pas la première fois que Javier Milei offense le président colombien, affectant les relations historiques de fraternité» entre les deux pays, a rappelé le ministère colombien des Affaires étrangères.

Les relations avec l’Argentine sont historiquement stables, mais se sont détériorées depuis l’arrivée au pouvoir à Buenos Aires de l’ultralibéral Javier Milei en décembre 2023. L’ambassadeur colombien en Argentine, Camilo Romero, est de retour en consultation dans son pays depuis fin janvier. M. Milei avait alors traité M. Petro de «communiste meurtrier qui est en train de couler la Colombie».

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DESSIN SERGIO LANGER

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27 mars, 2024

AU BRÉSIL, LULA INTERDIT TOUTE COMMÉMORATION OFFICIELLE DU 60ème ANNIVERSAIRE DU COUP D’ÉTAT MILITAIRE

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LE PRÉSIDENT BRÉSILIEN LUIZ INACIO LULA DA SILVA
 S’EXPRIME LORS D’UNE RÉUNION MINISTÉRIELLE  AU
 PALAIS DU PLANALTO, À BRASILIA, LE 18 MARS 2024.
PHOTO EVARISTO SA / AFP

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LE MONDE

INTERNATIONAL / BRÉSIL / Au Brésil, Lula interdit toute commémoration officielle du 60ᵉ anniversaire du coup d’État militaire / Les organisations, qui travaillent sur la mémoire des crimes commis par la dictature entre 1964 et 1985, s’indignent de la décision de l’ancien opposant, qui provoque aussi des remous au Parti des travailleurs.

Par Bruno Meyerfeld (Sao Paulo, correspondant)

Temps de Lecture 3 min.

«PAI, AFASTA DE MIM ESSE CALE-SE »
(PÈRE, ÉLOIGNE DE MOI CE CALICE !).

«Lamentable et dangereuse ! » Dépitée, Joana D’Arc Fernandes Ferraz ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de qualifier l’attitude de Luiz Inacio Lula da Silva. Cette sociologue est pourtant une militante de gauche, membre de l’organisation Tortura nunca mais (« la torture, plus jamais ») qui lutte pour entretenir la mémoire des crimes commis par la dictature militaire brésilienne (1964-1985). Mais les déclarations récentes du président à ce sujet l’ont révulsé. « Comment peut-il tenir un tel discours alors que le Brésil traverse une période si critique ? », s’interroge-t-elle.

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Sa colère trouve son origine dans la décision de Lula d’interdire toute commémoration officielle du coup d’État survenu il y a soixante ans, les 31 mars et 1er avril 1964 qui conduisit l’armée à renverser le président de gauche Joao Goulart, ouvrant la voie à une dictature de plus de vingt ans. Le chef de l’État a défendu aux membres de son gouvernement de s’exprimer publiquement sur le sujet, même s’agissant des victimes de la dictature. Le ministre des droits de l’homme, Silvio Almeida, avait pourtant prévu une campagne de sensibilisation sur ce thème, baptisée « Sans mémoire, il n’y a pas d’avenir ». Elle a été remisée au placard.

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« Je ne vais pas continuellement ressasser [le passé] », a tranché Lula le 27 février dans une interview à la chaîne RedeTV !, se disant « davantage préoccupé par le putsch de janvier 2023 », qui a vu des milliers de militants d’extrême droite saccager les institutions de Brasilia, « que par celui de 1964 ». Ce dernier « fait partie de l’histoire, il a déjà causé les souffrances qu’il a causées. Le peuple a déjà conquis le droit de démocratiser ce pays », a-t-il conclu.

Lula ne s’est pas contenté d’interdire les cérémonies officielles. Il a également renoncé à l’idée d’un musée de la mémoire et des droits de l’homme, centré sur la dictature. Il n’a pas non plus rétabli la Commission spéciale pour les morts et disparus politiques, supprimée par son prédécesseur Jair Bolsonaro, ancien capitaine nostalgique de la dictature, qui n’hésitait pas à célébrer le putsch de 1964. Cette mesure faisait pourtant partie des promesses de campagne du président de gauche.

« Eviter les frictions avec l’armée »

L’HISTORIENNE HELOISA STARLING
La séquence a provoqué un tollé inhabituel, jusque dans les rangs du Parti des travailleurs (PT), la formation de Lula. « Il n’existe pas d’avenir si on n’apprend pas des leçons du passé », a déclaré Rui Falcao, député et ancien président du Parti des travailleurs. L’historienne Heloisa Starling a dénoncé dans le quotidien Folha de Sao Paulo un « désastre », et le groupe de juristes de gauche Prerrogativas a qualifié d’« inadmissible » tout silence sur les événements de 1964. « Lula conforte ceux, à l’extrême droite, qui souhaiteraient organiser un nouveau coup d’État », tonne Joana D’Arc Fernandes Ferraz, de Tortura nunca mais.

L’attitude du président de gauche vis-à-vis d’un régime qui assassina au moins 434 personnes et en tortura 20 000 autres, choque d’autant plus que Lula fut lui-même un opposant à la dictature en tant que dirigeant syndical. Les atteintes à la démocratie commises sous le mandat de Jair Bolsonaro (2019-2023) et les révélations récentes de la justice, dévoilant l’appui supposé de hauts gradés dans l’élaboration d’un coup d’Etat, fin 2022, rendraient d’autant plus important un rappel des crimes commis par la junte.

LE COLONEL DE RÉSERVE
 MARCELO PIMENTEL

Pour Marcelo Pimentel, colonel de réserve et opposant à Bolsonaro, « il aurait été justement très important que le président de la République réaffirme les principes démocratiques en ces temps troublés ». Selon lui, « la vision qui prédomine dans l’armée est malheureusement celle d’un coup d’État qui aurait sauvé le Brésil du péril communiste. Les généraux actuellement aux responsabilités ont été formés à l’Académie militaire à la fin de la dictature. Ils portent sur celle-ci un regard encore positif ».

« Le comportement de Lula n’est guère surprenant », analyse pour sa part Fabio Victor, journaliste et auteur du livre Poder camuflado (Companhia das Letras, 2022, non traduit) qui traite des relations entre militaires et politiques au Brésil depuis le retour de la démocratie. Selon lui, « Lula est un pragmatique. Il veut éviter les frictions avec l’armée, en particulier dans une période où ces derniers sont dos au mur. Il a toujours défendu la loi d’amnistie de 1978 [qui garantit l’absence de poursuites contre la junte] ». Prohiber toute cérémonie officielle n’en est pas moins « incompréhensible », estime le journaliste : « Les militaires sont déjà acculés en justice et il est très improbable qu’une commémoration de 1964 aurait entraîné un mouvement de révolte dans les casernes. Ici, Lula a fait preuve d’un excès de prudence. »

Par Bruno Meyerfeld (Sao Paulo, correspondant)

Bruno Meyerfeld (Sao Paulo, correspondant)

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26 mars, 2024

BRÉSIL : JAIR BOLSONARO A PASSÉ DEUX NUITS À L’AMBASSADE DE HONGRIE APRÈS LA CONFISCATION DE SON PASSEPORT.

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JAIR BOLSONARO, 69 ANS, A VU L'ÉTAU JUDICIAIRE
 SE RESSERRER DEPUIS SA DÉFAITE FACE À LULA.
PHOTO EVARISTO SA / AFP
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COURRIER I

Brésil : Jair Bolsonaro a passé deux nuits à l’ambassade de Hongrie après la confiscation de son passeport. Le ministère des Affaires étrangères brésilien a convoqué l’ambassadeur hongrois.

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Courrier international
Celui-ci doit expliquer pourquoi l’ex-président brésilien a passé deux nuits à se “cacher” à l’ambassade de Hongrie, à Brasilia, en février, après la confiscation de son passeport et “alors que les enquêteurs de la police fédérale se rapprochaient de certains de ses plus proches alliés”, indique The Guardian
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Selon le New York Times, qui a révélé cette information, ce séjour suggère que Jair Bolsonaro “cherche à tirer parti de son amitié avec un autre dirigeant d’extrême droite, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour tenter d’échapper au système judiciaire brésilien, alors qu’il est confronté à des enquêtes criminelles dans son pays”. 
Courrier international

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Vidéo : Bolsonaro s'est caché dans l'ambassade de Hongrie.
LES AVOCATS DE JAIR BOLSONARO ONT NIÉ QU’IL S’ÉTAIT RÉFUGIÉ
À L'AMBASSADE HONGROISE POUR ÉCHAPPER À LA JUSTICE.
 PHOTO EVARISTO SA


AU BRÉSIL, L'INTRIGANT SÉJOUR DE JAIR BOLSONARO À L'AMBASSADE DE HONGRIE 
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FRANCE24
Au Brésil, l'intrigant séjour de Jair Bolsonaro à l'ambassade de Hongrie / Le New York Times a rapporté, lundi, que l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro avait passé deux nuits à l'ambassade de Hongrie afin d'échapper à la justice. Ses avocats rétorquent qu'il s'y est bien rendu, mais "sur invitation" des autorités hongroises, dans le seul but de "discuter du contexte politique des deux pays".
Cerné par les enquêtes judiciaires, l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro a passé en février deux nuits à l'ambassade de Hongrie, à Brasilia, mais sa défense assure qu'il ne cherchait pas à s'y réfugier.

Pour le quotidien New York Times, qui a révélé lundi 25 mars cet intrigant séjour, images de vidéosurveillance à l'appui, l'ex-dirigeant d'extrême droite "se cachait" pour échapper à la justice.

"Fake news", ont rétorqué ses avocats. Ils ont bien reconnu dans un communiqué que leur client avait été "hébergé deux jours" dans l'ambassade de ce "pays ami", dirigé par Viktor Orban, un autre représentant de la droite radicale. Mais selon eux, il s'y était rendu "sur invitation" des autorités hongroises, dans le seul but de "discuter du contexte politique des deux pays". "Toute autre interprétation (...) est de l'ordre de la fiction", ont-ils insisté.

Les images de vidéosurveillance publiées par le New York Times montrent l'ex-président entrer dans l'ambassade de Hongrie le 12 février au soir et en ressortir le 14 dans l'après-midi.

Soit quelques jours après une opération policière durant laquelle il s'est vu interdit de quitter le territoire. Le 8 février, cette opération d'une ampleur inédite avait fait l'effet d'un séisme. Les enquêteurs ont exposé en détail leurs soupçons d'une "tentative de coup d'État" fomentée par Jair Bolsonaro et ses proches pour conjurer sa défaite électorale de 2022 face à son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.

Convoqué lundi soir par le ministère des Affaires étrangères du Brésil pour "donner des explications sur l'hébergement de l'ex-président Jair Bolsonaro", l'ambassadeur hongrois a passé vingt minutes au siège de la diplomatie brésilienne, selon une source gouvernementale de Brasilia.

Demande de "prison préventive"

La gauche n'a pas tardé à se saisir de cette affaire. L'ancien dirigeant d'extrême droite avait l'intention de "fuir (...) de peur d'être jugé pour ses crimes, d'être condamné et d'être emprisonné", a accusé sur le réseau social X Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT) de Lula.

Un député de ce parti, Lindbergh Farias, a annoncé avoir saisi le bureau du procureur général de la République pour réclamer la "prison préventive" pour Jair Bolsonaro. "Ce séjour à l'ambassade suggère que l'ex-président tentait de profiter de son amitié avec un collègue leader d'extrême droite pour échapper au système judiciaire brésilien", a déclaré ce parlementaire.

Dans leur communiqué, les avocats de Jair Bolsonaro ont rappelé qu'il "est de notoriété publique que l'ex-président a une bonne relation avec le Premier ministre hongrois". Le 8 février, Viktor Orban avait qualifié Jair Bolsonaro de "patriote honnête" sur les réseaux sociaux, l'encourageant à "continuer à lutter".

"Bonnes relations internationales"

Durant un événement de son Parti libéral, l'ex-chef de l'État a assuré lundi qu'il "fréquentait des ambassades au Brésil" pour "discuter avec des ambassadeurs". "J'ai de bonnes relations internationales et j'entretiens encore aujourd'hui des relations avec des chefs d'État (...). Ils m'appellent souvent pour me demander des informations sur ce qui se passe dans notre pays", a-t-il expliqué.

Déclaré inéligible en juin dernier pour avoir disséminé de fausses informations sur le système brésilien d'urnes électroniques, Jair Bolsonaro, 69 ans, a vu l'étau judiciaire se resserrer depuis sa défaite face à Lula. La semaine dernière, la police fédérale a recommandé son inculpation dans une affaire de falsification de certificats de vaccination contre le Covid-19. Il est également dans le collimateur de la justice pour le détournement présumé de cadeaux reçus de pays étrangers, dont des bijoux offerts par l'Arabie saoudite.

Malgré ces scandales, l'ancien capitaine de l'armée demeure très populaire dans son camp. Le 25 février, peu après son séjour à l'ambassade de Hongrie, il a réalisé une démonstration de force avec une grande manifestation en son soutien à Sao Paulo qui a réuni quelque 185 000 personnes, selon une estimation de chercheurs.

Avec AFP
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25 mars, 2024

L’ARGENTINE DÉFILE CONTRE LA RÉÉCRITURE DE L’HISTOIRE.

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PHOTO EMILIANO LASALVIA / AFP
L’Argentine défile contre la réécriture de l’histoire. Comme tous les 24 mars, des dizaines de milliers d’Argentins étaient dans la rue pour dénoncer les sept ans de dictature militaire après le coup d’État de 1976. Mais cette année était différente. 

Théorie des deux démons

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LA  CASA ROSADA  SIÈGE DU POUVOIR EXÉCUTIF ARGENTIN, A
  DIFFUSÉ UNE VIDÉO QUI ASSIMILE LE TERRORISME D’ÉTAT À LA
 VIOLENCE DES GROUPES DE GUÉRILLA, SOUTIENT  QU’IL Y A EU 
UNE GUERRE DANS LAQUELLE  “DES INNOCENTS SONT 
TOMBÉS DES DEUX CÔTÉS” Théorie des deux démons
 

Comme l’explique El País, le nouveau président, Javier Milei, habitué à créer la polémique, cherche à minimiser les crimes de l’époque. “À partir des comptes officiels de la Casa Rosada, l’exécutif a diffusé une vidéo qui assimile le terrorisme d’État à la violence des groupes de guérilla, soutient qu’il y a eu une guerre dans laquelle “des innocents sont tombés des deux côtés”, s’interroge sur le nombre de victimes de la dictature et suggère que les organisations de défense des droits humains “ont collecté la dîme” pour demander justice pour les milliers de disparus”, précise le quotidien espagnol.


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DES MANIFESTANTS DÉFILENT VERS LA PLACE DE MAI À
BUENOS AIRES EN MÉMOIRE DES VICTIMES DE LA DICTATURE
ARGENTINE (1976-1983), LE 24 MARS 2024.
PHOTO LUIS ROBAYO / AFP

Pourtant, dans un pays aussi divisé que l’Argentine, le rejet de la dictature était jusqu’ici l’un des rares sujets de consensus.

23 mars, 2024

RUSSIE : AU MOINS 133 MORTS... CE QUE L’ON SAIT DE LA FUSILLADE DANS UNE SALLE DE CONCERT À MOSCOU

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L’ATTAQUE SANGLANTE EST SURVENUE, CE VENDREDI 22 MARS
DANS  LA SOIRÉE, AU CROCUS CITY HALL, UNE GRANDE SALLE
DE CONCERT DE LA BANLIEUE NORD-OUEST DE MOSCOU.
 PHOTO VASSILI PRUDNIKOV  

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L'HUMANITÉ

Russie : Au moins 133 morts... Ce que l’on sait de la fusillade dans une salle de concert à Moscou / Des hommes en tenue de combat ont ouvert le feu dans une salle de concert de la banlieue de la capitale russe, vendredi soir. L’attentat a été revendiqué par l’État Islamique. Les forces de sécurité font état d’au moins 133 morts et plusieurs centaines de blessés.

par Lina Sankari et Bruno Odent

7 min

L’attaque sanglante est survenue, ce vendredi 22 mars dans la soirée, au Crocus City Hall, une grande salle de concert de la banlieue nord-ouest de Moscou, après qu’au moins trois hommes – de trois à cinq en fonction des sources – en tenue de combat ont pénétré les lieux, indique l’agence de presse russe RIA Novosti. Les forces de sécurité (FSB) font désormais état d’au moins 133 morts et de plusieurs centaines de blessées. Le bilan demeure provisoire, « les opérations de recherches se poursuivent », a précisé le Comité d’enquête russe.


« Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir », a indiqué un journaliste de Ria Novosti. Les services de secours, cités par l’agence Interfax, ont indiqué que les assaillants avaient « ouvert le

feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert », avant de « commencer à tirer sur le public»

En plus de leurs armes automatiques, les assaillants auraient également fait usage d’explosifs. Peu après, un gigantesque incendie s’est déclaré. Et des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent de grands panaches de fumée noire au-dessus du bâtiment. Les médias russes rapportent que cette salle de concert Crocus a une capacité de 6 200 spectateurs et que l’événement qui devait avoir lieu ce 22 mars était complet.

Enquête ouverte pour « acte terroriste »

« Une terrible tragédie s’est produite aujourd’hui dans le centre commercial de Crocus », a déclaré le maire de Moscou, Sergei Sobyanin. Toutes les manifestations et événements prévus ce week-end ont été annulés par les autorités.

« Les sauveteurs travaillent 24 heures sur 24 sur le site (…) Le travail se poursuivra pendant encore, au minimum, quelques jours », a écrit sur Télégramme le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.

Selon le Comité́ d’enquête russe, certaines victimes ont été tuées par balle, d’autres par les fumées du vaste incendie qui a ravagé́ le bâtiment abritant la salle de concert du Crocus City Hall. La salle de concert « a complètement brûlé́ (…) Ce qui reste du plafond risque de s’effondrer », a indiqué́ le gouverneur.

L’attaque, la plus meurtrière en Russie depuis de longues années, a été revendiquée dans la soirée de vendredi par l’État islamique au Khorassan (EI-K), une branche de l’État islamique implantée en Afghanistan. Le groupe jihdiste a affirmé que cet attentat s’inscrivait « dans le contexte (…) de la guerre faisant rage » entre le groupe et « les pays combattant l’Islam ».

Les autorités russes n’ont, pour l’heure, pas évoqué l’État islamique ni sa revendication. Elles ont en revanche arrêté 11 personnes, dont quatre assaillants présumés qui, selon le FSB, tentaient de fuir vers l’Ukraine.

Poutine décrète une journée de deuil national et pointe l’Ukraine sans plus de preuves

Dans une brève allocution télévisée, prononcée à la mi journée de ce samedi, le président russe, Vladimir Poutine a dénoncé un acte « terroriste barbare » et décrété une journée de deuil national ce dimanche 24 mars. « J’exprime mes plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu leurs proches » , a-t-il déclaré avant de pointer une éventuelle piste ukrainienne, mais sans fournir aucune preuve supplémentaire d’une implication de Kiev se contentant d’affirmer que les terroristes en fuites qui auraient tous été arrêtés, fuyaient en direction de l’Ukraine où ils auraient pu bénéficier d’une improbable « fenêtre » pour franchir la ligne de front.

« Les réactions des services spéciaux russes concernant l’Ukraine sont absolument intenables et absurdes » a réagi la présidence ukrainienne qui a également qualifié « d’acte terroriste » l’attaque du public du concert dans la banlieue de Moscou.

La population se presse pour donner son sang

Par dizaines, les Russes ont afflué dès samedi matin vers les centres de don du sang de Moscou afin d’aider les médecins à sauver le maximum de blessés. « Quand on voit cette situation, on n’a pas envie de rester à l’écart, on a envie d’aider », a confié à l’AFP Vladislav, étudiant de 18 ans, alors qu’il patientait devant un centre de don.

DEVANT UN MÉMORIAL AUX VICTIMES IMPROVISÉS, DES MILLIERS
 DE BOUGIES ET DE FLEURS ONT ÉTÉ DÉPOSÉS PAR UNE FOULE
PHOTO AFP

Une avalanche de réactions internationales

L’attentat a suscité une multitude de réactions internationales.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « condamn(é) dans les termes les plus forts l’attaque terroriste » de Moscou. Et le Haut commissaire des Nations unies aux droits humains Volker Türk s’est dit « horrifié » par l’attaque, que « rien ne peut justifier ». De son côté, le porte-parole de l’Otan a « condamné sans équivoque les attentats qui ont visé des spectateurs de concert à Moscou », estimant que « rien ne peut justifier des crimes aussi odieux ».

La Maison Blanche s’est dite « en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque ». Par ailleurs, l’ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens que des « extrémistes (avaient) des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris

des concerts ». La Maison Blanche a pour sa part affirmé que les États-Unis avaient partagé ces renseignements avec les autorités russes. « Si les États-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe », a rétorqué vendredi, la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a condamné́ ce déferlement de haine et de mort « contre des spectateurs innocents lors d’un concert à̀ Moscou ». Paris, tout comme Londres et Pékin avaient dénoncé peu avant, « avec la plus grande fermeté », l’attentat terroriste. Erdogan, le président turc s’est joint à ces condamnations un peu plus tard.

La Russie a connu plusieurs antécédents d’attentats islamistes au cours des trois dernières décennies en Tchétchénie ou dans plusieurs républiques du Caucase où vivent des populations musulmanes.

En 2002, des combattants tchétchènes avaient pris en otage 912 personnes dans le théâtre moscovite de la Doubrovka pour réclamer le retrait des troupes russes de Tchétchénie. Cent trente personnes avaient trouvé la mort, la quasi-totalité asphyxiée par le gaz des forces spéciales.

 

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21 mars, 2024

CHILI / LE SÉNAT BASCULE COMPLÈTEMENT À DROITE.

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LA NOUVELLE PRÉSIDENCE COMPOSÉE PAR LES
SÉNATEURS JOSÉ GARCÍA ET MATÍAS WALKER
PRESSE DU SÉNAT 
Le Sénat bascule complètement à droite. / En décembre 2021, après les élections législatives et sénatoriales qui s’étaient terminées par un match nul entre droite et gauche, un accord transversal avait été passé. Cet accord organisait l’alternance à la présidence des deux chambres.

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par Pierre Cappanera

PIERRE CAPPANERA
PHOTO FACEBOOK

Cet accord avait déjà été partiellement rompu quand la Démocratie-Chrétienne (DC) avait empêché la communiste Karol Cariola de devenir la présidente de la Chambre des Députés, suivant l’accord acté en 2021.



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« Les Tricheurs »
Michelangelo Merisi da Caravaggio


Cette fois plusieurs senateurs  DC ont complètement rompu l’accord en basculant à droite et fait élire un sénateur de droite comme président. Nouveau coup dur pour le gouvernement qui se retrouve avec le Sénat majoritairement contre lui.

L’ambition de la droite est d’arriver à la même chose à la Chambre des Députés avec l’aide de la DC et de quelques transfuges de gauche.

LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU SÉNAT, JOSÉ GARCÍA RUMINOT,
AVEC LE VICE-PRÉSIDENT, MATÍAS WALKER, CE MARDI
RESSE DU SÉNAT 
Cet épisode explique pour beaucoup pourquoi depuis deux ans le gouvernement est à la traine dans l’application de son programme. Comment peut-on avancer quand on n'a pas de majorité parlementaire ?

GARCÍA RUMINOT FUT DÉPUTÉ ENTRE 1990 ET 2002,
ET DEPUIS CETTE MÊME ANNÉE, IL EST SÉNATEUR,
REPRÉSENTANT TOUJOURS LA "REGIÓN DE
LA ARAUCANÍA". AUPARAVANT, PENDANT LA DICTATURE
 DE PINOCHET,  IL FUT DÉSIGNÉ MAIRE DES COMMUNES
TOLTÉN, LAUTARO ET TEMUCO.  

Portait d’un politicien de droite ordinaire

Il s’appelle José García Ruminot et a 69 ans. Il vient d’être élu président du Sénat. Il est né en 1955 à Temuco, la capitale du pays Mapuche.

De droite il l’a toujours été. Dès 1970, à 15 ans, lycéen, il milite dans les rangs de la droite opposée à l’Unité Populaire et Salvador Allende. Son premier poste politique, il l’obtiendra en 1980, à l’âge de 25 ans, juste après avoir terminé ses études universitaires : Pinochet le désigne maire d’une commune. Jusqu’en 1990, il enchaine les postes de maire dans différentes communes et de haut fonctionnaire, toujours nommé par la junte militaire. 

A la fin de la dictature en 1990, il se reconvertit en se faisant élire député de Temuco puis sénateur à partir de 2002. C’est un homme fidèle, il a toujours été membre du même parti, Renovacion Nacional (RN).

Le RN a été fondé en 1987 pendant la dictature et était le fruit de la fusion de plusieurs partis pinochetistes. Ce parti a toujours défendu l’héritage politique et institutionnel de la dictature. Même si ce parti se définit de « centre-droit », sans esprit de polémiques, on peut le situer comme étant de droite très très extrême. 

Le RN vient de rompre l’accord qu’avaient passé tous les partis représentés au Sénat (y compris le Frente Amplio et le Parti communiste) pour organiser des présidences tournantes depuis 2021. Bénéficiant d’un retournement de veste de plusieurs sénateurs ex démocrates-chrétiens, le candidat RN a pu obtenir une confortable majorité de 27 voix contre 23 au candidat de centre-gauche.

José García a toujours été fidèle à ses convictions bien ancrées à droite et dans le libéralisme des Chicago Boys. Sauf sur un point. Cet homme qui a en permanence pourfendu l’État, le mal absolu, et les protections sociales source de fainéantise, a toujours vécu largement rémunéré par l’État depuis ses 25 ans.

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