20 mai, 1976

L'ANCIEN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ADJOINT DU PARTI COMMUNISTE ET DOUZE AUTRES DIRIGEANTS SONT ARRÊTÉS

VÍCTOR DÍAZ LÓPEZ
ARCHIVE FAMILIALE

M. Victor Diaz, ancien secrétaire général adjoint du Parti communiste chilien, a été arrêté, le mardi 18 mai, à Santiago, en compagnie de douze autres dirigeants du parti qui vivaient également dans la clandestinité. Parmi eux figurent MM. Jorge Munoz et Mario Zamorano, anciens secrétaires nationaux, annonce l'Agence France-Presse de Santiago.D'autre part, on apprend dans la capitale chilienne que l'avocat américain, M. Stanley Faulkner, ancien défenseur d'Angela Davis et du peintre mexicain Siqueiros, défendra M. Luis Corvalan, secrétaire général du P.C. chilien, ainsi que deux anciens membres communistes du gouvernement de Salvador Allende. Emprisonné depuis trente-deux mois, M. Corvalan n'a toujours pas été inculpé. Récemment, le président de la Cour suprême, M. José Maria Eyzaguirre, déclarait qu'il serait " très difficile, en matière pénale, de trouver un type spécifique de délit " pour le leader communiste.

Le Monde

Publié le 20 mai 1976 

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À PARIS, plusieurs organisations ont protesté contre l'arrestation, le 10 avril en Argentine, de M. Edgardo Enriquez - un des principaux dirigeants du MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire chilien) - et de sa compagne, Mme Regina Marcondez, et contre leur transfert, le 27 avril dernier, au Chili, où ils seraient détenus dans un camp de tortures de la DINA (la police politique), situé à Monte-Maravilla (le Monde du 15 mai). Le Comité international des juristes s'est déclaré très inquiet du sort de M. Enriquez. Le Comité de soutien à la lutte révolutionnaire du peuple chilien estime, pour sa part, que " cette violation du droit international et des lois argentines illustre la sinistre collaboration policière entre les régimes fascistes d'Amérique latine ". Il demande que tout soit mis en œuvre pour obtenir du gouvernement chilien la libération des prisonniers. Enfin, le Comité de soutien à la lutte du peuple argentin, qui signale le cas d'autres réfugiés politiques livrés par la police argentine, demande au gouvernement français de " rompre le silence complice qu'il a observé jusqu'à présent sur la répression en Argentine ".

Par ailleurs, notre correspondant à Buenos-Aires nous indique que la nouvelle de l'arrestation de M. Enriquez a suscité une vive inquiétude parmi les quelque huit mille réfugiés politiques chiliens vivant en Argentine. Jusqu'à présent, le gouvernement argentin avait, dans l'ensemble, respecté le droit d'asile. Le ministre des affaires étrangères avait même affirmé au représentant régional du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés qu'aucun ne serait refoulé.

Enfin, le groupe de travail de la commission des droits de l'homme des Nations unies, chargé d'enquêter sur la situation au Chili, a rencontré, le mardi 18 mai, une mission du gouvernement chilien, annonce l'agence France Presse de New-York. Contrairement à certaines informations en provenance de Santiago, le groupe spécialisé de l'ONU n'a pas reçu, pour l'instant, d'invitation à se rendre au Chili.

En juillet 1975, le gouvernement du général Pinochet avait refusé la visite d'un groupe de travail de la commission spéciale de l'ONU, alléguant qu'il était " infiltré par les marxistes ". Rappelons que plusieurs organismes internationaux estiment qu'il y a plus de quatre mille prisonniers politiques au Chili, tandis que le ministre de la justice, M. Miguel Schweitzer, a récemment évalué leur nombre à six cent quatre-vingt-dix.

Le Monde

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