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UNE FEMME MARCHE PRÈS D'UN CENTRE COMMERCIAL
FERMÉ À BUENOS AIRES, EN ARGENTINE.
PHOTO JUAN MABROMATA |
Depuis plusieurs jours, l’OMS continue d’alerter sur la propagation du coronavirus, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le Brésil reste le pays où la pandémie est très inquiétante et au moment où la France accentue le déconfinement, la Guyane, territoire français à proximité du Brésil, pourrait être en grande difficulté sanitaire et se «reconfiner» dans les jours qui viennent.
Cette crise sanitaire est malheureusement aggravée par une crise politique, une crise sociale dans beaucoup de pays, et la période est marquée par des tentatives autoritaires de plusieurs gouvernements.
Comme dans le monde entier, la pandémie accélère et aggrave les difficultés sociales et les profondes inégalités. Les mouvements sociaux ont repris dans plusieurs pays et se transforment parfois en «émeute de la faim» comme au Chili où des personnes défient les mesures de confinement en disant «plutôt mourir du virus que mourir de faim».
Au Chili, le président Piñera, incapable de répondre aux besoins de la population, a choisi les actes d’autorité en permettant, par exemple, à un pseudo tribunal constitutionnel, la destitution du député communiste, Hugo Gutierrez. La crise sanitaire a interrompu le débat sur les modalités de changement de constitution sans nouvelle date pour le référendum mais n’a pas interrompu la volonté de sanction envers les «leaders» des mouvements féministes qui avaient montré leur force lors de la marche à Santiago en mars 2020.
En Équateur, Lenin Moreno montre la même volonté d’utiliser la crise sanitaire pour faire preuve d’autoritarisme en imposant des mesures contre la volonté de l’Assemblée nationale. À Quito, des mouvements de protestation ont eu lieu en pleine pandémie et cela malgré l’état d’urgence pour dénoncer la baisse du budget de l’éducation publique.
La Bolivie, moins touchée par la pandémie, vit maintenant depuis six mois dans une confusion politique totale où la sénatrice faisant fonction de présidente refuse pour l’instant de fixer une nouvelle datepour les élections générales qui devaient avoir lieu en mai.
Et que dire du Brésil, où le président d’extrême droite continue les provocations en prenant des bains de foule, en autorisant les manifestations d’extrême droite, en limogeant deux ministres de la santé, en essayant d’attaquer en justice les actions des gouverneurs qui tentent de prendre des mesures pour protéger la population du virus, en nommant un nouveau chef de la police pour essayer de couvrir son clan de toute attaque pour corruption, en attaquant la liberté de la presse et des médias, y compris des journaux de droite qui lui étaient plutôt favorables!
Le ministre des Affaires extérieures du Brésil, Ernesto Araujo, a même dit que l’OMS était le premier pas vers la construction de la solidarité communiste planétaire (…), comme si affronter le coronavirus ne suffisait pas, il faut affronter aussi le «comunavirus».
Il est évident que toutes ces déclarations ont un objectif électoral, car le pays va vivre son premier test électoral depuis l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir avec des municipales en novembre. D’ailleurs, la semaine dernière, le PCdoB a lancé un nouvel appel à la constitution d’un front large pour la démocratie, pour résister aux attaques de Bolsonaro et son clan.
Le chaos politique se mélange aussi à la crise sanitaire et à la grande pauvreté en Haïti et en République dominicaine avec des élections qui sont repoussées à des dates ultérieures.
La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) avait publié un rapport, au début de la pandémie, craignant une profonde régression sociale et un retour massif de la grande pauvreté. Cette commission appelait à la solidarité et à la mobilisation pour garantir l’accès aux soins, à l’alimentation, à l’énergie, aux médicaments, à l’eau.
On ne peut que constater pour l’instant la véracité de ce rapport et aussi l’incapacité actuelle de solidarités entre les différents pays d’Amérique latine et des Caraïbes pour lutter contre la propagation du virus. On peut aussi compléter ce rapport en exposant l’aggravation de la crise politique et du retour des volontés d’autoritarisme de certains dirigeants.
Le Parti communiste français affirme de nouveau toute sa solidarité et son soutien aux forces communistes, progressistes, aux groupes syndicaux, féministes, aux mouvements de jeunesse, aux mouvements LGBT qui organisent la solidarité, qui luttent pour que la démocratie vive en Amérique latine et aux Caraïbes.
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PCF |
Cécile DUMAS
responsable adjointe du secteur international du PCF