09 juin, 2020

CUBA CÉLÈBRE SES «HÉROS EN BLOUSES BLANCHES» DE RETOUR D'ITALIE

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À LEUR ARRIVÉE, LES MÉDECINS ONT BRANDI
DES DRAPEAUX ITALIENS ET CUBAINS.
PHOTO POOL / REUTERS
La brigade médicale qui a passé deux mois en Italie à lutter contre le coronavirus a atterri lundi à la Havane.
«Dos héros en blouses blanches»: comme des footballeurs de retour au pays après avoir gagné la Coupe du monde, Cuba a accueilli en triomphe lundi soir ses médecins envoyés deux mois en Italie pour aider à lutter contre le coronavirus.

Visages fatigués mais brandissant des drapeaux italiens et cubains à la sortie de l'avion, la brigade médicale, composée de 36 médecins, 15 infirmiers et un administrateur, a atterri en fin d'après-midi à La Havane, en provenance de Milan, des images retransmises en direct à la télévision cubaine.

Portant tous un masque, des gants et une blouse blanche, ils ont reçu chacun une rose rouge et une médaille lors d'une cérémonie officielle à l'aéroport de la capitale, qu'ils avaient quitté le 22 mars pour aller en Lombardie, qui était alors l'épicentre de la maladie.

Prudence oblige en ces temps de pandémie, c'est par écran géant interposé que le président Miguel Diaz-Canel leur a rendu un hommage appuyé, depuis la salle du Conseil des ministres et accompagné de plusieurs membres du gouvernement.

«Vous représentez la victoire de la vie sur la mort, de la solidarité sur l'égoïsme, de l'idéal socialiste sur le marché», leur a-t-il lancé, lui aussi affublé d'un masque sur le visage. Et «vous avez montré au monde une vérité, que les ennemis de Cuba ont essayé de taire ou de dénaturer: la force de la médecine cubaine».

Polémique et retour en grâce


Car ce programme d'envoi de médecins cubains à l'étranger, qui existe depuis les années 1960 mais a connu un véritable regain à l'occasion de la pandémie de coronavirus, ne fait pas l'unanimité. Il est durement critiqué par les États-Unis et le Brésil, qui dénoncent notamment les conditions de travail de ces professionnels, dont une grande partie du salaire revient à l'État.

Cuba, qui a commencé à facturer ce service aux pays les plus riches à partir des années 2000, en a gagné 6,3 milliards de dollars en 2018, ce qui en fait l'une de ses principales sources de revenus.Mais l'an dernier, l'île a pâti de la reconfiguration politique de l'Amérique latine, qui a largement basculé à droite. Conséquence: elle a dû renoncer aux contrats d'envoi de médecins au Brésil, en Bolivie, en Équateur et au Salvador, un coup dur politique et financier.

Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, ce programme connaît un retour en grâce: Cuba a envoyé 1.870 professionnels de santé dans 26 pays, dont le Mexique, la principauté d'Andorre, l'Afrique du Sud ou encore le Qatar.

«On a sauvé des vies»


Pour ces médecins tout juste rentrés d'Italie, et qui ont défilé en bus à travers une partie de la ville, la polémique est bien loin. Professionnels aguerris ayant souvent effectué plusieurs missions à l'étranger avant celle-ci, ils reviennent avec le sentiment du devoir accompli. «En Italie, ç'a été un travail dur car la région de la Lombardie était l'épicentre du Covid-19, mais, comme dans les missions précédentes, on a su donner le meilleur de nous-mêmes», raconte Carlos Carrilla, infirmier de 53 ans: «On a réussi, on a bien travaillé et on a sauvé des vies!»

L'ATTERRISSAGE DES MÉDECINS, LUNDI À LA HAVANE
PHOTO POOL / REUTERS
Doyen de la brigade, le médecin Leonardo Fernandez, 68 ans, en est déjà à sa huitième mission à l'étranger, avec un palmarès qui impressionne: «J'ai été au Nicaragua, pour le tremblement de terre en Haïti et pour celui au Pakistan, (...) pour Ebola au Liberia, au Mozambique à deux reprises...» Ce genre de crise, «on l'affronte en connaissant les risques, mais de manière décidée», car «c'est notre travail», dit-il simplement.

Bien plus jeune, le docteur Roberto Arias, 28 ans, a rempli en Italie sa première mission en étranger, «une expérience inimaginable». «On est arrivés là, et on a vraiment trouvé un hôpital complètement débordé, avec même des patients dans le couloir, presque tous les patients sous ventilation assistée, une quantité énorme de décès, des ambulances qui passaient constamment et toutes les rues désertes», se souvient-il. Il est aujourd'hui heureux de revenir près de sa famille. «Justement aujourd'hui mon fils a un an!», raconte-t-il avec émotion. Mais il lui faudra encore un peu de patience: toute la brigade va désormais passer 14 jours à l'isolement, avant de pouvoir retrouver une vie normale.

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