03 juin, 2020

CHILI : LES CAS DE CORONAVIRUS S'ENVOLENT ET L'ÉCONOMIE S'EFFONDRE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
DESSIN LAUZAN
Le pire est encore à venir. Les records de contaminations se sont déjà multipliés ces derniers jours : mardi 2 juin, le Chili enregistrait 108.686 cas de Covid-19 et 1.188 décès, pour une population de 18 millions d'habitants. Le pic devrait être atteint ce mois-ci, voire en juillet, dans ce pays qui fait partie des plus touchés d'Amérique latine , désormais principal foyer de coronavirus dans le monde.
Par Flora Genoux
PHOTO ESTEBAN FELIX / AP/ SIPA
Le gouvernement de Sebastián Piñera (droite) avait d'abord détonné avec une gestion singulière et un « confinement dynamique », visant à isoler les zones contaminées seulement, afin de préserver l'économie. « Je me risquerais à dire que l'on a réussi à aplanir la courbe », s'enorgueillissait le ministre de la Santé à la mi-avril. Depuis, une quarantaine totale a été décrétée à Santiago le 16 mai, où se concentrent 80 % des cas et où les capacités hospitalières en réanimation frôlent la saturation.

« Le virus était concentré dans les quartiers riches confinés mais la population des quartiers pauvres s'y est rendue pour travailler et le virus a circulé », retrace Gabriel Cavada, épidémiologue. « Il aurait fallu un confinement total, beaucoup plus tôt et réalisable avec une aide de l'État qui permette à la population de rester chez elle au lieu d'être obligée de sortir travailler ». Le virus s'étend dans les zones défavorisées où la densité des habitations ne permet pas de respecter la distanciation sociale.

Malaise social


Au mois de mai, des manifestations ont éclaté dans les quartiers précaires de la capitale. « Si on ne meurt pas du virus, on meurt de faim », pouvait-on lire sur certaines pancartes tandis que les habitants réclament l'arrivée des colis alimentaires promis par le gouvernement. La révolte sociale, historique, en octobre dernier a été coupée net par l'arrivée du virus. Mais elle continue de gronder dans les foyers. « La pandémie renforce les fondements de la révolte car elle démontre la fragilité des populations les plus vulnérables », remarque Gabriel Cavada.

Malgré les mesures de confinement partiel, l'économie s'est effondrée avec une chute de 14 % du PIB au mois d'avril comparé à la même période l'année dernière. Il s'agit de la baisse la plus brutale en trente ans. Le recul s'avère aussi plus important que ce que projetaient les analyses. Le taux de chômage pourrait atteindre 10 % sur la période s'étendant de février à mars. C'est dans ce contexte tourmenté que le FMI vient d'accorder une ligne de crédit modulable de 24 milliards de dollars au pays. Symbole des effets dévastateurs de la pandémie sur l'économie : le géant brésilo-chilien de l'aéronautique LATAM s'est déclaré en faillite la semaine dernière. Au Chili, la compagnie génère 10.000 emplois directs et 200 000 emplois indirects.