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ESPAGNE. PODEMOS PRIS POUR CIBLE LES UNES D'ABC, JOURNAL DE L'ARISTOCRATIE ET DE LA BOURGEOISIE, DE TENDANCE CONSERVATRICE ET MONARCHISTE |
Engagé dans la coalition gouvernementale, le parti est accusé de malversations. Une nouvelle « affaire » due à une plainte de l’extrême droite.
Par Thomas Lemahieu
Le « canon à boue » a encore frappé dans la péninsule ibérique. C’est ainsi que Podemos, la formation issue, en partie, des mouvements indignés d’occupation des places, qualifie les investigations judiciaires récurrentes à son encontre, vues comme une stratégie du « lawfare », ces instrumentalisations de la justice par le pouvoir politique visant, comme on l’a vu au Brésil avec Lula notamment, à écarter les adversaires grâce à des dossiers montés de toutes pièces. Cette semaine, une nouvelle « affaire » a été rendue publique à la suite d’une plainte de la formation d’extrême droite Vox : comme toujours, elle prétend rechercher des fonds occultes dans la comptabilité de Podemos, mais, cette fois, ce n’est pas l’or de Caracas ou de La Havane qui est dans la ligne de mire…
Selon José Manuel Calvente, son ex-chef du département juridique, Podemos aurait bénéficié de malversations et autres pratiques frauduleuses émanant d’une entreprise prestataire lors de ses campagnes électorales de 2019. De quoi permettre à toute la droite espagnole, du Parti populaire à Vox en passant par Ciudadanos, de relancer leur campagne permanente pour faire tomber la tête de Pablo Iglesias, dirigeant du parti et désormais vice-président du gouvernement espagnol dans le cadre de la coalition entre les socialistes (PSOE) et Unidas Podemos. Les libéraux, les conservateurs et les post-franquistes ont été littéralement rendus fous par la gauche radicale qui, après la fuite du « roi émérite » Juan Carlos Ier, embourbé dans ses affaires avec les pétromonarchies du Golfe (lire l’Humanité du 5 août), a avancé quelques pions en défense de la République.
Pour les dirigeants de Podemos, cette nouvelle campagne de dénigrement connaîtra le même sort que les précédentes. Fondateur du mouvement, Juan Carlos Monederos raille : « Combien de condamnations médiatiques Podemos a-t-il récoltées ? Des dizaines. Dans les tribunaux, toutes ces plaintes ont été classées sans suite… Celle-ci aussi ne mènera nulle part, mais, en attendant, elle permet d’aboyer très fort. » Porte-parole du parti au Parlement, Pablo Echenique fait un pari du même ordre : « L’objectif de cette procédure n’est pas judiciaire, c’est la diffamation médiatique. Et quand ces accusations tomberont, d’autres surviendront, puis d’autres, encore… Il en est ainsi depuis la naissance de Podemos. Ce sont les règles truquées du jeu. »
Thomas Lemahieu