HERNÁN LARRAÍN FERNÁNDEZ PHOTOMONTAGE COLONIA DIGNIDAD |
Gabriel Boric, le président de gauche du Chili, s’est exprimé pour la première fois sur ce qu’il se passe au Pérou. Il a condamné prudemment les atteintes aux droits de l’homme sans parler de coup d’État, ni demander la libération de Pedro Castillo, le président du Pérou légitimement élu et actuellement incarcéré. Il était un des derniers chefs d’État latino-américains à ne pas avoir condamné la répression, contrairement au Brésil, à la Colombie, à la Bolivie, au Venezuela, ou au Mexique qui n’avaient pas attendu aussi longtemps avant de prendre position contre le coup d’État.
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Les députés et sénateurs eux viennent de choisir les 24 membres du Comité d’expert qui seront immédiatement chargés de rédiger un projet de Constitution sur lequel les futurs élus devront s’appuyer pour élaborer leurs propres propositions. Les 24 « experts » ont été désignés à parité droite-gauche, 12 de chaque côté. Le poids des experts va malheureusement être important dans ce second processus de rédaction d’une nouvelle constitution.
La droite n’a pas hésité à envoyer un dinosaure du pinochetisme comme « expert », Hernán Larraín. Cet homme formé par Jaime Guzmán, le père de la constitution de Pinochet, a longtemps défendu la secte allemande nazi « Colonia Dignidad ». Il a profité de ses responsabilités (ex-sénateur, ex-président du Sénat, ex-ministre de la Justice de Piñera…) pour faire obstruction à toutes les enquêtes sur les horreurs qui avaient eu lieu au sein de Colonia Dignidad (tortures, exécutions, disparitions…). Les journalistes allemands de la Deutsche Welle (canal public de télévision) avaient été particulièrement sévères contre Hernán Larraín quand ils avaient enquêté sur Colonia Dignidad en 2020.
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Néanmoins tout ça trouve peu d’échos aujourd’hui au Chili. La chape de silence qui s’est abattu sur le pays après l’échec du référendum du 4 septembre n’a pas disparu. J’espérais un peu que l’annonce du second processus constitutionnel en décembre soulève un peu cette chape. Mais non. La gauche reste plongée dans la dépression. En privé, on continue à parler de tout, du travail, des enfants, de l’inflation, de la sécheresse … mais on boude toujours la politique. On imagine mal que pendant trois ans le Chili a été parcouru de multiples discussions, beaucoup de bouches s’ouvraient, des projets émergeaient, des rêves se construisaient. C’est apparemment comme s’il ne s’était rien passé.
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