01 janvier, 2023

AU VENEZUELA, L’OPPOSITION VOTE POUR METTRE FIN À LA « PRÉSIDENCE INTÉRIMAIRE» DE JUAN GUAIDO

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 PHOTO PRÉSIDENCE VÉNÉZUÉLIENNE  
Au Venezuela, l’opposition vote pour mettre fin à la «présidence intérimaire » de Juan Guaido / Malgré le plaidoyer du « président par intérim » vénézuélien pour sauver son gouvernement alternatif, la majorité des députés d’opposition a voté pour sa suppression, avec la prochaine élection présidentielle de 2024 en vue. 

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Officiellement, les positions américaine ou française n’ont pas changé mais dans la réalité les chancelleries discutent depuis longtemps déjà avec Caracas. Preuve en est la rencontre filmée dans les couloirs de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte, entre Nicolas Maduro et Emmanuel Macron. Le président français s’était adressé à M. Maduro en l’appelant « président » et assuré qu’il allait l’appeler.

Le Monde avec l'AFP

Publié le 31 décembre 2022

LE « GOUVERNEMENT » FANTOCHE DU
PRÉSIDENT AUTOPROCLAMÉ JUAN GUAIDÓ
PHOTO GABY ORAA

après plusieurs jours de valse-hésitation, c’est désormais acté. L’opposition vénézuélienne a mis fin, vendredi 30 décembre, au «gouvernement intérimaire» qui était présidé par Juan Guaido – ce dernier s’était autoproclamé chef de l’État en janvier 2019 alors que l’opposition et une partie de la communauté internationale ne reconnaissaient pas la réélection de Nicolas Maduro en 2018.

Les députés de l’ancien Parlement, élu en 2015 et contrôlé par l’opposition, ont voté à 72 voix pour (29 contre, 8 abstentions) la disparition de la présidence et du gouvernement « intérimaires » – ils n’avaient pas de pouvoir réel mais contrôlaient les actifs vénézuéliens à l’étranger, estimés à 24 milliards de dollars (22,4 milliards d’euros) par M. Maduro.

Cet ancien Parlement s’estime toujours légitime, considérant comme frauduleuses les élections législatives remportées par le régime en 2020. Le soutien international à ces gouvernement et présidence « intérimaires », reconnus par les États-Unis et la France notamment, s’est toutefois étiolé au fil des mois.

La position de Maduro renforcée

NICOLAS MADURO ET EMMANUEL MACRON

Le président Maduro raillait régulièrement la « présidence » de Juan Guaido la qualifiant de « Monde de Narnia » ou d’« imaginaire ». La crise pétrolière provoquée par la guerre en Ukraine a entraîné un réchauffement des relations entre le régime et les États-Unis – ces derniers ont envoyé des émissaires discuter directement avec M. Maduro.

Officiellement, les positions américaine ou française n’ont pas changé mais dans la réalité les chancelleries discutent depuis longtemps déjà avec Caracas. Preuve en est la rencontre filmée dans les couloirs de la COP27 à Charm el-Cheikh, en Egypte, entre Nicolas Maduro et Emmanuel Macron. Le président français s’était adressé à M. Maduro en l’appelant « président » et assuré qu’il allait l’appeler.

Quant aux pays sud-américains comme la Colombie ou le Brésil – ces deux-là sont frontaliers du Venezuela – qui étaient gouvernés par des droites dures très hostiles à Nicolas Maduro, ils ont basculé à gauche ces derniers mois, faisant perdre des alliés de poids à Juan Guaido.

Une opposition divisée

Au Venezuela, trois des quatre grands partis d’opposition (Primero Justicia, Accion Democratica et Un Nuevo Tiempo) estimaient que le « gouvernement intérimaire » avait « cessé d’être utile (…) et ne présentait aucun intérêt pour les citoyens » dans un communiqué commun mardi.

« Le gouvernement intérimaire était une émanation, une urgence de l’Assemblée nationale. Ce qui était provisoire est devenu perpétuel… », a assuré, vendredi, lors de la séance, Juan Miguel Matheus, favorable à la disparition du gouvernement intérimaire. Cet avocat constitutionnaliste a précisé : «Les actifs ne sont pas en danger. La plus grande partie du soutien [international] est un soutien à l’Assemblée nationale plus qu’à la présidence intérimaire… La loi fournit des outils suffisants pour les protéger au Portugal, aux États-Unis et en Angleterre. »

« C’est un saut dans le vide. Aujourd’hui on capitule. 72 députés ont capitulé », a pour sa part réagi Juan Guaido après le vote. Il a toutefois assuré sur un ton plus consensuel : « Les différends que nous avons aujourd’hui, nous les dissiperons sans aucun doute. »

L’opposant de premier plan Freddy Guevara, qui soutenait le maintien de la présidence, s’est insurgé contre sa disparition au moment de voter : « Je ne peux pas comprendre comment nous commettons ce suicide. Cela devrait nous faire honte à tous (…) Nous ne pouvons pas garantir qu’avec cette réforme [la suppression de la présidence intérimaire] les actifs seront protégés. Je veux me tromper, je veux que l’or ne tombe pas dans les mains de Maduro à l’avenir. Si demain Maduro sort plus fort, sachez que c’est votre responsabilité. »

La présidentielle de 2024 aiguise les appétits

Le vote de l’Assemblée élue en 2015 survient dans un contexte de division d’une opposition qui n’a pas su s’unir lors des scrutins régionaux de 2021 remportés par le pouvoir et alors que la présidentielle de 2024 aiguise les appétits.

« Il y a des leaders de l’opposition qui estiment que le gouvernement intérimaire était un avantage pour une éventuelle candidature de Guaido », a commenté à l’Agence France-Presse le consultant Pablo Andres Quintero.

L’opposition a annoncé récemment qu’elle organiserait des primaires l’année prochaine afin de choisir un candidat unique pour affronter M. Maduro lors de la présidentielle. M. Guaido fait partie des possibles candidats.

Le Monde avec l'AFP

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