GRAFFITI ANTI-COMMUNISTE À SANTIAGO LORS DU GOUVERNEMENT D'ALLENDE «DJAKARTA ARRIVE !» |
ACTU / Indonésie. Un premier pas pour la reconnaissance des massacres anticommunistes de la guerre froide / Le président Joko Widodo a exprimé ses regrets pour les 500 000 à 3 millions de personnes assassinées sous le commandement du général Suharto avec l’appui des États-Unis. Une reconnaissance qui n’efface pas la criminalisation de la diffusion des idées «marxistes ou communistes» adoptée par les députés en décembre.
PHOTO PRÉSIDENCE INDONÉSIENNE |
Pour éliminer le président Sukarno, père de l’indépendance dont les positions anti-impérialistes le rapprochaient au fil des ans du camp socialiste, les États-Unis décidaient de s’en prendre à l’un de ses principaux soutiens: le Parti communiste indonésien (PKI), fort de ses 20 millions de sympathisants. L’enjeu est de taille alors que la région semble basculer après la victoire des maoïstes en Chine et les échecs de la France face aux communistes vietnamiens. Sous le commandement du général Suharto, et avec l’appui de la CIA, dont les agents transmettaient les listes des personnes à exécuter à l’armée indonésienne, entre 500 000 et 3 millions de personnes furent assassinées. Deux millions d’autres furent emprisonnées sans procès ou déportées dans les camps.
L’ONU en faveur d’un processus de justice transitionnelle
Dans son discours, Joko Widodo a reconnu «de graves violations des droits de l’homme» et a également évoqué les disparitions forcées de militants pro-démocratie en 1997-1998, des fusillades contre des manifestants et les exactions commises contre des civils et des militants indépendantistes à Aceh, au Timor oriental, ou à Wamena, en Papouasie. «Nous saluons le fait que le président Joko Widodo ait reconnu et exprimé ses regrets», a salué Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. Cela constitue, selon elle, une étape «sur le long chemin de la justice pour les victimes et leurs proches». L’instance appelle à la mise en place d’ «un processus de justice transitionnelle significatif garantissant la vérité, la justice, les réparations et la non-récidive aux victimes et aux communautés affectées, y compris les victimes de violences sexuelles liées au conflit».
Le Code pénal prévoit une peine de quatre ans de prison pour toute personne reconnue coupable de propagande «marxiste ou communiste».
Cette reconnaissance pose néanmoins question alors qu’en décembre 2022 les députés indonésiens ont adopté une réforme du Code pénal, qui prévoit une peine de quatre ans de prison pour toute personne reconnue coupable de propagande «marxiste ou communiste». L’article 188 du nouveau Code pénal envisage une peine de sept ans de prison dans le cas où une volonté de remplacer le «Pancasila» (la philosophie de l’État qui repose sur cinq principes dont la croyance en Dieu) serait décelée. Quinze années d’incarcération sont enfin prévues si la diffusion de cette idéologie entraîne des émeutes ou des morts. Le Parti communiste d’Indonésie reste interdit.