09 novembre, 2020

L’HOMME DU  JOUR. EVO MORALES, DE RETOUR D'EXIL

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«  Aujourd’hui est un jour important dans ma vie, retourner dans ma patrie que j’aime tant me remplit de joie. » Fin d’une longue année d’exil, hier, pour l’ancien président bolivien Evo Morales, forcé de quitter le pouvoir et le pays sous la contrainte des policiers et des militaires, le 11 novembre 2019, au terme d’un coup d’État électoral appuyé par Washington. Avec l’investiture, dimanche, de Luis Arce, son ancien ministre de l’Économie, élu président avec 55 % des voix le 18 octobre dernier, et l’annonce par la justice bolivienne de l’abandon des poursuites engagées contre lui sous l’impulsion des putschistes pour « terrorisme et sédition », plus rien ne s’opposait à son retour.

par Rosa Moussaoui

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Après une dernière étape argentine à La Quiaca avec le président Alberto Fernandez, qui lui a offert l’asile, Evo Morales a franchi la frontière pour être accueilli côté bolivien, à Villazon, dans une atmosphère de fête.

« Exporter » ce succès

Début d’un périple de plusieurs jours qui doit le conduire, accompagné d’une caravane, jusqu’à son fief du Chapare, dans la région de Cochabamba, où l’ancien cocalero milita longtemps comme syndicaliste. L’ample victoire remportée sans lui par son Mouvement vers le socialisme atteste de l’ancrage des idées et des politiques de transformation sociale dont il fut le visage, pendant treize ans. L’ancien chef d’État dit aujourd’hui vouloir se consacrer à « exporter » ce succès, à en utiliser les leçons pour « aider les peuples du monde à vaincre l’impérialisme et le néolibéralisme ».

L'ex-président Evo Morales est rentré en Bolivie

« Une partie de ma vie reste en Argentine », a déclaré Evo Morales avant de traverser à pied le pont transfrontalier qui relie la ville argentine de La Quiaca à celle de Villazon en Bolivie, ont constaté des journalistes de l'AFP. Après avoir fui au Mexique, Evo Morales s'était réfugié en Argentine

Evo Morales était accompagné du côté argentin par le président de centre gauche Alberto Fernandez, qui a assisté dimanche à l'investiture du nouveau président socialiste Luis Arce. «Merci beaucoup mon frère Alberto», lui a lancé l'ancien chef de l'État bolivien, alors que des centaines de personnes, dont de nombreux Amérindiens vêtus de leurs tenues colorées traditionnelles, s'étaient massées à la frontière dès l'aube pour attendre le «père de la Bolivie».

Périple d'un millier de km 

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L'ancien président bolivien (2006-2019) va à présent entreprendre un périple d'un millier de km par la route jusqu'à son fief de Chimoré, dans le département de Cochabamba (centre). L'ex-chef de l'État, qui sera accompagné d'environ «800 véhicules» selon les organisateurs, est attendu mercredi à Chimoré, un an jour pour jour après son départ de la Bolivie.

À l'issue de l'élection présidentielle d'octobre 2019, au cours de laquelle il briguait un quatrième mandat, et de la confusion qui avait entouré les résultats le donnant vainqueur, l'opposition avait crié à la fraude. Les rues avaient été prises d'assaut et l'armée avait finalement lâché Evo Morales, qui s'était réfugié à Chimoré, avant de quitter le pays en direction du Mexique. Il s'était ensuite exilé en Argentine. Luis Arce, son ancien ministre de l'Économie, a été élu président le 18 octobre dès le premier tour avec 55% des voix, mettant fin à un an de gouvernement intérimaire de droite.

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