02 novembre, 2020

INVESTITURE : ARCE INVITE MADURO ET LE RÉGIME D’ÁÑEZ, GUAIDÓ

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

PHOTO  NOTICIAS POR EL MUNDO 

Le gouvernement de facto tente d’empêcher le président vénézuélien d’être présent à la cérémonie d’investiture. D’autre part, il est très peu probable que le chef de l’opposition soit présent.
Le gouvernement de facto a perdu les élections le 18 octobre dernier, mais quelques jours avant de quitter le palais présidentiel, il tente de prendre des décisions de dernière minute. L’une d’entre elles concerne les invitations internationales à l’investiture du gouvernement nouvellement élu de Luis Arce et David Choquehuanca, qui aura lieu le 8 novembre.

Un des principaux points de tension est apparu autour du Vénézuéla, quand le ministère des affaires étrangères a invité l’autoproclamé Juan Guaidó, tandis que le gouvernement élu, et en particulier la «Commission de passation des pouvoirs » créée pour coordonner ces questions, a invité le président Nicolás Maduro.

La politique étrangère du gouvernement de facto à l’égard du Vénézuéla était prévisible dès le début : la non-reconnaissance de Maduro et la reconnaissance de Guaidó, l’entrée de la Bolivie dans le groupe de Lima et, le 20 octobre dernier, c’est-à-dire deux jours après la victoire électorale du MAS, la réception des lettres de créance de « l’ambassadeur » envoyé de Guaidó par la présidente de facto, Jeanine Áñez.

Avec le nouveau gouvernement Arce, la politique étrangère bolivienne envers le Venezuela reconnaîtra à nouveau le président Maduro, et les relations avec Cuba, qui avaient été suspendues en janvier par Áñez, seront également rétablies. « Nous allons rétablir toutes les relations, ce gouvernement a agi de manière très idéologique en privant le peuple bolivien de l’accès à la médecine cubaine, à la médecine russe, aux progrès de la Chine », a déclaré M. Arce.

Cependant, le gouvernement de facto tente, via le ministère des affaires étrangères, d’imposer sa politique étrangère dans le cadre d’invitations internationales. Jusqu’à présent, il a été confirmé que le roi Philippe VI d’Espagne sera présent aux côtés du vice-président des droits sociaux, Pablo Iglesias, et du président du Chili, Sebastián Piñera, et la liste des confirmations devrait s’allonger dans les heures et jours à venir.

Cette manœuvre de dernière minute du gouvernement de facto vise donc à essayer de faire en sorte que le gouvernement vénézuélien ne soit pas présent lors du transfert de commandement. Il est très peu probable, voire impossible, que Guaidó y assiste. Celui-ci est confronté à une nouvelle exposition de preuves de sa participation à l’opération Gedeón, lorsqu’un groupe de mercenaires a tenté d’entrer dans le pays en mai, et il cherche comment continuer à occuper un espace politique dans le pays après ses erreurs, sa perte de crédibilité et à peu de temps des élections législatives du 6 décembre, auxquelles il ne participera pas.

Les derniers moments avant le début du nouveau gouvernement en Bolivie sont marqués par les incertitudes propres à un scénario exceptionnel : celui d’un gouvernement de facto, battu politiquement et électoralement, qui doit céder le pouvoir politique un an après avoir organisé un coup d’État.

On s’attend à une semaine agitée par de possibles actes désespérés de la part de certains facteurs de la droite. Vendredi et samedi, il y a eu des blocages et des violences à Santa Cruz et à Cochabamba, et le président de la conférence épiscopale ainsi qu’un ministre du gouvernement de facto, Iván Arias, se sont joints à l’appel à un audit international des élections du 18 octobre.

Pendant ce temps, la ville de La Paz est calme. Pendant la Toussaint, Arce s’est rendu dans le quartier de Senkata à El Alto, où le 19 novembre de l’an dernier dix personnes ont été tuées. « Ils ont perdu la vie en défendant la démocratie », a déclaré le président élu. Ce n’est pas le seul massacre : il y en a eu un aussi à Sacaba, dans le département de Cochabamba, le 15 novembre, avec huit morts.

La violence et la persécution exercées pendant un an ont été considérables. Le nouveau gouvernement devra faire face à de nombreux défis de tous ordres. Pour l’instant, l’un des objectifs est que la dernière semaine avec Añez à la présidence de facto se passe dans le calme, en particulier dans les zones où il y a eu des protestations et des annonces de nouvelles actions de rue. Le 8 novembre sera un jour historique avec la transmission des pouvoirs, et les jours suivants, avec l’annonce du retour d’Evo Morales en Bolivie, sera un autre événement national.
Marco Teruggi

Source Pagina12 Traduction : Venesol