30 octobre, 2020

BOLIVIE : LE PARLEMENT RECOMMANDE UNE PROCÉDURE CONTRE L’ANCIENNE PRÉSIDENTE

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Bolivie : Le Parlement rend la putschiste Jeanine Añez responsable de massacres

Le Sénat et la Chambre des députés boliviens ont voté un rapport demandant des poursuites contre la présidente de facto et onze de ses ministres, responsables de la répression de mouvements sociaux à Senkata, Sacaba et Yapacani.

par Gaël De Santis

PHOTO AGUSTIN MARCARIAN

Justice passera peut-être faite en Bolivie. La «présidente » de facto sortante, Janine Añez, qui avait succédé à Evo Morales après un coup d’État, pourrait avoir à répondre de la répression des mouvements sociaux qui a fait une trentaine de morts lors de son mandat. Le Parlement sortant, où le Mouvement vers le socialisme (MAS) restait majoritaire malgré le putsch, a adopté jeudi 29 octobre une motion invitant à ce qu’une procédure judiciaire soit ouverte contre elle, ainsi qu’onze de ses ministres. Le Sénat et la Chambre des députés ont approuvé un rapport sur les massacres orchestrés par la droite putschiste en réponse aux mouvements sociaux à Ovejuyo, Montero, Senkata, Sacaba, Betanzos et Yapacani. La Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) avait comptabilisé, à l’occasion de son enquête, un bilan de 35 victimes.

Le rapport adopté jeudi est le fruit d’un long travail d’une commission d’enquête parlementaire. Cette motion doit encore être confirmée par le Parlement nouvellement élu le 18 octobre, où le MAS d’Evo Morales, mais aussi du président nouvellement élu, Luis Arce, reste majoritaire.

La répression se poursuit 


 CARLOS ORLANDO GUTIÉRREZ LUNA 
PHOTO RTP

La répression contre le Mas et les mouvements sociaux est une marque de fabrique de la droite putschiste bolivienne. Dans la région de Cochabamba, les nervis d’extrême droite continuent d’intimider les mouvements de gauche. Et un gang de fasciste qui protestait contre la victoire de Luis Arce le 18 octobre dernier, a attaqué la semaine dernière Orlando Gutierrez, le leader de la Fédération unitaire des travailleurs des mines de Bolivie, pressenti pour devenir ministre. Celui-ci est décédé le 28 octobre.

Le président nouvellement élu, Luis Arce, a demandé au gouvernement de facto d’éclaircir les conditions de la mort du dirigeant syndical. Mais Jeanine Añez, si elle a reconnu le résultat des élections et pourrait se réfugier aux États-Unis pour échapper à la justice, semble réticente à organiser une passation de pouvoir dans les meilleures conditions. Ni Evo Morales, le président qui a démissionné l’an dernier pour éviter une recrudescence de violences, ni Nicolas Maduro, le président du Vénézuéla, n’ont été invités par la chancellerie à la cérémonie d’investiture de Luis Arce, le 8 novembre prochain.

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  EVO MORALES ET LUIS ARCE
PHOTO  MARIELISA VARGAS