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Paris, 26 octobre 2020. Le plébiscite a été un symbole, soutenu par un peuple qui a fait vibrer le monde entier en restant mobilisé pendant plus d’un an contre vents et marées. Face à lui, un gouvernement du côté de la répression, faisant resurgir les moments les plus sombres de l’histoire du Chili.
Par Pierre Lebret * (Pour Prensa Latina)
Un mouvement qui a fleuri au printemps (selon l'été austral), a mûri en été et ne s’est pas affaibli malgré la pandémie. Le 25 octobre 2020 restera dans la mémoire collective comme le jour où des millions de femmes et d’hommes ont pris le contrôle de leur destin au Chili. Ce fut aussi un hommage aux disparus de la dictature, aux morts, aux blessés d’hier et d’aujourd’hui.
La cristallisation de ce soulèvement a également été le résultat de la conjonction de nombreuses révoltes, celles des étudiants de 2006 et 2011, celles du droit à la santé, celles des peuples indigènes. Le capitalisme démoniaque mis en place par les Chicago Boys prend la voie de l’effondrement.
Ce vote historique, ce 'Apruebo' (J´Approuve) avec plus de 78 % des suffrages valides, est une répudiation péremptoire contre le modèle néolibéral, source de toutes les inégalités subies par le peuple chilien. C’est le désir d’enterrer les enclaves autoritaires imposées par Augusto Pinochet qui ont structuré la vie politique, institutionnelle, économique et sociale pendant 47 ans.
Le référendum est donc un premier pas, un grand pas en avant. Ensuite viendra l’élection de ceux qui rédigeront cette nouvelle constitution, à travers le mécanisme acclamé de la Convention Constitutionnelle, qui sera paritaire, une première mondiale!
Malgré la crise sanitaire et la répression systématique, la démocratie fleurit. Après la Bolivie et le Chili, bientôt l’Équateur ? Il est évident que l’Amérique Latine se trouve à un tournant stratégique de son histoire pour la démocratie, les droits de l’Homme et la justice sociale.
Les gens ne veulent plus revenir en arrière, ils ne veulent plus des années sombres. En ces heures d’espérance, il est temps de reprendre ce chant universel de Victor Jara, 'pour le droit de vivre en paix...'.
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*Expert français de la coopération internationale et spécialiste de l’Amérique Latine