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Le suspense était à son comble lundi dans la dernière ligne droite de la présidentielle au Pérou. Le candidat de la gauche radicale Pedro Castillo est passé pour la première fois en tête après le dépouillement de 94,355 % des bureaux de votes.
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L'ancien instituteur devançait à 12H00 locales (17H00 GMT) la représentante de la droite populiste Keiko Fujimori de 39.164 voix (50,116 %) alors qu'il en comptait 72.000 de retard six heures plus tôt, selon l'Office national des processus électoraux (ONPE)
Depuis le premier résultat partiel, portant sur 42 % des bureaux de vote, Pedro Castillo n'a cessé de refaire petit à petit le retard de six points concédé dimanche soir.
Les votes en provenance des campagnes et des régions éloignées de la forêt amazonienne, favorables au candidat qui revendique ses origines provinciales, lui ont permis de doubler la fille de l'ancien président Alberto Fujimori (1990-2000).
Les votes d'un million de Péruviens résidant à l'étranger pourraient encore inverser la tendance, préviennent les experts.
Ces derniers et l'ONPE répètent leurs appels à la prudence. "Les résultats sont encore incertains", a déclaré lundi l'analyste Fernando Tuesta.
La tension est à son comble dans les deux camps et M. Castillo a appelé à "la modération", demandant à ses partisans à "ne pas tomber dans la provocation", "seul le peuple sauvera le peuple".
Pour l'heure, aucun des deux camp n'a émis de contestation, ce qui pourrait retarder l'annonce officielle en cas de résultat aussi serré.
La mission d'observation électorale de l'Organisation des États américains (OEA) a jusqu'à présent soutenu le travail des autorités électorales péruviennes.
Dans un pays où le vote est obligatoire sous peine d'amende, sur les 23.262.475 électeurs inscrits, 17.803.306 ont voté. Plus d'un million de bulletins ont été comptabilisés nuls, plus de 100.000 ont voté blanc.
Bourse en baisse
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Dimanche, les deux vainqueurs surprise du premier tour le 11 avril, parmi 18 candidats, ont assuré qu'ils respecteraient le verdict des urnes.
En cas de victoire, Keiko Fujimori, 46 ans, fille d'Alberto Fujimori qui purge une peine de 25 ans de prison pour corruption et crimes contre l'humanité, deviendrait la première femme présidente du Pérou et la première en Amérique à suivre une dynastie familiale.
Si elle perd pour la troisième fois au second tour, après deux défaites successives en 2011 et 2016, elle pourrait être poursuivie en justice. Le parquet a requis 30 ans de prison dans une affaire de pots-de-vin présumés pour laquelle elle a déjà passé 16 mois en détention préventive.
S'il l'emportait, Pedro Castillo serait lui "le premier président pauvre du Pérou", selon l'analyste Hugo Otero.
Originaire de la province de Cajamarca (nord) dont il arbore le chapeau blanc traditionnel, M. Castillo a enseigné dans une école rurale pendant 24 ans.
Inconnu des Péruviens avant qu'il ne prenne la tête d'un vaste mouvement de grève des enseignants en 2017, il promet du changement avec notamment l'élection d'une Assemblée constituante. Tandis que Mme Fujimori défend l'actuelle loi fondamentale qui garantit le libéralisme économique.
La bourse de Lima était en baisse de 7,22 % à la mi-journée tandis que le dollar a atteint un niveau record. Le dollar n'a cessé d'augmenter au Pérou depuis la victoire au 1er tour de M. Castillo qui préconise un rôle plus interventionniste de l'État et des nationalisations dans le secteur énergétique et minier.
Peurs et divisions
Quel qu'il soit le futur chef de l'État aura d'énormes défis à relever dans le pays qui, avec 184.000 morts, a le plus haut taux mondial de décès du coronavirus et comptabilise trois millions de nouveaux pauvres en un an, le PIB ayant plongé de 11,12 % en 2020.
Il devra s'accommoder d'un Parlement fragmenté, issu des législatives d'avril, et coutumier d'alliances de circonstance qui ont conduit à la destitution de deux présidents: Pedro Pablo Kuczynski, en 2018, et son successeur Martin Vizcarra en 2020.
Le nouveau président prendra ses fonctions le 28 juillet, jour de la commémoration du bicentenaire de l'indépendance du Pérou, et remplacera le président par intérim Francisco Sagasti, qui a exhorté ses compatriotes à "respecter scrupuleusement la volonté exprimée dans les urnes".
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« LE BISOU »
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