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FLYER KARINA OLIVA
À six mois des élections générales, la campagne est déjà engagée, dans un paysage politique bouleversé par le mouvement populaire et les résultats des élections à la Convention constituante.
FLYER KARINA OLIVA |
Nouveau dimanche de vote au Chili, ce 13 juin, où les électeurs sont appelés aux urnes pour départager, au second tour, les candidats aux postes de gouverneurs des régions. Jusqu’ici, depuis l’explosion sociale du 18 octobre 2019, le mouvement populaire a accompli un sans-faute électoral.
De victoire en victoire
D’abord au référendum d’octobre 2020, où 78 % des Chiliens ont répondu sans équivoque qu’ils voulaient une nouvelle Constitution rédigée par de nouveaux élus.
Ensuite, les 15 et 16 mai, avec les élections municipales, le premier tour des élections régionales et la désignation des représentants à la Convention constituante, qui a provoqué un séisme pour la classe politique traditionnelle.
Une droite défaite
La droite avait imposé la clause des deux tiers pour adopter tout article de la future Constitution. Finalement, elle n’a réuni que 20 % des voix et 37 élus sur 155. Bien au-dessous du fameux seuil d’un tiers qui lui aurait donné un droit de veto.
Les partis de l’ex-Concertation (DC, PPD et PS), qui ont géré le pays en alternance avec la droite depuis 1990, tombent à 14,5 % des votes et 25 députés. Dans ce bloc, la Démocratie chrétienne ne dispose que de 2 élus, contre 15 au PS.
Le PC chilien double son score
Inversement, ces élections ont vu une triple irruption : celle de l’alliance Parti communiste-Frente Amplio, celle des indépendants et celle des femmes.
L’alliance PC-FA reçoit 18,7 % des voix et 28 élus à la Constituante, dont 10 communistes. Avec 9,2 % des voix aux municipales, le PC chilien a doublé son score et le nombre de ses élus dans les municipalités. Il est devenu le premier parti de gauche en voix. Iraci Hassler, jeune femme de 30 ans, a été élue maire de la commune de Santiago, 400 000 habitants, qui est le cœur historique et politique du Chili. C’est un symbole extraordinaire.
Succès des indépendants
Les indépendants, eux, ont fait élire 48 constituants, partagés en plusieurs courants. Le plus important, celui de la Lista del Pueblo, avec 27 élus, se situe franchement à gauche.
Les électeurs des indépendants ont systématiquement privilégié des candidats inconnus au détriment de personnalités connues qui s’étaient présentés sous l’étiquette indépendante.
« Trop » de femmes
En mars 2020, les femmes avaient obtenu la parité dans la Constituante. Finalement, cette loi se retourne contre elles : elles avaient 20 sièges d’avance sur les hommes et ont dû en rendre 10 ! Des municipalités nombreuses auront désormais des femmes pour maires, et pas seulement Santiago.
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Dès le lendemain de ces élections, tous les regards se sont tournés vers le premier tour de la présidentielle, le 21 novembre.
La droite et l’extrême droite appuyant le gouvernement auront un candidat unique. L’extrême droite non gouvernementale hésite à se présenter seule.
Règlements de comptes au centre
Au centre, entre DC, PPD et PS, la défaite électorale a provoqué une série de règlements de comptes, de coups tordus… pour revenir à la case départ : préparer une candidature commune. Le nom du candidat est encore en discussion.
Le Parti humaniste, de gauche, pourrait présenter sa cheffe, Pamela Jiles, ou soutenir le communiste Daniel Jadue. Rien n’est décidé.
De même, les indépendants de la Lista del Pueblo pourraient désigner un candidat. Ils ont refusé l’unité avec le PC et le FA qui leur ont pourtant tendu la main.
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Daniel Jadue part très favori
À gauche, l’alliance PC-FA va réaliser une primaire où Daniel Jadue part très favori. Le PC et le FA avaient espéré que le PS s’y joigne. Celui-ci a refusé. Le PS est écartelé entre son histoire et le mouvement social qui le poussent à gauche, et son addiction au libéralisme qui l’accroche à la DC. Il est clair que si la direction du PS continue à privilégier une union néolibérale, un grand nombre de ses militants feront campagne pour Daniel Jadue, toujours en tête dans les sondages.
Lire notre entretien : Chili. Daniel Jadue : « Le néolibéralisme est absolument incompatible avec la démocratie »
À six mois de l’échéance, les études d’opinion n’ont toutefois pas valeur de pronostic sur la configuration du deuxième tour de la présidentielle, le 19 décembre. Mais des chemins se sont déjà ouverts : le peuple chilien a la possibilité de reprendre en charge son destin.
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