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Pablo Iglesias, le leader de Podemos a annoncé, mardi 4 mai au soir, se retirer de la vie politique après le triomphe de la droite aux élections régionales à Madrid. Lui, qui a voulu révolutionner la gauche dans une Espagne plongée dans l'austérité, avec pour slogan « Si se puede » (« Oui, on peut »), jette l'éponge.
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PHOTO TWITTER ALBERTO GARZÓN |
«Le succès électoral de la droite trumpienne que représente Ayuso est une tragédie pour la santé, pour l'éducation et pour les services publics », a lancé mardi soir Pablo Iglesias, entouré de l'état-major de son mouvement dont les ministres Irene Montero y Ione Belarra.
Un revers électoral qui sonne la fin de la carrière politique d'Iglesias. « J'abandonne toutes mes charges », a-t-il déclaré après la proclamation des résultats mardi soir. « Je reste engagé auprès de mon pays, mais j'abandonne la politique institutionnelle et partisane », a-t-il ajouté en substance.
L'héritier politique du mouvement des Indignés
Cheveux longs noués en queue de cheval ou en chignon, cet ancien professeur de sciences politiques de 42 ans est l'un des principaux visages de la politique espagnole depuis la création en 2014 de la formation de gauche radicale Podemos, héritière du mouvement des Indignés et des manifestations anti-austérité massives de 2011.
Entré au gouvernement en janvier 2020 comme deuxième vice-président du gouvernement dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, Pablo Iglesias a pris tout le monde de court en mars en démissionnant pour se présenter aux élections régionales à Madrid afin de « stopper le fascisme ».
Mais malgré sa participation comme tête de liste de son parti, les partis de gauche ne sont pas parvenus à battre la droite, au pouvoir dans la région depuis vingt-six ans et son mouvement Unidas Podemos n'obtient que 10 sièges (et 7,21% des voix), seulement trois de plus qu'en 2019 malgré l'investissement de son leader dans la campagne.
Pablo Iglesias avait déjà prévu de passer le témoin à la tête de Podemos à la ministre du Travail, Yolanda Diaz, mais cet échec précipite la passation de pouvoir.
Militant dès le plus jeune âge
Né à Madrid le 17 octobre 1978, Pablo Iglesias, fils d'une avocate et d'un inspecteur du travail emprisonné pendant la dictature de Francisco Franco (de 1939 à 1975), doit son prénom à un autre Pablo Iglesias, le fondateur au XIXème siècle du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Il était en quelque sorte prédestiné à s'intéresser à la politique, ce qu'il fait très tôt en s'engageant à 14 ans dans les jeunesses communistes.
Au fil d'un parcours universitaire brillant, Pablo Iglesias obtient une licence en droit, un master en communication et un doctorat en sciences politiques. Enseignant à l'université madrilène de la Complutense, il y rencontre ceux qui deviendront l'équipe fondatrice de Podemos.
Le premier gouvernement de coalition depuis la fin de la dictature
Le poing levé et scandant « Si se puede », Iglesias et ses camarades de Podemos entrent dès 2014 au Parlement européen et mettent fin en 2015, avec les libéraux de Ciudadanos, au bipartisme espagnol socialistes-conservateurs. Dénonçant l'austérité et la corruption de la « caste » politique et économique, Podemos devient alors la troisième force politique espagnole et finit par s'entendre avec son frère ennemi pour renverser en 2018 le conservateur Mariano Rajoy et former l'an dernier avec les socialistes le premier gouvernement de coalition du pays depuis la fin de la dictature franquiste.
Mais le mouvement connaît des dissensions internes et des ruptures fracassantes. Ainsi, dans ces élections régionales à Madrid, Unidas Podemos avait pour concurrent à gauche Mas Madrid, fondé par un transfuge de Podemos, Íñigo Errejón avec l'ancienne maire de la capitale Manuela Carmena. Mas Madrid a remporté deux fois plus de voix que UP.