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PHOTO VALENTINO DARIEL SOUSA Analyse Le nouveau président du Timor oriental élu en avril, José Ramos-Horta, 72 ans, est investi officiellement ce vendredi 20 mai à Dili, le jour même du vingtième anniversaire de l’indépendance du pays.
Dorian Malovic (correspondant régional à Tokyo),
Lecture en 2 min.
par Philippe Rekacewicz |
après vingt ans d’indépendance au cours desquels plusieurs crises, sur les plans politique, économique, social et sanitaire, auront secoué la petite île du Timor oriental, un nouveau président de la République a été élu en avril, José Ramos-Horta. Prix Nobel de la paix 1996, il est officiellement investi ce vendredi 20 mai dans la capitale, Dili. En votant pour ce personnage charismatique, qui a déjà gouverné de 2007 à 2012, les Timorais (1,3 million d’habitants) ont exprimé le profond désir d’une stabilisation de leur jeune pays qui a réussi à arracher son indépendance de l’Indonésie en 2002. Et à retrouver une unité menacée après quatre ans d’instabilité politique.
La colonisation indonésienne a fait 200 000 morts
« Surmonter l’héritage terrible de la colonisation indonésienne est en soi un énorme succès, estime Novak Parker, spécialiste du Timor oriental à Washington, car ce traumatisme colonial a marqué plusieurs générations de Timorais. » Cet épisode dramatique de l’histoire s’est soldé par la mort de 200 000 Timorais, soit près d’un quart de la population, en vingt-cinq ans, depuis le départ des Portugais en 1975. Les infrastructures de l’île ont été détruites par l’armée indonésienne avant son retrait en 2002. Les institutions politiques ont elles aussi dû se reconstruire.
Plus tard, au milieu des années 2000, la communauté internationale a dû envoyer des forces de paix afin de mettre fin à de violents conflits intérieurs. « Compte tenu de ce contexte historique, les vingt ans d’indépendance sont plutôt remarquables », juge encore Novak Parker.
La pandémie de Covid-19 a porté un coup dur à l’économie de ce pays pauvre d’Asie du Sud-Est, encore très majoritairement rural. De fortes inondations dues au cyclone Seroja ont touché la capitale Dili, en avril 2021, et fait une quarantaine de morts.
« En dépit de ces crises sanitaire et climatique, le système a réussi à organiser une élection présidentielle dans de bonnes conditions, analyse Andrew Jacobs, ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Dili. À ce stade, les plus grands défis à relever pour le prochain président Horta concernent le développement économique de l’île. »
Processus d’intégration au sein de l’Asean
Pour cette population en majorité rurale, l’éducation et la santé sont plus que jamais des priorités. « Il y a également une inquiétante malnutrition chronique chez les enfants de moins de 5 ans, précise encore le diplomate franco-britannique, et le Timor oriental a besoin d’une aide encore plus importante. »
Tout en reconnaissant que le pays avait plutôt bien géré la crise du Covid en distribuant efficacement les vaccins reçus de l’UE (qui va contribuer à hauteur de 55 millions d’euros sur quatre ans pour la diversification de l’économie) ou de l’Australie, qui reste son principal bailleur.
Au Timor oriental, le rôle du président est surtout institutionnel, mais la personnalité de José Ramos-Horta devrait permettre d’accélérer le processus du pays au sein de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). « Ramos-Horta voudra laisser sa marque dans l’histoire, explique Novak Parker, et il mettra tout son poids diplomatique dans la balance pour convaincre les membres de l’Asean d’accepter son pays au sein de cette organisation régionale. » Ce serait un véritable succès pour le nouveau président, et surtout pour le Timor oriental, qui gagnerait une véritable légitimité internationale.
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