Le chef des AUC, Carlos Castaño, aurait été tué sur ordre de son frère en 2004
Dans les années 1980, les frères Castaño décident de venger leur père, un éleveur assassiné par la guérilla d'extrême gauche. L'aîné, Fidel, met en place une milice rurale sanguinaire dans le nord de la Colombie. Propriétaires terriens, grands éleveurs, gros industriels et narcotrafiquants financent l'organisation. Syndicalistes, journalistes ou défenseurs des droits de l'homme sont assassinés, les paysans soupçonnés de prêter main-forte à la guérilla, massacrés.
Lorsque Fidel Castaño disparaît mystérieusement en 1994, Carlos prend sa place à la tête des troupes. Son frère Vicente reste en civil. Il tisse des contacts avec les responsables - politiques, militaires et économiques - de la région. En 1997, Carlos Castaño fonde les Autodéfenses unies de Colombie pour fédérer toutes les milices paramilitaires. Deux ans plus tard, il donne son premier entretien à la télévision. Il admet d'innombrables crimes et reconnaît que l'argent de la drogue finance la lutte contre la guérilla.
Dès sa mystérieuse disparition, le 16 avril 2004, le bruit court que son frère Vicente a commandité l'assassinat. Trompés par la présence de "Monoleche", alors chef de sécurité de Vicente, les gardes du corps de Carlos ont laissé le commando armé pénétrer dans la propriété de leur patron.
L'homme était devenu encombrant. Dix-huit mois plus tôt, les paramilitaires avaient accepté la main tendue par le gouvernement Uribe et engagé des pourparlers en vue de leur démobilisation. On dit Carlos amoureux, exaspéré par l'influence croissante des narcotrafiquants à la table des négociations et pressé d'en finir avec la guerre. Deux jours avant sa mort, le leader des AUC, ivre, claironne son intention de se rendre aux Américains et de livrer ses compagnons d'armes. Il signe alors son arrêt de mort.