31 décembre, 2023

FRAUDE À GRANDE ÉCHELLE : LES AUTORITÉS FISCALES CHILIENNES DÉMANTELENT UN RÉSEAU D’ENTREPRENEURS

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PHOTO CHV NOTICIAS

Santiago du Chili. Le plus grand scandale fiscal de l’histoire du Chili secoue le pays. En comparant les données, le fisc a découvert un réseau de 100 fausses entreprises. Ceux-ci opéraient dans dix régions du pays. En faisant des affaires devant le bureau des impôts, ils auraient causé un préjudice fiscal équivalant à environ 276 millions de dollars. Après de plus amples investigations, les autorités estiment désormais les dégâts à 390 millions de dollars.

par Alexandre Leclerc

Jusqu’à présent, 55 personnes sont suspectées. La moitié sont en détention, les autres sont en liberté conditionnelle dans l’attente de l’enquête. Il fait l’objet d’une enquête pour fraude fiscale, délits d’exportation, blanchiment d’argent et constitution d’une organisation criminelle.

La fraude a fonctionné pendant des années et on se demande également si le personnel des autorités fiscales a pu aider. Mais il n’y a aucune preuve concrète de cela. Il est plus probable que le traitement numérique des impôts ait facilité la fraude. Il y a de nombreuses années, la comptabilité financière au Chili a été numérisée et est depuis traitée en ligne. Lors de la déclaration mensuelle de TVA et de la comptabilité annuelle, les données ne sont comparées que formellement et mathématiquement. En outre, des déclarations sous serment sont requises, dont la véracité est présumée, à moins que l’administration fiscale ne puisse prouver le contraire. Un contrôle fiscal intensif est rare et n’est généralement effectué qu’en cas de premiers soupçons. Tant que les écritures du grand livre numérique des achats et des ventes correspondent à la déclaration fiscale, tout va bien pour l’administration fiscale.

Lors d’analyses approfondies et régulières des données, le fisc a découvert des transactions récurrentes entre les mêmes entreprises et des particuliers sur 100 000 factures. Des soupçons supplémentaires sont apparus lorsqu’il a été découvert que les entreprises étaient également actives dans le secteur de l’exportation et recevaient pour cela des remboursements d’impôts.

Les suspects se seraient organisés en sept clans au total sur la base de critères familiaux, amicaux et, dans certains cas, politiques et économiques. Parmi les suspects figure Ximena Jiménez, ancienne candidate du parti républicain d’extrême droite au parlement régional. Elle est assignée à résidence mais clame son innocence. Lucciano Vanella, copropriétaire de la chaîne de restaurants exclusive La Piccola Italia, fait également l’objet d’une enquête.

Au cours de 80 perquisitions, 22 voitures, de l’argent liquide, des objets de luxe et de nombreuses preuves ont été saisis. 350 véhicules ont été identifiés qui bénéficiaient encore d’un droit de préemption de la part des banques car financés par des prêts. Un nombre jusqu’alors inconnu de propriétés, maisons, appartements et terrains complètent la liste.

Le ministre des Finances Mario Marcel a fait le point sur les dégâts causés afin de les faire comprendre au grand public. Cet argent aurait suffi à construire trois hôpitaux publics, 15 écoles de qualité ou 25 établissements de soins de santé primaires.

Cette affaire s’inscrit dans une longue lignée de fraudes et d’abus fiscaux. En 2014, la société financière Penta a utilisé la manipulation fiscale pour détourner de l’argent afin de financer le parti de droite Union Démocratique Indépendante (UDI). En 2016, des généraux de police de haut rang ont été reconnus coupables de détournement d’importantes sommes d’argent destinées à des voyages privés et à des articles de luxe. Les généraux de l’armée utilisaient le même schéma lorsqu’ils utilisaient un poste budgétaire à des fins spéciales qui n’étaient pas soumises à contrôle. Le journaliste Mauricio Weibel estime les dégâts des deux affaires dans son livre « Haute trahison » à un total de 25 millions d’euros.

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30 décembre, 2023

PALESTINIENS DU CHILI : «ON NE PEUT EFFACER D’UN TRAIT CINQ GÉNÉRATIONS D’IMMIGRATION RÉUSSIE»


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UNE MANIFESTATION PRO-PALESTINIENNE DEVANT L'AMBASSADE
DES ÉTATS-UNIS, À SANTIAGO, LE 11 DÉCEMBRE 2023.
PHOTO CARLOS P. CARCAMO


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LIBÉRATION


Reportage / Palestiniens du Chili : «On ne peut effacer d’un trait cinq générations d’immigration réussie» / Article réservé aux abonnés / La guerre entre le Hamas et Israël dossier / Très loin de Gaza et d’Israël, le Chili accueille la plus grande communauté palestinienne du monde en dehors du Moyen-Orient. Un demi-million de personnes qui appelle à la fin d’un conflit qu’ils refusent d’importer dans les Andes.
UNE FEMME ET DEUX FILLETTES PALESTINIENNES, BLESSÉES
PAR UNE FRAPPE ISRAÉLIENNE, VIENNENT SE FAIRE SOIGNER
 À L'HÔPITAL DE KHAN YOUNÈS, DANS LE SUD DE LA BANDE DE
 GAZA, UNE ZONE CONSIDÉRÉE PAR L'ARMÉE ISRAÉLIENNE
COMME UN BASTION DU HAMAS.
PHOTO : AFP VIA GETTY IMAGES
Les manifestations contre les bombardements de Tsahal sur la bande de Gaza se sont tues depuis quelques semaines. Dans les artères de Santiago subsistent d’innombrables affiches qui stigmatisent le gouvernement israélien qualifié d’«État génocidaire», «qui a assassiné 2 000 enfants ces deux dernières semaines», ou qui «tue un Palestinien toutes les quatre minutes». A 13 000 kilomètres de l’enclave gazaouie, le Chili abrite en effet la plus grande diaspora palestinienne en dehors du Moyen-Orient, estimée à 500 000 personnes.

« FIN AU GÉNOCIDE»
PHOTO PRENSA LATINA

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«Y A-T-IL DES ENFANTS  ICI? »

«Le soutien du début s’essouffle, mais c’est presque logique. Au départ, tous ceux qui ont un pote ou un collègue d’origine palestinienne étaient sensibilisés par le massacre en cours, puis tout s’est tassé», explique Yamil, 24 ans, étudiante au Centre d’études arabes de l’université du Chili. Une partie de sa famille vit encore à Beit Jala, une ville de Cisjordanie entre Bethléem et Jérusalem. «Noël, la nouvelle année et les vacances qui arrivent, les Chiliens ont de quoi s’occuper. Nous autres qui avons des proches vivant à Gaza ou dans les territoires voisins, on tente de maintenir le contact malgré les coupures imposées par Israël. On vit dans une angoisse qui ne s’arrête jamais.» Attablée à une terrasse de la rue Marconi, elle enquille des cafés trop épais et des pâtisseries arabes déconseillées aux diabétiques.
DES PALESTINIENS DEVANT LES DÉCOMBRES LAISSÉS PAR LES
BOMBARDEMENTS ISRAÉLIENS, À RAFAH, LE 29 DÉCEMBRE 2023.
PHOTO FATIMA SHBAIR, AP
Les manifestations contre les bombardements de Tsahal sur la bande de Gaza se sont tues depuis quelques semaines. Dans les artères de Santiago subsistent d’innombrables affiches qui stigmatisent le gouvernement israélien qualifié d’«Etat génocidaire», «qui a assassiné 2 000 enfants ces deux dernières semaines», ou qui «tue un Palestinien toutes les quatre minutes». A 13 000 kilomètres de l’enclave gazaouie, le Chili abrite en effet la plus grande diaspora palestinienne en dehors du Moyen-Orient, estimée à 500 000 personnes.

UN GARÇON DE HUIT ANS DE LA VILLE PALESTINIENNE DE RAFAH
 EST ASSIS DANS LES RUINES DE SA MAISON BOMBARDÉE PAR
ISRAËL, LE 18 NOVEMBRE.
PHOTO EYAD EL BABA / UNICEF
À Patronato, sur la commune de Recoleta, dans le nord de la capitale chilienne, des drapeaux palestiniens continuent de flotter, épars, en haut des lampadaires. Dans ce dédale accidenté de quelques centaines de mètres carrés, un nombre incalculable d’étals de fortune ou de stands montés à la hâte proposent toutes sortes d’ingrédients ou de produits venus d’extrême ou du Moyen-Orient, hâtivement rebaptisés en espagnol. La foule infinie qui arpente ces rues à ciel ouvert n’en a que pour ses emplettes pré-nouvel an. Seuls quelques anciens restent agglutinés devant Al-Jazeera dans un rade de Santa Filomena, une artère dans laquelle figure San Jorge, la plus vieille église orthodoxe du pays que les premiers émigrés palestiniens ont construite il y a plus d’un siècle. «Ici, l’histoire de notre communauté remonte à la fin du XIXème siècle, argumente Daniel, 57 ans, entrepreneur dans le textile. Nos parents ont galéré pour se faire accepter, mais ils y sont parvenus. On reste néanmoins connectés à tout ce qui se passe en Palestine, à ces souffrances inacceptables. Malgré les nuits d’angoisse pour savoir si les nôtres sont toujours vivants, les «Chilo-Palestiniens» restent pacifiques. Le Hamas ne représente pas les Palestiniens, loin de là. On ne résoudra rien par la violence

De fait, quand la synagogue Bicur Joilim a été vandalisée dans le centre de Santiago vendredi 22 décembre avec de la peinture rouge sang et des slogans hostiles («Renversons le sionisme» ; «Palestine libre»), l’association de la Communauté palestinienne dans le pays andin, impeccable depuis le 7 octobre, s’est fendue d’un communiqué ferme et sans ambiguïté : «Nous réitérons ce que nous avions dit précédemment. Nous condamnons quiconque appellerait à s’attaquer aux institutions juives au Chili. Les expressions de soutien au sort des Palestiniens et la condamnation du génocide et du nettoyage ethnique du peuple palestinien par le gouvernement Nétanyahou ne peuvent inclure la violence. Qui se solidarise avec les revendications légitimes palestiniennes ne doit pas tomber dans les méthodes dont a souffert notre peuple depuis des décennies et surtout ne pas mélanger le judaïsme avec la politique de l’État d’Israël.»

Même si les Palestiniens ont une représentation diplomatique depuis douze ans au Chili, et le premier gouvernement Piñera, quelques incidents récents ont perturbé le quotidien des Chilo-Palestiniens. «Anuar Quesille était sur le point de devenir le médiateur d’une structure nationale pour enfants et certains parlementaires ont refusé de voter pour lui, parce qu’il a des ancêtres palestiniens, plaide Diego Khamis, avocat et porte-parole de la Communauté palestinienne à l’ombre de la cordillère. Nous sommes chiliens, mais ça ne nous empêche pas d’être viscéralement attachés à la terre de nos ancêtres. Le reste est plus diffus. Des bagarres dans des fêtes, des insultes dans la rue, sur les réseaux sociaux. Nous apercevons des choses jamais vues auparavant

Le gouvernement de Gabriel Boric s’emploie pourtant de son côté à ménager la chèvre et le chou, condamnant les attaques du 7 octobre, puis rappelant son ambassadeur en Israël après les bombardements sur Gaza. Il y a quelques jours, le président en place a célébré Hanoukka à la Moneda avant de commémorer le Noël des Chiliens d’origine palestinienne dans la capitale avec Sebastian Piñera et Michelle Bachelet, ses deux prédécesseurs. «Je ne crois pas à l’importation du conflit sous nos latitudes, pense savoir Marcel Aubry, politologue à la Faculté de gouvernement de Santiago. Il n’y a pas d’enjeu de territoire et la communauté palestinienne est parfaitement intégrée. Sans doute que la diffusion des images de l’attentat terroriste du Hamas par l’ambassade d’Israël a un peu ravivé les braises, mais on ne peut effacer d’un trait cinq générations d’immigration réussie.»

Près du pont Ronald-Wood, qui enjambe le Mapocho, ce cours d’eau torrentiel et boueux en ce début d’été austral qui sinue dans Santiago, se trouve une énorme bâche plastifiée qui proclame à la vue de tous : «Gaza résiste, la Palestine existe». Non loin de là, dans un café de la rue Bellavista, Francisca, 36 ans, est thérapeute la semaine et supportrice du Deportivo Palestino le week-end. Ce club de foot professionnel de la communauté joue dans l’élite du championnat andin, connu dans le monde entier, entre autres, pour avoir évolué il y a dix ans avec la carte de la Palestine d’avant la création de l’État d’Israël dessinée sur le dos de son maillot. La trentenaire théorise sa double culture. «Longtemps, nos familles ont été méprisées par la haute société chilienne. On disait qu’ils ne contribuaient pas à la société, qu’ils étaient ambitieux, licencieux d’un point de vue sexuel. Elle s’esclaffe avant de reprende. Depuis plusieurs décennies, on a investi tous les champs de l’économie d’ici. Peu importe que nous soyons assimilés ici, le sang ne devient pas de l’eau. C’est comme ce qui se passe en Palestine, ça n’a pas commencé le 7 octobre mais il y a soixante-quinze ans.»
Très loin de Gaza et d’Israël, le Chili accueille la plus grande communauté palestinienne du monde en dehors du Moyen-Orient. Un demi-million de personnes qui appelle à la fin d’un conflit qu’ils refusent d’importer dans les Andes.

28 décembre, 2023

CHILI: CODELCO S'ALLIE AVEC SQM POUR DOUBLER LA PRODUCTION DE LITHIUM


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Métaux rares : au Chili, le géant Codelco s’allie avec SQM pour doubler l'extraction de lithium dans le désert d'Atacama / Les deux entreprises, l'une publique et l'autre privée, vont créer une société conjointe afin de doubler l'extraction de lithium dans le désert d'Atacama qui dispose des réserves parmi les plus importantes du monde. Une décision déjà évoquée en avril par le président chilien et qui n'avait pas manqué de susciter des inquiétudes au sein du monde minier.

La Tribune avec l'AFP

Le désert d'Atacama dispose des réserves de lithium parmi les plus importantes du monde. Et c'est bien cette plaine brune et rocheuse, située dans le nord du pays, que Coldelco et SQM (Sociedad Quimica y Minera de Chile) entendent exploiter bien davantage de ce métal blanc. En effet, la compagnie minière publique chilienne, également plus importante productrice de cuivre au monde, a annoncé, ce mercredi, s'allier avec le groupe privé afin de doubler l'extraction de lithium dans ce désert.

En 2022, SQM l'un des premiers producteurs mondiaux et dont l'actionnaire de référence est le groupe chinois Tianqi Lithium Corp, y avait extrait 168.000 tonnes de ce métal surnommé le « pétrole du 21e siècle » tant qu'il est essentiel pour la fabrication des batteries des voitures électriques, mais aussi des téléphones portables et autres appareils électroniques. Son prix s'est envolé ces dernières années, passant de 5.700 dollars la tonne en novembre 2020 à 60.500 en septembre 2023, selon l'agence Benchmark Mineral Intelligence. L'alliance prévoit d'extraire 300.000 tonnes par an.

« Une entreprise minière leader »

Concrètement, les deux entreprises vont créer en 2025 une société conjointe dans laquelle Codelco possèdera 50% des actions plus une. SQM, de son côté, détiendra la majorité des droits de vote au directoire et décidera de la marche de la société jusqu'en 2031, année à partir de laquelle Codelco deviendra à son tour majoritaire au sein du directoire, a expliqué l'entreprise d'Etat dans un communiqué.

« À partir de maintenant nous serons une entreprise minière leader en cuivre et en lithium au niveau mondial », s'est félicité dans ce communiqué le président du directoire de Codelco, Maximo Pacheco.

« Il s'agit d'un événement sans précédent dans l'industrie minière chilienne, et d'une avancée concrète pour atteindre un développement juste et soutenable », a également réagi à la télévision nationale le président de gauche Gabriel Boric au sujet de cette alliance qui court jusqu'en 2060.

Cette annonce s'inscrit, en effet, dans la « stratégie nationale du lithium » annoncée fin avril par le gouvernement et qui prévoit le contrôle par l'Etat de tout le cycle de production de ce métal, qui a représenté 8,2% du total des exportations chiliennes en 2022, principalement à destination de la Chine, de la Corée du Sud et du Japon.

Et pour cause, le pays en était le deuxième producteur mondial (39.000 tonnes), en 2022, derrière l'Australie (61.000 tonnes), mais largement devant la Chine (19.000 tonnes). Surtout, il possède les premières réserves mondiales, qui peuvent être exploitées dans les conditions économiques et techniques actuelles, soit 6,7 millions de tonnes.

Inquiétudes du monde minier

C'est d'ailleurs le jeune président de 35 ans qui avait annoncé neuf fois plus tôt ce projet d'alliance entre l'entreprise publique et celle privée. Ce qui n'avait pas manqué d'inquiéter le monde minier. En effet, à l'époque, l'annonce du chef de l'Etat, même si elle n'impliquait pas une nationalisation du secteur, avait fait craindre le retour d'une forme de « nationalisme des ressources », notamment en matière de restrictions des exportations des pays producteurs.

Avec l'exemple du Mexique qui a nationalisé ses réserves de lithium alors que l'Indonésie a renforcé le contrôle de son industrie du nickel. En Mongolie, la compagnie minière Rio Tinto a dû renégocier les termes financiers pour exploiter la mine de cuivre Oyu Tolgoi en Mongolie.

Sans compter que malgré la richesse de son sous-sol, le Chili a du mal à développer de nouvelles mines en raison d'un contrôle réglementaire strict sur le minerai qui limite l'investissement des entreprises étrangères dans l'industrie minière. De quoi faire que le pays ne parvienne pas à profiter de la multiplication par 40 de la demande de ce métal sur la période 2020-2040, selon les projections de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

La Tribune avec l'AFP

(Avec AFP)

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24 décembre, 2023

CUBA ANNONCE UN IMPORTANT PLAN DE RESTRICTIONS BUDGÉTAIRES

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LE PREMIER MINISTRE CUBAIN, MANUEL MARREO,
LE 21 DÉCEMBRE À LA HAVANE.
PHOTO YAMIL LAGE / AFP
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LE MONDE

INTERNATIONAL / CUBA / Cuba annonce un important plan de restrictions budgétaires / Face aux effets conjugués de l’embargo historique imposé par les États-Unis, des suites économiques de la pandémie de Covid-19 et d’une croissance en berne, le gouvernement va réduire les dépenses publiques, reconnaissant des inégalités de revenus au sein de la société cubaine.

Par Angeline Montoya 

UNE DU GRANMA DU
23 DÉCEMBRE 2023
« L’île vit un scénario d’économie de guerre. » C’est ainsi que le premier ministre cubain, Manuel Marrero, a justifié, mercredi 20 décembre, lors d’un discours devant l’Assemblée nationale, un des plans de restriction budgétaire les plus importants de ces dernières années, que certains secteurs de l’opposition ont qualifié de « néolibéral ».

Le premier ministre, après avoir attribué la situation actuelle du pays, comme de coutume, à l’embargo imposé par Washington depuis plus de soixante ans et aux crises internationales, a admis devant les parlementaires que le gouvernement « aurait pu faire beaucoup plus ». Les autorités ont reconnu ces derniers jours que le pronostic de croissance pour 2023 avait été revu à la baisse (entre − 1 % et − 2 % au lieu de l’augmentation prévue de 3 %).

Estimant qu’il n’est plus possible de « continuer à gaspiller », M. Marrero a annoncé une série de mesures destinées à réduire les dépenses publiques, parmi lesquelles une augmentation du tarif de certains services publics, comme l’électricité, le gaz, l’eau ou le transport de passagers – parfois de l’ordre de 25 % –, ainsi que du prix de l’essence. « Dans quel autre pays peut-on obtenir 9 litres d’essence avec un dollar ? Il faut en finir avec ce luxe », a-t-il asséné, alors que le salaire moyen sur l’île ne dépasse pas 4 000 pesos, soit l’équivalent de 15 dollars (13 euros environ).

Pour « un schéma plus juste et efficace »

Il a également laissé entendre que le nombre de fonctionnaires pourrait être « révisé » et a annoncé une dévaluation du peso et une modification des conditions d’attribution des produits de première nécessité à bas prix à travers le « carnet d’approvisionnement » (la « libreta »).

« En ville, les gens ont faim » : le quotidien harassant des Cubains pour acheter du poulet, du café ou de la lessive

Cette libreta a été mise en place en 1963, après l’imposition de la mise sous embargo de l’île par les États-Unis, dans le but de rationner les aliments. Tous les Cubains, sans distinction de revenus, recevaient ainsi chaque mois à des prix très largement subventionnés par l’État poulet, viande rouge, huile, beurre, lait condensé, café, et d’autres produits de première nécessité. Le carnet existe toujours, mais la liste de produits distribués s’est réduite au fil du temps – et des pénuries –, et il ne permet d’alimenter une famille que pendant une dizaine de jours par mois.

« Il n’est pas juste que ceux qui ont beaucoup reçoivent la même chose que ceux qui ont très peu, a expliqué le premier ministre. Aujourd’hui, nous subventionnons de la même manière un vieux retraité et le propriétaire d’une grande entreprise privée qui a beaucoup d’argent. »

AFFICHAGE DES PRIX DES DENRÉES ALIMENTAIRES DANS UNE
ENTREPRISE PRIVÉE À LA HAVANE, LE 20 DÉCEMBRE 2023.
PHOTO YAMIL LAGE / AFP

Reconnaissant ainsi l’existence d’inégalités sur l’île communiste, il a annoncé que le ministère du travail et de la sécurité sociale établirait dans les prochaines semaines des gradations de « vulnérabilité » afin d’identifier ceux qui pourront continuer à recevoir des produits subventionnés et de « ne laisser personne dans le besoin ». Il s’agit, a-t-il poursuivi, de « subventionner les personnes, et non les produits » afin d’arriver à « un schéma plus juste et efficace ».

« Grave insécurité alimentaire »

Sur X, l’économiste cubain Pedro Monreal s’est inquiété de ce « plan d’austérité », considérant que les hausses des tarifs des services publics « affectent le niveau de vie » des Cubains. Pour le Food Monitor Program, une ONG qui étudie l’insécurité alimentaire à Cuba, l’initiative n’est pas tant due à une volonté d’équité, mais à « l’incapacité [du gouvernement] à importer les rares produits livrés mensuellement », l’État ne disposant pas des devises suffisantes, alors que le pays vit une crise agroalimentaire sans précédent. « Compte tenu de la grave insécurité alimentaire qui règne à Cuba, la réduction des quelques denrées alimentaires subventionnées (…) entraînera une plus grande inégalité dans l’accès des Cubains à la nourriture », anticipe l’organisation.

Face aux critiques de certains secteurs de l’opposition, le président cubain, Miguel Diaz-Canel, a soutenu, samedi 23 décembre, devant l’Assemblée nationale, «qu’il n’existe absolument pas de paquet néolibéral contre le peuple, ni de croisade contre les PME, ni d’élimination du panier alimentaire de base comme la contre-révolution l’a installé sur les réseaux sociaux ». Le chef de l’État a cependant reconnu que « toutes les mesures peuvent, au début, accroître certaines problématiques ». « Le défi, a-t-il ajouté, c’est de les appliquer de manière organisée en évaluant leurs impacts et (…) de donner un traitement différencié pour ceux qui seront les plus affectés. »

« Rien, absolument rien de ce que nous faisons n’est fait pour affecter les citoyens. Notre tâche principale est la relance économique », avait-il posté sur X jeudi.

Cuba vit une crise économique, financière et sociale plus profonde que celle qui avait suivi la « période spéciale », après la dislocation du bloc de l’Union soviétique au début des années 1990. Le quotidien des Cubains se compose aujourd’hui de coupures d’électricité récurrentes, d’une inflation galopante et de pénuries d’aliments, d’essence ou de médicaments.

Tourisme en baisse depuis le Covid-19

La pandémie de Covid-19, qui a durement affecté le tourisme, principale source de devises de l’île, explique en partie cette situation. Contrairement à la République dominicaine ou le Mexique, l’île n’a pas retrouvé ses niveaux d’avant 2020. Si le gouvernement tablait sur 3,5 millions de visiteurs en 2023, le nombre de touristes devrait difficilement atteindre 2 millions, alors que le pays en accueillait entre 4 millions et 5 millions auparavant.

L’unification, au 1er janvier 2021, des deux monnaies locales jusque-là en vigueur – l’une convertible en dollars, l’autre pas – a fait augmenter l’inflation, et a aggravé les pénuries, alimentant le mécontentement qui s’est exprimé dans la rue le 11 juillet 2021 et provoquant une explosion de la migration – près d’un demi-million de Cubains sont parvenus aux États-Unis en 2022 et 2023.

Le blocus économique imposé par Washington dès 1962 – le plus long de l’histoire moderne –, et alourdi par le président Donald Trump à partir de 2017, continue lui aussi de nuire à l’économie du pays. Le 2 novembre, l’Assemblée générale de l’ONU a voté pour la trente et unième fois depuis 1992 une résolution demandant la levée de l’embargo, à 187 voix pour, deux contre (les États-Unis et Israël) et une abstention (l’Ukraine). Selon La Havane, le blocus a représenté des pertes équivalentes à 160 milliards de dollars (145 milliards d’euros) depuis son entrée en vigueur.

Angeline Montoya 

Angeline Montoya


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    21 décembre, 2023

    AU PROCÈS DE L’ASSASSINAT DE NARUMI KUROSAKI, NICOLAS ZEPEDA ET TANT DE DÉGÂTS

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    LA MÈRE, TAEKO KUROSAKI (AU CENTRE), ARRIVE AU PALAIS DE
    JUSTICE DE VESOUL POUR ENTENDRE LE VERDICT DU PROCÈS
    EN APPEL DE NICOLAS ZEPEDA, LE 21 DÉCEMBRE 2023.
    PHOTO SEBASTIEN BOZON/AFP

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    LE MONDE

    Au procès de l’assassinat de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda et tant de dégâts/ La cour d’assises d’appel de la Haute-Saône a condamné à son tour, jeudi 21 décembre, le Chilien de 33 ans à vingt-huit ans de réclusion de criminelle pour l’assassinat de son ex-petite amie japonaise. Jusqu’au bout, il a nié l’avoir tuée

    Par Pascale Robert-Diard (Vesoul, envoyée spéciale)

    Temps de Lecture 3 min.

    NICOLAS ZEPEDA, À BESANÇON,
    LE 29 MARS 2022.
    PHOTO PATRICK HERTZOG / AFP

    mMême dossier accablant, même déni absolu de l’accusé, même peine. La cour et les jurés de Vesoul ont confirmé, jeudi 21 décembre, le verdict rendu par une première cour d’assises, en avril 2022, en déclarant Nicolas Zepeda coupable du meurtre avec préméditation de son ex-petite amie japonaise, Narumi Kurosaki, en 2016, et en le condamnant à vingt-huit ans de réclusion criminelle.

    Nicolas Zepeda connaissait le risque. Il l’a pris en toute conscience, c’est sa dernière liberté. Car avouer, ce n’est pas seulement répondre oui à la question de sa culpabilité, c’est devoir expliquer son crime, le raconter dans ses moindres détails, le revivre et l’affronter publiquement. Ce risque-là, Nicolas Zepeda ne veut pas ou ne peut pas le prendre.

    Tout au long de son procès, il a répété deux phrases qui créent entre lui et les autres une distance infranchissable. « Je suis un cérébral » et « Je n’ai plus peur ». Pour survivre, le « cérébral » a verrouillé l’accès à la scène du crime et à son cortège d’images. Aussi longtemps que cette porte restera fermée, Nicolas Zepeda ne craint rien. A ces images, il a substitué un conte, une fantaisie amoureuse, qu’il a racontée devant la cour et les jurés. Qu’on ne la croie pas n’avait aucune d’importance, Nicolas Zepeda ne cherchait plus à convaincre. Il a choisi son récit. Aux autres de se débrouiller avec les dégâts.

    Une jeune femme de 21 ans est donc morte assassinée. Narumi Kurosaki était libre, Nicolas Zepeda est maladivement possessif. Elle avait été élevée avec ses deux sœurs par une mère divorcée et désargentée. Le Chilien, lui, est le seul mâle de sa fratrie, vénéré par sa mère, écrasé par la réussite de son père. Elle était studieuse, douée, méritante, volontaire, et boursière. Il a connu l’école Montessori et l’aisance d’enfant gâté, mais cherchait sans brio sa voie à l’université. Elle était gourmande, curieuse, irradiante, il avait essayé de comprendre ce qui n’allait pas chez lui, en prenant à l’université des « cours d’empathie ».

    Prison de chagrin

    Une mère et deux sœurs sont plongées depuis sept ans dans une détresse abyssale. Faute de savoir où est le corps de sa fille, Taeko Kurosaki a cousu dans de vieux vêtements un baudrier dans lequel elle a glissé la photo souriante de sa fille. À la cour et aux jurés, cette mère détruite, qui vit recluse et a tenté à plusieurs reprises de se suicider, a raconté qu’elle garde cette photo contre son sein « trois cent soixante-cinq jours sur trois cent soixante-cinq, vingt-quatre heures sur vingt-quatre ». Dans sa prison de chagrin, elle a enfermé ses deux filles cadettes, à l’aube de leur vie d’adulte.

    Sur l’autre rive, un père et une mère sont figés dans la volonté d’affirmer, envers et contre tout, l’innocence de leur fils. Pendant les trois semaines de procès, Humberto Zepeda ne se séparait jamais d’un dossier épais, le mémoire qu’il a rédigé en défense, accumulation de détails insignifiants et de témoignages fantaisistes dans lesquels il feint de voir des preuves de l’acharnement de la justice française contre son héritier.

    À l’audience, il continuait de prendre frénétiquement des notes et de harceler de textos les deux avocats de son fils, Mes Sylvain Cormier et Renaud Portejoie. Jour après jour, le carnet que son épouse au regard vide tenait sur ses genoux se couvrait de barbouillages au stylo noir. Emprisonnés, eux aussi.

    Une autre phrase est tragiquement éclairante sur la vérité de Nicolas Zepeda. En décembre 2016, de retour de Besançon, il avait séjourné quelques jours chez un de ses cousins, médecin à Barcelone, et avait fêté avec lui son 26e anniversaire. Il lui avait dit être venu en Europe pour participer à un colloque à Genève et ne pas avoir revu Narumi Kurosaki.

    Il s’était, en revanche, enquis auprès de lui de la façon dont on pouvait mourir par asphyxie. Le cousin n’avait pas prêté attention. Mais quelques semaines plus tard, il avait été entendu par la police alors que Nicolas Zepeda faisait déjà figure de principal suspect. L’enquête avait établi que, depuis la box Internet de son cousin, il s’était connecté aux comptes numériques de la jeune femme et avait usurpé son identité pour envoyer des messages rassurants à la famille Kurosaki.

    De retour de sa convocation au commissariat, le cousin lui avait écrit un message affolé : « Mais enfin, as-tu vu Narumi lors de ton séjour ? » « Est-ce que tu veux rester tranquille ? Ou veux-tu avoir plus de détails ? Parfois, disposer de beaucoup d’informations comporte beaucoup de responsabilités », lui avait répondu Nicolas Zepeda.

    Par Pascale Robert-Diard (Vesoul, envoyée spéciale)

    Pascale Robert-Diard (Vesoul, envoyée spéciale)


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        20 décembre, 2023

        CHILI : LE PCF SE FÉLICITE DU REJET DE LA CONSTITUTION D’EXTRÊME DROITE

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        PHOTOMONTAGE "EN CONTRA"

        Chili : le PCF se félicite du rejet de la constitution d’extrême droite/ Le peuple du Chili a rejeté par référendum dimanche 17 décembre le projet de constitution rédigé par l’extrême droite. Avec presque 56% des voix, le rejet du projet ne souffre d’aucune discussion. La majorité est forte. Le scénario du pire a été largement contrecarré.
        C
        PHOTO MATIAS BASUALDO SCHRAMM
        ’est avec soulagement que le PCF apprend cette victoire des démocrates chiliens. Le Chili montre qu’il n’y a pas de fatalité face à la montée des forces d’extrême droite à laquelle nous assistons dans le monde.

        Si le projet de l’extrême droite a été mis en échec, il n’en reste pas moins que le problème du changement de la constitution héritée de Pinochet demeure entier. Les Chiliens sauront trouver le chemin pour se donner une constitution démocratique.

        Le Chili progressiste soutient le gouvernement du président Gabriel Boric auquel participent les communistes. Le président et son gouvernement sortent renforcés et peuvent continuer à agir pendant deux ans encore. Cette victoire va redonner du souffle et de l’élan à l’ensemble des forces démocratiques du Chili pour réaliser le programme sur lequel elles ont été élues. L’exigence de réformes concernant entre autres la santé, les retraites, l’école publique, la sécurité… va pouvoir s’exprimer avec plus de forces.

        Le PCF exprime sa solidarité avec l'ensemble des forces de progrès au Chili, en particulier avec le Parti communiste du Chili, qui ont joué un rôle majeur dans ce résultat.

        Parti communiste français, 20 décembre 2023

        18 décembre, 2023

        AU CHILI, « LE PROCESSUS CONSTITUTIONNEL PREND FIN » APRÈS LE REJET D’UN NOUVEAU PROJET DE CONSTITUTION

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        LES PARTISANS DU NON AU RÉFÉRENDUM SUR LE PROJET
         DE  NOUVELLE CONSTITUTION CHILIENNE CÉLÈBRENT LES
        RÉSULTATS DU SCRUTIN, À SANTIAGO, LE 17 DÉCEMBRE 2023.
        PHOTO AFP

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        Au Chili, « le processus constitutionnel prend fin » après le rejet d’un nouveau projet de Constitution / 
        Le président, Gabriel Boric, a pris acte de son échec à réformer la Loi fondamentale après le rejet, par référendum, d’un texte portant l’empreinte de l’extrême droite et de la droite. Un premier projet, progressiste, avait déjà été rejeté en 2022.

        Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)

        Temps de Lecture 3 min.

        Encore une fois, les Chiliens ont dit non. Dimanche 17 décembre, près de 56 % des votants ont rejeté le projet d’une nouvelle Constitution portant le sceau de l’extrême droite et de la droite, après avoir déjà refusé un précédent texte, marqué à gauche, en septembre 2022. A l’issue du référendum, la Loi fondamentale de 1980, héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et réformée à plusieurs reprises en démocratie, reste en vigueur au Chili.

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        « Pendant notre mandat, le processus constitutionnel prend fin, les urgences sont ailleurs », a déclaré le président de gauche, Gabriel Boric, dans la foulée du résultat. Le chef d’État de 37 ans est au pouvoir depuis mars 2022 pour une durée de quatre ans. En pleine révolte sociale, en 2019, il avait été l’un des artisans d’un accord politique visant à faire table rase de la Constitution de la dictature, accusée de freiner toute réforme sociale en raison de son concept-clé d’« Etat subsidiaire », autorisé à n’intervenir que là où le secteur privé ne le peut pas.

        Quatre ans plus tard, le constat est amer. « Le pays s’est polarisé et, au-delà de ce résultat sans appel, le processus constitutionnel n’a pas su canaliser les espoirs d’avoir une Constitution rédigée par tous », a estimé M. Boric, alors que 80 % des Chiliens avaient appelé de leurs vœux en 2020 la rédaction d’une nouvelle Loi fondamentale.

        Pleine tradition de la loi de 1980

        La proposition soumise à référendum dimanche a été élaborée par un Conseil constitutionnel composé de cinquante membres élus le 7 mai. Ce scrutin avait marqué la percée du Parti républicain (extrême droite), qui, avec le soutien de la droite, a rédigé un projet conservateur et libéral économiquement. Les cinquante élus s’appuyaient sur un premier texte élaboré entre mars et juin par une commission d’experts, désignée par le Congrès. Ils l’ont largement amendé. Le texte final a bien conservé le concept d’«État social de droit », mais il a été vidé de sa substance, avec des articles instaurant la possibilité de choisir entre le système privé ou public en matière d’éducation, de santé ou de retraites.

        D’autres articles chers à l’extrême droite, comme « l’expulsion le plus vite possible » des étrangers entrés de façon irrégulière au Chili et la protection « de la vie de celui qui va naître » ont été introduits. Ce dernier concept risquait de menacer l’accès à l’avortement permis dans trois cas seulement depuis 2017 (viol, non-viabilité du fœtus ou danger pour la vie de la femme enceinte). Le projet écrit par l’extrême droite s’inscrivait dans la pleine tradition de la Constitution de 1980.

        Le précédent projet, différent en tous points, avait lui aussi été repoussé par les Chiliens. En septembre 2022, 62 % d’électeurs avaient rejeté un texte écrit par une assemblée de 154 membres, penchant, cette fois, largement à gauche. Le texte proposait une vision sociale, écologique et féministe du Chili. Il instaurait également l’idée d’Etat « plurinational », dans un pays où 13 % de la population est autochtone. Ce concept avait heurté de nombreux électeurs, qui y voyaient un risque de division du pays.

        Des élites « jugées inefficaces »

        De la sorte, en un peu plus d’un an, les Chiliens ont refusé deux projets marqués l’un à gauche, l’autre à droite. « Cela montre que les électeurs souhaitent un texte centriste », analyse Claudia Heiss, politologue à l’Université du Chili, pour qui le résultat « fragilise le Parti républicain ». Son fondateur, José Antonio Kast, a reconnu le résultat du référendum, dimanche, estimant que son parti n’avait « rien à fêter ». « Le gouvernement de Gabriel Boric et la gauche non plus n’ont rien à fêter », a-t-il poursuivi. Le Parti républicain espérait faire de ce référendum un tremplin avant l’élection présidentielle de 2025.

        Processus trop technique, débats portés par l’élite politique uniquement : l’élaboration du projet, puis la campagne référendaire ont rencontré de l’indifférence, voire de la défiance au sein de l’électorat, davantage préoccupé par la délinquance, la santé et les retraites.

        « Ces deux échecs fragilisent la légitimité des élites politiques, jugées inefficaces et incapables de canaliser les demandes de la population », relève Claudia Heiss. Si le rejet du mois de septembre 2022 représentait un revers pour le gouvernement de Gabriel Boric, celui du 17 décembre lui retire une épine du pied. Car une approbation aurait encore conforté le pouvoir de la droite au Congrès, où le gouvernement ne dispose pas de majorité. Celui-ci entend désormais relancer son projet de réforme fiscale et des retraites, en vue d’un système plus solidaire.

        Par Flora Genoux (Buenos Aires, correspondante)

         

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        ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE LUIS EMILIO RECABARREN


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        LUIS EMILIO RECABARREN

         1924 -19 décembre- 2023
        QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME ANNIVERSAIRE 
        DE LAMORT DE LUIS EMILIO RECABARREN
        «A LUIS EMILIO RECABARREN» COMPOSITEUR VICTOR JARA, PAR DANIELE SEPE
         EXTRAIT DE L' ALBUM « CONOSCI VICTOR JARA?», 
         ENREGISTRÉE CHEZ IL MANIFESTO, ROME ITALIE (CD 051) EN 2000


          LUIS EMILIO RECABARREN
          Luis Emilio Recabarren Serrano, né à Valparaíso le 6 juillet 1876, décédé le 
          19 décembre 1924 à Santiago du Chili, fut un homme politique Chilien. Il est considéré comme le père du mouvement ouvrier au Chili.

          UNE DE «L'ÉVEIL DES
           TRAVAILLEURS»,
           IQUIQUE, 22 FÉVRIER 1913
          Afin de promouvoir ses idées socialistes, il fonde en mai 1912 le journal El Despertar de los Trabajadores (« L'Éveil des Travailleurs ») qui, malgré la censure et plusieurs interdictions, paraîtra jusqu’en 1926. En juin 1912 avec une trentaine de travailleurs du nitrate il crée en le Parti ouvrier socialiste (POS).

           

          « Hay tres grandes suicidas en la historia de Chile: Balmaceda, Recabarren y Allende.   » Tomás Moulian
          En 1918, il voyage en Argentine, où il a participe à la fondation du Parti communiste argentin. De retour au Chili, il participe au troisième congrès du POS, qui décide d’entamer des négociations en vue d’adhérer à la Troisième Internationale.
          LUIS EMILIO RECABARREN
          DANS SON CERCUEIL

          En janvier 1922, le POS tient son quatrième congrès. Le parti adhère à cette occasion à la Troisième Internationale et devient le Parti communiste du Chili. Luis Emilio Recabarren part ensuite en Union soviétique pour représenter les communistes chiliens au quatrième Congrès du Komintern. Il retourne au Chili en février 1923. Il se suicide le 19 décembre 1924 à l'âge de 48 ans.(Wikipédia)

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