16 décembre, 2023

CHILI. VOTER CONTRE POUR MENER LA LUTTE POUR UNE VÉRITABLE SOUVERAINETÉ POPULAIRE

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LE 12 DÉCEMBRE 2023 À SANTIAGO. DES MANIFESTANTS SE
MOBILISENT CONTRE LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION.
PHOTO PABLO VERA/AFP
Chili. Voter contre pour mener la lutte pour une véritable souveraineté populaire / Dimanche 17 décembre se tient un “référendum constitutionnel”. Nous publions une tribune de Claudio Figueroa, membres de l'association d'Ex Prisonniers Politiques Chiliens en France. 
4 min
« VOTA EN CONTRA »
    immédiatement après que le gouvernement dictatorial de Pinochet a imposé sa Constitution aux Chiliens en 1980, l’ensemble de l’opposition a manifesté son rejet, la considérant comme illégitime dans sa conception car elle n’exprimait pas la volonté souveraine du peuple, et exigeait l’installation d’une Assemblée Nationale Constituante. Cependant, un accord entre les dirigeants des partis politiques d’opposition et la dictature, où a été acceptée la Constitution, a ouvert un processus de transition vers la démocratie. Trente-trois ans plus tard, ce processus de transition n’est toujours pas achevé.  

    Face au danger de paralysie en raison des immenses mobilisations à travers le pays en 2019, l’élite politique s’est engagée à organiser un changement constitutionnel, tout en prenant des précautions pour maintenir le contrôle, en dressant des obstacles et des limites à la nouvelle proposition qui pourrait voir le jour et aller à l’encontre de ses intérêts. 

    Pour le vote de dimanche 17 décembre, le parlement s’est octroyé un pouvoir de décision sur la méthode d’élaboration de ce nouveau projet de constitution (mode d’élection des représentants, comité d’experts, etc.) et les Chiliens devront se prononcer sur un texte écrit dans leur dos que ne correspond pas à leurs aspirations. Le texte présenté répond aux intérêts de la droite et de l’extrême droite, qui cherchent à travers cette nouvelle Constitution, à accentuer leur pouvoir en donnant une légitimité à ce que Pinochet avait imposé par la force et la répression. 

    Le modèle chilien actuel centralise la richesse, le pouvoir politique et le contrôle de presque tous les médias écrits et audiovisuels entre les mains de quelques-uns. Cette élite dirigeante n’a jamais eu l’intention de perdre quoi que ce soit de ce pouvoir. Dans les années 1980, les Chiliens sont descendus dans la rue, défiant la répression pour exiger la fin de la dictature, le rétablissement d’une démocratie où le peuple serait souverain, ainsi que le changement du modèle économique et social imposé à feu et à sang. En 2019, ils sont a nouveau descendus dans la rue, subissant une nouvelle fois la répression, pour exiger une Assemblée constituante et des changements radicaux dans le système politique et économique. 

    Dimanche prochain, la droite et l’extrême droite appellent à voter pour l’approbation du nouveau projet de Constitution. Déjà lors du dernier plébiscite de septembre 2022, face à une première proposition de changement constitutionnel, elles avaient utilisé toute leur puissance économique et médiatique pour empêcher l’approbation d’un projet constitutionnel qui, sans être parfait, contenait des avancées importantes en matière des droits sociaux, politiques et économiques pour tous les Chiliens. Depuis lors, la droite se sent fort et défend ouvertement Pinochet et la dictature car elle est majoritaire dans la commission qui a rédigé la nouvelle proposition. Dans celle-ci, elle a approfondi le caractère inégal, antidémocratique et élitiste du modèle politique et économique qui gouverne actuellement le Chili. Voter contre cette proposition nous permettra d’infliger une défaite à cette droite et extrême droite qui pensent que leur voie est déjà toute tracée pour la conquête du pouvoir lors des prochaines élections présidentielles de 2025. 

    Un processus constituant véritablement démocratique doit garantir que la souveraineté soit librement exercée par le peuple sans être soumise au contrôle des élites dominantes. Ce dimanche 17 décembre, nous appelons à voter contre la proposition de nouvelle Constitution mais aussi contre la manière dont les élites se sont approprié ce processus. 

    Les revendications soulevées par la majorité des Chiliens n’ont reçu aucune réponse, ni au début de la transition en 1990, ni aujourd’hui, trente ans plus tard. La lutte des Chiliens pour une vie digne ne s’arrêtera pas avec ce plébiscite, mais vaincre la droite peut ouvrir une nouvelle étape dans la reconstruction d’un mouvement unitaire et coordonné de tous les secteurs sociaux qui luttent aujourd’hui pour leurs droits sociaux, politiques et économiques.

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