18 décembre, 2023

CHILI : LA NOUVELLE CONSTITUTION REJETÉE PAR RÉFÉRENDUM

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UN FONCTIONNAIRE TIENT UN BULLETIN, APRÈS LA FERMETURE
DES BUREAUX DE VOTE DU RÉFÉRENDUM SUR
 UNE NOUVELLE CONSTITUTION CHILIENNE,
À SANTIAGO, 17 DÉCEMBRE 2023.
PHOTO IVAN ALVARADO / REUTERS

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LE MONDE
INTERNATIONAL/ CHILI / Chili : la nouvelle Constitution rejetée par référendum / La Loi fondamentale datant de la dictature d’Augusto Pinochet devrait rester en vigueur, le président Boric ayant assuré que cette seconde consultation serait la dernière tentative de réformer la Constitution.

Le Monde avec l'AFP

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GABRIEL BORIC, LE 17 DÉCEMBRE 2023,
 À PUNTA ARENAS, CHILI.
PHOTO: PRÉSIDENCE DU CHILI

revers définitif pour une nouvelle Constitution au Chili. Plus de 15 millions d’électeurs étaient appelés à voter par référendum, dimanche 17 décembre, pour la seconde fois en un peu plus d’un an, pour remplacer la Loi fondamentale en vigueur depuis la dictature d’Augusto Pinochet. Selon les résultats partiels publiés par le Service électoral (Servel), le contre l’a emporté par 55,75 % des voix, tandis que le pour a obtenu 44,25 %, après dépouillement de 99 % des votes.

Le texte soumis au vote, plus conservateur que l’actuelle Constitution, a été rédigé par ceux qui défendent l’héritage du général Pinochet, après le rejet, en septembre 2022, d’une première proposition progressiste soutenue par le président de gauche, Gabriel Boric. Ce dernier, plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, âgé de 37 ans, a fermé la porte à toute nouvelle tentative de réformer la Constitution.

« Sous ce mandat, le processus constitutionnel est clos. Il y a d’autres urgences », a-t-il soutenu dans un discours au palais présidentiel. « Notre pays continuera avec la Constitution actuelle, car après deux propositions constitutionnelles soumises à un référendum, aucune n’a réussi à représenter ou à unir le Chili dans sa belle diversité », a ajouté le président, qui avait opté pour la neutralité sur cette consultation.

Contenter le mouvement social de 2019

La révision de la Constitution de l’ère Pinochet (1973-1990), considérée comme un frein à toute réforme sociale de fond, avait été actée pour contenter le mouvement social de 2019 contre les inégalités, qui a fait une trentaine de morts. Un an plus tard, les Chiliens avaient approuvé à 80 % l’élaboration d’une nouvelle Constitution.

Après le rejet de la première proposition, M. Boric a subi un nouveau revers en mai, lorsque la droite ultraconservatrice est arrivée en tête du scrutin pour élire les membres qui allaient former le Conseil constitutionnel chargé de rédiger la nouvelle Loi fondamentale.

Le Parti républicain (extrême droite) a séduit les électeurs par son discours intransigeant contre l’insécurité, qu’il associe principalement à l’immigration vénézuélienne. L’opposition a présenté le vote de dimanche comme une consultation sur le président Boric, qui a surfé sur une vague de mécontentement pour être élu à la fin de 2021, à l’âge de 35 ans, comme le plus jeune dirigeant de l’histoire du Chili, mais dont la cote de popularité est désormais en baisse.

« Nous n’avons pas réussi à convaincre les Chiliens que cette Constitution était meilleure que l’actuelle et qu’elle constituait le moyen le plus sûr de mettre fin à l’incertitude politique, économique et sociale », a déclaré José Antonio Kast, chef du Parti républicain, et ancien candidat à la présidentielle battu par M. Boric en décembre 2021. « Il n’y a rien à célébrer. Et non seulement nous ne pouvons pas célébrer, mais le gouvernement et la gauche ne peuvent pas non plus se réjouir, parce que les dégâts que le Chili a subis ces quatre dernières années sont immenses et plusieurs décennies seront nécessaires pour les réparer », a-t-il ajouté.

Un enthousiasme refroidi

La proposition de nouvelle Constitution renforçait le caractère conservateur du texte actuel, qui date de 1980, en particulier sur des questions telles que l’avortement et la sécurité publique. L’avortement était totalement interdit au Chili jusqu’en 2017, quand une loi l’a autorisé, mais seulement en cas de risque pour la vie de la mère, de viol ou de fœtus déclaré non viable. La Constitution actuelle « protège la vie de celui qui va naître », mais le texte rejeté allait au-delà, en faisant de l’embryon une personne, rendant ainsi plus difficile la justification d’un avortement.

Le nouveau texte reconnaissait, en revanche, pour la première fois les peuples autochtones, une aspiration de longue date des peuples indigènes, majoritairement mapuche, qui représentent environ 12 % de la population, mais ne répondait pas à leur demande de plus d’autonomie.

L’enthousiasme pour une nouvelle Constitution a été refroidi par la pandémie, l’inflation et un sentiment croissant parmi la population d’insécurité et de lassitude. « Il y a une atmosphère de désenchantement, de peu d’intérêt, de peu de motivation et de fatigue par rapport à la question constitutionnelle », expose Claudia Heiss, politologue à l’Université du Chili. « Les gens veulent des choses plus basiques : ils veulent la sécurité, l’ordre public, plus de policiers dans les rues », précise-t-elle.

Le Monde avec l'AFP

Le Monde avec AFP

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